Je crois pas que vous vous réalisiez à quel point avoir une jumelle est cool. Avoir une jumelle, c'est avoir une famille, mais à la puissance 10 000. Les jumeaux partagent un lien, une connexion, que personne ne peux comprendre.
Moi, je peux. Parce que j'en ai une, de jumelle. Elle s'appelle Leah. Moi, c'est Niahm. On a grandit à Mullingar, en Irlande, avec nos parents et notre petit frère, Kevin, que j'adore plus que tout. J'ai toujours eu tendance à les surprotéger, ma sœur parce qu'elle était timide et qu'elle recevait fréquemment quelques moqueries de nos camarades sur ses capacités intellectuelles et ses passions, mon frère parce qu'il est juste adorablement mignon et que je l'aime. On a eu une enfance simple, avec des parents aimant, et j'aurais pu avoir une adolescence sans accroc si je n'étais pas tombé sur Soraya.
Au cours de notre vie, on rencontre des centaines et des centaines de personnes. Certaines ne sont que de passage, et très vite vous aurez tout oublié d'elles, d'autres sont constantes, avec vous pour toujours, comme le sont Leah et Kevin pour moi. Puis d'autre encore arrivent dans votre vie comme un boulet de canon, et, même si vous avez l'impression qu'elles ne vous quitterons plus jamais, elle le font, et les avoir dans votre vie pour ensuite les voir disparaître est suffisant pour transformer votre petit monde bien construit en ruines.
Soraya était – est – l'une de ces personnes. J'avais neuf ans quand elle a décidé de pointer le bout de son nez dans mon existence. Je me souviendrais de ce jour toute ma vie, je pense. C'était le début de tout, en y réfléchissant... Le début de ma vie en dehors de Leah, Kevin, et nos parents.
Anyway, c'était la rentrée des classes, et pour la première fois de notre vie, Leah et moi étions séparées. Séparées. Le truc qui ne nous était jamais arrivé avant. J'étais paniquée, je ne savais pas trop quoi faire. Je veux dire, Leah était un point fixe de mon existence, quelque chose qui n'était pas censé bouger. Or elle n'était pas là, assise à côté de moi, au milieu de la classe. Ma geek de sœur, celle si timide que je défendais à chaque fois que les gens se moquaient d'elle parce qu'elle était la chouchoute du prof ou que sais-je. Non, à la place, il n'y avait qu'un siège vide d'un côté, et de l'autre une fille avec qui je m'entendais plutôt bien, mais sans plus.
Puis elle est arrivée. Elle semblait un peu désorientée, au début, mais très vite elle a sourit, et elle s'est approché de moi, me demandant si elle pouvait s'assoir à côté de moi. J'ai hésité un moment – une part de moi voulait garder cette place pour Leah, en espérant qu'elle franchirait la porte en me criant 'ils se sont trompés, je suis avec toi !' – mais je savais bien que ce n'était pas possible, et puis cette fille à la peau caramel et aux grand yeux chocolats, avec son petit sourire sympathique ne pouvait qu'être d'une agréable compagnie. Si j'avais su...
Les années ont passé, et Soraya et moi somme devenues quasi-inséparables. Elle était extrêmement belle et populaire, tout le monde l'aimait, mais j'étais la seule à vraiment la connaître, à tout savoir d'elle. Elle m'a beaucoup changé, Soraya, et en y réfléchissant bien, je me demande si c'était pour le pire ou le meilleur. Avant, j'étais quelqu'un de plutôt timide, mais elle m'a ouvert aux autres, m'a permis de faire de nombreuses connaissances. Mais elle m'a aussi fait découvrir un monde que je regrette un peu d'avoir connu.
C'est au lycée que tout est arrivé, que tout a changé. Avec So, on avait nos petites habitudes, depuis le temps. On trainait avec tout ces gosses de riches, alors même qu'on en était pas, mais c'était juste pour la réputation, et à côté de ça, on se faisait nos soirées, tranquille, toute les deux. Puis, en seconde année, tout à changé. Elle a décidé qu'on devait absolument aller à des soirées, boire, nous amuser. J'ai hésité, au début, mais j'ai accepté, finalement, et je mentirais en disant que je ne m'amusais pas. Parce que si, je m'amusais. Vraiment.
Jusqu'au jour ou c'est allé trop loin. Jusqu'au jour où elle m'a entrainé plus loin encore. Jusqu'au jour ou elle a décidé que l'alcool, c'était pas assez. Qu'il lui – nous – fallait plus. Et c'est là que les cachets sont entrés dans l'équation. Classique, vous me direz. On s'en doutait pas, vous ajouterez. Mais il n'empêche que c'est bel et bien arrivé.
J'aurais pu refuser, vous me direz. Dire 'non, stop, on s'arrête là'. Mais le problème, c'est que je ne pouvais pas lui résister. Il y avait quelque chose chez Soraya qui m'empêchait tout simplement de dire non. Quelque chose qui me fascinait, dans sa façon d'être, de se comporter avec moi. Elle me donnait l'impression de compter, d'être importante. Et l'idée de la perdre m'étais insupportable. Parce que, malgré tout ces gens qui m'entouraient, elle était la seule qui me connaissait vraiment, et je l'aimais. Je ne comprenais pas bien pourquoi, ou même comment, mais je l'aimais.
Et elle en profitait, elle utilisait cette fascination que je ressentais pour me faire faire tout et n'importe quoi avec elle. On en est même arrivé à un point où on a couché ensemble, alors que je ne suis même pas lesbienne ou bi. Parce que c'était elle, que je n'étais pas dans mon état normal, et qu'elle l'avait voulu.
Leah était la seule au courant de mon addiction et pour la drogue et pour Soraya. Elle a bien essayé de m'aider, de m'éloigner d'elle, mais je ne voulais rien entendre, je ne voulais pas partir, l'abandonner, parce que ça m'aurait tué.
Puis elle est partie. Envoyée en pension en Angleterre. Je ne l'ai jamais plus revu, je ne lui ai plus jamais reparlé, et avec l'aide de Leah, je me suis lentement débarrassé de mes addictions et je suis rentrée dans le droit chemin. Puis nous avons déménagé à Phœnix, et ma jumelle a changé du tout au tout, devenant une reine de soirée, là où moi, même si j'adore faire la fête, me suis réellement calmé par rapport à mon adolescence. Je fais attention, maintenant, parce que je n'ai pas envie de me retrouver sur cette pente glissante qu'est la dépendance. Jamais. Je ne serais plus jamais dépendante de rien, ni de personne.

