Personne ne peut discerner les pensées cachées. (Maxence)

L’Homme s’ocroit le droit de mettre des œillères sur ce qui le blesse. De son orgueil incommensurable, il nie avoir des faiblesses et se persuade qu’il est aussi invincible que les plus grands héros chimériques dont ils ont appris l’existence. De leur regard hautain, ils se gardent bien d’avouer penser détenir le pouvoir. Ils taisent cette impression de force qu’ils détiennent dans ce monde, comme détenteur du bien-être d’une humanité qui ne jouit plus que par sa décadence. Le monde s’écroule sous le poids de leurs péchés et leurs orgueils. La jeunesse se meurt dans les effluves de l’alcool et s’enlisent dans la luxure. Elle se perd dans la paresse et est enrôlée dans sa perdition. Le monde se meurt et nul ne le voit, trop absorber par l’utopique univers qu’ils se sont tous créer, bande d’ignares acharné à se voiler la face. Et dans cet amas de gens détestablement fier, perdu dans cette jeunesse décadente, certains voit le monde comme il est : vacillant entre l’enfer et le paradis. Aussi doux que cruel. Aussi somptueux qu’affreux. Et aussi putride que merveilleux. Toutefois, dans ce petit groupe encore, se trouve Rhett Hawtorn. Âme brisé, tu ne crois pas en la beauté du monde, tu lui voue une haine incompréhensible et il n’est plus utile d’exprimer à quel point tu te détruis à force de n’apprécier personne.

Personne à part Maxence, qui, d’ailleurs, aurait pu tout avoir d’un homme si elle n’était pas affublée d’un corps de femme. Si tu l’avais rencontré, c’était uniquement parce qu’elle dealait et que ton besoin irrépressible de quitter quelques heures le monde horrible dans lequel tu vivais était devenu tellement grand que, lorsqu’Hannah t’avait quitté, tu n’avais pas tardé à t’enquérir de ses substances. Tu n’avais jamais sur réellement exprimé ce qui te poussais à toujours faire appelle à elle lorsque tu avais besoin de quelque chose. Sans doute l’appréciais-tu. C’était même sur. Mais tu t’évertuais à simuler de ne pas pouvoir supporter sa tête d’ange chaque fois qu’elle t’apparaissait. Et si elle n’avait jamais dit t’apprécier non plus, elle avait exactement le même comportement avec toi. Te laissant toujours dans le doute, oscillant entre l’envie de songer qu’elle t’appréciait un peu aussi et celle d’imaginer qu’elle te détestait tout simplement.

Et malgré ce simulacre de relation que vous entreteniez, aujourd’hui encore, tu n’avais pas manqué de faire appel à ses ‘’pseudo-services’’, en lui donnant rendez-vous dans cette ruelle (trop) habituelle alors que le soleil ce couchait. Seulement, tu commençais sérieusement à t’impatienter devant le manque de ponctualité de ta fournisseuse. Certes tu étais loin d’être un model de perfection mais tu arrivais – généralement – toujours à l’heure et les gens qui arrivaient avec plus d’une demi-heure de retard t’insupportait. Que ce soit Maxence, ou non. Pourtant, tu profitas de son retard pour réfléchir à la façon de lui dire que, cette fois – encore- tu n’avais pas l’argent pour ce qu’elle allait te donner. Ou est-ce qu’un sans-emploi habitant dans un appartement inoccupé depuis des années ne payant donc aucun loyer pourrait trouver l’argent pour payer ce genre de trucs ? Bonne question. Il te fallait vite trouver un moyen de payer Max. Et en attendant, trouver également une excuse pour qu’elle accepte de te donner sa marchandise sans réclamer son du. Ce qui, tu le savais fort bien, ne serait pas chose aisée. Elle était bien trop intraitable pour cela.

