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 Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R|

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she - appartient entièrement à edwin. don't touch me.
Sheena T. Jackson

Sheena T. Jackson
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MessageSujet: Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R|   Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R| Icon_minitimeLun 16 Avr - 21:58




Edwin & Sheena

« Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité »



Son timbre froid. Son intonation austère. Son regard courroucé. Lloyd m’avait glacé le sang. Il était trop tôt. Trop tôt pour moi. Je n’étais pas préparée à affronter ces innombrables questions. Dès lors, prise à brûle pour poing, j’avais légèrement souri, un peu moqueuse, un peu narquoise avant d’inventer des fadaises des plus convaincantes sur ma relation avec Edwin. Je lui avais menti avec aplomb et je n’étais pas fière de moi. Bien sûr, j’ai essayé de me persuader que, devant la stupidité des vendeurs de ragots de la petite fête de Sam, mes boniments n’étaient que légitime défense. Le résultat était moyen. Je m'accrochai donc à ma seule obsession. J’avais un homme à protéger de ma jalousie de la veille. Un homme qui comptait pour moi. Un homme auquel je pensais trop souvent. Néanmoins, il résidait dans cette situation un problème de grande envergure.

Pour que dure mon imposture, il est impératif que je détaille à Edwin les faits que je rapportai avec aisance à son meilleur ami. Pourtant, bien que je ne manque ni du besoin ni de l’envie de le voir – quand bien même l’ai-je quitté hier soir seulement– je vivais cette obligation comme une mauvaise farce. Je ne voulais pas qu’il s’imagine que je n’étais qu’une importune trop gourmande. Aussi, assise sur le banc rustique du jardin de mes parents, cigarette à la main et portable dans l’autre, je ne cessais pas de fouiller mes ressources en quête d’une solution plus adéquate.

J’optai, au préalable, pour un texto. Un message clair, net et précis. Il n'a jamais daigné y répondre alors que le temps n’était pas notre allié. Dans quelques heures, mon oppressant fraternel finirait au boulot et je ne doutais pas qu’il ferait un crochet par chez le mannequin pour recueillir sa version des faits. Que se passerait-il si elles ne coïncidaient pas ? Qu’adviendrait-il de nous ? Nous, les pauvres âmes malhonnêtes entraînées malgré elles dans un tourbillon de désir plus grand et plus fort que leurs raisons elles-même. Je décidai alors que je devais prendre les choses en main. Je devais lui rendre une visite impromptue avant d’être devancée par mon frère. J’ai donc averti mes parents que je quittais la maison pour l’après-midi et je me suis en route.

Au volant de ma petite citadine, j’ai prié pour qu’Edwin ne soit pas absent. Je devrais l’aviser de mon passage par un mot glissé sous sa porte. Peut-être même le verrait-il trop tard, mais dans ce cas, tant pis. Au moins aurais-je le mérite de m’être secouée un peu et d’avoir dirigé les opérations pour nous protéger de l’ire de mon frère. Plus j’approchais, plus j’étais anxieuse. Et plus le décor défilait, plus j’avais un mauvais pressentiment. « Et s’il n’était pas seul ! » fut de loin ma principale crainte. Pas un seul cheveu de ma tête n’a imaginé qu’il aurait pu déprécier ma visite.

Prête à m’immiscer sans son consentement dans ses habitudes du samedi après-midi, j'arrivai plus vite que prévu devant son immeuble. Plus rapidement que je l'avais imaginé. Je prêtai à cette soudaine vélocité l’influence de mon cœur en proie à un cruel paradoxe. Il détestait autant qu’il n’aimait notre maladresse de la nuit précédente. Nous aurions dû persister à faire profil bas. C’était trop tard maintenant. Il ne nous restait plus qu’à ramasser les pots cassés ensemble en espérant que rien ne ferait capoter me plans. Malheureusement, seul l’avenir me le dirait à présent. Un avenir qui m'approche à grands pas tandis que je dépasse le sas de verre destiné à repousser les voleurs éventuels. Il n’aurait pas dû être ouvert. Dès lors, je remercie vivement le ciel de m’avoir facilité la tâche.

Déjà sur le palier – que dis-je – devant son appartement, je rassemblai tout mon courage pour sonner. Je trépignais d’impatience. C’était insoutenable, si bien que je songeai à faire demi-tour quand la porte s’ouvrit en grand pour me dévoiler une jeune femme à demi nue qui ne souffrait d’aucune pudeur. Sa beauté éclatante était presque une insulte à mes pupilles anormalement jalouses. La possessivité m’est interdite. Cependant, je ne pouvais m’empêcher de la dévisager. Je jugeais la brillance de ses cheveux trop éblouissante et son peignoir trop indécent pour ne rien cacher de son décolleté pigeonnant et de ses épaules nues. Je devinais aisément qu’elle ne portait rien sous son sous-vêtement. Rien d’autre que des hanches parfaites et des formes galbées à souhait. Des formes pulpeuses et paradoxalement exotiques malgré sa peau laiteuse et ses grands yeux gris pétillants.

« Oh ! Excusez-moi. » Bafouillais-je, un peu sous le choc sans avoir le temps de continuer. « Ce n’est pas grave. Vous cherchiez Edwin. Attendez, je vais vous l’appeler. » Triste d’admettre que cette beauté fatale n’était pas seulement splendide, elle était également aimable. Décidément, elle avait tout pour plaire et, instinctivement, dans ma poitrine, mon cœur a implosé. « Non ! Non, ce n’est pas la peine. Vous aviez l’air occupé. Désolé de vous avoir dérangé. » M’excusais-je le ton involontairement plus grinçant qu'à l'accoutumée. Elle ne releva pas. Elle se contenta d’appeler l’hôte des lieux, m’assurant que vu ma tête, ce devait être important. Battant des mains, j’ai vainement protesté. Cette enfant sensuellement détestable ne m’écoutait déjà plus et je devenais, contre mon gré, l’élément perturbateur d’une chaude – très chaude - après-midi de printemps.

Mais qu’est ce que je foutais là ? Mon cœur se serre de colère et de déception. Il cavale au rythme de la rumeur du pas d’Edwin sur son parquet. J'ignorais ce que j’attendais en demeurant sur ce palier riche de souvenirs à prétendre que j’étais sur le point de partir sans esquisser le moindre mouvement pour m’exécuter. Me ridiculiser ? Constater de mes propres yeux qu’il ne m’a jamais rien promis ? M’asséner une bonne gifle pour apprendre à le détester ? Peut-être, oui ! Peut-être.





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edwin f. chester

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MessageSujet: Re: Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R|   Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R| Icon_minitimeLun 16 Avr - 23:15

“ sheena & edwin „

" Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité. "

« Ce que j'ai toujours préféré chez toi, ce sont tes cheveux. » Edwin, allongé dans son lit, torse-nu, caressait la crinière de Jewell de ses longs doigts fins. Un doux moment de romantisme après un instant charnel langoureux qui en avait sauvagement manqué. Au fond, si Edwin avait choisi cette femme et non une autre pour lui servir de trophée officielle, c'était avant-tout pour ses talents indéniables en matière de sport en chambre. Et alors que le jeune homme, en goûtant pour la première fois à la saveur sucrée de la peau de Sheena, avait perdu tout plaisir en compagnie de la gente féminine qui ne lui avait jamais fais défaut, il ne ressentait pas ce manque avec Jewell. De toutes ses expériences, elle était encore la seule à savoir faire d'un moment intime quelque chose de grand. Au fond, rencontrer la soeur de Lloyd avait eu un effet incroyablement bénéfique sur sa relation avec sa petite copine officielle du moment : il ne l'avait jamais vue autant ! Paradoxe assez cynique dans cette histoire de sentiments et de tromperies qui ne faisait pas qu'une victime... et dont Edwin se voyait être au centre. Toutefois il tenait à rectifier une chose mensongère qui s'avérait pourtant comme une évidence à tes yeux inconscients, n'est-ce pas lecteur ? Lui aussi, malgré son statut de don juan briseur de coeur, ne s'était jamais vu souffrir autant. Entre remises en questions et incompréhension la plus absolue, il ignorait même qui il était vraiment.. Un trouble qu'il n'avait jamais connu jusqu'alors, et qu'il priait pour ne plus jamais connaître. « Mes cheveux, vraiment ? Dans tout ce que j'ai à t'offrir ?. » Elle s'était retournée sur cet homme qui était devenu son petit ami, lui avait lancé un sourire qui ne permettait pas la moindre méprise quant à ses intentions pour le moins peu catholiques. Elle s'installa à califourchon sur lui, sans se départir de cette mimique aguicheuse, ses cheveux caressant tendrement le torse d'Edwin alors qu'elle s'apprêtait à défaire son pantalon. Encore. Une proposition à laquelle le jeune mannequin n'avait rien répondu, mais ne cachait absolument pas son contentement.

