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 uncover our heads and reveal our souls[Terminé]

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Delaney E. Mezsaros

Delaney E. Mezsaros
Laneybroken bones always seem to mend
◭ messages : 216
◭ arrivé(e) le : 22/04/2012
◭ âge : 24
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MessageSujet: uncover our heads and reveal our souls[Terminé]   uncover our heads and reveal our souls[Terminé] Icon_minitimeJeu 3 Mai - 0:07


Memory comes when memory's old
i am never the first to know
following this stream up north
where do people like us float?

La foule est dense et est constituée pour la plupart d'enfant surexcités, d'ado en quête d'amusement, d'adultes en recherche de quelque chose qu'ils ont perdu depuis un moment : l'enfance. Dans cette foule, je me sens apatride, je me sens comme une enveloppe vide. Je me sens invisible et plus bizarrement, je me sens seule, étrangement seule. Mes pas errants m'ont menés ici pour je ne sais quelle raison mais je n'ai pas cherché à comprendre, j'ai juste suivit le mouvement, le feeling, je me laisse bercer et mener comme depuis mon enfance. Les cloisons étouffantes de mon petit studio ont eu raison de moi et je l'ai fuit presque en courant. Je crois que j'ai jamais vraiment aimé être en intérieur, vivre à l'extérieur, ça a l'air beaucoup plus plaisant mais moins rassurant. Je pense qu'il est dur d'être une femme dans ce monde. Je tend un billet au jeune homme posté dans son kiosque surplombant les plus grandes montagnes russes du parc. Il me rend la monnaie mais je secoue la tête, je veux plusieurs billets, plusieurs pour moi. La tête à l'envers, le coeur au bord des lèvres, je me sens vivante ou presque. J'ai mon corps qui réagit à l'adrénaline et je m'en délecte. Je prend les tickets qu'il me donne et va attendre que le manège s'arrête pour pouvoir y monter à mon tour. La dernière fois que je suis venue avec une dizaine de ticket, j'avais 17 ans et j'avais passé toute mon après-midi sur cette attraction à chercher une raison quelconque de vivre ici bas, de chercher quelque chose en moi que je n'ai pas réussi à trouver. Je n'ai pu parvenir qu'à déterrer d'éternelles questions sans réponses alors j'ai laissé tomber les recherches, j'ai juste continuer mais sans aucune ardeur ou envie vraiment. Disons que j'erre plus que je ne vis. Je trouve pas de raison de le faire et dans les dessins de mes ossatures architecturales, je trouve de la paix ou quelque chose de ce genre. Pour une fois, je suis à l'origine de quelque chose, je crée quelque chose et y'a de la vie dans ses papiers. Comme quoi, je peux donner de la vie même si je la sens pas en moi, même si je me sens creuse, même si je me sens inachevée. Quelque part, j'ai peut-être envie d'être trouvé, attendue ou je ne sais quoi. Non, en faite, je ne pense pas. Pour être attendue et trouvée, il faut avoir un lien solide et fort avec quelqu'un, c'est quelque chose qui m'effraye. M'effraye parce que c'est l'inconnu pour moi, m'effraye parce qu'on m'a tant répété que les autres peuvent nous faire du mal. Au fond, pourquoi ai-je autant peur de la souffrance ? Je ne l'ai jamais rencontré face à face, je n'ai vu que le néant mais peut-être que le néant et le vide sont une forme de souffrance ? Je cesse mes interrogations et fais un pas vers le manège maintenant en arrêt. Je l'ai déjà fait une fois et ce n'est qu'une attraction mais pourquoi j'ose pas y aller ? Ce n'est pas la peur du manège en lui même. Oui, c'est peut-être la peur de déterrer d'autres questions sans réponses, il me semble que j'en ai déjà assez qui me taraude l'esprit. Je recule et le jeune homme qui ramasse les petits papiers bleus m'observe se demandant si je compte monter dans une nacelle ou pas. Je rebrousse chemin, ce n'était pas une bonne idée pour ce matin. Alors que je tourne les talons, j'aperçois une silhouette que j'ai déjà vu qui marche en sens averse, qui remonte le courant de la foule dense comme un saumon qui tente de prendre le large pour survivre. J'aime bien cette image. J'ai vu tellement de gens mais je ne retiens le visage que de la moitié, ceux qui flashe ma vie de sensations même éphémères. Je tente de fouiller dans ma mémoire défaillante où j'ai bien pu le voir et pourquoi j'ai figé son visage dans mon esprit. Malgré moi, je marche vers lui et bientôt je me retrouve en face de lui, lui bloquant le passage, alors qu'il tente de me contourner moi le fixant, je l'arrête en lui tirant par le bras. Dans sa main, je glisse un petit billet bleu pour l'attraction des montagnes russes. Si j'ai retenu son visage dans un coin de ma mémoire fêlée, il doit y avoir une raison même si pour le moment, elle ne me revient pas. Je l'ai déjà vu mais je me souviens plus. Parfois, j'aime le faite d'être une passoire, parfois, je trouve ça pas du tout accommodant. « Tu viens ? Un tour ou deux. » Pas de bonjour, pas de ça va rien. Est-ce mal de ne pas les dire ? Pourquoi tout le monde commence une phrase par ça ? Pourquoi y'a des protocoles pour s'adresser aux autres ? Ma tête penche vers le manège comme pour le convaincre. Quand je vois son visage, je me dis qu'il aurait de belle histoire à raconter, le genre d'histoire que j'aimerais bien écouter encore et encore emmitouflée dans une couverture bien chaude dans un jardin enneigé. Je pars loin, je pars toujours loin mais le corps ne suit pas, seul l'esprit vogue, en un sens, je suis emprisonnée dans mon propre corps. Liberté. Maintenant, ça me revient ! C'était le monsieur du train ! Celui qui m'avait parlé pendant tout le long du voyage et qui m'avait fait passé l'envie de prendre un deuxième aller retour juste pour rester dans ce train. Finalement, j'étais descendue de ce train avant que nos chemins se séparent mais il avait gravé dans ma tête des rêves chauds de liberté et d'Afrique lointain. Il m'avait insufflé une inspiration certaine ce jour là, inspiration qui m'avait fuit toute la semaine. Voilà pourquoi son visage a été gravé dans ma mémoire fêlée. Voilà. « Isao. » Je souffle dans un murmure car je me souviens enfin et puis peut-être pour le pousser à venir avec moi. Et puis peu importe s'il se souvient pas de moi, je suis si facilement évaporée dans les mémoires, déjà celles de mes parents. Je le tire vers l'attraction. On me dit souvent que je suis folle, que tout ce que je fais ne se fait pas mais moi, je comprend pas. Et au fond, qu'est-ce la vraie folie ?


Dernière édition par Delaney E. Mezsaros le Ven 11 Mai - 11:46, édité 1 fois
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Isao T. Morrison

Isao T. Morrison

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MessageSujet: Re: uncover our heads and reveal our souls[Terminé]   uncover our heads and reveal our souls[Terminé] Icon_minitimeJeu 3 Mai - 12:52