Puis, finalement, tu vois son ombre jouant avec l’irradiant soleil couchant, ses pas qui claquent sur les pavés de la ruelle qui n’inspirerait rien de bon à personne. En vérité, tu n’aimes pas trop ce lieu non plus, mais tu le sais tranquille, et tu veux la paix. Sitôt que tu vois son visage entrer dans son champ de vision, tu ne peux réprimer un sourire carnassier. « La ponctualité, c’est pas ton fort, hein ? » Marmonne-tu peu amène.

Rhett Ҩ Maxence

« Parce que c’est ce que font les gens. Ils se jettent. En priant le ciel de les faire voler. Vu que sans un miracle on est sûr de se ramasser en beauté. Alors on se demande, tout le temps que dure la chute : « Bon sang, qu’est-ce qui m’a pris de sauter ? ». »

J’écrase ma cigarette dans le cendrier qui traine par terre dans mon appartement. Je regarde mon reflet dans la fenêtre – miraculeusement – propre : une espèce de tshirt gris immense, qui tombe en robe, ma veste en jeans par-dessus, mes cheveux attachés à la va-vite… Je ressemble à ce que je suis : personne, rien. J’enfile ma paire de Doc Martens et je me rappelle que je dois aller livrer de la drogue à Rhett. Je regarde l’heure sur mon portable, je suis déjà en retard. Merde. J’attrape mon sac, le jette sur mon épaule et sors de mon appartement.
Là, je sursaute ; quelqu’un se tient en face de moi, ce quelqu’un est une junkie qui ne me lâche plus, elle veut de la drogue, j’ai juré de ne jamais rien lui donner, parce qu’elle ne m’apporterait que des emmerdes, je le sais très bien. Je lève les yeux au ciel. Comme si j’étais pas suffisamment en retard. « Maxence, s’te plait. » « Lâche moi, j’suis en retard. » je râle. Je la pousse contre le mur, elle est tellement défoncée qu’elle tombe. J’en profite pour m’éclipser. Je m’interroge alors sur ce phénomène qui fait que dès qu’on est en retard quelque part, il arrive forcement quelque chose pour vous mettre encore plus en retard ; cette junkie est mon phénomène.
Je souris, en allumant une cigarette, mon phénomène est une junkie. Finalement, dans ce monde de merde qui tire à sa fin ce n’est pas surprenant… Je fais partie des personnes lucides, celles qui savent. Celles qui savent sont celles qui vivent dans les rues, qui voient le monde tel qu’il est : vil, cruel, malsain, méprisant, sans moral. Le monde est comme moi… Ou plutôt je suis comme le monde. J’ai appris à m’adapter à lui ; pour survivre. Dans la jungle de la rue, les plus faibles se font bouffer. J’ai toujours détesté être une faible, je n’ai jamais admis l’échec et jamais je ne laisser quiconque prendre le dessus sur moi.
C’est grâce à ça que je suis toujours en vie, moi petite blondinette qui traine dans les rues la nuit au milieu des gens sans foi ni loi. C’est pour ça que je suis une bonne dealeuse, aussi. Les gens le savent. Rhett le sait. Merde, Rhett. Je regarde une nouvelle fois l’heure pendant que je marche sans me presser, ma clope entre les lèvres, vers le lieu de rendez-vous habituel ; je suis toujours en retard.
Pendant que continue ma route, suivie par la soleil couchant, j’essaie de voir quelle excuse je pourrais sortir à Rhett pour être en retard. Et puis je me souviens que si je le vois, c’est parce qu’il a besoin de drogues et que c’est moi qui vais la lui fournir, donc il n’est pas en position de se plaindre de mon retard. Un petit rire s’échappe de ma gorge et je lâche ma cigarette finie, pour l’écraser avec la semelle de ma chaussure.
Je finis par arriver dans la ruelle, ou Rhett m’attend déjà, je devine que mon retard l’a quelques peu – beaucoup – agacé. Mais je m’en fiche complètement : j’ai la drogue.
« La ponctualité, c’est pas ton fort, hein ? » J’ai envie de sourire mais je ne le fais pas. Je le regarde. « Ta gueule. » Je ne prends jamais de gants pour parler et je n'ai pas peur. « Je te signale que t’as besoin de moi, là. alors je serai toi, je la ramènerai pas trop, sinon je me casse. » je lâche.
J’allume une nouvelle cigarette avant de lever la tête vers lui. « Tu en veux pour combien ? »

