que signifie le terme d'amour pour ton personnage ? → thaddeus ne se pose pas trop de questions là dessus. dans son esprit assez simpliste, l'amour se limite à la définition propre du mot; une personne qui, en présence d'une autre, a le rouge qui lui monte aux joues, a comme l'impression qu'un petit nuage se forme sous ses pieds et a la sensation d'avoir un millier de petits papillons virevoltants dans le ventre au point de souhaiter faire sa vie avec ledit autre individu. mais aux yeux de thaddeus, l'amour est devenu un sentiment tellement banal! il ne comprend pas pourquoi les gens en font toute une histoire. certes, au début, il trouvait ça fascinant, mais vite, il s'en est lui-même dégoûté. rejeté ou "exploité" par certaines demoiselles durant son enfance, il a vite lâché l'affaire. de surcroît, il a de nombreuses fois soutenu sa sœur, fervente amatrice de déceptions amoureuses. en réalité, thad se laisse aller à la providence pour ce qui est de l'amour car il n'y comprend rien.

quel est le statut amoureux de ton personnage ? → thaddeus est libre comme l'air, tout simplement. quand on s'aime, c'est pour ce qu'on est, et visiblement, les femmes ne supportent pas son caractère enfantin. en revanche elles aiment son physique (dont il n'a pas conscience) et son argent. mais à la longue, avoir un petit frère en guise de mec, en soit, c'est chiant, quel qu'en soit le prix. de fait, les seules relations qu'il a entretenues n'ont jamais duré, avec le temps la recherche d'une petite amie est passée au second plan de ses priorités et il s'en accommode très bien! être libre, il aime ça.

quelles sont les préférences sexuelles de ton personnage ? → northington ne s'est jamais intéressé aux hommes. peut-être est-ce son éducation qui a joué quelque chose là-dedans, repoussant inconsciemment l'attirance éventuelle envers quelqu'un du même sexe que lui, ceci étant considéré comme "contre-nature" selon les principes de sa lignée. son cœur s'est accoutumé à n'aimer que les femmes, mais encore une fois, pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple? thad ne se questionne pas. néanmoins il n'a rien contre les bisexuels ou les homosexuels, au contraire, il les trouve beaucoup plus ouverts que certains hétéro.

comment ton personnage se voit-il dans l'avenir, du point de vue amoureux ? → l'amour l'amour l'amour (...) comme précisé plusieurs fois ci-dessus, thaddie n'y accorde pas énormément d'importance. il vit au jour le jour, il évite de se projeter dans le futur parce qu'il estime que cela ne lui apportera que des déceptions si jamais ce qu'il attend ne se réalise pas. il sait juste qu'il veut une femme qui l'aimera pour ce qu'il est, pas trop sérieuse mais pas trop conne, qui le rendra heureux mais avec qui il ne se fera pas chier, quoi. une vie de couple platonique très peu pour lui! pour ce qui est de son avenir tout court, il se voit agent du FBI mais comme il sait pertinemment que c'est irréalisable, il s'imagine bien exercer un métier qui le ferait se coucher moins con chaque soir. accessoirement, pour ce qui est de son futur proche, il aimerait que quelqu'un l'éclaire sur ces drôles de cauchemars qui perturbent toutes ses nuits, trouver la source de ce sentiment de manque qui sommeille constamment dans son cœur.