J'aime pas comme t'es belle ça m'fait du mal.
T'es surnaturelle en pas normal


A errer ici, je ne sais pas ce que je fais, à quoi je joue. Qu’est-ce que je cherche en réalité ? Des souvenirs. Mais je ne reconnais plus grand-chose de cet endroit. Les vieilles attractions ont été remplacées par de nouvelles, les vieux stands par des nouveaux. Tout a changé de place. Pourtant trois ans ce n’est pas énorme. Ça m’a paru tellement rapide. Au milieu de la foule, j’ai beau regarder je ne trouve pas ce que je cherche. A regarder autour de moi sans bouger, je dois avoir l’air un peu perdu. Je cherche quelque chose, je peux voir d’ici la zone qui m’intéresse. Mais il n’était plus là. Je cherchais un stand de tir. Un peu vieillot, avec de vraies carabines à plomb, les sigles de l’armée à peine effacés des armes, les petits bâtonnets en plastique assez difficiles à toucher à cause de leur mince épaisseur. Quand je demandais à un responsable, ce stand avait fermé à cause des normes de sécurité qui n’étaient pas respectées. On me désigna l’endroit et je m’y rendis. Il y avait une pêche au canard à la place de notre stand. Je restais devant, un peu en retrait à regarder ces drôles de canards échapper aux cannes à pêches des enfants. Un peu étrange comme remplacement. Av’y et moi venions ici assez souvent. Avant. Il y a longtemps en fait. Normal qu’il ait été remplacé finalement. Elle me défiait au tir à l’époque. Chaque fois qu’on revenait, c’était pour me montrer à quel point elle était meilleure que moi là-dedans. En bon grand-frère, je la laissais gagner, bien évidemment. Il m’arrivait même de tirer de son côté, elle pensait que c’était elle qui avait si bien visé, elle était heureuse c’était l’important. Mais elle n’était pas idiote non plus. Quand mon petit manège avait été découvert, le gérant du stand a eu droit à une jolie démonstration de dispute entre frère et sœur. Il cachait les carabines quand ma petite sœur montait sur ses grands chevaux. Ben oui, je ne calmais pas le jeu quand elle me disputait. C’était loin tout ça. Les rires, les cris et les détonations. Les rires surtout, le sien. Ce ne serait surement pas avec celui-ci qu’elle m’accueillerait quand j’irais la voir. Non. Je ne suis toujours pas allé la voir. Je traine. Je ne sais pas par quoi commencer. Alors en attendant de trouver, je visite, je revisite la ville. Je n’aime pas cette ville, je ne me sens pas bien ici. Ce n’est pas ma place. Mais je devais essayer de rattraper les choses avec Av’y. On ne pouvait pas rester fâché indéfiniment. Une femme me lança un regard en biais et je filais. Pas la peine de la laisser venir me faire la conversation. Puis je perdais mon temps, il était temps de rentrer. J’étais en train de remonter la foule quand quelqu’un se planta devant moi. Distrait, je ne le regardais pas et tentais de le contourner. Mais il m’arrêta. Elle. Elle m’arrêta. Je baissais alors la tête vers la jeune femme et m’arrêtais. Elle. Un franc sourire fendit mon visage. Elle. Je sens qu’on me glisse quelque chose dans la main, je baisse les yeux sur le bout de papier bleu qu’elle m’a donné avant de la regarder perplexe. « Tu viens ? Un tour ou deux. » Un petit rire s’échappe de mes lèvres. Déjà dans ce train, sa différence m’avait sauté aux yeux. Ne le prenez pas dans un sens péjoratif. C’est un compliment. Je suivis des yeux l’attraction qu’elle désirait faire. Puis elle murmura mon prénom et je la regardais. Elle. Je me fais attraper par ses yeux bleus, profonds. J’ai un moment de flottement. Un moment où je ne sais pas où je suis, ni que je suis. Il y a des regards qui vous captivent, le sien en fait partie. Puis elle rompt le contact pour m’entrainer ailleurs et je reprends connaissance. Je n’ai toujours pas dit si je venais faire un tour ou non avec elle. Mais il semblerait que ce soit tout décidé. Puis finalement, si, j’ai décidé, en fait. Autant transformer ça en acte volontaire. C’est cela, oui. Sa main fermement accrochée à mon bras, je me laisse entrainer vers l’attraction. Le tour n’avait pas encore commencé mais l’homme s’apprêtait à lancé la machine. Alors je lui emboitais le pas, la dépassais en faisant un signe au gérant, puis je lui attrapais la main pour l’entrainer dans mon sillage. « Cours, ils ne vont pas nous attendre éternellement » Ils nous auraient sans doute attendus, mais ce n’était pas le plus important dans l’histoire. Je me mis à courir en riant, me prenant à son jeu. Je libérais sa main en arrivant et la fis passer devant moi pour s’assoir dans l’attraction. Son visage était indéchiffrable. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi difficile à lire, à comprendre. Cette rencontre était la plus étrange que j’avais vécu, une rencontre que je ne regrettais absolument pas. Je pris place à côté d’elle et après qu’on ait vérifié la sécurité je tendis ma main entre nous la paume vers le ciel, lui demandant la sienne. Je la regardais en souriant : « Me tenir la main ne signifiera pas que l’attraction te fait peur » C’était ce que ça signifiait si je voulais la taquiner mais ce n’était pas le cas. Quand Avery me prenait la main lors d’une attraction, c’était juste pour signifier qu’on vivait l’expérience à deux, ensemble. J’attendais à ce qu’on fasse de même Delaney et moi.
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Delaney E. Mezsaros

Delaney E. Mezsaros
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MessageSujet: Re: uncover our heads and reveal our souls[Terminé]   uncover our heads and reveal our souls[Terminé] Icon_minitimeJeu 3 Mai - 14:04


Memory comes when memory's old
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Mon truc à moi, c'est les bâtiments, les os en béton, en ciment. Bâtir mon imagination avec des dalles, bâtir un autre monde, donner de la vie à ses matières mortes pourtant, parfois, j'aime la vie, ce qu'elle insuffle en silence, dans l'ombre. Il m'arrive, oui, d'avoir envie d'immortaliser un regard, une main longue et fine, des parcelles de corps, d'instants et de les figer sur un papier, je les rend ainsi immortels, je les arrache à l'éphémère qui dévore tout sur son passage, nous sommes mortels. Mortels car la vie nous quitte à chaque seconde, mortels car la mort, nous la donnons, mortels car parfois les hommes s'entretuent. Son sourire quand il me voit, je ne le comprend pas, je ne le saisis pas mais au fond, tapi dans l'ombre de mon esprit disloqué, ça me fait plaisir, ouais, ça me fait plaisir, je ne sais même pas pourquoi. Le plaisir est une chose abstraite pour moi que je ne comprend pas réellement ni pourquoi elle se déclenche mais elle est là. Son sourire. Il a un petit quelque chose, un quelque chose qui me donne envie de l'immortaliser, de le voler et le graver sur un papier. J'ai envie de poser mes doigts sur son sourire pour m'en imprégner peut-être. Sourire, ça requiert dix muscles anatomiquement mais j'imagine que dans l'âme, cela puise beaucoup plus. Sourire comme il le fait, je ne sais pas si j'en suis capable, moi, mes sourires sont morts, ils sont l'écorce de quelque chose de fané, mon âme n'a rien de gai ni de bien joyeux, je ne sais pas trop quel goût a le bonheur, je me le demande parfois. La vie, la mienne, a le goût du trop peu et du pas assez, il a le son de la solitude, la texture d'un froid hivernal, l'odeur du néant et de l'absence. C'est une mélodie aigrie dans laquelle je suis bercée depuis ma tendre enfance mais son rire à lui, il a quelque chose de vivant, de chaleureux. Je pense que j'aimerais bien l'écouter en boucle en fermant les yeux, on se croirait en été, loin de tout. C'est comme être au soleil, c'est comme avoir son propre soleil. Oui, ça me plairait bien ça, avoir mon propre soleil mais je sais pas, je pense pas que je sois destinée à en avoir un, ni à pouvoir être le soleil de qui que ce soit. Moi, je suis un hiver sans fin, des flocons sans cesse, une tempête de neige, un truc sans soleil. On me l'a dit une fois que je suis froide comme un glaçon, sur le coup, je l'ai bien pris, un glaçon c'est bien, ça chasse la chaleur, ça rafraîchit une boisson tempérée, ça chasse la fièvre mais aujourd'hui, je ne sais plus si c'est si bien que ça. Ma main encerclant son bras, je l'attire vers mon manège fou, je le capture peut-être contre son gré, est-ce mal ? Ouais. Je pense. Je lui vole sa liberté et son libre arbitre. Alors que je lâche ma prise, il me dépasse d'une tête d'un pas pressé et me saisit la main pour m'entraîner à son tour. Mon regard de glace se fige sur nos mains imbriquées, une sorte de décharge électrique se déverse dans ma chair et un frisson remonte le long de mon échine. C'est la première fois que je me sens plus ou moins vivante en la présence d'une autre être humain, avec l'un de mes semblables. Je sors de ma léthargie quand il m'insuffle l'ordre de courir. Mes jambes obéissent mais mon esprit est ailleurs. Eternellement, j'aime bien la consonance de ce mot. Attendre éternellement. Pour le peu, ça me dirait bien qu'ils nous attendent éternellement, enfermés dans un monde parallèle et moi je resterai là, figée dans le temps, sa main dans la mienne. Alors qu'on court, mes yeux restent vissés sur nos mains alors que son rire emplit mes tympans comme une explosion de feu d'artifice, comme une mélodie et je me concentre sur cette symphonie pour la graver dans ma mémoire déchirée. Ainsi, dans l'obscurité de mes nuits, je pourrais me la rejouer pour me réchauffer l'esprit et l'âme. J'ai envie de rire aussi mais aucun son ne sort alors il rigole un peu pour moi, ça me va très bien. Rigole pour moi, Isao. Sois comme une extension de mon hiver. Lui, l'été. Moi l'hiver. Sa main me quitte finalement alors qu'on arrive à bon port, je quitte sa main du regard à regret et me pose dans la nacelle avant qu'il en fasse de même. L'homme au ticket bleu vient vérifier la sécurité, j'ai envie de lui dire que ce n'est pas nécessaire mais je ne suis pas seule dans ma nacelle comparé à d'habitude alors je ne dis rien. Je ne suis pas seule, ces mots résonnent dans ma tête, ça résonne encore et encore. Je tourne la tête pour le regarder. Isao. Je ne suis pas seule. C'est bizarre. Je ne suis pas seule. Je ne suis plus seule. Toi, tu es qui ? Au fond, ce n'est pas important. Moi qui n'a connu que la solitude, cette nouvelle sensation me bouleverse, je m'égare sur mon chemin. Je connais pas ça, moi. Et ce que je ne connais pas m'effraye. Parce que le noir, bien qu'envoûtant, a quelque chose d'effroyable. Mes yeux se baissent à sa paume levée vers le ciel entre lui et moi, comme une frontière qu'il voudrait que je franchisse. Si je la franchis, est-ce un peu comme si je demandais l'asile et que j'allais me réfugier en territoire hostile ou inconnu ? Je sais pas. Dans ma tête, tout tourne un peu trop rapidement. « Ce n'est pas l'attraction qui me fait le plus peur. C'est ce qui apparaît pendant » Je regarde ma main et la sienne. Ca signifie quoi si j'accepte ? Est-ce que ça veut dire que je me lie à lui ? Que je lui donne quelque chose de moi ? Je penche la tête et la nacelle se met à bouger, nous secouant comme des sacs à patate. C'est un soleil, on ne refuse rien au soleil, n'est ce pas ? Si une fleur refusait le soleil, elle ne pourrait jamais grandir et fleurir. Finalement, ma main s'unit à la sienne alors que la nacelle grimpe pour se hisser en haut, tout en haut. « Je crois qu'on ne peut rien refuser au soleil. T'es dans ton élément, on pourrait presque se noyer dans le ciel alors brille fort » Mes mots se perdent dans le vide et la nacelle s'élance dans une descente vertigineuse, j'ouvre les yeux pour ne surtout pas les fermer alors que nos corps se retrouvent propulser vers l'avant par la force de la gravité et de la vitesse. Je m'enivre déjà, le temps se fige mais en même temps s'écoule plus rapidement. Mes cheveux lâchés flottent dans le vent et me fouette le visage mais je n'en ai que faire. Je me noie dans l'ivresse de la vitesse, l'adrénaline se propage dans mon corps. Je lui lance un regard de biais puis un sourire se dessine sur mes traits trop longtemps figés par un froid venu d'ailleurs, d'un passé trop éclairé par le vide. Je ne suis plus seule. Non. J'ai un soleil avec moi. Ce n'est pas le mien mais c'est un soleil. Et à mon tour, un éclat de rire se libère d'une prison et s'échappe de ma gorge.
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Isao T. Morrison