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Maxence Wellington était une bouée de sauvetage. Elle représentait ton seul raccord avec une pseudo-humanité que tu n’avais plus. A elle seule, elle était l’espoir vain, la porte de sortie inatteignable et le bourreau. Avec ses mots crus et sa façon d’être, elle était bien la seule que tu supportais un tant soit peu, sans jamais l’avouer toutefois, parce qu’évidemment, le lui dire aurait été trop facile. Tu n’étais pas vraiment tu genre à parler de ce que ressentait vis-à-vis de quiconque, qu’il se soit agit d’amitié ou d’amour. « Ta gueule. » Tu esquisses un sourire amusé devant sa vive réaction. Typique de Maxence, de toute façon , rien ne te surprends plus venant de sa part. Il faut l’avouer, elle demeure un véritable mystère. Avec un comportement semblable parfois à bien des hommes et son corps de femme fragile, elle représentait l’équilibre vacillant entre la douceur et la violence. Une énigme et un paradoxe à elle seule. « Je te signale que t’as besoin de moi, là. Alors je serais toi, je la ramènerai pas trop, sinon je me casse. » Te lâche-t-elle avec dédain. Tu retiens le nouveau sourire que tu voudrais avoir devant son ton habituellement brusque. Avec un regard toutefois suintant l’amusement, tu ne peux t’empêcher de lui répondre. « Heureusement pour toi, tu n’es pas moi. » Maxence à ta place … la bonne blague. Ou pire, n’importe qui à ta place. Tu plaignais le pauvre innocent qui plongerait dans ton monde tourmenté, tient ! Elle y comprit. Elle avait beau avoir un tempérament de feu, dans ton enfer personnel, elle serait vite écroulée. Comme toi, sans doute, d’ailleurs.

Rapidement, elle en vient au fait, il n’a jamais été du genre de Maxence de tourner autour du pot et si, d’habitude, ce comportement te plaît, pour ce coup là, tu avoue quémander un peu de répit et de réflexion avant de devoir lui fournir une explication bidon pour marchander. Trop tard pour toi toutefois, car elle t’a déjà balancé un : Tu en veux pour combien ? » Ton visage n’exprime rien mais dans ta tête, c’est déjà la moment de se prendre des claques dans la gueule, il faut dire que, tu as beau avoir eut de l’avance, tu te retrouves au pied du mur lorsque tu te rends compte que, finalement, tu ne sais pas comment aborder le fait que tu n’as pas d’argent à lui passer. Et t’as l’espoir fou qu’elle acceptera de te faire une avance, ou qu’en lui payant un verre sa passera. Dans le fond, t’est un peu près à tout pour récupérer ne serait qu’une petite dose de n’importe quoi qui te ferait oublier l’espace de quelque heure. N’importe quoi. Et c’est ça qui est grave dans le fond, tu sois tellement prêt à tout. Pauvre con. « A propos de ça, justement … » Tu marques une pause, non pas parce que tu es gêné de la situation, à vrai dire, tu t’en branles totalement, seulement, tu cherches la tournure de phrase qui emmerdera le moins Maxence, histoire de la brosser dans le sens du poil quoi. « Y a moyen d’avoir une avance ? T’sais que je te donnerais l’argent, de toute façon … » Dis-tu d’une voix clair que tu veux assuré. Tu hésitais à lui dire que tu étais quelqu’un de confiance mais tu préfères évité, ça aurait été un pitoyable mensonge.