La sonnette de la porte d'entrée retentit avant même qu'elle n'ai eu le temps de défaire quoi que ce soit. Elle se redressa brusquement, s'échappa de cette pseudo étreinte qu'elle venait d'offrir à un Edwin qui la retint par le bras avant de l'attirer à lui, déposant un doux baiser sur son front. « On s'en fout, on a mieux à faire non ? » Jewell éclata d'un rire frais, passant une main tendre sur le visage de celui qu'elle prenait pour son bien-aimé, son prince charmant à elle. Celui qu'en bonne naïve, elle avait attendu toute sa vie. Pourtant, elle n'hésitait jamais à s'opposer aux dires de celui-ci, et faisait entendre sa voix dès lors qu'elle le jugeait nécessaire. « Arrête tes bêtises, c'est peut-être urgent. Je vais voir, attends moi comme ça. Ne bouge pas. » Elle ne le lâcha pas du regard jusqu'à ce qu'elle tourne dans le couloir, vêtue d'une simple chemise en soi qu'elle venait d'enfiler et qu'elle amenait toujours pour 'dormir' dès qu'elle s'invitait chez son copain. Une tenue terriblement sexy qu'Edwin appréciait tout particulièrement... une préférence dont elle avait bien conscience et dont elle jouait allégrement. Allongé sur le dos, dans son lit deux places, torse-nu et vêtu de son simple boxer, le jeune mannequin tendait l'oreille. Malgré tout, une visite surprise un samedi après-midi restait étrange, et il se surprit à se morigéner de n'avoir pas porté d'attentions à son portable depuis... depuis que Jewell avait pénétré dans son appartement, trop occupé qu'il était à d'autres occupations. Tant pis, il y avait peu de chances pour qu'un drame ne se soit produit en trois heures, et il voulait profiter de la présence de sa copine un long moment. Très long moment.

Edwin se rallongea, dans la même position, mais lorsqu'il lui sembla reconnaître la voix de Sheena, il laissa tomber de surprise sa tête contre la tête de lit. Maladresse à laquelle il laissa échapper un juron. « Mais ... qu'est-ce que t'as fait ?. » « Rien, rien. C'est urgent ? » « Une jolie blonde te demande. Vas-y, mais dépêche toi, je t'attends. Et je te laisserais même le plaisir de m'enlever cette chemise en soi. » Edwin se surprit à lui sourire, mais l'esprit n'y était certainement pas. En vérité, le trouble bouleversait sombrement son âme, tout autant que la douleur vacillante dans son crâne, provoquant une terrible mauvaise humeur dont il se serait bien passé. Quelle situation cocasse ! Du moins, ironique conviendrait sans doute mieux. Alors même que Sheena venait d'apprendre, avec forts fracas, l'existence de la copine d'Edwin, alors même qu'elle avait expressément exigé de ne jamais faire sa connaissance, de ne jamais la voir même, elle prenait le risque de se pointer chez lui ? Elle avait plutôt intérêt d'avoir une bonne excuse, car la mauvaise humeur du jeune mannequin risquait fort d'avoir des répercussions sur sa patience. Sheena était là, à la porte, et l'expression de son visage n'augurait rien de bon. Pire encore, elle semblait livide. Était-ce seulement du à cette vision qu'elle venait d'avoir de Jewell ? Ou se passait-il quelque chose de ... véritablement problématique ? Finalement, il n'y avait qu'une raison pour que cela se produise. Lloyd devait être au courant. Bien sur ! « Ton frère, j'imagine ? » laissa-t-il échapper en guise de salutation, refermant délicatement la porte pour être sur de pouvoir parler sans être entendu de Jewell. « Ca ne valait pas ta présence ici. Tu aurais pu t'éviter ce genre de rencontre. » Malgré la dureté de ses propos, son ton était bienveillant. Il était incapable de s'en vouloir, il n'avait rien fait pour provoquer cette situation, mais la déception de Sheena était assez grande pour qu'il ne l’imprègne entièrement. Il la respectait trop pour pouvoir la voir souffrir et que cela le laisse indifférent.


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Sheena T. Jackson

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MessageSujet: Re: Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R|   Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R| Icon_minitimeJeu 19 Avr - 21:45




Edwin & Sheena

« Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité »



=>Je n'ai jamais écrit quelque chose d'aussi mauvais et d'aussi incohérent de toute ma vie. Impossible de mettre des mots sur ce que je voulais exactement lui faire faire !! Si tu as des questions, n'hésite pas, parce que je sais qu'il n'est pas clair. Tu me pardonneras hein ? Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R| 174662343
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Dans cette situation, je ne saurais dire ce qui m’a le plus choqué : qu’une femme soit à demi nue dans son appartement, qu’elle entende à peine mes protestations pour enquérir la présence d’Edwin, que ce dernier ne décroche pas son téléphone, qu’il soit de mauvaise humeur ou que j’aie pris une initiative regrettable. Je reconnaissais seulement ce sentiment saumâtre qu’est se savoir de trop, même sur un palier. La fonction de parfaite intruse ne me sied guère au teint. J’en blêmis de colère, de peine et de frustration. La colère de subir cette conjecture, la peine d’avoir la certitude que je n’ai aucune place à prétendre dans sa vie et la frustration d’être confrontée à Edwin en pareilles circonstances. Je le dérangeais. Son détestable caractère en était témoin. Alors, que dire ? Que faire ? Le saluer ? M’enfuir ? Rire ? Jouer ? Devais-je déballer tout de go les raisons de cette visite ou était-il préférable que je prenne de suite congé, la vérité tenue sous silence ? Aucune idée. Le teint blafard, j’étais comme paralysée, ignorant le comportement à adopter.

Quelle erreur de débarquer à l’improviste. Je regrettais amèrement. Si je partais, il me croirait irritée contre lui... comme si, pour ce respect confessé la veille, il me devait fidélité. Non. Bien sûr que non. Je ne suis pas idiote à ce point. Les règles sont ce qu’elles sont, aussi cruelles soient-elles. Je n’avais donc aucune ire à cultiver envers le mannequin. Pourtant, je me sentais presque abusée. Il s’était promu libre comme l’air... Aujourd’hui moins qu’hier, je ne comprenais pas vraiment la sémantique de cette révélation. Est-ce vraiment ça, la liberté ? Est-ce oublier l’indéniable alchimie qui nous lie ? Dans ce cas, pourquoi n’en suis-je plus capable, moi ? Pourquoi, à mesure de nos rencontres, les autres ne me galvanisent plus ? Ne me motivent plus ? Me sont totalement indifférent ? Pourquoi moi, Sheena Jackson, je cherche un peu d'Edwin dans tous les hommes qui ne m’enorgueillissent plus par leurs flatteries bien rodées ? Peut-être qu’avant ce « nous » et ce baiser dérobé publiquement, j’avais déjà accordé plus d’importance que nécessaire à nos jeux idiots.

De lui, je ne reçois ni bonjour ni sourire. Il me décoche seulement une question suivie d’une remarque que je jugeai acerbe. C’est une douche froide si bien qu’en cet instant, je ne me suis pas seulement détestée. Je l’ai maudit. Je l’ai maudit pour cet accueil peu chaleureux, pour notre dernière nuit, pour la première et pour la suivante. Je l’ai maudit pour avoir insinué dans mon esprit l’éventualité que cette jeune femme soit précisément celle que je refusais d’imaginer, de voir, de contempler, d’entendre ou de croiser. « Bonjour Edwin. Moi aussi je suis ravie de te voir »scandais-je cyniquement avant de désigner l’intérieur de l’appartement qu’il isole en fermant la porte. « Et en plus, je lui avais dit de ne pas t’appeler, que ce n’était pas utile. »

Ma mauvaise foi, désormais, n’a d’égale que l’indifférence qui habille mes traits. Hormis peut-être qu’il boycotte son portable, je n’ai concrètement rien pour le tancer ou le condamner. Sauf que j’ai mal. J’ai si mal que je réponds au trou béant d’angoisse de mon estomac avec excessivité. Il n’est pas permis qu’il devine la douleur que recèle mon cœur. Aussi, je triche habilement. Je lui offre le plus lumineux et le plus scintillant des sourires narquois, m'approchant dangereusement de lui pour caresser de mon index son torse nu. Je suis femme troublée par la beauté et il est taillé comme une statue de Rodin. Où trouve-t-il cette force pour toujours parvenir à me dérider de moitié ? Je suis cynique parce que je souffre. Un mot de lui, cependant et je deviens aussi molle que de la guimauve.

« D’autant que, crois-moi, je ne suis pas là parce que j’en meurs d’envie. Figure-toi que, tout comme toi, j’avais d’autres projets pour moi aujourd’hui. Des trucs un peu plus fun que subir un interrogatoire digne de la Gestapo par mon frère et inventer des mensonges plus grands que moi pour protéger un mec désagréable de ses propres conneries. » sifflais-je anormalement lascive compte tenu de mes propos si cinglants. Je n’avais pas le droit de réagir comme ça. Il était libre de côtoyer qui bon lui semble. Pourtant, je ne parvenais pas à réprimer les grincements de ma voix. Si mes yeux étaient des revolvers, ils seraient morts fusillés.

Soudainement, assaillie par une tristesse sans nom, haïssant ce que j'étais en train de faire, je baissai la tête un instant, m'éloignant de plusieurs pas en arrière et délaissant le relief de sa musculature. Mes pupilles sombres s’adoucirent pour avoir dardé mon regard sur son visage. Alors, craintive, j’ai relevé la tête pour croiser ses grands yeux. J’ai soupiré très fort. « Tu crois qu’un jour, on va pouvoir commencer une conversation sans se bouffer le nez ? » soufflais-je foncièrement calme. « Je voulais seulement te raconter ma conversation avec mon frère, que nos mensonges concordent, c’est tout. Je suis juste inquiète » Mon timbre avait perdu un peu d’intensité. « Et tu n’as jamais décroché. J’ai cru bien faire, c’est tout. » m’excusais-je maladroitement puisque je viens de prendre l’irrévocable décision de ne plus jamais le revoir - pour la troisième fois en dix jours - après cette discussion. Ô grand jamais, cette fois, je le jure.