« Toutes mes félicitations madame! Vous venez de donner naissance à deux superbes jumeaux! » Génial, deux pour le prix d'un, pensa madame Northington. Et sans ironie. Le pourquoi du comment est très simple à comprendre. Les Northington, du côté paternel, et les Harrington, du côté maternel, sont deux familles de sang noble ayant un penchant très prononcé pour le catholicisme. Alors la contraception, tout ça, basta. Faire des gosses, c'est bien. Si vous voulez, ces deux familles sont le prototype de celles qui font remonter le taux de fécondité des États-Unis avec en moyenne six enfants par famille. Ainsi, les parents de Thaddeus ont eux-mêmes d'innombrables frères et sœurs. Et leur progéniture était censée suivre le mouvement! Cinq enfants minimum, je vous prie! Censée, je dis bien. Parce qu'en effet, s'il pleuvait des actes de naissances venant de toutes les alliances de leurs fratries, eh bien la leur... Ce n'était pas trop ça. Depuis qu'ils se connaissaient, ils n'avaient eu qu'une seule fille. Une seule, Tabatha. Autant vous dire que le couple Harold Northington-Jane Harrington était un peu la risée de tous. Pourtant, ce n'était pas de leur faute s'ils avaient quelques problèmes de fertilité... Mais voilà! L'arrivée de ces jumeaux leur sauvait un peu la mise, ils passaient d'un seul enfant à trois, et c'était sans compter sur leur beauté qui dépassait de loin celle de leurs cousins. « Harold, on appellera le premier Theodore Emerson-Ryder... » L'ainé de cinq minutes, le mature, le brillant, la fierté. « ...Et le deuxième se nommera Thaddeus Elies-Ryland. » Le cadet, l'hyperactif, le déficient, la honte. Les voilà nés, deux adorables bambins aux traits et aux initiales identiques, dans la belle ville de Phoenix, destinés à grandir bras dessus bras dessous et de la même façon seconde par seconde dans une famille plus-riche-tu-meurs. C'était inexorable, ils s'aimaient plus que leur propre vie avant même d'avoir ouvert un œil sur le monde extérieur. Ils n'étaient même pas venus au monde qu'ils partageaient déjà tout. Pour le meilleur mais surtout pour le pire.

« Votre fils Thaddeus présente des troubles comportementaux et mentaux. Rien de grave, mais il faudra y faire quelque chose, monsieur et madame Northington. » Ils s'en doutaient. Ils avaient fini par remarquer que leur deuxième fils n'était pas comme les autres. D'un bref regard miné par la déception, l'épouse invita le médecin à en dire plus. Ce dernier ouvrit un dossier, l'examina un instant avant de poursuivre. « Eh bien, il s'avère que votre enfant est atteint d'hyperactivité. Ajoutez à cela une déficience qui lui fait perdre la notion d'une conséquence, d'un acte.. Il ne maîtrise pas sa force ou ses émotions, ses sens sont décuplés et il est donc très sensible à certains bruits, par exemple. Il se mélangera facilement aux autres mais ne sera pas toujours adapté. Certes, son test de Q.I est très bon, il est même supérieur à la moyenne, il a une mémoire impressionnante, un esprit logique développé, mais... Encore faut-il qu'il réussisse à s'en servir à bon escient. Mais bon, vous savez, il y a toujours des traitements possibles pour atténuer certains effets. » Harold soupira et se retourna sur son fils qui jouait au fond de la pièce. Il le vit en train de résoudre un puzzle, les mains dansantes, son corps se recroquevillant légèrement sur lui même quand il faisait grincer sa petite chaise en gigotant un peu trop. Monsieur accueillit mieux la nouvelle que son épouse, qui, désespérée, posa ses coudes sur le bureau afin de soutenir sa tête retenue par ses paumes de main. « Ce garçon ne sera jamais assez digne pour des familles de notre rang. Heureusement que nous avons Theodore. » Thaddeus Elies-Ryland Northington, ou le jumeau déchu.


« Thaddeus, tenez-vous droit. Et cessez de mettre vos coudes sur la table. Prenez exemple sur votre frère, un peu! » Thaddeus s’exécuta immédiatement, mais dès lors, il ne put s'empêcher de toucher à tout ce qui environnait son assiette. Sa mère serra ses poings et fit claquer sa fourchette contre la table. « Arrêtez de vous agiter ainsi, tenez-vous bien, bon dieu! » Thaddeus lança des regards paniqués en direction de son frère et de sa sœur, cherchant du secours auprès d'eux. Il ne comprenait pas pourquoi sa mère s'énervait ainsi contre lui. Il savait qu'elle était furieuse mais il ne comprenait pas le motif. Oui, il bougeait beaucoup, et alors? Au yeux du jeune garçon, cela n'était pas un