Bonsoir Phoenix Inn. J'ai l'impression de ne pas avoir mit les pieds dans cet endroit depuis une éternité ! Mais cela reste une impression, et cette éternité s'avère avoir durée trois mois à tout casser. C'est difficile à croire mais à cette époque, durant cette grise période, je passais plus de temps dans ce bar que chez moi. J'avais une peur considérable de me retrouver chez moi, seule avec la solitude. Car je savais qu'elle m'attendait de pieds fermes. Alors, simplement, je préférais passer du temps à Phoenix Inn ; cet endroit remplit de monde, de bruit, d'espèces de machos qui pensaient que les poings pouvaient impressionner n'importe quelle femme, de femmes seules et déprimées, d'adolescents avec de fausses cartes, des menteurs par excellence. Il y avait de tout dans ce bar, mais ce qui ne changeait pas, c'était le barman. Sa personnalité était particulière, il avait gardé son calme et géré la situation là où d'autres auraient seulement explosés. C'était admirable, ça méritait salaire. Pour en revenir à la situation, je n'étais pas venue seule cette fois. J'étais accompagnée d'Aidan. Lorsque je suis entrée, quelques personnes m'ont reconnues, je l'ai compris à l'expression de leurs visages. Je me suis contenté d'un léger sourire en priant pour qu'ils ne prennent pas de photo car, si mon manager me voyais seulement dans un bar, sa réaction serait comme je l'imagine dans ma tête en ce moment même.


Pour en revenir à nos moutons Aidan est loin de ce que vous pouvez penser. Europe Söley n'a pas trouvé le grand amour. Il n'est même pas question d'amour du tout. La question est ; comment la célibataire endurcie de l'année et le don juan de service se sont rencontrés. Et la réponse est autour de nous. Oui Phoenix Inn, c'est un endroit quelque peu symbolique malgré le fait que la majorité des souvenirs aient disparus. Et depuis ? Depuis nous sommes devenus des aimants qui s'attiraient l'un vers l'autre. Une attirance assez forte, pourquoi ? Parce qu'Aidan était Aidan et moi Europe, c'est la seule explication que je peux vous fournir. Je me souviens avoir aperçu dans ces yeux bleus une tristesse si forte qu'elle aurait pu rendre la plus heureuse des personnes dépressive du jour au lendemain. Quelque part, il y avait quelque chose qui nous rassemblait, vaguement. Et j'étais probablement la seule à le voir. On s'est revus des tas de fois, appelés et revus. On avait fini dans le même lit par ce qu'on considèrera comme une erreur et puis, au final on se sera revus. C'était pas dans mes habitudes, mais il est rapidement devenu une sorte de drogue et vice versa. On étais comme des gosses qui contournaient une règle imposés par les adultes parce que ça avait quelque chose d'amusant, tentant, séduisant. L'interdit avait quelque chose d'attirant, c'était devenu nous. Voila qui était devenu Aidan, une drogue.


À l'origine, on faisait le tour de l'Arizona en voiture et puis la voiture est tombée en panne, ce qui nous a conduit à marcher et on s'est retrouvés ici, l'endroit le plus proche enfaite. La nuit était déjà tombée, l'obscurité n'avait rien de très agréable en talons. Je commençais même à avoir mal aux jambes, car j'en avais porté toute la semaine mais cela pouvait aussi être lié au fait qu'on se soit envoyés en l'air dans sa voiture. Pas de réponse à ma question, juste des jambes en cotons. Le coude posé sur le comptoir en bois et la tête appuyée sur ma main, j'avais les yeux fermés. De ma main libre et froide, je tenais celle d'Aidan. Encore froide parce que nous étions arrivés depuis dix minutes à tout casser. Encore une fois, bonsoir Phoenix Inn