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edwin f. chester

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MessageSujet: Re: Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R|   Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R| Icon_minitimeSam 21 Avr - 18:24

“ sheena & edwin „

" Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité. "

Edwin avait fais preuve d'une stupidité à couper le souffle. Du haut de sa soudaine et brutale mauvaise humeur, il s'était comporté avec Sheena comme le pire des goujat, et ne l'avait traitée que comme une opportune que le destin l'avait fait devenir le temps de quelques minutes. Oui, elle s'était montrée présente à un moment qui se montrait très peu adéquate à leur situation, mais elle n'était en rien coupable puisqu'elle n'avait aucunement conscience de l'emploi du temps de son ami. Et s'il s'était interdit de se couper du monde pour faire mumuse avec sa jolie blondasse, rien ne serait arrivé. Il ne pouvait donc s'en prendre qu'à lui, et retourner ce soudain besoin de haine viscéral contre sa propre stupidité, qui se montrait aussi légendaire que son égo. Quoi qu'il en soi, il regretta ses propos à peine eurent-ils quitté le confort de sa jolie bouche, mais s'interdit de le montrer. Il ne craignait rien plus que la faiblesse, et reconnaître un tort n'était que la plus absolue des preuves de ladite défaillance. Il se l'interdisait. Purement, et simplement.
Il écouta les explications de Sheena d'une oreille distraite, partagé entre le désir de retrouver Jewell et oublier son coeur qui, en voyant la jeune femme, s'était mis à battre brusquement dans sa poitrine, se laissant de nouveau dicter par ce qu'il connaissait de mieux ; ou continuer à parler avec Sheena, omettre les instincts stupides de son corps uniquement régis par ses passions et n'écouter plus que la chaleur de ses sentiments. Sentiments sur lesquels il n'était toujours pas parvenu à mettre de nom, mais qu'il savait bien présents, battant férocement contre son esprit, désireux de se manifester d'une manière bien plus physique. Une nouvelle faiblesse qu'il s'était découvert en fréquentant la jeune soeur de Lloyd, et qui venait le tourmenter même dans des moments aussi peu emprunts de romantisme. Et voilà même qu'elle le troublait lors d'un instant de passion avec une autre... Ah, sombre ironique de la situation qu'il aurait pu apprécier, en d'autres circonstances, mais qu'il craignait de lire comme étant des signes d'un destin auquel il n'avait jamais cru. Sheena avait le don de faire naître multiples incompréhensions et divers doutes dans l'esprit de cet homme pour qui tout avait toujours semblé terriblement clair. Et dire qu'au lieu de fuir, il affrontait ces étrangetés, tout ça pour les beaux yeux de cette femme.. !

Alors qu'à ses explications succédaient, étrangement mal placées, un instant de désir et de passion, Edwin se laissa faire sans rien dire, surpris par ce brusque revirement de situation qu'il n'avait pas suivi convenablement. Oh, il n'était pas contre caresses et tendresses, bien sur, mais il préférait comprendre lorsque l'instant était venu. Et là, il était sauvagement dépassé, uniquement capable d'admirer d'un oeil de spectateur cette étrange comédie que Sheena lui servait. Peut-être son esprit était-il embrumé par le désir qu'il venait de quitter, et le confort charnel qu'elle avait fait exploser de sa présence, mais quoi qu'il en soi, il se débattait pour ne pas laisser détonner un rire terriblement mal-venu. Inquiète, elle lui dévoilait les raisons de sa venue ici, des raisons qui, même si elles auraient semblé autrefois terrible à Edwin, lui apparaissaient désormais comme futiles et puériles. Nul besoin de se consulter pour se liguer contre Lloyd, son meilleur ami ne comptait absolument plus lui mentir. Loin de lui les désirs de trahisons, il n'avait strictement rien à se reprocher, et il existait plus entre Sheena et lui qu'une banale histoire de sexe. A cela, que pourrait-il ajouter, ce mister Jackson ? Qu'avait-il à lui reprocher, finalement ? Il ignorait si ce brusque élan de courage était lié aux sentiments qu'il sentait poindre dans son coeur, mais Edwin se sentait parfaitement apte à affronter la colère de Lloyd. Et il ne faisait plus de doute, désormais, qu'il le ferait d'ici peu de temps.
C'est toutefois lorsque Sheena se mit à s'excuser en clôturant ce monologue étrange qu'Edwin reprit le contrôle de ses émotions. Alors qu'il avait cru perdre les trois quarts de cet échange curieux, le moindre des mots de la belle résonnait désormais dans son esprit et trouvait un sens nouveau. Lloyd. Le fait qu'elle s'inquiète au sujet de leur amitié valait aux yeux d'Edwin bien plus encore que la crainte de perdre son meilleur ami, et cette simple évidence le troubla au plus haut point. Non, pire encore : le tortura. Cela signifiait-il que les attentions de Sheena comptaient plus à ses yeux que la terrible frayeur que représentait le fait de perdre son meilleur ami ? Non, que dis-je, son seul ami. Celui pour qui il était prêt à tout, celui qui, de tous temps, avait bien été le seul capable de comprendre et de pardonner les divers tares de Chester. Une évidence qui s'imposait comme restait vrillé sur lui et attendait des futures réponses.

Choisissant de répondre dans l'ordre à la curieuse comédie qu'elle venait de lui offrir gratuitement, témoignant d'un excellent jeu d'actrice ou d'une inquiétude sincère (il n'aurait su trancher), c'est à ses doigts caressant son torse qu'il répliqua. Alors qu'il s'approchait dangereusement d'elle, l'acculant non contre le mur mais contre l'escalier, c'est d'une voix tendre qu'il répliqua, abandonnant toute la brusque mauvaise humeur qui s'était abattue sur lui. « Tu as bien fais, rassure-toi. En revanche, si tu crois que tu es la seule à pouvoir jouer, alors tu te trompes lourdement. » Il lui sourit, laissant ressortir le côté séducteur le plus présent de son caractère, inconscient à la simple idée que Jewell l'attendait dévêtue dans sa chambre. Lorsqu'il plongeait son regard dans les splendides iris de Sheena, plus rien d'autre n'existait que sa grande personne. Elle. C'était elle, et le reste du monde. Jewell, dans cette échelle, n'était qu'un grain de poussière désagréablement compris dans le 'reste du monde'. Elle n'arrivait pas à la cheville de la miss Jackson dans les pensées d'Edwin, et bien que son image persistait à voleter devant les yeux de son petit ami, il n'avait qu'à l'écarter d'un violent geste de la main pour qu'elle ne revienne plus l'importuner. « Et à ce jeu la, je t'ai déjà prouvé que j'étais plus doué que toi. Après tout, il faut bien que je te rentabilise le voyage. » glissa-t-il à son oreille alors que sa main glissait langoureusement sous le tee-shirt de la belle, caressant délicatement son dos. C'est un délicat baiser qu'il déposa sur le coin de ses lèvres en s'éloignant d'elle de quelques pas, soudain pris d'une brusque envie de la retrouver. Sa chaleur lui manquait dès lors qu'il passait quelques secondes loin d'elle. S'ébrouant l'esprit, c'est sur le fâcheux sujet 'Lloyd' qu'il revint, les bras ballants le long du corps, un sourire énigmatique fiché sur le visage. « Maintenant, restons sérieux cinq minutes. Je ne compte pas mentir à ton frère. Après tout, je en t'ai pas fais souffrir. Qu'à-t-il à me reprocher ? D'avoir été la meilleure aventure de ta vie ? Soit, qu'il le fasse, je rirais bien. »
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MessageSujet: Re: Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R|   Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R| Icon_minitimeDim 22 Avr - 10:37




Edwin & Sheena

« Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité »



Si, à chaque décision prise, je ne craignais pas de le décevoir, si je ne redoutais pas non plus l’idée de le perdre aux moindres mots infortunés, je résisterais à l’attraction magnétique de ce torse nu sous mes yeux. Je ne lutterais pas pour chasser l’obsédante image de cette femme en petite tenue cloitrée dans l’appartement. Je ne m’obligerais pas non plus à croire qu’elle n’est qu’une aventure de plus dans son lit. Et, je ne refuserais pas davantage la parole à mon orgueil. Que dirait-il ? Qu’après cet accueil, je suis en droit de cracher du fiel au visage de cet homme ? Qu’il ne mérite nullement cette tendresse trop proche de l’amour que je lui lègue sans condition ? Qu’à défaut de marivauder comme une adolescente, je ferais mieux de lui confier à quel point il m’est pénible de le découvrir si bien accompagné au lendemain d’une soirée avec moi ? A quoi bon ?

Il est évident que pour lui, une fin de nuit semble suffire lorsqu’il s’agit de me remplacer au cœur de ses bras. Pour moi, les choses sont bien différentes. Je l’aperçois au seuil de sa porte et résonnent des tambours dans ma poitrine. Les uns chantent l’affection, les autres l’affliction et cette cacophonie entêtante m’arrache à toute prudence. C’est aussi ridicule que désespérant. Je me décourage de lui en vouloir définitivement pour toute cette souffrance qu’il me jette malgré lui à la figure. Je me consterne de présenter de si plates excuses alors qu'après tout, j’ai bien peu de choses à me reprocher. Est-ce ma faute si mon frère a des soupçons ? Suis-je responsable si Edwin n’est pas heureux de me voir ? Finalement, je suis devenue la victime dans cette histoire. La mienne. Je me suis lancée dans un défi plus grand que moi, un train plus rapide également. Un jeu de pouvoir. Un jeu que je voudrais fuir, mais qui me rattrape toujours. Un jeu qui m’intime le désir malsain de glisser mon index sur sa peau nue, celle qui ne m’était pas offerte cette après-midi-là. Rien n’expliquait mon geste, hormis peut-être mon faible pour lui.