délit, donc il ne saisissait pas. Lorsqu'il croisa les yeux de Thabata, l'assiette qu'elle n'avait pas touchée depuis le début du repas la captiva soudain. Lâcheté, peut-être. Finalement, ce fut Theodore qui le sauva (à nouveau). « Permettez-moi, mère, mais je crois que Thaddeus a oublié de prendre ses médicaments. Puis-je l'accompagner pour m'assurer qu'il les prennent bien? » Thaddeus ouvrit la bouche, voulant protester; il n'était pas si bête, enfin, bien sur qu'il avait pris ses médicaments! Néanmoins il se retint de parler, son double lui jetant une œillade sèche. Ils montèrent dans leur chambre, Theodore chercha quelque chose dans un de ses tiroirs et il en ressortit une balle en mousse. « Tiens, prends-ça Thaddeus, tu auras qu'à la triturer sous la table puisque t'es incapable de te tenir. Comme ça maman ne dira rien. » Sur ces mots, "l'ainé" redescendit à table, laissant son "cadet" là, en plan. Des jumeaux. Certes, ils étaient physiquement semblables, mais c'était vraiment la seule chose qu'ils avaient en commun. Rien qu'en maternelle, ils se distinguaient déjà par leurs différences caractérielles frappantes; Thaddeus était de ceux qui étalaient la peinture sur les murs plutôt que sur la feuille, qui collaient les cheveux de leurs camarades, qui criaient et qui ne tenaient pas en place plus de dix minutes. Theodore était plutôt du genre calme et posé, poli, assidu, adorable, respecté par tous. Ils étaient antithétiques, et pourtant, Thad n'arrêtait pas de suivre Theo. C'était presque son idole, son icône, son modèle. Ils étaient toujours fourrés ensemble, ils étaient inséparables. Le plus jeune était prêt à faire tout ce que son jumeau lui demandait alors que ce dernier ne lui montrait que rarement un signe d'affection ou de reconnaissance. Il le sortait toujours de la misère, toutefois, il était étrangement froid avec lui. Ils s'amusaient beaucoup mais ne se confiaient pas l'un à l'autre, ils n'avaient pas cette relation "fusionnelle" associée aux jumeaux. En réalité, si, ils l'avaient, au fond de leur être, mais avec une telle intensité que sans l'un, l'autre ne pouvait plus avancer. La seule divergence était qu'un laissait volontiers paraitre ce besoin tandis que l'autre préférait terrer cette évidence dans son orgueil. Je vous laisse répartir les rôles.

« Hep! Vieux gars! » Thaddeus se retourna sur un garçon plus âge que lui, visiblement amateur de gonflette, qui le toisait avec un dédain mêlé à de la colère. « C'est de moi que vous parlez? » Le mec le poussa doucement. « A ton avis, pauv' tâche? » Thaddeus commençait à paniquer un peu. Il ne comprenait pas. S'il ne lui disait pas les choses clairement, de toute façon, il ne comprendrait jamais. « Eh bien en fait, tu viens de me dire que j'étais une pauvre tâche, mais tu ne t'es pas adressé à moi de façon directe quand tu as dit vieux gars, alors il pourrait s'agir de ce garçon là-bas, ou encore celui là-b... » Le truand le bouscula à nouveau. « Joue pas aux cons, bien sur que je parlais de toi! » Ah. « Qu'ai-je fais? » ▬ « Tu as refusé les avances de ma sœur en lui disant qu'elle n'était pas jolie, c'est ça, hein? » Illumination! Ces faits s'étaient passés il y a quelques jours, Thaddie les avaient oubliés depuis. « Oh! Et bien je ne lui ai pas exactement dit qu'elle n'était pas jolie, je lui ai dis que je ne l'aimais pas et qu'elle n'était pas mon genre de fille, c'est tout, je.. » Son interlocuteur le saisit par le col de son polo à cent dollars. « On ne refuse pas les avances de ma sœur! Surtout pas un gringalet comme toi.. Tu vas payer! » En hâte, le "bourreau des cœurs" tenta de s'expliquer. Mais évidemment, avec sa sincérité et sa logique de tous les jours. Thad ne savait pas mentir, même dans les pires situations, et c'était certainement pour ça qu'il ne s'en dépêtrait jamais seul. « Je n'allais pas sortir avec elle alors qu'elle ne me plaît pas! Désolé, je n'aime pas les filles hautaines et superficielles, qui se prennent pour des dames alors que nous ne sommes qu'au collège. Toi tu as certainement des critères particuliers et personne ne t'oblige à fréquenter des individus qui ne te correspondent pas, donc c'est logique de refuser, néanmoins je ne voulais pas la blesser.. » L'autre poussa un rugissement bestial et jeta Thaddeus par terre avant de le rouer de coups. A cet instant précis, je ne saurais vous décrire le bordel qui prit place dans la tête de Northington. Il ignorait ce qu'il devait faire, il hurla à