♪ sextasy

Le Phoenix Inn, ou le bar le plus fréquenté de toute l’Arizona. Pourquoi ? Allez savoir. Sans doute car il était connu pour ses bières, ses boissons alcoolisées sublimes. Mais aussi car le gérant de ce bar était connu pour être le plus calme & surtout le plus silencieux de tous. Il s’est passé tellement de choses dans ce bar. Des jeunes s’envoyant en l’air dans les toilettes, des jeunes se droguant derrière le comptoir, des bagarres. Mais jamais, ô grand jamais, la police n’était intervenue. Tout simplement car le gérant a réussit à semer tout cela. Car il a réussit à faire taire les sentinelles, car il a réussit à garder le secret. Lui faire confiance ? Tout le monde le faisait, tout simplement car il le mérite. Peu de gérants de bar ont pu se satisfaire de la confiance de leurs clients, ils recherchent toujours plus. Plus d’argent, plus de clients, plus de problèmes. Mais lui, non. Lui, tout ce qu’il voulait c’est que ses clients s’amusent dans sa boite. Que les clients puissent jouir du plaisir de fuir leurs soucis dans un bar. Voilà, sans doute la seule & unique raison pour quoi Europe & Aidan se sont retrouvés dans ce bar. Ils étaient tous les deux accoudés au comptoir, leurs deux mains entrelacées comme deux jeunes amoureux. Mais ne vous y trompez pas, ils ne sont en aucun cas ensemble & encore moins amoureux.

Certes de nos jours, les gens jugent sans connaitre. Que ce soit péjoratif ou non. En effet, il ne suffit que d’une minuscule chose pour qu’ils puissent juger : que ce soit un baiser, des mains collées, un câlin, un chuchotement & vous passez rapidement pour un couple, alors que ce n’est peut-être pas le cas. Beaucoup de personne imaginent qu’Europe & Aidan sont ensembles. Elles pensent qu’ils feraient un beau couple. Ils imaginent que l’Amour est présent à chacune de leur parole. Ils inventent des mots qu’ils ne se disent pas. Mais s’ils savaient franchement. Avant ils n’étaient que deux inconnus baisant dans une chambre d’hôtel complètement beurrés. Ensuite, ils sont deux connaissances baisant dans une voiture car ils ne peuvent pas aller chez l’un ou chez l’autre. & au final, ils sont maintenant des amis couchant ensemble car ils ne peuvent nier l’attirance qu’ils ont l’un pour l’autre. S’apprécient-ils ? Oh bien entendu. Elle, elle avait réussit à le comprendre en un simple geste, une parole, un mot. Lui, il avait réussit à la combler grâce à ses mots & ses gestes. Mais bien entendu, ils n’iraient pas jusqu’à dire qu’ils sont fous amoureux l’un de l’autre, car ce n’était pas le cas. L’amour ? Aidan ne le connait pas & ne veut en aucun cas le connaitre. Il était très bien ainsi, croyez-moi. Certes, ils ne sont pas en couple mais il arrive parfaitement à se contenter de la situation que lui procure la jeune femme. Mais dans le fond, que faisaient-ils dans ce bar ? C’était très simple. Ils avaient prit la voiture du jeune homme pour faire un tour de l’Arizona, comme à leur habitude. Au final, la voiture était tombée en panne. Bien sûr, ils en avaient profité pour s’envoyer en l’air dans la bagnole pour au final marcher deux heures sur le bord de route. & les voilà tous les deux, crevés, accoudés au comptoir de ce bar qui accueillaient des plus dépravés aux plus perdus des âmes.