J’aurais juré qu’au vu des circonstances, il me repousserait sans ménagement. Il l’avait déjà fait sans qu’une femme ne patiente dans son lit. Rien ne l’empêchait. Pourtant, une fois n’est pas coutume, il me surprit. Au lieu d’objecter, Edwin m’encourage dans ma folie. Ôter mes mains de ce corps défendu est un combat de chaque instant. D’apparence, je sais que mon comportement n’est ni logique, ni cohérent. Inconcevable et inconvenant. La fuite était plus cartésienne, plus rationnelle aussi. Je n’y parviens pas. J’ai toujours été femme plus sensible aux digressions de mon désir qu’aux divagations de ma raison. J’édifie ma vie autour de la première, surtout face à cet homme si attirant, si engageant, si séduisant, si... parfait aux yeux de mes sentiments. Quant au second, il n’intervient dans mes choix qu’en de rares cas. Je devrais d’ailleurs m’y fier dès maintenant. Je réagis trop tard cependant. Je laisse le mannequin m’approcher pour danser comme il chante. Je recule contre l’escalier comme il avance et je frémis non pour ces quelques mots chuchotés à mon oreille ou pour la fraîcheur de ses doigts dans mon dos, mais bien pour son souffle dans mon cou et sa main glissée sous mon T-shirt. De gestes simples, il réveille le volcan éteint des heures auparavant.

« S’il te plait » tentais-je pour me défaire du feu qu’il attise. « J’adorerais jouer un peu » Jouer. Comme si tout ceci relevait encore du jeu pour moi. « Mais la place est prise alors, je vois mal comment tu pourrais faire amende honorable pour mon déplacement maintenant.» A cette seule évocation, je suis plus amère que je ne le voudrais. Songer qu’il gît dans ses draps une femme éclatante me perfore le cœur « Et puis, c’est sérieux Edwin. Il est fort à parier que Lloyd débarquera probablement dans l’heure et je vais t’avouer que je suis tout sauf enthousiaste à l’idée de le croiser dans ton couloir.» ajoutais-je peu persuasive alors que mes bras s’enroulent autour de son cou, que mes doigts retrouvent la peau fine de sa nuque et que lui, ce charmeur qui, par sa tendresse, me dérobe un nouveau bout de mon âme pose un baiser délicat à la commissure de mes lèvres.

Un papillon, une bagatelle, une émotion normalement brève qui pourtant persiste dans le temps. J’ai quitté la terre ferme, je marche à dix centimètres du sol, car à son audace je devine que cette poupée Barbie n’est rien. Rien d’important pour lui. Et la douleur s’atténue. Certes, elle est toujours là, plus vivace que jamais quand il m’éloigne de lui, mais elle est moins violente, moins poignante également. Toutefois, j’ai conscience qu’une fois hors de cet immeuble, Edwin s’égarera dans les gémissements de plaisir d’une autre qui ne sera pas moi. J’aimerais tant m’épargner une telle souffrance en demeurant ici, avec lui, intriguant dans son esprit l’éventualité qu’il batifole avec moi plutôt qu’avec elle. Je songe sérieusement à exhorter cette alternative par un jeu de charme bien rodé, mais il m’écroue à un silence éphémère et inattendu. Un silence d’effarement tandis qu’il se glorifie d’être le meilleur coup de ma vie. Il m’arrache un sourire mi-amusé mi-consterné. Son assurance est une insulte pour tous mes amants précédents. Elle est aussi détentrice d’une accablante vérité. Nous n’étions déjà plus, nous avons seulement été.

«D’avoir été ma meilleure aventure... » J’ai répété un peu maussade, histoire d’imprimer l’information dans mon cerveau borné « Tu as soi-disant été ma meilleure aventure et tu ne comptes pas mentir à mon frère ? Je te suis pas là. » demandais-je agitée par des raisons diverses : avoir perdu l'un, décevoir certainement l'autre. « C’est complètement fou. Ça n’a aucun intérêt. Sérieusement, tu fais quoi là ? à quoi ça sert de tout lui dire si tu as été, ce qui veut dire que tu n’es plus. ? » J’aurais été incapable de déterminer ce qui m’agaçait le plus : le passé utilisé ou son besoin d’honnêteté. « Je crois que tu as oublié une inconnue à l’équation alors, je vais te rafraîchir la mémoire. » J’ai baissé le ton pour préserver mon secret. À part moi – et mes ex – il est le seul à être au courant. « Pour mon frère, je suis plus vierge que la Sainte-Vierge Marie elle-même, ce qui ferait de toi ma première aventure. Tu vois ce ça implique ? » J’ai soupiré, piétinant sur place, cédant tout entière à la panique. « On lui ment depuis des mois et on était d’accord toi et moi... Qu'est-ce que ça change qu’on lui mente encore ? »




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Dernière édition par Sheena T. Jackson le Mer 25 Avr - 15:53, édité 1 fois
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edwin f. chester

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MessageSujet: Re: Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R|   Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R| Icon_minitimeMar 24 Avr - 20:00

“ sheena & edwin „

" Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité. "

Edwin n'avait jamais éprouvé tant de désir pour une femme auparavant. Sheena était détentrice de cette palme d'or, trésor inexplicable parmi une bonne dizaine d'autres. Elle était au fur et à mesure devenue la plus maligne, la plus charismatique, la plus bornée, la plus intelligente, la plus engageante, la plus... insupportable. Mais même ce dernier titre la glorifiait aux yeux émerveillés d'un Edwin fasciné. Il ne savait trouver le moindre défaut à cette perle parmi les femmes, et son aveuglement l'agaçait parfois au plus haut point lorsqu'il réfléchissait à ses sentiments nouveaux, seul, en prise avec la voix de sa raison. Néanmoins il lui suffisait de se trouver face à elle, de croiser ne serait-ce qu'une seconde la beauté de ses iris et la fragilité qu'ils dégageaient à tout instant pour que les raisons de cet émerveillement lui reviennent en mémoire. Elle méritait bien ça. Et plus encore. Par ailleurs, Edwin ne lui offrait pas assez par rapport à ce qu'elle valait, il s'en rendait bien compte. Néanmoins, il n'avait rien à lui offrir de plus. Il ne faisait aucune prévision dans l'avenir, l'engagement restant à ses yeux la plus grande des impossibilités ; il ne saurait laisser de côté son pitoyable égo pour espérer plus avec cette demoiselle, si parfaite soit-elle, que ce qu'il lui offrait déjà. Et intérieurement, sans oser se l'admettre de peur de la perdre définitivement, il priait pour qu'elle sache faire ce qu'il n'était pas capable d'accomplir, malgré toutes ses bonnes intentions, à savoir le rayer de sa vie pour partir à la recherche d'un être qui la vaudrait bien mieux que lui. Une telle femme ne pouvait se permettre de perdre son temps avec lui. Il était certes la perfection incarnée et son double le plus concret, il n'en restait pas moins un handicapé des sentiments. Une tare qui n'était pas prête de changer.

Aux supplications de Sheena, Edwin ne répondit pas, les ignorant superbement. Elle pouvait le lui demander sur tous les tons, il était trop hypnotisé par la douceur de sa beau, trop enivré par ce délectable parfum pour s'échapper si vite d'une telle présence terriblement addictive. A cette pointe de jalousie, néanmoins, qu'il perçut dans sa voix, c'est d'un sourire en coin qu'il lui répondit, l'attisant plus encore en murmurant, d'une voix sensuelle et sans interrompre cette caresse dans son dos. « Admets le, un seul baiser suffirait à rentabiliser le voyage. » Un excès d'arrogance un brun comique qu'il accompagna d'un clin d'oeil amical. Oh, il pensait vraiment ses dires et n'en doutait pas une seule seconde. Néanmoins s'ils avaient échangé les rôles, Edwin savait bien qu'un seul regard sur cette déesse de la beauté aurait suffi à compenser le trajet, et bien plus encore ! Et si alors, elle rajoutait de tels extras, il aurait eu tôt fait de perdre pied, direction le paradis. Elle avait un effet inconcevable sur lui qu'il n'était pas même foutu de comprendre. Il y avait plus que son physique ravageur. Il y avait un tout. Un tout qui se baladait entre interdit, charisme, affection et respect avec aisance, alors que son esprit peinait à suivre. Pauvre homme soumis à ses désirs et à cette femme !

Une seule phrase balancée sur un ton franc suffit à attiser subitement sa curiosité. Venir ? Lloyd risquait de venir chez lui, et Sheena prenait le risque d’accourir le prévenir alors que le péril de se faire attraper était ainsi augmenté de moitié ? Elle n'avait pourtant pas le moindre soucis à se faire, jamais Edwin n'aurait accepté de subir un interrogatoire de la sorte sans l'avoir au préalable fait poireauter, et s'il était venu le déranger alors qu'il était avec Jewell, il aurait été certes très mal reçu. A vrai dire, Sheena était la seule, à cet instant précis, à avoir l'honneur d'être l'élément perturbateur de leur union sans qu'il n'en soi offusqué ou énervé outre mesure. Et rien que par cette liberté qu'elle prenait sans même le savoir, elle obligeait Edwin à se remettre de nouveau sombrement en question. Pourquoi la présence de cette jolie blonde dans un tel moment le mettait tant en joie, alors que celle de son meilleur ami l'aurait agacé au point même qu'il lui claque la porte au nez sans lui offrir la moindre possibilité d'expliquer sa présence. Et alors qu'il le permettait à Sheena, il lui concédait même bien plus, tel qu'une véritable opportunité de parler, et celle, même, d'avoir le droit à quelques tendresses. C'était inconcevable, incompréhensible. A l'image de leur union, en soi.
Il la laissa parler sans la couper, tâchant de comprendre ce qui motivait ce désir de le voir mentir à Lloyd. Ah, en effet, il devait bien se rendre à l'évidence... il avait laissé dans le noir une inconnue à cette équation physique qu'était leur liaison, et alors qu'il ne songeait, peut-être égoïstement, qu'à son amitié qui risquait d'être gâchée, il en avait presque oublié le lourd secret que portait Sheena sur ses frêles épaules. Une sainte, oui. Vous en connaissez beaucoup, vous, des Vierges Marie qui avalent de l'extasy comme du petit pain, sifflent un bon verre de whisky sans broncher comme s'il s'agissait de vulgaire flotte, ou qui se vautrent allégrement dans le lit d'un quasi inconnu ? Edwin n'en avait jamais rencontré avant elle. Et pourtant, Sheena lui avait fait croire au paradis !