Isao T. Morrison

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MessageSujet: Re: uncover our heads and reveal our souls[Terminé]   uncover our heads and reveal our souls[Terminé] Icon_minitimeJeu 3 Mai - 16:03


J'aime pas comme t'es belle ça m'fait du mal.
T'es surnaturelle en pas normal


Elle hésite. Elle ne sait pas. Mais ce n’est pas pour la raison à laquelle je pensais. Non, évidemment, c’était trop simple. Elle ne faisait pas sa bravache, ne me montrait pas qu’elle n’avait peur de rien et que ma main était inutile. Ce n’était pas un truc féministe. Je ne compris pas un mot de ce qu’elle me répondit. Ce n’est pas grave, elle se comprend. Ce qu’il y a pendant. Qu’y a-t-il pendant ? Je ne le saurais sans doute pas. Ce n’était pas juste l’adrénaline, elle devait voir les choses autrement. Je ne lui posais pas la question, je laissais filer. Ce que je ressens quand elle glisse sa main dans la mienne, c’est une brûlure. Intense, contrastée. Je sens juste ma main attirée par la sienne à la façon d’un aimant. C’est étrange cette raideur dans ses doigts. Sa peau est douce, je sens sa main fragile dans la mienne. Mais sa poigne est ferme, raide, c’est bien ça. Je n’ai pas le temps d’y réfléchir plus longtemps qu’elle prend la parole. « On ne refuse rien au soleil » Je ne comprenais pas tout, je savais qu’elle s’adressait à moi mais la suite de mes pensées s’évapora quand on amorça la descente. Je sentis cette petite chose dans mon ventre tenter de s’échapper. Comme à chaque fois que je faisais ce genre d’attraction. Comme si ton âme cherchait à s’évader pendant cette chute libre. C’est une sensation étrange, plaisante aussi. C’était grisant. Je regardais Delaney et à ma grande surprise, son sourire reflétait le mien. Et au bout d’un moment son rire s’envola. J’aurais voulu le mémoriser, m’en imprégner parce que ce son était magnifique. Au lieu de ça, je me laissais griser moi aussi et mon rire rejoignit le sien en haut des montagnes russes. Nos mains entremêlées, nos rires accordés. Il y avait quelque chose qui circulait entre mes mains. On partageait cette expérience ensemble. L’image rendait bien. C’était la première fois depuis mon retour que je prenais autant de plaisir à être là, dans cette ville. Ce plaisir-là, je ne l’avais plus ressenti depuis longtemps. Cette euphorie qui nous entraine et qui nous submerge quand l’attraction s’arrête enfin. Malheureusement. Ce moment de suspend où on ne touchait plus terre nous manque déjà. Mais on n’a pas le droit de rester un tour de plus sans refaire la file. Sans lâcher sa main, j’attends qu’on nous libère pour sortir de l’attraction. Je ris encore, mais plus doucement. J’ai encore un peu le tournis, mais je ne m’en sors pas trop mal pour rester sur mes jambes. Puis hors des limitations de l’attraction, je m’arrête me retourne vers elle. Je remarque alors que son regard s’attarde sur nos doigts encore entremêlés. Mais je me rends compte que c’est moi qui la retiens encore. Une voix me pousse à la garder encore un peu prisonnière mais quelque chose d’autre me pousse à la libérer et ses doigts glissent d’entre les miens. Pure politesse. Et quand je lève mes yeux vers elle, le sourire sur son visage s’est évanoui, mais pas celui de ses yeux. Je ne prends alors pas la peine de réfléchir à ce que je fais. Je sens juste que son regard m’a attrapé. Je me sens toujours aussi grisé par ce manège, l’adrénaline court dans mes veines à toute allure et en voyant ce regard briller ainsi, je m’approche me penche et l’embrasse. Quand nos lèvres se touchent, je sens encore cette brûlure que j’avais ressentie quand sa main était venue rejoindre la mienne. Mais la brûlure est plus intense, plus surprenante. Il y a une opposition réelle entre elle et moi, c’est certains. Ça ne dura que quelques secondes, je n’essayais pas de forcer ses lèvres. En réalité, elle ne réagissait absolument et s’était raidie à mon contact, me fermant tout accès à sa bouche. Ses lèvres étaient douces, mais ne voulant rien céder, elles me parurent froides. Alors je renonçais et me reculais. Mais moi, je ne me départis pas de mon sourire, toujours aussi euphorique, l’adrénaline ne s’évacuait pas. Pensant l’avoir mise dans l’embarras, j’imaginais qu’il ne s’était rien passé. « Désolé, l’euphorie du moment sans doute » Désolé, je n’en avais pas l’air. Mais peu importait. Non ça ne m’arrivait pas toujours d’embrasser une femme pour un oui ou pour un non. Il y a juste quelque chose qui se sent et j’ai appris à en tirer parti. Je ne veux pas nier l’attirance qui me lie à une femme, il me suffisait d’en tirer parti pour ne garder que les avantages de ce type d’attirance. J’avais appris comment faire pour ne pas m’impliquer sentimentalement. J’agissais donc comme si ça ne voulait rien dire, comme si ça n’impliquait rien. « Tu veux recommencer ? » L’attraction, je parlais de l’attraction pas du baiser. Mais je laissais le doute planer. A vrai dire, je n’avais aucune idée de la façon dont elle réagirait. Le personnage tout à fait incompréhensible qui se trouvait devant moi devait me pousser à tenter des choses que je ne ferais pas d’habitude. De l’improvisation, c’était la seule chose qui pouvait fonctionner.