l'aide, mais tout ce qu'il récolta, ce fut encore et encore des coups. Un groupe se forma autour d'eux, comme s'ils étaient en spectacle. Certains les encourageaient à se battre ou les observaient consternés, d'autres traitaient Thad de tarlouze, quand soudain, la voix de Theodore perça l'air. « ARRÊTEZ REGAN, THADDEUS VA LE BUT.. » Il n'eut pas le loisir de terminer sa phrase. Son petit frère, complètement effaré, laissa place à la colère, courroucé par cette violence qu'il ne trouvait pas méritée. Brusquement, il envoya un puissant coup de poing sur le nez du fameux Regan, le retourna afin de se mettre en position de dominant et ce fut à son tour de frapper, sans interruption. Thaddeus c'était un peu ça, long à la détente mais unstoppable une fois parti. « POURQUOI?! POURQUOI TU M'AS FRAPPÉ? J'AI RIEN FAIS DE MAL, RIEN FAIS DE MAL..! » Aveuglé par la rage, Thaddeus n'entendit pas les voix qui lui criaient que ça allait trop loin, jusqu'à ce que celle de son frère parvienne à ses oreilles. « Thaddeus, Thaddeus, reprends-toi bon sang, tu SAIS que tu n'as rien fait, c'est lui l'imbécile dans l'histoire, ne te laisse pas avoir par la brutalité et arrête ça tout de suite, putain! » Ni une ni deux, l’intéressé relâcha le malheureux, se releva, recula d'un bond et observa ses mains imbibées de sang. Ses yeux étaient rougis par les larmes, et soudain, il eut comme un électrochoc, réalisant ce qu'il venait de faire. Ses jambes se mirent à flageller, il dût s'appuyer sur son frère pour ne pas s’effondrer. « Theodore, j'ai fais une bêtise pas vrai? J'ai fais une bêtise hein? Il saigne, il saigne, et mes mains, mes mains Theodore! Je.. J'ai..! » Theo soutint son frère et tenta de le calmer, en vain. Il héla à ce que quelqu'un aille cherche une infirmière avant de tapoter l'épaule de son frangin. « C'est rien, Thad, c'est rien, c'est pas de ta faute. Viens, vas te laver les mains, je vais demander à Thabata de venir te chercher. » Le lendemain? Regan avait le nez cassé, l'arcade sourcilière et la lèvre supérieure recousues, mais surtout, son ego au plus bas.


C'était un beau jour de printemps, une journée comme les autres, au lycée, un style de vie routinier auquel Thaddeus s'était bien familiarisé. Il était là, assis contre un arbre, à bouquiner tranquillement, la balle en mousse que son frère lui avait donnée quelques années plus tôt dans la main, s'écrasant et se détendant entre ses doigts délicats. Soudain, une ombre se forma autour de lui, l'empêchant de discerner les pages convenablement. Le jeune homme leva les yeux et eut la surprise de voir un garçon, genre armoire à glace, brun, d'environ le même âge que lui, se tenir face à lui. « Theodore, tu verrais le paquet de coke que j'ai dégoté, t'en reviendrais pas. » Thaddeus lança à l'inconnu un regard interrogateur. Effectivement, la situation lui échappait. « Pourquoi tu fais c'te tête? » Thad déglutit. « Heum, eh bien, euh.. Je suis pas Theodore, en fait.. » Le tas de muscle s'esclaffa, mais remarquant bien vite la mine incompréhensive de son interlocuteur, haussa les sourcils. « Bah, si t'es pas Theodore.. T'es qui? T'es son sosie? Putain vous avez la même gueule! » Ce fut au tour de Northington d'éclater de rire. « Ah, non, en fait, je suis son frère jumeau! Sauf qu'on est vraiment très différent, Theodore est vraiment génial, il fait la fierté de nos parents, moi je suis un peu le vilain petit canard parce que.. » Le brun coupa Thaddeus avant de s'asseoir à ses côtés. « Oh, là, attends, déjà, comment tu t'appelles? Moi c'est Andreas. » ▬ « Thaddeus. Tout le monde me trouve bête, mais je m'en fiche, moi j'ai Theodore, et lui, il me protégera toujours contre eux. » Andreas poussa un long soupir attendrit. Il était vraiment tombé sur un cas. Et il avait du mal à faire le lien entre son pote Theo et cet autre lui qui lui était pourtant son opposé. Les deux garçons discutèrent longtemps et devinrent très vite amis, Andreas apprenant de fil en aiguille la vie à son "disciple" Thaddeus, comme se défendre sans envoyer l'autre à l’hôpital, s'adapter face à de diverses situations, s'ouvrir aux filles, au monde. Rapidement Thaddie devint aussi populaire que son frère et Andreas, considérant ce dernier comme un autre membre de sa fratrie. La seule chose à laquelle il ne l'initia pas fut à la drogue. Non, il ne pouvait se permettre de faire la même connerie, la même connerie qu'il avait commise d'entrainer le premier jumeau dans sa spirale infernale.