Finalement, le jeune homme posa son regard vers la jeune femme. « Tu te commandes quelque chose ? C’est moi qui offre. » Comme d’habitude, j’ai envie de dire. A chaque fois, qu’il était en présence d’Europe, il se sentait dans le besoin de payer. Pourquoi ? Alors là, même lui n’en avait aucune idée, franchement. Finalement, il posa son regard sur le barman. « Un scotch s’il vous plait. » Deux secondes plus tard & le verre était devant son nez. Les gens de ce bar le connaissaient vraiment par cœur. A croire que c’était un habitué …

Aidan - Tu te commandes quelque chose ? C’est moi qui offre


Phrase que j'avais l'habitude d'entendre depuis un moment. Depuis le temps que je connaissais Aidan maintenant, j'avais payé exactement une fois. Je m'en souviens parce que c'est le soir où je l'ai rencontré. La rencontre avait été spéciale, mais de loin, ce n'était pas la plus bizarre, croyez-moi. J'ai lu quelque part que l'on guérissait le mal par le mal. Dans une situation pareille, c'est difficile à croire car j'aurais besoin de beaucoup de verres avant qu'ils n'aient un effet sur moi. Mais quelque part, cela me convenait. C'était mieux que se coltiner cette douleur au niveau des jambes à cause de la marche. En quinze minutes passées ici, j'avais fait quelque chose qui m'avais demandé beaucoup d'efforts ; me lever. Je me suis levée pour me pencher vers le barman et lui demander


Europe - tout ce qu'il peut y avoir, qui me permettrai d'oublier que j'ai mal aux jambes à cause de ces talons


Qui allait devoir porter une Europe incapable de s'asseoir ou encore rester debout ? Ce n'était probablement pas le barman et si cette personne en question me laissais là, au beau milieu de tout ce monde, il aura affaire à moi. Ou plutôt mon absence. Qu'est-ce qui est le plus le plus pire, à votre avis ? Mon absence ou ma colère ? Je me rend compte que je réfléchis trop. Le barman cherche pendant un moment avant de revenir, avec un verre de vodka plein, pensant que ça suffira. Mais j'en redemande une autre, puis une autre puis encore une autre. C'est lui qui paie, j'ai toujours pensé et dit à Aidan qu'il regretterait d'avoir dit ça un jour. C'était peut être ce soir ? Il se retrouvera fauché et n'aura plus de quoi payer le loyer ou quoi que ce soit d'autre d'ailleurs. Ce n'était que quelques verres, mais c'était quelques verres qui s'enchainaient les uns à la suite des autres. Qui finissaient pas devenir bouteilles.


Entre temps, j'avais retiré ma main de celle d'Aidan, cela faisait maintenant un moment que nous étions dans ce bar. Une heure, deux heures, peut être plus. L'alcool commençait à faire effet. Pas de réaction miracle au niveau de mes jambes, la déception était énorme. Posant mon verre à moitié vide sur le comptoir et montant moi-même là-dessus, j'ai alors fais une annonce générale que je n'aurais probablement pas faite, si j'avais été sobre.


Europe - Ecoutez-moi ... Alors, j'ai marché pendant au moins deux heures avec ces espèces de choses ,ai-je dit en agitant la paire de talons, et entre temps, je me suis envoyé en l'air avec ce type... Non, pas le barman... Bref.. j'achète 10..,30..,100 $ la paire de basket du premier venu, du moment qu'elles sont confortables. Les grand pieds vous pouvez vous retirer du marché


Et alors à ce moment, des tas de personnes sont venues autour du comptoir les pieds nus, ça m'a fait rire, ils tendaient tous leurs paires de baskets que je voyais floues. J'ai pointé du doigt une paire en secouant la tête positivement. La femme est partie, elle avait gagné 100$ facilement ce soir et moi, j'avais gagné une paire de basket. Le monde s'est éloignés, certains ne pouvaient cacher la déception. Et puis ? Et puis j'ai eu du mal à descendre du comptoir, il bougeait à chaque fois. Quand je plissais légèrement les yeux, je le voyais mieux. Cependant, il bougeait toujours.


Europe - Aidan... Le comptoir... Il tangue.. ai-je dis en tendant ma main.


J'avais essayé de descendre toute seule mais mes jambes m'avaient dit non. La situation aurait pu être pire, je n'étais pas sur un podium ce soir...