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Delaney E. Mezsaros

Delaney E. Mezsaros
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MessageSujet: Re: uncover our heads and reveal our souls[Terminé]   uncover our heads and reveal our souls[Terminé] Icon_minitimeVen 4 Mai - 11:00


Memory comes when memory's old
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Les battements désordonnés de mon coeur résonnent dans mon crâne. Le sang tambourine à mes tempes, les flux vitaux qui me maintiennent en vie semblent aller aussi vite que la nacelle sous l'implosion de la vitesse mêlée à l'attraction. Mon corps défit les lois de Newton et le goût d'une liberté emplit mon esprit et défait pour un court moment les barreaux de ma propre prison, la prison de ma propre vie, de mon propre corps, de mon âme errante. J'ai comme l'impression de voler, de m'évaporer dans le ciel, de renouer avec un monde que je ne peux que caresser de loin, quand mon corps est terre à terre. Pourtant, alors que la main d'Isao me maintient sur terre, je la serre à mon tour dans ma main, comme pour m'empêcher de partir trop loin et sûrement de ne pas pouvoir revenir sur mes pas. Un genre de garde fou. Je tente de ne pas fermer les yeux pour ne rien rater, pas rater une seule miette. Dans cette nacelle, le temps s'arrête, semble se figer mais aussi prendre une autre dimension. Je m'éparpille. Nous sommes tous faits de molécules, nous, les objets qui nous entourent, nous sommes un tout, fait des mêmes molécules, chaque chose réagit à notre contact. Ma main réagit au contact de celle de mon garde fou solaire, c'est comme des bulles qui rampent sous ma peau jusqu'à aujourd'hui comme une écorche morte, sans vie. J'ai rencontré des hommes, des biens, des moins biens pour faire comme tout le monde, pour tenter de chasser la froideur de la vie, de la solitude, pour chercher peut-être des réponses ou alors trouver d'autres questions. Et pourtant, aucun ne m'a fait cet effet, aucun n'a jamais été vraiment un soleil mais un feu faible qui n'était pas efficace par moment. Au fond, j'étais toujours et encore seule. Parfois, je me dis que la pire des solitudes, ce n'est pas celle que je ressens constamment à chacun de mes pas mais bel et bien celle que je ressens quand je suis avec quelqu'un, quand je suis entourée. Voilà la pire des solitudes. Et aujourd'hui, je ne sais pas, c'est une sensation tout à fait différente, je me sens... pas seule. Pas seule. Ce mot résonne alors que dans ma gorge un cri a envie de sortir, d'exorciser en un sens ce que je n'ai jamais laissé sortir de ma propre prison. Je le sais, cela ne sortira pas, cela n'est jamais sorti. A la place, juste un rire qui s'unit au sien, ma mélodie et la sienne forme une symphonie singulière. Je n'ai jamais trouvé qu'une partie de moi se mêlait bien à la partie de quelqu'un d'autre. Je suis comme un chien errant qui aurait peut-être la gale et dont personne veut, quelque chose qui ne se mélange mal aux autres, un truc qui est destiné à être bien que tout seul. Isao, il bouleverse un peu ma vie comme on briserait une vitre. J'aime bien cette idée, l'idée qu'il suffit parfois d'une rencontre fortuite pour tout bouleverser mais je ne suis peut-être pas prête pour un changement. Quand on a été longtemps seule, accepter une présence peut parfois être difficile. La magie s'arrête, l'envoûtement se stoppe et on nous libère de la nacelle. Nous sortons encore liés par nos mains emmêlées. Je les observe en silence alors que mon corps, docile, le suit dans un chemin qu'il fend de son corps dans la foule dense. J'ai envie de lui dire de me lâcher mais je sais pas, une autre partie de moi n'a rien envie de faire pourtant, je récupère ma liberté et mes doigts s'échappent lentement de son emprise alors que mes yeux clignotent à peine enfoncés dans son regard. Le temps reprend ses droits sur la vie et sur nos corps d'humain et contre toute attente, il se penche vers moi et sans que j'ai le temps de faire quoique ce soit, ses lèvres se soudent aux miennes. Le contact est aussi chaud que du chocolat chaud en plein hiver, j'ai l'impression d'être de marbre et qu'il m'insuffle un semblant de chaleur. Je suis désemparée, je ne sais pas quoi faire, quoi penser. Il m'a prise de court. L'envie de répondre à son baiser me traverse l'esprit mais je n'ose pas, j'ai peur. Peur de quoi ? Je ne sais pas trop, peut-être de la suite, peut-être de ce que ça impliquerait. Comme pour apaiser mes questions fusant dans mon crâne, il se recule et rompt le contact. Un sourire reste gravé sur son visage alors qu'il s'excuse sans en donner l'air. J'imagine qu'il ne regrette pas son geste et dans un sens, ça me rassure. Je secoue la tête, le regard un peu dans le vide « Sois pas désolé. Je n'aime pas quand les gens se sentent désolés. Tu as voulu le faire, tu l'as fait, c'est ainsi » J'ai un moment d'absence quand il me demande si je veux recommencer. Le baiser ou bien le manège ? J'en ai aucune idée. Lequel ai-je envie de recommencer. Les deux peut-être. Il y a trop de questions et elles me fatiguent. Sans savoir pourquoi, j'éclate de rire, je trouve la situation tellement hilarante. Mon rire est doux et loin d'être moqueur. Je me hisse finalement sur la pointe de mes pieds et va déposer un baiser léger comme la brise au coin de son sourire comme pour lui rendre hommage. Un de mes doigts se posent sur son arcade sourcilière « Je suis fatiguée d'attendre. J'ai beaucoup attendu dans ma vie alors allons essayez une autre attraction. Il reste des billets bleus à dilapider. » Je le tire par la manche de sa veste parmi la foule, on s'y fondrait presque. Je pointe du doigt la maison de l'horreur avec un sourire amusé. J'ai toujours trouvé cette attraction pitoyable et pathétique mais j'ai envie de m'amuser et cela faisait longtemps que je m'étais pas permise cela. Je marche à tâtons, à reculons pour ainsi continuer à le regarder tout en fendant la foule. Peu importe les coups d'épaule que je me prend, les coups de coudes, les bousculades, ils n'ont pas d'importance. Alors que mon corps s'enfonce dans la foule, me happant presque, un poignée de personnes s'interposent entre moi et lui. Je porte mes mains en entonnoir autour de mes lèvres et hurle pour qu'il m'entend « Tu passe la journée avec moi, Isao ?! Une seule et unique journée » Je m'enfonce encore plus dans la foule qui commence à me dévorer « Si c'est oui, retrouve moi. Tu sais où nos pas doivent nous mener » Et me laissant me faire engloutir entière, je disparais dans la forêt de corps pour me diriger vers la maison hanté. Je cours aussi vite que je peux, j'enfonce mon billet dans la main de l'employé du parc, enjambe la barrière, dépassant une dizaine de personne avant de disparaître dans l'attraction afin de ne pas me faire lyncher par leur colère suscitée par mon impolitesse. Une fois plongée dans le noir, j'attends, cachée entre un cercueil et un squelette. J'attends, tapie. Et pour la première fois, mon coeur bat à la chamade. Apprendre à vivre, je l'ai toujours désiré quelque part.
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Isao T. Morrison

Isao T. Morrison

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MessageSujet: Re: uncover our heads and reveal our souls[Terminé]   uncover our heads and reveal our souls[Terminé] Icon_minitimeSam 5 Mai - 10:13