En allant au toilette, en pleine nuit, Thaddeus remarqua que la lumière de la chambre de son double était toujours allumée, de plus, des bruits suspects titillèrent sa curiosité. Lentement, il s'approcha, discrètement, sans un bruit, et, chose qu'il regretta dans la seconde, écouta à travers la porte. « Je te jure il me faut ce paquet de blanche, maintenant. Tu as intérêt à ramener ton cul très vite, sinon ça va mal se passer pour toi. Bien sur que j'ai l'argent, sinon je t’appellerai pas du con. Je sors là. T'as intérêt à être à l'heure. J't'attendrai pas plus de dix minutes. » La petite fouine ne voulut pas y croire, cela devait être une méprise. Toutefois Theodore ouvrit la porte avant que Thad n'ait eu le temps de décamper dans sa chambre, et le regard qu'il lui lança eut l'effet d'une douche glacée. « Qu'est-ce que t'as entendu? » Tétanisé, le plus jeune ne répondit pas. C'était bien son frère, qui se tenait devant lui? Qui avait proféré de telles infamies? Qui s'apprêtait à sortir à une heure du matin afin de se procurer de la blanche? « Tu trembles, Theodore.. Tu es tout blanc.. » Tout se passa à une vitesse ahurissante. L'ainé envoya valser son cadet contre un mur de sa chambre, pointa un doigt vers lui, appuyé contre sa poitrine, puis siffla entre ses dents des paroles qui blessèrent énormément Thaddeus. « T'sais quoi Thaddeus? T'as toujours été qu'une plaie dans ma vie. Toujours être parfait partout, tout le temps, exceller, garder la barre d'honneur de notre famille au top... J'ai toujours dû m'taper le sale boulot auprès des parents parce qu'avec ta connerie t'étais pas capable de le faire avec moi. Et pour me gâter davantage, j'ai toujours dû garder un œil sur ta petite personne. Sans moi, tu serais mort mon gars. Alors ouais, tu vois, faut bien que j'décompresse un peu, mais je t'assure, si tu en touches un mot aux parents ou à Thabata, ne t'imagines même pas la misère que je vais te mettre, compris? » Il relâcha son jumeau, qui se laissa choir contre le mur, la tête orientée vers le sol. Theodore jaugea Thaddeus avec suffisance avant de quitter la pièce, quand bien même au fond de lui il savait qu'il avait été bien trop dur dans ses dires. Notre jeune homme, toujours aussi choqué, entendit les pas de son frère s'éloigner dans le corridor, puis ceux d'une autre personne qui au contraire s'approchaient de lui. Il pria pour que ce ne soit pas sa mère ou son père. Dieu sembla écouter sa demande puisque la porte s'ouvrit sur sa grande sœur, qui, voyant son petit frère ainsi, accourut pour le serrer dans ses bras, aussi fort qu'ils le lui permirent. « Mon dieu Thaddeus.. Il ne t'a pas frappé? » ▬ « Non, mais.. mais.. » si tu en touches un mot aux parents ou à Thabata, ne t'imagines même pas la misère que je vais te mettre, compris? ▬ « Rien.. » ▬ « J'ai tout entendu, Thaddie. Tout va bien. Ça va aller. » Dès lors, Thaddeus fondit en larmes sur l'épaule de Thabata, sans plus pouvoir s'arrêter. « Tu sais, je ne suis pas sûre que Theodore soit vraiment celui que tu as en tête.. »


La soirée battait son plein. Trop de choses illicites, herbe, alcool, drogues, trop de couples en train de se pelotonner dans les canapés, trop de conneries. Thaddeus avait bu. Excessivement. Theodore aussi. Seul Andreas avait fait preuve de raison. Lui, il était défoncé à la Weed. Alors qu'il observait ses deux amis complètement déchirés, son regard se porta sur sa montre. Trois heures du matin. Il était temps d'y aller. « Bon, les mecs, on bouge? » ▬ « Naaaaan, on reste encore un peu..! » ▬ « C'est moi l'patron, André a raison, on dégage, j'sais même pas chez qui on est! » Les trois truands s'avancèrent finalement vers la sortie, Theodore manquant d'éclater sa bouteille de vodka contre les murs à chacun de