J'ai toujours vécu à Phoenix, Ville où le soleil est au rendez-vous quasiment l'année entière. Fille de militaire peu présent, le manque d'amour se fit ressentir autant pour moi que pour ma pauvre mère, fatiguée d'attendre et de redouter : attendre qu'il revienne, redouter sa disparition. Heureusement pour moi, j'ai un grand frère. Petite, je le voyais comme l'homme de ma vie. Je le considérais fort. Il était mon héros, mon Dean. Il à toujours été un modèle, un prince, un sauveur pour moi, si bien qu’une relation très fusionnelle s'est installée entre nous. Pas de chien et chat. Si j'ai mal, il souffre. Si j'ai peur, il me rassure et vice versa.

Le « chef » de maison, enfin appelons un chat un chat, il était plutôt le déserteur du foyer, était peu présent. Mais, quand il débarque et existe à nouveau, assis sur le canapé ou dans la cuisine, il a l'art de prendre de la place. De nature très excessive et extravagante, il fatigue fréquemment Dean. Peut-être a-t-il l'impression qu'il nous a laissé tomber. Dès lors, lorsqu’il a l'opportunité de lui lancer une pique, il ne se gêne pas. Après tout, il l’a surement mérité. Il part souvent et donne peu de nouvelles. Qui sait, il est peut-être mieux loin des siens. Petite, je n'ai jamais réellement compris pourquoi il partait loin de nous, loin de moi. Au fur et à mesure, son retour était synonyme de bonheur. Ses départs étaient tristesse. Un jour, ils laissèrent place à la colère. Plus le temps passait et plus je j'oubliais. J'oubliais le manque. D’ailleurs, j'ai même abandonné l'idée de comprendre. Je le considérais plus comme un étranger et plus comme un paternel. Cette colère s'est transformée en indifférence alors à quoi bon en vouloir à quelqu'un qui n'existe plus!

Parlons de ma mère, femme de nature douce et déçue par la vie que mon « père » lui à offert, elle est souvent à fleur de peau. Jalouse, il est difficile d’entretenir avec elle une discussion sans accroc. Beaucoup trop de reproches, beaucoup trop d'interdits, elle veut me mener à la baguette, dicter mes choix, tracer ma vie comme si elle lui appartenait. Surement pense-t-elle métamorphoser sa vie à travers la mienne. Que du bonheur en somme! Heureusement pour moi je suis un être pour qui les choses importent peu, on souffre moins si on se désintéresse davantage. Il est vrai que cette émotion de je-m'en-foutisme est difficile à adopter, des fois elle est docile, souvent elle ne l'est pas. J'apprends petit à petit à tenir tête à ma mère. A cotés de ça elle ma toujours rendu très heureuse, toujours présente pour mon frère et moi, toujours au petit soin, j’ai reçu une éducation et une enfance équilibrées. Malgré l’absence du déserteur.

Qui aurait cru que je deviendrais la jeune femme que je suis. Toujours trop sage, raisonnable, obéissante. Trop fragile. Enfant, j'étais sereine, curieuse, j'avais plein de questions à poser et souvent c'était pour la pomme de mon frère. Un jour, il m'a confié qu'il aurait dû avaler une encyclopédie entière pour répondre à toutes mes questions parfois un peu farfelues. Dieu que je devais être épuisante. En ça, je suis restée la même. Entre l'Eden d'hier et celle d'aujourd'hui, les seuls points communs restent, ma joie, mon bonheur, mon ivresse et mes sourires pleins d’espérance. Oui, j’en suis faite. J'ai espoir en la vie, en l'homme, en moi. J'en ai l'intime conviction, je peux devenir quelqu'un de meilleur. Je dois juste trouver les armes adéquates et oser m'en servir, même si j'ai peur de me blesser.

J'ai déjà été blessée. Mes deux plus grandes déceptions ont été causées par deux hommes. La première fois, par mon père. La seconde, par Aaron. Quand j'y repense, il a été clairement mon premier amour, ma première fois . J'avais 17 ans quand j'ai croisé son chemin. Comment le décrire ? Il était grand, mystérieux. Il avait ce je ne sais quoi qui me faisait fondre. Des yeux remplis de malice, un sourire des plus ravageurs. Un sale gamin, un charmeur! Il était beau et le plus agaçant, c’est qu'il le savait! Il avait l'art de m'exaspérer, mais il arrivait toujours à se faire pardonner et ces instants étaient magiques.

Je l'ai rencontré une fin d'après-midi d'été tout ce qu'il y a de plus banal. J'étais avec des amis, qui ont invités des amis et blablabla. On se retrouvait souvent à Encanto park. On restait près du lac sur un banc à parler pendant des heures. Ce parc était un endroit que j'adorais et que j'affectionne toujours. La végétation, le lac, la mare aux canards... Avec ma mère, on s’y rendait souvent pour leur lancer des miettes de pain. C’était le bon temps, comme Aaron, de beaux souvenirs. Bref, je l'ai directement remarqué bien qu’il me semblait inaccessible. Il m'intriguait. Je l'observais avec peu de retenue et il esquissa un sourire mesuré. Mon réflexe premier fut de regarder ailleurs, comme si de rien n’était, avec beaucoup de modération évidemment! (la discrétion et moi n’étions pas copains) moi, j'étais assise sur un coin du banc. Lui, il fumait sa cigarette en m'observant et plus angoissant encore, en marchant dans ma direction. Horreur ! Que faire ? J'étais en totale panique, j'osai à peine le regarder.