« Et moi qui croyait que tu t'inquiétais pour moi, quelle déception. » lança-t-il sur le ton de la rigolade, désagréablement inquiet par tant de sérieux. Puis, il prit enfin le temps de la réflexion, et ne se permit pas un mot pendant quelques longues secondes d'un silence de plomb, fixant ses prunelles, sérieuses, dans celles de la jolie blonde. Elle semblait terrifiée pour son secret, et Edwin se devait d'être une tombe. De toutes les manières, il n'avait jamais eu l'intention de dévoiler à Lloyd la sauvagerie de leurs ébats, pas plus que la réalité de ceux-ci. Non, son souhait était bien plus complexe et plus beau à la fois. « Je n'ai jamais eu l'intention de lui dévoiler tes... dons particuliers. Seulement s'il me demande si je t'ai embrassé, je répondrais que oui. Et s'il me demande si tu m'attires, je répondrais de la même manière. Idem s'il me demande si je t'apprécie vraiment. Nulle question de sexe là dedans. Je lui dirais la vérité sur ce qu'il a le droit de savoir, en revanche, il y a des secrets qui doivent le rester et qui le resteront. » Edwin se permit un sourire, plus pour rassurer la belle que pour marquer le moindre signe de contentement. Il n'y en avait aucun à avoir. Il n'avait jamais souhaité balancer à Lloyd toutes les nuits torrides qu'il avait passé avec sa soeur, il ne souhaitait pas enterrer sa plus sublime et son unique amitié. Néanmoins, il se devait de le tenir informé de ses sentiments, et de son indicible respect pour cette jolie blonde qu'il avait la chance de pouvoir compter parmi les membres de sa famille. Au moins, lui, n'avait pas à craindre qu'elle ne s'enfuit du jour au lendemain sans donner de nouvelles..
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Sheena T. Jackson

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MessageSujet: Re: Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R|   Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R| Icon_minitimeMer 25 Avr - 15:44




Edwin & Sheena

« Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité »



Frustrant de prétention, Edwin ne doute jamais de rien, conscient de son charme et de son effet. Pour un clin d’œil coquin ou une œillade soutenue, jouvencelles et saintes-nitouches rougiraient de honte d’être prise la main dans le sac en flagrant délit d’intérêt pour son physique. Puis, pour une flagornerie bien sentie ou quelques mots doux, elles se pâment volontiers, miaulant comme des chattes sur un toit brûlant. Et moi, parmi toutes ces demoiselles, moi qui jouis de sa déférence, secrètement je leur ressemble. Je me prétendais immunisée pourtant, mais je me trouble secrètement et discrètement je défaillis. Stupide adulte au cœur d’adolescente.

Edwin a sur moi un pouvoir certain et force est d’admettre que mon combat est perdu d’avance. Une part de mon âme me moleste d’être plus forte et je dis « non ». Une autre, lui succombant, pense « oui ». Et une troisième, dans la démesure, déclame sa jalousie à travers une factice indifférence pour la situation. Fadaises. Mensonges. En pratique, je déteste le savoir attendu dans son lit par une nymphe, à mon sens, bien plus belle que moi. En théorie, j’apprécie un peu trop la promenade de ses doigts sur la peau nue de mon dos et je me sens coupable. Coupable de n’être plus éloquente ou plus incisive. Coupable d’être trop sensible à ses sourires, à ses murmures, à ses mains et à ses yeux clairs dans lesquels je me noie à chacune de nos rencontres. Coupable d’avouer sans pudeur qu’il n’a pas totalement tort. Coupable de confesser que je suis femme gourmande, qui en réclame toujours plus lorsqu’il s’agit de lui. Coupable de nous contraindre à cette désagréable conversation alors que j’aurais tôt fait de lui murmurer l’éventualité qu’il prétexte, à son amante, une urgence. Une mauvaise nouvelle qui requiert sa présence, qui lui prendra du temps, du temps qu’il passera avec moi plutôt qu’avec elle, du temps que Lloyd viendrait finalement déranger. Ainsi, tandis qu’il me délaisse, je renonce à mes projets malsains et je confesse les raisons de ma venue : ma discussion de ce matin avec mon frère.

Subtil, Lloyd n’avait posé aucune question directe. Toutefois, il manifestait d’une vigilance suspecte à mon histoire. Il parlait peu de lui et, désinvolte, renchérissait toujours sur les détails de ma soirée. J’en déduis donc qu’il savait alors, j’ai menti. J’ai inventé de toutes pièces une anecdote inspirée de faits réels. Le dragueur maladroit et obstiné qui peine à comprendre qu’il n’est pas mon type d’homme et un chevalier servant pour le chasser de mon espace vital. Je présumai qu’il m’eût cru, mais les enfants Jackson sont dotés d’une incrédulité peu commune. Il chercherait à corroborer mes propos ici même, chez son meilleur ami. Dès lors, avertir Edwin m’avait semblé malin et utile autant pour moi que pour lui. Nous chasserions le doute de l’esprit de Lloyd ensemble et mon honnêteté n’aurait plus jamais à souffrir de sa méfiance. Comment ne pas céder à la panique quand mon partenaire dans cette trahison ronflante ambitionne de divulguer la vérité que je m’évertue à cacher ? Comment ne pas lui rappeler l’enjeu et les conséquences de son regain de courage ou son besoin de sincérité ? Comment ne pas me sentir démunie, désemparée et à peine rassurée d’apprendre qu’il détient entre ses mains la quiétude de mes jours à venir ?

La peur se lit dans mes yeux. Mes pupilles s’écarquillent, s’assombrissent et j’en ai le vertige. Je tourne littérairement en rond à défaut de trouver les mots pour le faire changer d’avis. Je lui laisse donc le temps de la réflexion et je blêmis à l’annonce de sa décision. Il voulait admettre à Lloyd que je l’attirais. Serait-il devenu complètement fou ? « Euh. Tu me prouves définitivement que j’ai des raisons de m’inquiéter pour toi.» le morigénais-je un peu brusquement. Je n’en démordais pas. En dehors du baiser, Lloyd devait tout ignorer. Il doit tout ignorer. Absolument tout. Aucune exception n’est à tolérer ou je m’en irai. Je laisserai mon interlocuteur actuel manquer à ma vie pour me préserver des enquêtes perpétuelles de mon fraternel. Je ne veux pas vivre un enfer. Pas chez moi. « Si tu m’as embrassée, c’était pour me débarrasser d’un mec collant. C’est ce que croit mon frère maintenant et c’est ce qu’il devra continuer à croire demain. » le suppliais de mes grands yeux. En réalité, je n’étais pas certaine de saisir ses motivations et je me pose à nouveau mil et une questions. Des questions trop familières.

Toutes ces interrogations, je me les pose sans cesse depuis ce qui me semble être une éternité. Et plus j’avance, plus elles prennent de la place. Elle me taraude sans rémission et je ne savoure aucune accalmie. Elles sont mes prédateurs et elles volètent autour de moi comme si j’étais leur proie. À moins qu’Edwin soit seul responsable de mon égarement. Je ne le comprends pas. Je ne le comprends plus. À quoi bon introduire dans l’esprit angoissé de mon frère que ses craintes les plus profondes pourraient prendre forme ? Pourquoi lui intimer le désir de me surveiller davantage ? Pourquoi ? Dans quel but ? Que veut-il ? Qu’attend-il exactement de moi ? Je cherche mais je ne trouve pas, comme à l’habitude. Une fois de plus, je suis perdue. Il m’a larguée au bord de la route et ne m’offre aucune chance d’alpaguer le fond de sa pensée. Ces pupilles ne content rien. « Dis-moi, est-ce que tu te rends compte de ce que tu dis ? Tu crois que Lloyd va réagir comment quand tu vas lui dire tout ça ? Parce que, même si je suis certaine que ça part d’une bonne intention, je ne pense pas que ça lui fera autant plaisir qu’à moi, si tu vois ce que je veux dire. » tentais-je pour le raisonner. « C’est cette fille qui te monte à la tête ou quoi ? » Dommage que ma jalousie ne parle plus vite que moi. Dommage également que les murs ont des oreilles.