ses pas, Thaddeus manquant de s'écraser tout court. Au dehors, l'air frais qui leur lécha le visage les calma légèrement. La voiture était garée juste en face. « Je prends l'volant! » Andreas fit lentement pivoter sa tête vers l'autre imbécile heureux. « T'es sûr que t'es en état vieux? » Theodore balaya l'air d'un revers de la main. « Bien sur qu'il est en état. » Ils montèrent dans la BMW, les jumeaux devant, leur acolyte sur le siège passager. Thad démarra difficilement, leur carosse titubait, fort heureusement, peu de personnes fréquentaient les route à une heure si avancée de la nuit. Tout à coup, Theodore prit la parole, d'une voix douce, éteinte. « Thaddeus, t'as pris tes médicaments? » L’intéressé lâcha un instant le volant, posa ses mains sur sa bouche, puis entendant les réprimandes d'Andreas, les remit à leur place. « Meeeeerde, je crois que j'ai oublié. » Son jumeau lui fit un sourire. « C'est normal.. C'est moi qui les ai. Viens par là, Thad, que je te fasse un câlin. » Theodore savait. Theodore savait que Thaddeus, bourré et sans ses médicaments dans le ventre, était assez hardi (ou crétin, à voir) pour penser qu'il était apte à conduire la voiture sans les mains. Ainsi, le second relâcha le volant, se tourna afin de faire face à son double, et ils s'enlacèrent. « Thaddeus.. Faut que je te dise un truc. » ▬ « Sans déconner les mecs, vous faites quoi? » ▬ « Tu te souviens la nuit où j'étais en manque et que je t'ai dis des trucs horribles? » ▬ « Les mecs, la voiture putain, c'est pas une Batmobile! » ▬ « J'pensais pas tout ce que j'ai dit. C'est vrai, tu m'as volé un pan de ma liberté. » ▬ « A quoi tu joues, Theo?! » ▬ « Mais crois-moi, sans toi, j'suis plus rien. T'es un boulet, mais j't'aurais trainé jusqu'au bout du monde s'il avait fallu. » ▬ « Ils sont complètement fêlés.. » ▬ « Je suis désolé. Désolé si je t'ai fais de la peine. Crois-pas les parents quand ils te disent que t'es un incapable. T'es bien mieux que moi. T'es bien plus sincère. Tu mérites pas ce que disent les gens de toi. » ▬ « C'est bien joli tout ça, mais.. » ▬ « J'en peux plus de vivre. Et tout ça c'est de ta faute Andreas. T'as toujours été un meilleur, mais c'est de ta faute si je suis au fond du gouffre à présent. La drogue, j'vis plus que pour ça, mais j'en peux plus, j'm'en sors plus. » ▬ « Pardon? » ▬ « Alors je t'emmène avec moi, André. Et toi aussi, mon petit Thaddie. Parce que je sais que sans moi, tu t'en sortiras pas. Je vous emmène, les deux êtres les plus chers à mon cœur. » L'horreur se peignit devant les yeux d'Andreas. Theodore voulait crever, mais pas tout seul. « Déconne pas mec! Thaddeus, reprend le volant, putain! » Theodore resserra son étreinte autour de son frère, l'empêchant de bouger. « Rends-moi un service, petit frère. Reste, là, tout contre moi, pas un geste. » Sur les derniers mots, la voix de l'ainé s'était faite plus sèche. Thad ne comprenait pas tout. Mais il se disait que son frère avait raison, ça avait toujours été comme ça. Il l'avait toujours aidé, il l'avait toujours sorti des beaux draps dans lesquels il avait le don de se fourrer. Aujourd'hui, il avait une chance de lui rendre la pareille, c'était à son tour de lui rendre un service. Alors il ne mouva pas. L'esprit d'Andreas se désembruma un peu, et il comprit qu'il n'avait pas le choix s'il tenait à la vie. D'un mouvement vif, il ouvrit la portière, se jeta en dehors de la voiture, roula sur lui même jusqu'au bord d'un trottoir, protégeant son visage à l'aide de ses bras. La suite des événements fut inexorable. Un bruit sourd de carrosserie métallique se fit entendre, semblable à une explosion. Thaddeus vit une lumière blanche, le noir parsemé d'étoiles, puis le néant total. Ses médicaments. C'était juste un oubli.