que signifie le terme d'amour pour ton personnage ? → L'amour est une drogue, une addiction. C'est puissant, c'est grisant, mais à trop forte dose, ça finit par te détruire et ne laisser qu'une pauvre loque derrière. Je ne suis plus que ça, une loque qui ne vit qu'à moitié. L'amour, c'est quelque chose de dangereux, ça me fait peur. Comme tout le monde, j'imagine. Mais il y en a certains plus courageux que d'autres, il y en a qui prennent le risque. Moi j'ai bien trop peur, je suis bien trop lâche. Je ne veux pas être dépendante encore une fois. Je ne veux pas.

quel est le statut amoureux de ton personnage ? → Pfiou, mon statut amoureux ? Célibataire endurcie. Je ne veux pas m'attacher à quelqu'un. S'attacher aux gens, c'est devenir dépendant d'eux, c'est un risque que je ne peux pas me permettre. Les seules personnes en qui j'ai confiance sont Leah et Kevin, parce qu'ils sont ma famille. Donc pour moi, ça ne sera rien d'autre que des coups d'un soir, merci. Et uniquement masculins. Évidemment.

quelles sont les préférences sexuelles de ton personnage ? → Je suis cent pour cent hétéro. Je n'ai aucune raison de ne pas l'être. Ce n'était qu'une erreur, avec elle, rien de plus. Un moment d'égarement dû à la drogue.

comment ton personnage se voit-il dans l'avenir, du point de vue amoureux ? → Certainement pas mariée ou en couple. Comme je l'ai dit, je ne veux pas tomber amoureuse. C'est bien trop de risque et de danger. Ça me fait trop peur. De toute façon je ne sais même pas si j'en serais capable. C'est un sentiment que je ne sais pas gérer, pas contrôler. Et puis de toute façon, je n'aime pas être avec le même mec à chaque fois. Donc la question est réglée. Je serais célibataire, et je ne me vois pas avoir un autre avenir amoureux que ça.