« J’espère bien que je lui monte à la tête. » scande l’inconnue trop joyeuse à mon goût. Je tremble pour mon avenir et sa bonhomie me saute définitivement au visage. « Tu sais que c’est impoli de mener une conversation sur un palier ? Ça fait plus d’un quart d'heure que vous papotez. Tu devrais peut-être faire rentrer ton amie mon cœur. » Mon cœur ! J’en ai eu un haut-le-cœur. Mon cœur. Mais pour qui se prend-elle ? Et puis, de quel droit décide-t-elle qui est le bienvenu chez Edwin ? Elle n’est pas chez elle après tout. Elle n’est rien de plus qu’une invitée de passage en ces lieux. Du moins, je crois. L’intuition qu’elle pourrait être Jewell se rappelle à mon bon souvenir quand soudain, dans toute sa politesse, alors qu’elle insiste pour que je me joigne à eux et que je proteste, elle juge bon de se présenter. Son prénom résonne comme une insulte, une injure. Je rougis de colère et d’indignation. Pour la seconde fois en deux jours, mon cœur est douloureux. Il saigne d’une plaie ouverte par un coup de poignard. « Enchantée. Mais, je t’assure, je dois vraiment y aller maintenant. Je vous ai déjà pris assez de votre temps. » balbutiais-je quand mes épaules s’alourdissent de quelques fardeaux. La possessivité, la honte, l’affliction, ces sentiments se mêlent les uns aux autres, m’attristent et me paralysent. Dieu comme je prie qu’elle nous laisse encore un peu pour m’accorder la chance de hurler à Edwin tout ce que j’ai mal de la voir là, ici, maintenant, un lendemain.



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edwin f. chester

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MessageSujet: Re: Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R|   Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R| Icon_minitimeSam 28 Avr - 20:40

“ sheena & edwin „

" Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité. "

(excuse moi pour l'attente, je suis impardonnable. mais là, j'ai retrouvé l'inspiration -ce qui n'empêche que c'est nul tout pareil, désolée-).

Edwin était stupide, ou inconscient. Voir possiblement les deux. Il daignait flirter avec la femme qui, aujourd'hui, hantait chacun de ses rêves alors que sa 'copine' attitrée pouvait franchir la porte à tout instant. Et en plus du fait que Sheena était venue le prévenir au sujet de son frère qui pouvait arriver d'un moment à l'autre. Ainsi, il prenait des risques considérables et, pire encore, considérait que le danger rajoutait encore plus de piments à leur histoire qui, déjà, n'en manquait indéniablement pas. Bref, il était plutôt inconscient et sa conduite restait terriblement dictée par ses désirs. Des désirs fous et auxquels seul la belle blonde, actuellement, pouvait répondre convenablement. A cet instant, Edwin aurait tout donné pour la posséder de nouveau, pour pouvoir profiter de ses échanges plus longtemps, pour pouvoir céder à ses caprices de type trop attiré pour que ce soit dénué du moindre sentiment. Il n'aspirait qu'à la prendre dans ses bras, afin qu'elle retrouve la place qui, désormais, lui était due de plein droit. Il ne voulait rien d'autre que de caresser sa peau tendre, de laisser glisser ses lèvres dans son cou, de dévorer sa bouche savoureuse, et de s'endormir à ses côtés pour, au lendemain, lui souhaiter le bonjour en susurrant des mots doux à son oreille. Ses fantasmes ne manquaient pas alors qu'il posait le regard sur elle. Et l'incapacité de les assouvir l'agaçait au plus haut point. Presque autant que ses paroles qui les ramenait inlassablement sur la terre ferme dont ils étaient parvenus à s'échapper en se rencontrant. Trop de logique, trop de raison dans une histoire qui ne transpirait que la folie.
Aussi n'écouta-t-il ses dires que d'une oreille distraite, alors que son sérieux l'inquiétait. Pourquoi tant de stress ? Sans doute Edwin avait-il adopté une nouvelle stratégie de vie en même temps qu'il avait adopté ses grands yeux bleus, néanmoins il ne voyait plus aucun intérêt à mentir. Du moins, pour lui. Et maintenant que Sheena lui rappelait un élément d'importance qu'il avait totalement omis de sa mémoire, il devait bien admettre que son inquiétude était justifiée. Car si Edwin trahissait ses agissements, alors elle ne serait plus l'ange blanc que Lloyd avait toujours imaginé sous les traits de sa jolie frangine. En la voyant, parfois, avec les yeux de celui qui sait, le beau mannequin se demandait comment il s'y prenait pour ne pas se rendre compte de cet aspect prédominant de son caractère. Rien, en elle, ne trahissant la virginité et l'innocence. Au contraire même, elle irradiait la déchéance, ses formes savoureuses et avantageuses n'aspiraient qu'à être saisies et ne serait-ce que son maintien trahissait ses affolantes capacités de séduction. Et pour Lloyd, Sheena n'était rien de tout cela. Bien au contraire même. Quel être aveugle et naïf !

Puis, ce fut au tour de Jewell d'intervenir. Alors qu'Edwin, extérieur au moindre sentiment d'inquiétude ou de stress, admirait la scène d'un œil de spectateur, c'est la panique qui le prit lorsqu'elle franchi le pas de la porte. Loin de lui la crainte de perdre sa copine par telle ou telle inadvertance, il n'en avait cure, finalement, sa seule peur était celle de raviver en Sheena les sentiments qu'il avait eu tant de mal à annihiler la veille. Et cette rencontre était beaucoup, beaucoup trop prématurée. En fait, elle n'aurait même jamais du se produire, Edwin aurait du y veiller bien mieux. Il avait failli à sa tâche, et s'apprêtait à en payer de lourdes conséquences. C'est pourtant d'un ton jovial que Jewell se présenta, invitant même la demoiselle à pénétrer chez Edwin comme si, finalement, cet appartement était le sien. Etait-ce là un moyen d'affirmer haut et fort sa possession ? N'importe qui aurait pu voir en cette 'invitation' quelque signe pour la rabaisser, Edwin, toutefois, connaissait trop Jewell pour s'y laisser prendre. Cette femme était simplement un ange, la plus généreuse et la plus tendre qu'il n'ai jamais fréquenté de toute son existence. Et c'était sans doute ce contraste flagrant avec les autres demoiselles qui défilaient dans son lit qui l'avait poussé à offrir plus à Jewell, un 'plus' auquel aucune avant elle n'avait véritablement eu le droit. Aujourd'hui à nouveau, elle lui prouvait à quel point c'était mérité. Non, plutôt, a quel point elle méritait mieux !
Alors que Sheena bataillait pour refuser cette invitation courtoise, Edwin ne tarda pas à voler à sa rescousse. Il était exclu, même pour lui, fanatique de jeux, de se retrouver dans la même pièce que ses deux plus ferventes maîtresses, d'autant que leur sujet restait quelque chose de très personnel. Et c'était sans compter sur l'arrivée de Lloyd qui promettait d'être imminente. En soi, trop de rebondissements dans une histoire trop complexe pour être suivie convenablement. Trop complexe en tout cas pour que Jewell y mette son grain de sel. « Tu es adorable, mais elle allait partir. C'est inutile. Rentre, je te rejoins de suite, je n'te ferais pas attendre plus longtemps. » Il ne tarda pas à lui sourire, agrémentant ses salutations d'une tendre caresse sur sa joue. Une douceur qui ne s'avérait pas dénuée de la moindre mauvaise intention... Au fond, lui même ignorait si ce geste n'avait pour but que de la forcer à rentrer, ou bien s'il nourrissait en son sein l'espoir vain de faire naître dans l'esprit de Sheena une douce jalousie qu'il aurait vu comme une victoire. Jewell acquiesça, lui glissa un baiser sur le coin des lèvres, puis salua la demoiselle d'un signe de la main avant de refermer la porte derrière elle.

Edwin se permit un soupir, tantôt de soulagement, tantôt d'une crainte inavouée mais qui forçait son coeur à s'emballer secrètement. Il craignait la réaction de Sheena à cette rencontre forcée tout autant que son énervement, et il avait bien peur que ses efforts de la veille ne soient détruits par cette courte discussion. Aussi, il ne lui laissa pas même le temps de parler, avant d'enchaîner, soudainement plus sérieux et concentré qu'il ne l'avait été depuis le début, appuyé contre le mur. « Écoute Sheena, c'est d'accord, je ne lui dirais rien et je coordonnerais mes dires aux tiens. Mais n'oublie pas que je connais Lloyd aussi bien que toi, et que j'ai aussi conscience des risques. » Vu l'inquiétude et l'incompréhension qu'il lisait dans le regard de la belle qui lui faisais face, il était utile d'ajouter cette légère précision. En effet, il n’omettait rien du risque qu'il encourrait de voir son amitié détruite, mais après maints réflexions, il devait bien admettre que bien qu'il ne soit pas capable de se passer de l'un ou de l'autre des Jackson, il était désormais encore plus impensable de s'imaginer continuer à vivre sans pouvoir plonger son regard dans celui de Sheena. Ah, il le savait, qu'une histoire de fille allait encore briser sa seule et unique amitié. Mais ... quelle fille ! Alors qu'il aurait pu le lui expliquer avec forts détails, il se retint, conscient qu'elle n'avait aucunement à connaître ses sentiments. « Cela n'empêche pas que j'apprécie sa soeur, et qu'il finira bien par le savoir, parce que soyons honnêtes, nous n'avons pas seulement été. » Un sourire discret et énigmatique ne tarda pas à venir prendre sa place sur son visage, alors qu'il mesurait dangereusement ses propos. En disait-il trop ? Pas assez ? Edwin n'avait jamais été accoutumé à se livrer, et à ses yeux, cela relevait d'une première. Aussi était-il inquiet au plus haut point, et incapable de faire briller dans son âme cette confiance inébranlable dont il se targuait. « Ce n'est qu'une question de temps et je ne lui mentirais pas sur ce qui me regarde moi, et uniquement moi, autrement dit sur mes sentiments. C'est inutile, il finira par l'apprendre et je préfère que cette dure révélation vienne de moi plutôt que d'un autre qui nous surprendra. Car je n'ai aucunement pour intention de me cacher, pas plus que de ne pas te revoir. » Là, il en disait clairement trop. « Ton secret sera bien gardé, Cendrillon. Maintenant file, avant que ton frère ne te croise. » Évidence qu'il accompagna d'un haussement de sourcil provocateur, avant qu'il ne la prenne contre lui et qu'il croise ses lèvres dans un baiser charnel et passionnel. Geste qu'il poursuivit tout en laissant flirter sa main le long de son dos, avant de la glisser de nouveau délicatement sous son tee-shirt. Leur deux corps, serrés, transpiraient une alchimie évidente, et Edwin, prenant le contrôle le plus efficace sur cette jeune femme, l'obligea à tourner pour l'acculer contre le mur. Jewell attendait dans la salle à côté, Lloyd ne tarderait sans doute pas. Et pourtant... « Enfin, si tu en es capable. » glissa-t-il, joueur, tout contre son épaule, alors que sa bouche, délectable, mordillait délicatement son cou. Ce jeu le tuerait.
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Sheena T. Jackson