Thaddeus ouvrit péniblement les yeux. Sa tête lui fit un mal de chien lorsqu'il la fit basculer vers la gauche, cherchant des yeux quelque chose qui pourrait lui être familier. La seule chose qu'il vit, fut une salle d'un blanc immaculé, puis son propre corps, incapable de bouger autre chose que son cou. Il ignorait où il était. Il ignorait qui il était. Soudain, sa famille fit irruption dans la pièce, les larmes aux yeux. Thabata fut la première à venir l'embrasser, humer son parfum, toucher sa peau partiellement bleutée mais toujours aussi douce. « Dieu merci, tu es réveillé Thad, dieu merci, dieu merci.. » Northington eut un geste de recul. Qui était cette fille? Qui était Thad? « Qui êtes-vous? C'est de moi que vous parlez quand vous dites Thad? » Perplexe, les larmes de sa sœur prirent plus d'ampleur. Elle se retourna vers ses géniteurs, affolée. « Maman, papa, il ne se souvient plus de moi.. Il ne se souvient plus de lui.. » Harold s'avança prudemment, une photo à la main. Il saisit la main de son fils et la lui mit sous le nez. « Regarde bien cette photo. Et dis nous où tu es là dessus. » Le jeune homme examina la photo longuement, chaque individu qui y figurait. Lorsqu'il croisa le visage de Thabata sur le papier, il la fixa ensuite. « Thabata.. » Le procédé fut le même quand il posa ses yeux sur ses procréateurs. « Harold Northington.. Jane Harrington.. » Puis il vit deux garçons identiques. Son esprit s'emballa, déboussolé. « Lequel je suis?! » Thabata lui attrapa l'autre main, encourageante, l'invitant à prendre son temps. Hésitant, mi-rassuré, mi-paniqué, Thaddeus désigna celui de droite comme étant lui même. Puis celui de gauche. « T... Theodore? » Son père lui embrassa le front pour le féliciter. « Theodore? Il est où? Qu'est-ce qui m'est arrivé? » Un voile de froideur fut comme jeté dans la pièce. Les trois Northington les plus âgés se jetèrent des œillades alarmées que Thaddeus ne comprit pas. Madame prit une initiative la première. Mauvaise ou bonne idée, elle ignorait, mais ce qu'elle savait, c'était que son enfant était bien trop fragile pour entendre la vérité. « Suite à votre accident, Theodore a décidé de prendre le large pour se changer les idées. Il veut couper les ponts jusqu'à nouvel ordre, sans nous dire où il allait. Mais il a promis de donner des nouvelles de temps en temps. » Thaddeus laissa échapper un "oh" désappointé. Il aurait aimé revoir son frère. Il espérait le retrouver au plus vite. Mais il ignorait qu'en réalité, son héros de Theodore avait réellement pris le large, dans l'autre monde, pour ne plus jamais revenir.



Les Northington déménagèrent pour le bien de leur seul fils qui leur restait. Si l'accident avait retiré la mémoire à Thaddeus, il ne le lui avait pas enlevé son hyperactivité, ni toutes ses petites déficiences, quoi que certains symptômes s'estompèrent légèrement. Peu à peu, il recouvra une bonne partie de ses souvenirs, reconnut Andreas et d'autres de ses amis les plus proches, reprit même certaines de ses habitudes. Mais tout ce qui entourait son accident ne lui revenait pas. Toutes les nuits, il faisait des cauchemars qu'il devinait en rapport avec ce terrible incident, mais jamais il n'avait assez de détails pour établir un lien. Parallèlement, son frère lui manquait plus que de raison, il trainait constamment un vide insupportable, et chaque chose qui se rapportait à lui insufflait en son être un sentiment inexplicable. Il était incapable de percer ces mystères, toutefois il mettait tout ça sur le compte de ses problèmes, de sa rééducation, de "l'après-réveil", entre autre. Ses parents usaient de stratagèmes pour lui faire croire que Theodore était bel et bien vivant. Il y croyait. Thabata jouait le jeu, sans ignorer la blessure que cela causerait si jamais son petit frère apprenait la mascarade. Elle était consciente que si un jour cela arrivait, elle le perdrait à jamais. Thaddeus resta le même petit bout de soleil et d'amour qu'auparavant, rayonnant de beauté, de gaieté, de bêtise. La façade de la famille Northington semblait aussi parfaite qu'à l'époque. Lisse, splendide, respirant le bonheur.