Très vite, il arriva à ma hauteur. Je levai les yeux vers lui et un sourire timide se dessina sur mon visage. Devais-je lui parler ? Lui lancer un « salut » ? Hmm, j'aurai bien aimé, mais aucun son ne sortit de ma bouche. Pourtant, j'aurais voulu... je vous le jure!! (Croix de bois, croix de fer si je mens je vais en enfer!) Soit, il me dévisagea. Il se pencha vers moi, puis me lança avec amusement : « J'ai une tache sur le nez ? » Ahh ! Un petit rigolo, je laissai échapper un petit rire et une vague de courage envahit tout mon être. J’ai répondu, tout aussi amusée que lui en regardant le bout de son nez : « hum, laisse-moi regarder ? » Du bout du doigt j'effleurai délicatement son nez et d'un air taquin j'enchainai : « Oui effectivement tu avais une tâche. Heureusement que je l'ai remarquée, tu aurais été fin ! J'ai mérité des remerciements tu ne crois pas ?» Il se redressa interloqué. Puis, il se mit à sourire plus spontanément. «Oui et bien, merci beaucoup...»Il tira sur sa cigarette recracha la fumée vers le ciel. «Comment tu t'appelles ? » Dieu qu'il était beau!!! Il me plaisait aucun doute là-dessus !

Enfin, vous imaginez bien la suite ! On a appris à se connaitre patati et patata. Je le voyais comme le gars parfait. Quelle veine ! C'est moi qui lui avais plu et nous sommes restés ensemble pendant deux ans, mais toutes les bonnes choses ont une fin ? Il est rare que les histoires d’amour se finissent comme dans les contes. Non, notre histoire a déraillé comme un train roulant trop vite. À moins qu’Aaron ait une faiblesse ? À moins qu’il ne soit défaillant pour avoir choisi un autre chemin, une putain de chemin qui le conduit tout droit dans les bras - ou les bas comme vous préférez - d'une autre fille!

J'ai tiré un trait sur cette histoire. Même si en parler provoque chez moi une mélancolie débordante. Au début mon corps tout entier chauffait de colère, de douleur. Puis, avec le temps va, tout s’en va. La colère fit place à la tristesse pour se transformer en nostalgie. Aujourd’hui, je n'ai plus de mal à raconter cette histoire. J'ai juste gardé des quelques « Et si » et bon nombre de regrets.

Mon présent est un peu flou, il serait temps que je fasse une bonne mise au point. J'ai 21 ans et mes journées, mes semaines se ressemblent. Un quotidien assommant. Je travaille depuis bientôt 6 mois, dans un hôtel sur East Side Phoénix. En tant que réceptionniste, des horaires fatiguant et une clientèle pénible, le réel bonheur c'est que mon contrat ce termine dans 2 mois, liberté je te toucherai bientôt du bon des doigts. L'année prochaine je recommencerai surement là où j'ai arrêté. La photographie. Saisir chaque moment, les emprisonner, afin qu'ils restent un ultime souvenir impossible à oublier. Suspendre, immortalisé pour une vie. Figer un paysage, une histoire pour ne plus les voir se transformer, ne plus les voir vieillir.

que signifie le terme d'amour pour ton personnage ? → Il serait plus convenable, vu mon passé, de vous dire que je ne crois plus en l’amour, que le terme le plus approprié serait « l’amour va de paire avec la trahison ». Et bien non ! J’y crois encore. Pour moi, l’amour, c’est des réveils doux à coté de lui, des matins câlins, des moments de partage, de magie, du soutien et de la tendresse. Pour moi, l’amour est un tourbillon de sentiments, qu’ils soient bons ou mauvais. Pour moi, il faut apprendre à les ressentir, à les déchiffrer, à les accepter. Il faut apprendre à sacrifier une part de soi pour l’autre, pour l’unique.

quel est le statut amoureux de ton personnage ? → Je suis célibataire depuis pas mal de temps à présent. Pour être honnête, mon cœur était clos, il avait fermé boutique. Bien sûr, j’ai eu des relations sans réelle importance, juste de quoi tenir la solitude à l’écart de temps à temps. Aujourd’hui, il est à nouveau ouvert au monde.

quelles sont les préférences sexuelles de ton personnage ? → Je suis hétérosexuelle, mais je veux bien tester juste une fois avec une femme, pour la curiosité, histoire de ne pas mourir idiote. Néanmoins, à mes yeux, rien ne vaut l’odeur poivrée, les bras rassurants et la voix suave d’un homme.

comment ton personnage se voit-il dans l'avenir, du point de vue amoureux ? → Je me vois heureuse bien évidemment, épanouie, sereine, amoureuse. A l’heure qu’il est, il est difficile pour moi de parler du futur, j’aimerais déjà avoir un présent solide et stable, amoureusement ou professionnellement pour penser à la suite. En fait, un présent tout cours. Petite fille, je rêvais de parcourir le monde, un appareil photo autour du cou. Je souhaitais me nourrir d’aventures sans espérer le grand amour. Ce temps est révolu. Je suis une sentimentale. Je suis romantique. Je ne suis pas terre à terre, je suis une true lovers.