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MessageSujet: Re: Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R|   Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R| Icon_minitimeMer 2 Mai - 22:11




Edwin & Sheena

« Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité »



Jewell, elle n’est pas simplement charmante. Elle n’est pas non plus uniquement dotée d’un physique à faire pâlir le commun des mortels. J’aurais aimé pourtant. Cachée dans mes draps, je l’ai même secrètement espéré. Je l’ai imaginé jusqu’à rejoindre les bras de Morphée. Mais non. Il a fallu qu’elle approche la perfection. Elle se devait d’être aimable, courtoise et raffinée que je n’aie rien à lui reprocher, rien à détester concrètement autrement que par jalousie. Cette jalousie trop tangible qui me hurle de m’enfuir quand je lutte pour refuser poliment son affable invitation. Cette jalousie qui alourdit mon estomac d’une sinueuse inquiétude. C’est un trou béant dans ma poitrine et mon cœur cesse de battre un instant. Il rate même quelques battements

Dans le couloir de cette appartement du quartier huppé de Phoenix, je m’éteins. Je ne suis plus qu’une ombre incertaine, une silhouette vieillie sans contours. Une fresque usée aux couleurs délavées par le soleil. Un soleil qui, à ma décharge, m’a ébloui de sa présence durant des semaines. Son assurance aveugla ma méfiance et j’ai chu. Plus candide qu’à l’habitude, j’ai chu de toute ma hauteur et maintenant, j’ai peur. J’ai peur d’être obligée, par politesse, de côtoyer leur apparent bonheur du fauteuil de son salon, peur d’entendre se briser mon cœur en mil éclats, peur d’être incapable de dissimuler mon désarroi derrière un factice sourire puisque devant ce couple trop bien assorti, ma solitude pèse lourd sur mon estomac. Ils sont deux, je suis seule et j’ai mal. J’ai mal à en crever d’être, comme toutes les maîtresses, la cinquième roue du carrosse.

Je ne méritais pas ça. Je ne méritais pas d’être confrontée à la douceur d’une caresse sur la joue de la plus légitime des concubines qui, inconsciente de la douleur qu’elle fomente, embrasse tendrement sa moitié présumée. Sans doute vais-je trop vite en besogne et peut-être même les marierais-je trop tôt. Après tout, il n’est pas si rare qu’Edwin égare quelquefois sa fidélité dans mes bras. Néanmoins, m’accrocher à cet infime espoir d’être davantage qu’un divertissement pour le beau mannequin ne suffit pas à taire ma souffrance. Aussi, je prêche le faux pour réfuter ce « vrai » trop équivoque qu’il veut révéler à mon frère. Pourquoi ? Je l’ignore complètement. La situation m’échappe. Ma vie tout entière part à vau-l’eau.

Bientôt, quand la demoiselle s’éclipsera, quand elle reprendra ses droits dans l’appartement du jeune homme, je serrerai les dents pour ne pas hurler. Je fermerai les paupières pour ne pas le fusiller du regard. Je crisperai les poings pour m’éviter le pathétique d’une crise de colère en écrasant mes menottes contre son torse. Je n’ouvrirai la bouche que pour le saluer et m’assurer qu’à défaut de m’aimer, il veillera à ne pas détruire ma couverture. Et enfin, je tournerai dignement les talons pour m’effondrer dans ma voiture où je jurerai, à des kilomètres de son appartement, qu’on ne m’y reprendra plus, que cette fois, je respecterai l’astreinte de demeurer loin de lui. Très loin. Assez loin pour que mon cœur oublie qu’il a failli l’aimer comme une romantique héroïne de Shakespeare, qu’il l’aime peut-être déjà, mais que je refuse de comprendre.

Je refuse quelque évidence aux supplications de mon palpitant. Car je ne doute pas que, battant la chamade, il s’insurgera, qu’il m'implorera de pardonner les erreurs inconscientes d’Edwin. Après tout, la norme de tout couple n’interdit rien des rencontres d’après-midi malgré les ébats charnels avec une autre quelques heures auparavant. Sauf que pour moi, le problème se joue là. Précisément dans ce mauvais tour du destin que lui en soit capable et pas moi. Pardonner n’est pas une option. Pardonner, c’est accepter que je lui appartienne sans qu’il l’ait voulu, sans que je l’aie véritablement décidé.

Un soupir, une intrigante révélation et je deviens poupée de chiffon ou ballerine de boîte à musique remontée à la clef. Une marionnette de bois animée par sa stricte volonté. Il tire les ficelles et je m’anime. C’est aussi simple que compter jusqu’à trois. Je le mépriserais pour ce pouvoir qu’il a sur moi, sur cette manie d’attiser ma curiosité et de me perdre entre non-dits et discours laconique. Car, une fois de plus, je suis complètement perdue. Hypnotisée, certes, mais néanmoins perdue. Qu’essaie-t-il de dire exactement ? Se sent-il obliger de rappeler ô combien il m’apprécie ? Cherche-t-il à se racheter pour cette fausse faute qui n’existe que pour moi ? A moins d’avoir sciemment provoqué cette rencontre assurément fortuite – Honnêteté est de l’admettre – il ne me doit rien, alors, à quoi il joue ? Et que dois-je entendre de ce verbiage imprécis ? Se cache-t-il un message derrière son impénétrable sourire ? Et ses yeux, qu’exprime-t-il exactement ? Quel secret peut bien dissimuler ce regard singulièrement indéfinissable ?

Dieu qu’il me fatigue. Je suis si lasse d’avoir à me battre pour saisir le fond de sa pensée, de crainte de me méprendre sur le sens exact des mots qu’il lui prête. Moi, j’aspire à plus de clarté, à moins de non-dits. Je ne veux plus de ces révélations à mi-mots du tantôt nous étions et du tantôt nous sommes. Mais que puis-je y faire ? Dois-je le brûler ou me fâcher ? Dois-je exiger qu’il troque ses explications confuses pour de francs éclaircissements ? Certainement pas. Il se braquerait et je n’en serais pas plus avancée. Qu’ai-je à récolter si ce n’est davantage de frustration ?

Alors, j’écarquille les yeux. Je soupire en hochant négativement de la tête jusqu’à ce qu’il ajoute que l’expérience de la veille était la première d’une longue série. Il veut me revoir, mais, cette fois, sans se cacher. Et moi dans tout ça ? Je n’ai pas le droit au chapitre ? Je n’ai pas mon mot à dire ? Je suis juste bonne à répondre à ses caprices si, d’aventures, mon frère ne s’y opposait pas ? En croire Lloyd capable est une vilénie. S’il voulait me sortir de sa vie lentement, sans perte et fracs, le mannequin ne s’y prendrait pas autrement. Aussi, j’haussai un sourcil et piétiner nerveusement le carrelage de la pointe de mon pied. Il m’agaçait. Il m’irritait, mais je n’osais pas protester. Si j’ouvrais la bouche, il devinerait ces maussades émois qui s’insinuent en moi depuis la douceur de ses gestes à l’égard de sa petite copine. Et, entre nous, plutôt mourir que de satisfaire son égo.

Je m’apprêtais donc à suivre son conseil pour m’enfuir quand, audacieux, Edwin m’attira contre lui pour goûter à mes lèvres précédemment serrées. Mes mains, instinctivement posées sur son torse, remontèrent alors jusqu’à ses épaules pour le repousser. M’embrasser, maintenant, en pareilles circonstances, sa copine l’attendant toujours, m’embêtait profondément. Néanmoins, grisée par ses doigts sur ma peau nue, je n’ai pas trouvé la force de nous éloigner et j’ai cédé sous son contrôle. Je me laissai acculer contre le mur, humant son parfum capiteux et me noyant dans ses grands yeux. Ma faiblesse me perdra. Le goût du risque aussi. Le besoin d’exister également.

Si, par sa bouche à mon cou, je peine à retrouver mon souffle. Si, les paupières closes, mes dents meurtrissent mes lèvres, je ne relève pas son défi. J’abdique avant la bataille pour le pouvoir. Ou du moins, je ne réponds pas exactement au jeu qu’il initie. Capable de partir, je le suis vraiment pour redouter sincèrement l’arrivée de mon frère. Cependant, contrariée par la présence de Jewell dans sa chambre, motivée par ma possessivité et muée par le désir d’être unique, je laisse mes paumes voguer jusqu’aux boutons de son pantalon. Chevronnée, je les défais un à un sans scrupule, avant de rappeler à son bon souvenir les propos presque similaires qu'il scanda la veille : « Tu aimes le danger autant que moi visiblement. Que ta copine soit là ne te gêne pas. Et puis, visiblement, tu as l’intention de révéler je ne sais pas trop quoi à mon frère alors, pourquoi attendre finalement ?» chuchotais-je fébrilement. « Si tu n’as pas l’intention de nous cacher et si tu veux son approbation, alors, il y en a une de trop Edwin. » Et cette fois, je l’ai légèrement poussé. Sans brusquerie, juste pour qu’il lise que ma requête n’est pas seulement un jeu de pouvoir, mais une nécessité, parce que j’en souffre et qu’il pourrait le constater par lui-même s’il s’attarde à se mirer dans les miroirs de mon âme. Ils ne recèlent plus que tourments à présent. « Dis-lui de partir Edwin. Dis-lui de s’en aller et tu pourras faire de moi tout ce que tu voudras, qu’il s’agisse de toi ou de mon frère. »

Je touchais des doigts l’insolence et, non contente d’être un frein au bonheur amoureux de cette femme bien que mécontente d’être ce que je haïssais la veille, je m’attaque à sa petite amie bien plus à plaindre que moi. N’est-ce pas elle la cocue ? La femme trompée ? L’amoureuse bafouée ? N’est-ce pas elle qui, abandonnée dans l’appartement, s’interroge sur les réelles occupations de son compagnon sur le palier avec une autre ? Je ne veux pas lui faire de mal. Du moins, pas vraiment. Je veux juste me rassurer.