« Thaddeus, c'est l'heure de passer à.. » Tabatha poussa un cri à la vue de son frère, assis dans un coin de sa chambre, dans le noir, en position fœtale, la tête conte les genoux, ses bras entourant ces derniers. Il tremblait de toute part, émettait des bruits étranges, transpirait, respirait de façon saccadée. Précautionneusement, la demoiselle s'approcha du pauvre garçon, et tendit une main avenante vers ce dernier. « Chou, est-ce que ça va? Tu veux que j'appelle les parents? » Elle n'obtint pas de réponse. Thaddeus restait muré dans son mutisme, comme s'il était coincé dans un autre monde. Il entendait des voix, des bruits, voyait des flashes défiler dans sa tête dans un ordre aléatoire, le tout accompagné d'une sensation morbide, comme s'il allait mourir à l'instant même. « Arrêtez.. Arrêtez-ça, laissez moi.. » Tabatha ne sut pas quoi faire, par conséquent elle laissa son instinct la guider et elle attrapa son frère par les épaules. Lentement, Thaddeus leva les yeux vers elle, et ce qu'elle y perçut la figea de terreur. Son amour de petit frère arborait un regard vide, dénué de tout sentiment, tout ce qui s'en dégageait était une noirceur inquiétante. « Thad..? » Les tremblements de Northington Jr. s'amplifièrent. « Ne me touche pas! » Et d'un coup, il se redressa en la poussant avec tant de force qu'elle se fracassa la tête contre le bord du lit. Apeurée, Tabatha voulut appeler à l'aide, mais aucun son ne voulut émerger de sa gorge. Puis Thaddeus se retourna, s'appuya contre une commode, mais son bras céda et il s'écroula au sol. blackhole, again.

Thaddeus entra dans le salon, et remarqua avec surprise que sa sœur portait un énorme pansement sur le front. Il hocha la tête avant de poser ses fesses à côté d'elle et de se reposer sur son épaule. « Qu'est-ce que tu t'es fait, au front? » Immédiatement, la jeune femme réagit et fit en sorte que son petit frère la regarde droit dans les yeux. « Tu ne t'en souviens vraiment pas? » ▬ « De quoi? » Elle n'en crut pas ses oreilles. Elle se reprit, chercha un instant ses mots avant de balbutier: « Je me suis cognée à ma table de chevet en me levant ce matin. » Elle ne pouvait pas croire que Thaddeus eût oublié son acte de violence survenu la veille. Seulement il fallut bien se rendre à l'évidence. Ces "crises" refirent à nouveau leurs apparitions plusieurs fois suite à celle-ci, et dès que quelqu'un avait l'infortune de le toucher, le petit nounours de Thaddie se transformait en tempête. Et dès qu'il retrouvait enfin tout ses sens, il ne se souvenait plus de rien. Il aurait pu tuer quelqu'un qu'il n'aurait pas su le dire. Le seul remède qui marchait était de laisser la chose passer. Mais le voir dans un état pareil était si insupportable que les Northington décidèrent de consulter un médecin. « ..Votre fils n'est toujours pas au courant pour son jumeau? » Nerveusement, Jane Harrington passa une main dans ses cheveux. Elle refusait d'être jugée là-dessus. « Non. Il ne sait toujours pas la vérité, mais croyez-moi c'est mieux ainsi. » Le docteur fit mine de réfléchir avant d'inspirer longuement. « C'est parce qu'au fond de lui, il sait. C'est sûrement cela qui provoque ces transes. Sa mémoire qui est déjà puissante à l'origine travaille ainsi, elle tente de le faire reconstruire le puzzle de sa vie, mais à sa façon. Je vous le dis au cas où, mais à présent, cela n'est plus qu'une question de temps. Son amnésie finira par tomber et il découvrira tout. » Sur ce, il leur donna une ordonnance où d'autres médicaments étaient prescrits pour leur fils, censés diminuer la douleur et la durée de ses perturbations. Le compte à rebours était lancé. Elle était là, la première fêlure visible sur la façade des Northington. Elle n'était autre que Thaddeus Elies-Ryland, ou le jumeau déchu.