J'aime pas comme t'es belle ça m'fait du mal.
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A nouveau, j’ai réussi à déclencher un rire. Indépendamment de ma volonté, je l’avais fait rire. Et ce son était à nouveau aussi pur que celui de tout à l’heure. Cette pureté. Comme si le son était nouveau, comme si elle le préservait depuis des années, qu’elle ne le faisait sortir que si rarement que le temps d’avait pas encore pu laisser de traces. Un rire jeune. Un rire d’enfant. J’ai toujours trouvé que le rire d’un enfant était le plus beau son que je n’ai jamais attendu. Je venais de découvrir un son qui le surpassait presque. Son rire. Mais je commençais à me sentir envouter par cette voix, ce rire, ce regard. Ce n’était pas très bon pour moi. Il allait falloir faire attention à soi maintenant. Ne pas se laisser totalement ensorcelé, ne pas finir comme d’autre. Je ne suis pas homme à être détruit par ce type de sentiment. Faire attention donc. Tu l’as fait, c’est ainsi. Sa façon de penser m’échappait totalement. Ce n’était pas important. Pas pour le moment. Je composerai avec. Puis à son tour, elle me prit au dépourvu en se hissant jusqu’à moi. Ses lèvres ne se posèrent pas sur les miennes cependant. J’étais tenté de tourner le visage pour lui voler encore un baiser, mais je restais sage sous sa main. Tu es fatiguée d’attendre, tu as trop attendu. Qu’attends-tu Del’ ? Evidemment, elle parle d’attraction. J’avoue penser à autre chose que de retourner dans les montagnes russes. Mais je me laisse entrainer dans son sillage, de toute façon attiré par sa personne, son aura. Je ne la quitte pas des yeux, elle non plus. Et ce n’est pas nous qui rompons le contact mais les autres. Ceux qui ne nous voient pas, ou qui font semblant de ne pas avoir remarqué l’échange. J’en suis un peu agacé, je n’arrive pas à me frayer un passage jusqu’à elle. Et elle, elle recule, toujours, puis porte ses mains à ses lèvres pour me crier quelque chose. Je continue à essayer de passer, ça m’agace un peu plus tandis que même si j’ai déjà accepté sa demande, je me demande si c’est une bonne idée. Une journée Isao, rien qu’une journée. Bien sûr, toute la nuit s’il le faut. Alors à mon tour je me mets à fendre la foule pour essayer de la rejoindre. Mais je suis grand, je gêne plus facilement les gens en marchant dans le sens opposé. Tant pis pour eux. Je ne lâche pas Delaney du regard comme de peur de la perdre. Je sais très bien où elle va pourtant. J’ai un temps d’hésitation avant de l’imiter. C’est une maison hanté tout de même. Je n’aime pas trop ce genre de « surprises ». Je vois la tête du gérant mécontent et je décide de faire la file qui de toute façon avance vite. Mais l’attente se fait longue, tiraillé entre l’envie de la rejoindre et l’envie de sortir d’ici. Je ne me décide pas cependant. Je danse sur un pied, puis sur l’autre. Indécis. Je lève les yeux vers le gérant qui est soudainement occupé par une personne égarée demandant son chemin et je me décide. A coups de « pardon » et d’« excusez-moi » je bouscule, me faufile et dépasse la plupart des gens. Ils rouspètent mais je ne me justifie pas, je passe c’est tout. Je culpabilise déjà d’ennuyer toute ses personnes, mais je pense à Del’ et je continue. Enfin j’arrive à l’intérieur et le noir m’assaille. J’n’aime pas ça. C’est bien la raison pour laquelle j’ai choisi l’Afrique – le soleil, les grandes étendues sauvages – claustrophobe moi ? Mais non voyons. A votre avis, pourquoi je ne me sens pas à ma place en ville ? « Del’ ? » Et pas à pas j’avance, les yeux grands ouverts, me préparant à toute les « agréables surprises » que nous offraient cette maison. Mais trouver Delaney ici, n’était pas vraiment une partie de plaisir. Je ne pus pas m’empêcher de crier quand des objets non identifier me tombèrent dessus, une main se posant sur mon épaule où encore sursauter quand un squelette dégringole du plafond pour me couper la route. Je n’aime vraiment pas les maisons hantées. Je ne comprends pas qu’autant de gens viennent ici dans l’unique but de se faire peur. Qu’y a-t-il d’intéressant à mourir de peur ? Je continue d’avancer, continue à appeler Delaney, de moins en moins à l’aise en cet endroit. « Delaney, ça ne me fait pas rire, où es-tu ? » J’espérais vraiment qu’elle soit sortie et que je la retrouverais dehors, mais on parlait de Delaney. Qui peut prédire dans quelle direction se dirigera la tempête ? J’avançais, de plus en plus rapidement je dois l’avouer, j’espérais trouver rapidement la sortie. Je pensais bien m’en sortir quand quelque chose me tomba dessus et me fit hurler.
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Delaney E. Mezsaros

Delaney E. Mezsaros
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MessageSujet: Re: uncover our heads and reveal our souls[Terminé]   uncover our heads and reveal our souls[Terminé] Icon_minitimeDim 6 Mai - 5:50


Memory comes when memory's old
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La vie, elle a souvent un goût d'amer, d'aigreur et un vent glaciale qui me paralyse les os, l'être tout entier parfois. Aujourd'hui, elle est absente, il y a un tel remue ménage dans tout mon corps que je me sens étrange, comme en dehors de mon propre moi. Je n'ai tout simplement pas l'habitude, est-ce que c'est cela de vivre ? J'ai toujours aimé vivre dans l'impulsivité, dans le moment présent, dans la seconde, je n'ai jamais aimé établir des plans, me poser et me laisser mourir par les moeurs de notre société et le moule des stéréotypes de notre société. Me laisser dévorer par la routine. La routine a quelque chose d'effrayant comme l'inconnu, comme l'amitié, comme l'amour. J'entends encore sa voix qui résonne dans mon tête, qui m'appelle, qui me cherche. Je me sens comme un objet abandonné, un objet inutile mais que quelqu'un cherche. Un objet dont personne ne voulait mais peut-être plus aujourd'hui. C'est une sensation bizarre mais pas désagréable, une sensation qui fait un peu peur je dois l'avouer. Je n'ai jamais été cherchée et j'ai toujours veillée à ce qu'on ne me trouve pas aussi. J'ai toujours été celle sans qui tout va bien, sans qui, on est bien. C'est ainsi, c'est ma destinée. Delaney, affutée d'une solitude sans norme, sans limite. La fée de la solitude a dû se pencher sur mon berceau à ma naissance et m'a insufflé son pouvoir envoûtant. A moi, on me balance des mots comme des pierres, des regards comme des vents froids. Je me souviens qu'un homme m'a dit un soir que dans mes bras, il faisait froid. Un coup de poing dans l'estomac. Même de la part d'un homme cherchant juste la chaleur d'un endroit charnel en courbe, la froideur de ma beauté sans vie l'a frappé et ma solitude l'a happé. Suis-je un virus ? Peut-être je devrais me couper officiellement du monde comme je l'ai souhaité une fois. Peut-être qu'il le faudrait ? Peut-être que ma personne est néfaste ? Qui sait ? Je ne sais pas. Il paraît que chaque personne a une raison d'être dans ce monde, peut-être que moi, ma raison d'être est justement de ne pas être ici. Je suis là pour que les autres puissent se sentir chanceux d'être ici et d'avoir une raison. Oui, il faut de tout pour faire un monde. Il faut un rien pour le détruire. Tapie dans l'obscurité, la musique d'ambiance m'abime. Des hurlements de loups, de fantômes, de bruits à en donner la chair de poule mais moi, je suis froide comme toujours. Je ferme les yeux parce que je ne veux pas le voir entrer dans l'attraction, j'ai soudainement peur qu'il aie accepté ma proposition. Qu'ai-je donc fait ? Si ça se trouve, ce n'était pas une bonne idée, si ça se trouve c'était la meilleure idée de ma journée. Mais et si ? Et si ma solitude lui ôte toute cette chaleur dans le regard ? Et si ma froideur l'éteint ? Ce serait injuste. Sa voix s'élève et se bat contre la musique présente pour parvenir à mes tympans. Je me refuse à ouvrir les yeux, je veux pas. Et pourtant, il s'ouvre quand je l'entend hurler d'effroi. Il est là, d'un pas hésitant mais là, il est là, avançant d'un pas peu rassuré. Alors qu'il avance, je le suis, tapis dans les décors du manège. J'enjambe un corps ensanglanté, un bain rempli de faux sang, je franchis une grosse toile d'araignée mais je le suis en silence, sans dévoiler ma présence. Mon regard s'attarde sur sa nuque, sur ces mains agitées d'un spasme que je ne connais pas : la peur des choses du monde, celle des fantômes, celle créée par les humains pour se donner des émotions. Moi, ce dont j'ai peur, cela ne se voit pas, c'est du domaine du silencieux, du ressenti. Mes yeux se plantent dans son dos. Isao, tu viens d'où ? Tu es qui ? Pourquoi tu es là, à chercher une inconnue ? Des questions qui resteront sans réponses, des questions auxquelles, je pense, je ne devrais pas chercher réponses alors je ne devrais pas être avec lui, ni passer du temps avec lui. Oui. Je vais le laisser sortir de l'attraction et m'enfuir. Pourtant, résolution prise, alors que j'enjambe un énième décor, celui-ci tangue et s'effondre sur Isao le faisant hurler. Je sors de ma cachette d'un bond avant de voir qu'il est indemne et à peine secoué. Trop tard, je suis hors de ma cachette, il serait ridicule que j'aille me cacher. « Je suis là » Je dis assez fort pour couvrir les hurlements ridicules d'un fantôme enrhumé. « Pourquoi tu as peur, Isao ? » Il tourne son visage vers moi et fait voler mes résolutions en éclat. Je baisse la tête un moment pour voir des tâches d'un liquide suspect sur le sol. Je m'y perd quelque minutes avant de relever la tête. D'un pas léger et légèrement dansant, je tourne autour de lui avant de m'arrêter derrière lui, au niveau de sa nuque. Mon souffle entre presque en contact avec sa peau, j'imite le hululement d'un fantôme avant de laisser mes doigts effleurer sa nuque. « Si j'étais un fantôme, aurais-tu toujours aussi peur ? » Sans lui laisser le temps de répondre par peur de la réponse, je l'attire vers la sortie et dans la lueur du soleil qui redécouvre les traits de son visage, j'en fais de même. « Aujourd'hui, j'ai décidé de passer la journée avec toi. Je ne sais pas pourquoi mais tu sais, je pense que parfois, il y a des choses qu'il ne faut pas chercher à comprendre. Si tu es là, c'est que c'est que tu le veux aussi. Que veux-tu faire ? » Demande-je en lui faisant face, en commencant à marcher à tâton sauf que cette fois-ci, je ne laisserai rien nous séparer. La décision a été prise. Aujourd'hui, ce sera une journée que je passerai avec lui. Je ne reviendrais pas sur cette décision, advienne que pourra pour la suite. Les questions, je les enferme dans une boîte. La boîte de pandore, je l'ouvrirai après.
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Isao T. Morrison