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edwin f. chester

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MessageSujet: Re: Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R|   Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité |R| Icon_minitimeSam 5 Mai - 19:07

“ sheena & edwin „

" Débarquer à l'improviste, c'est la confrontation obligatoire avec la réalité. "

Trop de désirs, trop de folies, trop de passions pour l'aventure et le danger l'avait poussé à l'acculer ainsi contre le mur, à sentir de nouveau la douceur de sa peau tout contre sa bouche alors qu'il s'autorisait le droit de mordiller délicatement son cou. Cette femme l'avait séduit, et il ignorait encore par quel tour de magie elle s'était ainsi immiscée dans son coeur pour s'en déclarer seule propriétaire. Cette femme était divine. Par quelques paroles, quelques gestes délicats, quelques ambiguïtés, elle s'était offert le luxe de faire pâlir Edwin et de l'obliger implicitement à mettre toutes ses belles promesses au placard. Et c'était sa fierté qu'il avait ainsi enterré dans un lieu qu'il ne savait retrouver depuis, entièrement dévoué à cette femme inoubliable qui hantait ses songes. Là, tout contre elle, sa bouche contre sa peau et son appartenance enfin criée au monde, il se sentait mieux que jamais. Il ne possédait à cet instant d'autre évidence que celle qui s'était inscrite en lettres de feu dans son esprit : sa place était là, tout contre elle - non ! - avec elle. Il n'était pas simplement question de sexe et de plaisir. Il y avait entre eux une alchimie évidente et palpable, un air féerique qui murmurait à son oreille, provocateur, qu'il ne saurait plus se passer d'elle. Elle ne pouvait être autre chose qu'une magicienne, ensorcelant son coeur, y faisant naître des sentiments qui jusqu'alors n'avaient jamais réussi à percer cette carapace dont il s'entourait depuis l'enfance comme simple protection face aux déceptions d'un monde impitoyable. Elle s'était joué de ce mur qui était devenu indestructible, s'était amusée de ce coeur entièrement vierge de la moindre émotion, et comme si rien ne l'avait empêché d'atteindre son but, elle y avait apposé son drapeau. Et désormais, il flottait haut, tout en couleurs, et plus personne ne serait probablement capable de l'y retirer. C'était fini. Cette femme était à lui.

Finalement, Jewell n'avait plus la moindre valeur. Avant que Sheena n'intervienne ainsi dans son existence pour tout bousculer sur son passage tel un ouragan non dévastateur mais créateur, Edwin avait fini par croire que c'était avec Jewell qu'il ressentait les sentiments s'approchant le plus de la véritable affection. Aujourd'hui qu'il la connaissait réellement, il se rendait compte de sa lourde méprise. Une méprise qui avait failli lui coûter un engagement qu'il aurait regretté, aujourd'hui. Heureusement, il n'avait jamais caché à sa copine qu'il continuait à voir d'autres femmes et qu'elle ne possédait certainement pas l'exclusivité sur son corps, ou bien il aurait réellement regretté son choix. Edwin ? En couple ? Non, il n'était pas homme à tirer un trait sur sa liberté et à s'emprisonner dans une idylle qui, tôt ou tard, prendrait fin en causant avec sa perte des souffrances indélébiles et intemporelles. Pourquoi risquer de souffrir ? Par ailleurs, il n'avait pas le moindre espoir quand à un potentiel avenir avec Sheena. Il aurait tant aimé, pourtant.. Mais il n'était pas naïf, et il y avait tant d'oppositions entre eux qu'ils ne sauraient jamais s'afficher tel un couple moderne et convenable, d'autant qu'ils étaient des êtres bien trop marginaux pour risquer de s'enfermer mutuellement dans un malheur certain qui ne tarderait pas. Ils aimaient bien trop le danger, l'aventure, l'incertitude pour tout perdre si bêtement. Et leur liaison semblait à Edwin tellement plus jouissive en ajoutant l'interdit et les innombrables risques qui rôdaient au dessus de leur tête.. Et pourtant, c'était bien lui qui voulait tout dévoiler à Lloyd. Mentir ne lui posait aucun problème majeur. Néanmoins se cacher n'avait jamais véritablement fait partie de ses habitudes, et il n'avait jamais laissé sa vie sous le contrôle d'un autre. Ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait commencer..

Alors qu'elle semblait répondre à sa tendresse et affirmer ce qu'Edwin savait déjà, à savoir le fait qu'elle ne saurait lui résister, c'est un sourire satisfait qui prit place sur son visage. Il y avait quelque chose de rassurant dans le fait qu'elle soit tout autant incapable que lui de ne pas succomber à ce désir imparable qui s'emparait de son être lorsqu'il se trouvait en sa compagnie. Un désir affolant de véracité et qui prenait le contrôle tout entier de sa raison. Aussi lorsqu'elle prit la parole, il n'eut aucun doute quand on contenu de ses propos. Et pourtant, c'est la surprise qui se nicha sur ses jolis traits, une surprise qui l'obligea à se décoller à regret de cette peau qu'il avait appris à apprécier chaque jour un peu plus. Une surprise qui le fit reculer, même, presque de lui même alors que le rejet de Sheena s'avérait parfaitement peu nécessaire. Sa demande était des plus audacieuses. Peut-être trop. Elle exigeait de lui qu'il n'accorde plus la moindre attention à Jewell, qu'il l'oblige à quitter ses draps pour vaquer à d'autres occupations dans le seul but de s'occuper de Sheena. Elle ordonnait la main-mise sur son être. Une main-mise qu'il n'avait jamais offerte à quiconque, et qu'il n'était réellement pas près de céder à qui que ce soit. Il tenait trop à sa fierté surdimensionné, à son égo démesuré, à sa liberté et à son indépendance qu'il avait acquis avec le temps et qui constituait sa plus grande arme. Non, il ne saurait s'en passer pour qui que ce soit. Encore moins pour Sheena. Et le simple fait qu'elle exige de lui cette chose qu'elle savait parfaitement improbable, simplement car elle le lui avait demandé, lui restait incompréhensible. Peut-être était-ce la sa manière bien à elle, sadique au possible, de s'extirper de ses bras. Ou peut-être pensait-elle vraiment que s'il se passait de Jewell, elle lui serait enfin toute entière acquise. Cette simple perspective était alléchante, mais Edwin ne prit pas même la peine d'y réflechir. L'ordre était de trop. La supplication n'aurait pas fonctionné, de même. En soi, cette action méritait réflexion, et il tenait trop à sa fierté pour se laisser dicter ses actes.

Loin d'elle, plus rassuré de n'être plus dans soumis à cette attraction qu'elle exerçait sur lui que le contraire, aussi surprenant cette certitude soit-t-elle, Edwin reboutonna les boutons de son pantalon. Son incapacité à lui offrir ce qu'elle exigeait était ainsi évidente. La négation qui s'en suivrait était inscrite sur son visage. Non, elle le savait parfaitement, elle le connaissait bien mieux que ce qu'elle semblait croire et cet espoir ne pouvait être réaliste. Il aurait fallu être naïf pour y croire. Sheena ne l'était pas. C'est d'un ton serein mais sincère qu'il lui répondit, plongeant son regard dans le sien, ne se défilant pas devant des exigences justifiées. « Je n'ai pas besoin de l'assentiment de ton frère au sujet de quoi que ce soit. Je fais ce dont j'ai envie, tout le reste n'est que futilité. Et surtout, je ne me laisse pas dicter ma conduite. Par aucun des deux Jackson. » Il laissa un sourire hanter ses traits, se rapprocha d'elle pour déposer une délicate caresse sur sa joue. C'était fini le temps où il jurait de ne jamais faire d'elle une de ses maîtresses, c'était fini le temps des illusions où il criait haut et fort que les sentiments ne l'attendraient jamais. C'était fini ce temps où il pouvait être fier de ne compter pour personne. Sheena avait, de part sa supériorité indiscutable sur le commun des mortels, révolu ce temps à elle toute seule et fait entrer Edwin dans une nouvelle ère. Sans doute le savait-elle. Peut-être pas. C'est dans un murmure qu'il lança, sa main toujours sur le joli visage de sa maîtresse. « Ce fut un plaisir de te voir, Sheena. A bientôt. » Il s'écarta d'elle, incapable de se résoudre à lâcher son regard. Il se fit pourtant violence.. Et il ouvrit la porte, délaissant, seule sur le palier, la femme qui avait si fortement imprégnée son être Il allait retrouver Jewell. Il allait retrouver celle dont il se fichait éperdument, dorénavant, en laissant son coeur dans le couloir. Et il savait aisément que sa copine n'aurait plus jamais la même saveur.
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