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MessageSujet: Re: uncover our heads and reveal our souls[Terminé]   uncover our heads and reveal our souls[Terminé] Icon_minitimeDim 6 Mai - 18:04


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« Je suis là » Ah oui. Mais ça sonnait vraiment très glauque dans ce genre d’ambiance, ça n’arrangeait pas mon affaire. Je la regarde, préférant mettre son visage sur cette voix dénuée d’émotion. Delaney n’est pas très expressive mais je ne sais pas. Je dois voir quelque chose que les autres ne peuvent voir chez elle. Au fond, qu’exprime-t-elle ? Moi-même je n’arrivais pas à déchiffrer. Mais j’aimais voir son visage quand elle parlait. Je lisais quelque chose derrière cette froideur, de la curiosité. Elle était curieuse, je crois. Elle ne me comprenait pas plus que moi je ne la comprenais. « Pourquoi tu as peur, Isao ? » Ce qui confirmait ce que je pensais. Je la vois rôder, tourner autour de moi et je ne peux détacher mon regard d’elle. Je suis néanmoins limité quand elle se glisse dans mon dos, je sens sa présence presque contre moi. C’est étrange ce que je peux ressentir. Surtout en cet instant, dans une maison hantée. Ce n’était pas vraiment l’endroit pour ce genre de sensation. « Moi peur ? Pff Mais non voyons » Je venais juste d’avouer le contraire en prononçant ces derniers mots. Je ne crois pas aux fantômes. Pas de fantômes pour moi. Mais je voulais bien qu’un fantôme comme elle me hante. Ou peut-être que non. Un fantôme n’a pas de réalité matériel, on ne peut le toucher, l’enlacer, l’embrasser. Je ne pourrais pas sentir son souffle dans ma nuque, je ne pourrais pas non plus sentir sa main m’entrainant vers la sortie. Quand les rayons du soleil m’éclairèrent, je me sentis enfin à ma place. J’étais vraiment mieux ici qu’à l’intérieur. Loin des squelettes et autres zombies, des bruits glauques et surtout de ce noir qui vous engouffre. Je n’aime vraiment pas le noir. Je respirais profondément une fois dehors. Mais elle continuait d’avancer, en me regardant avec ce regard hypnotique, fascinant. Je suis d’accord avec elle, il y a des choses que l’on ne cherche pas à expliquer. Que l’on n’a pas envie d’expliquer. C’est ainsi, on a juste envie et on suit ses envies. Tout simplement. Ce que j’ai envie de faire ? Ce serait facile à deviner. Alors je l’arrête, tant pis si nous gênons le passage, tant pis si on entend les gens derrière nous rouspéter pour si peu. Je l’arrête et je me rapproche d’elle. Mais cette fois je la préviens, je passe ma main sur sa joue et me penche pour l’embrasser. Il est vrai que j’étais un tantinet impulsif. J’agis comme bon me semble sans toujours réagir aux conséquences. J’aime le goût de ses lèvres, mais elles ont un goût de trop peu. Et cette fois, je cherche plus loin, une réponse. Tant pis si je me brûlais au passage. Parce que son contact me brûlait, sans que je ne comprenne pourquoi. Mais cette brûlure n’est pas si douloureuse qu’elle en a l’air. J’y prenais goût à cet échange. Et quand elle répondit enfin et que nos langues se trouvèrent, je n’attendis pas plus longtemps pour rompre le contact. Assez contradictoire, je sais. Je lui faisais découvrir l’envie qui me tiraillait ainsi. Ce goût de trop peu qui nous promettait tant. Ma main retomba le long de mon corps et je plongeais mon regard dans le sien, un sourire aux lèvres. « Tu as raison, il ne faut pas toujours chercher à comprendre » J’allais chercher l’une de ses mains, celle qui tenait les deux derniers billets bleus qui lui restaient. Je les lui pris puis regardais autour de nous cherchant quelqu’un. Un jeune en sweat à capuche ouvert trop large pour lui passa près de nous et je glissais les billets dans une des poches sans qu’il ne s’en rende compte. Puis je capturais le regard de Delaney, en levant la main pour lui toucher le bout du nez. « Viens, je vais te montrer un endroit magique » Puis à mon tour, je l’entrainais par la main à ma suite. Je remontais l’allée du parc, bifurquait vers un sentier presqu’effacé aujourd’hui et l’entrainait plus loin, vers cette sorte de barrière que symbolisait ces buissons. Mais ce n’était qu’une façade, ils n’empêchaient personne de passer. Simplement, personne n’y pensait. J’aidais Delaney à se frayer un passage à travers les branchages puis continuais. Très vite, les bruits du parc s’atténuèrent, à cause du rideau d’arbres qui l’entourait. On arriva ensuite à l’orée d’une petite clairière, vraiment toute petite parcelle de terrain. On y sentait la trace de l’homme en ces lieux. Avant, se tenait des stands ici, au tout début du parc. C’était le gérant du stand de tir qui me l’avait raconté. Aujourd’hui, l’endroit se reconstruisait petit à petit, la nature se refaisait. L’ambiance était un peu triste, sombre peut-être. Pas de couleurs éclatantes, pas d’herbe parfaitement taillée et des buissons qui poussaient çà et là. Rien de vraiment passionnant. Moi ce que j’aimais dans ces lieux, c’est cette nature sauvage qui avait repris ses droits, sans l’aide de l’homme pour la cadrer, la formater. Juste la nature qui reprend ses droits. Si on oublie les arbres, la terre d’Afrique ressemble un peu à ça. Je m’arrête, scrute les lieux un moment, apprécie le changement depuis ma dernière visite. Il y a encore des édifices humains, un pneu, une antenne, la nature s’en est accommodée et s’est construite autour. Sans regarder Delaney, je m’assois par terre dans l’herbe haute. Av’y n’aimait pas cet endroit, je l’avais emmené une fois, elle trouvait cet endroit triste et sans intérêt, là où je voyais du renouveau, du fascinant. « Le parc allait jusqu’ici avant, puis ils se sont centralisés autour des montagnes russes et cette place s’est retrouvée laissée en l’état. Je ne sais pas si tu vois ce que moi je vois. Je trouve cet endroit magnifique » Tu es vraiment bizarre, Isao. C’était ce que m’avait lâché Avery quand je lui avais expliqué pourquoi je venais là. Je ne savais pas ce que verrais Delaney. J’essayais néanmoins. Je voulais partager quelque chose avec elle, ce lieu était l’endroit parfait. Parce que ce n’était ni trop intime ni trop peu. Je ne suis pas un grand fan de shooting photo, mais si je devais faire poser des gens devant mon appareil, ce serait ici, sans aucun doute.
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Delaney E. Mezsaros

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MessageSujet: Re: uncover our heads and reveal our souls[Terminé]   uncover our heads and reveal our souls[Terminé] Icon_minitimeLun 7 Mai - 11:55


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Ma langue claque dans ma bouche. Je le regarde, un sourcil arqué, un tantinet amusée. Une contradiction à lui tout seul. Il me dit qu'il n'a pas eu peur mais son corps disait autre chose, disait autrement. A force de ne pas parler, on lit plus facilement les gens. Non pas ce qu'ils pensent ou ressentent, ça, c'est un peu plus complexe et vu mon expérience dans les interactions humaines, j'ai encore beaucoup de chemin à faire. Non, je parle de réaction physique, à la Lie to me. A vivre dans le silence, l'oeil capte plus rapidement ce genre de chose. Je ne sais plus combien de soirées j'ai passé devant cette série, désireuse d'apprendre, reléguant mes études au second plan ce qui n'est pas dans mes habitudes. Décrypter l'humain reste une chose bien complexe et un travail sans fin mais c'est un atout, pas vrai ? Comme si savoir à l'avance ou lire entre les failles me rassurait dans un sens même si je sais au fond que jamais je ne saurais lire parfaitement un autre, déjà que j'ai du mal avec moi-même. « Menteur » Je souffle, taquine alors que mes pas jouent à un jeu. S'éloigner, revenir, s'éloigner, revenir. Finalement, il coupe court à ce petit jeu et détruit la distance qui s'installe amusée entre nous deux. D'un geste, il m'arrête, je m'arrête aussi, surprise. Je lève mon regard bleuté vers son visage cherchant une réponse à ce stationnement soudain mais il ne semble pas enclin à me répondre à l'orale. Sa main se pose sur ma joue, c'est comme une brise au bord de la mer, un frisson me parcourt l'échine, traverse tout mon corps aussi rapidement qu'un éclair peut le faire. Je ne bouge pas d'un iota, seules mes paupières clignent alors qu'un halo solaire surplombe sa tête, on dirait un ange descendu du ciel, un ange déchu à qui on a déchiré les ailes. Un ange qui se penche sur moi, sur mon corps délabré. Ses lèvres se posent sur les miennes encore une fois. Si en temps normal, j'aurais refusé un second rapprochement tel que celui-ci, là, je ne bouge pas. Ce n'est pas tous les jours qu'on rencontre un ange du soleil et qui daigne se poser sur notre carcasse désossée. Pendant quelque seconde, je ne réagis pas et laisse ce contact m'envahir de tout mon être, finalement, je me sors enfin de ma léthargie et répond à son baiser, lentement mais sûrement. A peine ai-je répondu que l'ange solaire rompt ce baiser et se redresse. Instinctivement, je me mords la lèvre inférieure. Pourquoi ? Oui. Pourquoi m'embrasser pour ensuite se retirer aussi sec ? Je secoue la tête comme revenue sur terre. Il ne fait que répéter ce que j'ai dit. Ne pas chercher à comprendre. Alors les questions, je les vire hors de mon crâne ouvert, je laisse le flux de mes pensées s'envoler comme des papillons de nuits cherchant à se brûler au soleil. Ouste. Mon oeil l'attrape entrain de glisser nos billets restants dans la poche d'un jeune qui passe, j'étouffe un rire, amusée puis éclate franchement de rire quand son doigt vient toucher le bout de mon nez. Je ne rigole pas souvent mais à chaque fois, c'est sincère. Je souris à sa proposition et le laisse me prendre par la main pour me montrer cet endroit. J'ai toujours aimé les endroits magiques. Je le suis et je me sens excitée comme si j'étais à la poursuite d'un trésor caché. On s'éloigne de l'agitation, de la population dense, on se dirige vers un endroit presque mort. On traverse un mur de feuillage avant de se retrouver entouré d'une façade d'arbre dans une petite parcelle de terrain laissée à l'abandon, sauvée de la main de l'homme. Un vestige de l'homme. De l'herbe haute, des buissons fous, vestiges de stands décédés maintenant. Ce terrain n'est pas parfait mais il est beau. Je m'identifie à ce terrain, non pas que je me trouve belle, je me trouve quelconque. Mais je suis comme ce petit bout de terre survivant, je suis imparfaite, j'ai des failles, des fêlures, des brisures mais c'est ce que je suis. Ce que je suis. Un terrain vague à l'abandon. Comme moi, comme Isao et moi aujourd'hui, un jour peut-être quelqu'un foulera ma terre... Si je la laisse entrer. C'est beau. Isao se pose dans les hautes herbes et sa tête dépasse à peine de la flore verdâtre. Mes mains caressent les herbes folles, c'est comme passer ses mains dans une chevelure. Finalement, après avoir tourner plusieurs fois sur moi-même pour admirer autour de moi, je me pose face à mon ange solaire. « Je ne vois pas ce que tu vois. » Mes mains se posent sur ces yeux, lui obstruant la vue « Chacun a sa propre façon de voir les choses et de les interpréter. Ce que je sais, ce que cet endroit me dit à l'oreille c'est que la beauté n'est pas la perfection parfaite. Pour apprécier la vraie beauté, il faut apprécier les imperfections parfaitement. Voilà ce que cet endroit hurle de toutes ses forces. C'est un survivant » Je retire mes mains de ses yeux, lui rendant la vue. Prise d'une envie de m'étendre, je lui tourne le dos afin de m'allonger, posant ma tête sur ces genoux. Je m'empare d'un brin d'herbe et m'attèle à lui chatouiller le visage avec. « Il y a au moins quelqu'un qui l'aime comme elle l'est, cette terre. Je suis sûre qu'elle doit être contente de t'avoir. Merci de me l'avoir présenter. Je te ferais moi aussi un cadeau aujourd'hui » Je n'ai aucune idée de ce que je vais lui offrir mais je sais que le moment opportun viendra. Je prend sa main pour faire glisser le brin d'herbe sur les lignes tracées dans sa chair « Tu me racontes une histoire ? Une histoire d'ailleurs ? » Mon regard se perd dans le ciel et j'attends comme je l'ai toujours fait sauf qu'aujourd'hui, pour une fois, je sais ce que j'attends. Pour une fois.
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Isao T. Morrison

Isao T. Morrison

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MessageSujet: Re: uncover our heads and reveal our souls[Terminé]   uncover our heads and reveal our souls[Terminé] Icon_minitimeLun 7 Mai - 18:28


J'aime pas comme t'es belle ça m'fait du mal.
T'es surnaturelle en pas normal


Je la regarde tournoyer autour de moi, s’imprégnant de l’endroit, regardant ce que je lui proposais de voir. Elle était belle dans ce décor, il lui allait bien. Je la sentais bien. J’espérais ne pas me tromper. J’espérais qu’elle comprenait ce que je trouvais de beau en cet endroit. Au regard de ses courbes, mes yeux se firent vagues. Je trouvais dommage de ne pas avoir mon appareil photo sur moi. Il y avait tellement d’instants à figer en ce moment. Des pauses qu’elle prenait à immortaliser, des sourires à graver sur la pellicule, ce regard profond à imprimer sur papier. Elle s’arrêta enfin, se posa en face de moi et me boucha la vue de ses mains. Je me laissais faire, écoutant ses mots. J’avais envie d’attraper une de ses mains, de poser mes lèvres au creux de sa paume, une fois, peut-être deux. Arriver à son poignet et remonter le long de son bras. Je n’étais pas très concentré. Mais un rien me distrayait. La présence de Delaney ne m’aidait pas vraiment. Elle me rendit enfin la vue. Je voulus rattraper une de ses mains, mais elle fut plus rapide. J’étais d’accord avec ce qu’elle disait, mais je voulais là, goûter sa peau. Elle s’allongea alors, posa sa tête sur mes cuisses et me regarda d’en bas. Ces yeux. Ce regard. Taquine, elle vint me chatouiller le visage avec une herbe folle. Chatouilleux, j’esquisse un mouvement pour lui échapper, mais sans grand résultat. « Un cadeau ? Vraiment ? Ce n’est qu’une parcelle de terrain, de vie. Je voulais juste partager cet endroit avec toi, je trouve qu’il t’accorde bien » Ma main, n’ayant pas pu attraper la sienne, vint jouer avec une mèche de ses cheveux. Distraitement. Mais elle n’en avait pas fini avec moi, ce que je m’interdisais, elle le fit. Elle s’empara de ma main et me chatouilla la paume. C’était léger, doux. Comme une caresse. Là, j’avais perdu toute ma concentration, c’était certain. Je ne sentais plus que cette caresse et ses doigts qui retenaient les miens. Je détournais le regard en soupirant, replongeant dans ce décor, essayant même de réentendre les cris des gens des montagnes russes. Des bruits de la réalité pour sortir de cette bulle irréaliste. Jamais je me serais douter qu’un jour, je me prendrais aussi peu la tête à suivre une quasi inconnue, à l’emmener dans des lieux qui me sont chers, qui me parlent. Partager des moments intimes. Parce que ce nous faisions depuis tout à l’heure, c’était de nous rapprocher. Toujours un peu plus. Sans jamais reculer. On était hésitant, mais on ne reculait pas. Et ça nous convenait bien, on se sentait bien. Une histoire ? Veux-tu vraiment que je te raconte une histoire ? Je ne lui posais pas la question. J’aurais également bien eu envie de l’embrasser encore une fois, mais ce n’était pas possible en l’état. A regarder le ciel, je n’eus bientôt plus le loisir de refuser. Une histoire, une histoire d’ailleurs. « Au Kenya, dans la capitale, j’ai croisé un jour la route d’un artiste de rue. Il peignait de grandes toiles, avec pour seuls pinceaux ses doigts et de temps en temps un coup de pinceau fin pour affiner quelques traits. Il peignait des paysages, des soleils levants, des soleils couchant » Je fis une pause tandis qu’elle continuait à me chatouiller la main, déconcentré. « Quand je passais, il dessinait une toile dans les tons rouges orangés, un soleil se couchant sur un village. Il y avait deux huttes de pailles, deux femmes qui portaient des plats sur leur tête et un baobab. Ce n’était pas des formes précises, juste des silhouettes. Ces formes avaient une grâce… » Nouvelle pause, j’attrape ses doigts, l’empêchant de continuer son petit jeu. J’amenais ses doigts à mes lèvres et les embrassais les uns après les autres. Puis reposais sa main sans la lâcher, caressant le dos de sa main de mon pouce. « Cet homme venait de Selengei, à trois cent kilomètres de Nairobi. Il passe chaque semaine à la capitale, vend ses œuvres aux touristes, peint sur place et repart le vendredi à dos de mule rejoindre sa famille pour le weekend. C’est sa paie, il vit de ça. Cet homme a du talent, il peut nourrir sa famille quand il rentre. Il est fier de ce qu’il fait. J’étais impressionné, j’avais 24 ans, je venais de débarquer et après être resté toute la journée à le regarder peindre, je lui ai acheté la toile dont je te parlais » Je libérais sa main pour replacer une mèche noire qui barrait son visage, je laissais mes doigts s’attarder sur sa joue, sa peau. Douce, laiteuse. Je cherchais son regard, m’y plongeais, m’y noyais. « Désires-tu la voir ? » Je l’invitais chez moi, dans une moindre mesure. Je me découvrais désireux de lui montrer ce tableau, de lui montrer mon monde. Je caressais encore une fois sa joue, à défaut ne pas pouvoir être en mesure de les embrasser. Quelle niaiserie mon pauvre, quand t’en rendras-tu enfin compte ?
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Delaney E. Mezsaros

Delaney E. Mezsaros
Laneybroken bones always seem to mend
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MessageSujet: Re: uncover our heads and reveal our souls[Terminé]   uncover our heads and reveal our souls[Terminé] Icon_minitimeVen 11 Mai - 7:48


Memory comes when memory's old
i am never the first to know
following this stream up north
where do people like us float?

Allongée à même le sol, la tête posée sur ses jambes, perdue entre la contemplation des traits de son visage et du ciel, mes pensées voguent. J'en perds presque le fil. Parfois je me dis que me réveillée, amnésique me plairait bien. Comme une remise à zéro, comme un nouveau départ. Vierge de tout, je recommencerais une nouvelle vie, une renaissance où j'écrirai d'autres chapitres. Il tente d'échapper à la brindille d'herbe qui me sert d'arme. Je ne lui laisse pas de répit et continue de le taquiner juste pour l'entendre glousser de rire, pour entendre le papillonnement de son rire. Des milliers de papillons qui volent vers le ciel. J'arque un sourcil et me redresse légèrement « Oui, un cadeau. Un cadeau n'a pas de prix, n'a pas d'apparence propre à lui. C'est un présent peu importe sa nature et à quoi il ressemble. Ce terrain est un cadeau et pas que pour ou pour toi. Il est d'une beauté singulière et je suis ravie que tu l'aie partagé avec moi » Je me rallonge et laisse un silence flotter autour de nous, les oiseaux s'occupent de le rythmer de leurs chants. Finalement je reprend la parole « Je ne sais pas si je m'accorde bien avec lui mais j'avoue que je suis peut-être un peu à son image : un terrain à l'abandon et en friche que peu de gens remarque » Je dis d'une voix douce, aucune aigreur ou peine ne s'y lit car je ne fais qu'énoncer une vérité vraie. Une vérité peut-être triste mais c'est la mienne, c'est la vérité de ma vie. Ses doigts jouent avec une mèche de mes cheveux, je tente de me souvenir de la dernière fois qu'on m'a touché les cheveux de cette façon, comme un trésor, je n'arrive pas à m'en souvenir. Les hommes que je croise, ce n'est que mon corps qui les intéresse, rien d'autre et au fond c'est bien là la seule chose que je puisse leur offrir de moi. Alors que je m'amuse à effleurer sa main, je tente de me souvenir mais un vieux souvenir d'enfance me parvient, ma nourrice qui m'effleure les cheveux pour me consoler de ma grosse fièvre. J'étais malade et grippée, elle a appelé ma mère pour la prévenir mais elle n'est pas sortie de son bureau, elle n'est pas venue me voir. J'imagine que j'aurais pu y rester qu'elle ne serait pas sortie de son bureau. C'est ainsi. J'entends Isao qui soupire au dessus de moi. Coeur qui soupire n'a pas ce qu'il désire, que désire-tu, Isao ? Si la question est au bord de mes lèvres, elle ne sort pas pour autant. Je ne sais pas pourquoi, peut-être que ce n'est pas le bon moment et que cette question veut encore rester au chaud dans ma gorge. Je ne cherche pas plus loin et continue d'attendre mon histoire qui ne tarde pas à s'échapper de ses lèvres. Je me mets plus à l'aise dans la terre et cale ma tête sur ces genoux. Je l'écoute attentive comme perchée à ses lèvres. Je tente d'imaginer, de me faire une scène à chaque mots qu'il me narre. Je crois que j'adore déjà cet artiste dont il me parle. J'ai envie de le voir peindre et je me sens presque comme loin d'ici, là où le soleil réchauffe la peau et nous effleure. Ces toiles doivent être belles, je garde le silence et l'écoute. Je ferme les yeux tentant de visualiser ce tableau dont il me raconte les contours. Je les garde fermé quand il saisit ma main et qui s'évertue à embrasser chacun de mes doigts, un frisson me parcourt la colonne vertébrale et se meurt dans la terre sur laquelle je suis étendue. Je le laisse faire, prise dans la toile d'un peintre d'ailleurs. Il garde ma main prisonnière de la sienne et cajole le dos de celle-ci avec son pouce. Je ne dis rien, ne bouge pas et ma respiration se fait lente. Je suis ailleurs. Loin. Selengei, ça sonne comme un mot magique, c'est beau comme mot. Nairobi. C'est merveilleux. J'ouvre les yeux cependant quand il me raconte qu'il a acheté une de ses magnifiques toiles alors qu'il libère mon regard d'une mèche ébène. Son visage se confond dans le ciel, c'est un fils du soleil c'est peut-être pour cela qu'il s'allie si bien avec le ciel. Alors qu'il me propose de la voir, je lève une main vers le ciel, paume vers celle-ci et referme la main doigt par doigt comme pour caresser un vent invisible mais pourtant présent « Oh ! Je voudrais bien ! » Je me redresse aussitôt sans prendre le temps de m'épousseter rompant en même temps ces caresses sur ma joue, soudainement habitée d'un sentiment vivace. « On peut y aller maintenant ? Dis ? » Je le tire par la manche de son manteau pour le relever. Une fois debout, je le tire par la main et l'entraîne vers le chemin qu'on a pris un moment plus tôt. Je ne sais pas si c'est une preuve d'impolitesse ce que je suis entrain de faire. Sûrement. Ma mère m'a déjà grondé pour avoir été impolie auparavant avec des gestes similaires mais j'avoue que sur le moment, j'en ai que faire. Je crève d'envie de voir cette toile, d'effleurer cette peinture et de me noyer dedans. Je m'arrête cependant et me tourne vers lui « Tu veux vraiment la partager avec moi ? Parce que si ce n'est pas le cas, ce n'est plus un cadeau mais du vol. Et moi, je ne suis pas une voleuse » Une fille bien constituée aurait plutôt penser à la possibilité que cette homme soit un sale type qui m'enfermerait chez lui pour me séquestrer mais mes pensées n'allaient pas dans ce sens là. Je ne suis pas une fille bien constituée. Et de toute façon, Isao n'est pas ce genre d'énergumène. Ca se sent ce genre de choses et lui, je sens tout sauf ça. Que pourrait-il me faire, façon ? M'assommer avec sa peinture au pire. J'éclate de rire malgré moi avec cette scène dans ma tête. Ce serait du gâchis. « Allons chez toi ! » Le regard pétillant, je lève un bras vers la route. Une nouvelle aventure. Nos pas résonnent sur l’asphalte du sol et nous mènent vers le chez-soi d'Isao que j'avoue avoir hâte de fouler de mes pieds. Finalement, nous arrivons dans le quartier de Maryvale avec ses hauts bâtisses aux milliers d'appartement. J'ai l'impression à chaque fois d'entrer dans une fourmilière. Il me désigne un building dans lequel on s'engouffre. Je le prend par la taille quand celui-ci se dirige vers l'ascenseur. J'ai toujours préféré les escaliers, d'ailleurs, on les emprunte. Je m'amuse à gravir aussi rapidement que possible les marches parfois devançant Isao parfois ce dernier me dépasse. Finalement, nous arrivons devant une porte, la porte de la caverne d'Ali Baba, mon coeur se retourne dans sa cage thoracique quand il l'ouvre enfin me laissant passer en première. Galanterie oblige j'imagine, je n'ai jamais compris la galanterie mais ma foi ce n'est pas quelque chose non plus de désagréable. Je pénètre l'appartement à pas de velours comme de peur de briser quoique ce soit ou comme si j'entrais dans un lieu de culte. Je souris en regardant autour de moi, j'ai l'impression d'être dans un musée. Le musée Isao, je pense. Il y a des souvenirs tout autour de moi, tous aussi précieux les uns que les autres, tellement d'objet que je ne sais pas où donner de la tête. « C'est beau chez toi » Je dis, n'osant pas bouger de ma place de peur de briser quelque chose ou je ne sais quoi. C'est même plus beau que les chambres d'hôtel de luxe dans lesquelles j'ai grandi, bien plus beau encore.
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Isao T. Morrison

Isao T. Morrison

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MessageSujet: Re: uncover our heads and reveal our souls[Terminé]   uncover our heads and reveal our souls[Terminé] Icon_minitimeVen 11 Mai - 11:45

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