Rhett Ҩ Maxence

« Parce que c’est ce que font les gens. Ils se jettent. En priant le ciel de les faire voler. Vu que sans un miracle on est sûr de se ramasser en beauté. Alors on se demande, tout le temps que dure la chute : « Bon sang, qu’est-ce qui m’a pris de sauter ? ». »

Personne ne cherche jamais à me connaitre. Et dans le fond, il faut bien que je reconnaisse que ça m’arranger. S’intéresser à la vie de Maxence Wellington n’est pas forcement la meilleure chose à faire. A moins que vous soyez un drogué. Ou un bon coup. Ou les deux à la fois. dans ce cas, je serai ravie de vous rencontrer, vous vous en doutez.
Mais en l’occurrence, j’avais toujours fait en sorte de ne pas tout mélanger. J’avais toujours trouvé les gens qui disaient « ne pas mélanger le travail et la vie privée » ridicules. Mais finalement, ils n’avaient pas tort.
Je me demandais comment faisaient les prostituées, puisque les deux étaient clairement mélangés… Il faudrait que je me renseigne sur le sujet.
Je reprenais mes esprits. Je me trouve devant Rhett qui gueule parce que je suis en retard. Je ne m’excuse pas, déjà parce que je ne m’excuse jamais de rien, ensuite parce que j’en ai complètement rien à foutre d’être en retard et enfin, parce que je n’ai pas envie de m’excuser auprès de Rhett. Même si je l’aime bien au fond.
Oui, j’aime bien Rhett, il est sympa… à sa façon, certes ; mais pour moi c’est suffisant. Je n’aime pas les gens simples, je n’aime pas les gens niais et normaux, Rhett n’est rien de tout ça. Alors il me plait bien. Je ne le dirai jamais à haute voix (ou alors ça voudra dire que je suis très loin d’être clean, donc ça ne comptera pas) et je continuerai inlassablement de lui gueuler dessus quand il me reprochera d’être en retard.

J’entre dans le vif du sujet. Je ne vois pas pourquoi je tournerais autour du pot ; lui comme moi savons très bien pourquoi nous sommes là. Et j’ai envie d’aller boire un verre. Enfin non, j’ai envie d’aller boire jusqu’à ne plus me souvenir de mon prénom. Alors même si j’aime bien Rhett, j’ai envie que ça aille vite.
« A propos de ça, justement … » il lâche. Je sens tout de suite le vent tourner : j’ai des années de deals derrière moi, et je sais très bien ce qu’il va se passer. En plus je connais assez bien Rhett, ce qui me facilite la tâche quant à deviner la suite de cette conversation. Je lève déjà les yeux au ciel, pour exprimer un mécontentement que je n’éprouve pas, parce que j’ai vécu cette scène des milliers de fois ; mais pour le principe, donc, je lève les yeux au ciel.
Je tourne ma tête vers lui et attends la suite. « Y a moyen d’avoir une avance ? T’sais que je te donnerais l’argent, de toute façon … » Je secoue légèrement la tête négativement. « C’est la combientième fois que tu me fais ce coup là, sérieux. » J’ai envie de sourire, parce que cette situation m’amuse au fond, je vois bien que Rhett est en manque et je connais tellement ce sentiment. « Non, « y’a pas moyen d’avoir une avance » Rhett. » je lâche en l’imitant. Je tourne les talons. « Si t’as pas de quoi payer, trouve toi un dealeur qui fait crédit. Bonne chance pour ça : ils n’existent que dans les films ces dealeurs là. » je m’écris en marchant au loin.
Alors, est-ce que le drogué en manque va rattraper la dealeuse intraitable ?

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« C’est la combientième fois que tu me fais ce coup là, sérieux. » L’entends-tu ronchonner. Comportement que tu avais bien prévu dans le fond, pourquoi t’aurait-elle filé de la marchandise en comptant sur ta seule parole, toi qui étais tout, sauf réellement digne de confiance ? Soupirant, tu cherches dans ton esprit une réaction logique à avoir à cette phrase, mais tu n’as pas le temps de parler, ce qui, en un sens, t’arrange assez. « Non y’a pas moyen d’avoir une avance, Rhett » Assène-t-elle. Tu réprimes une grimace autant que tu masques le sourire qui veut germer à la commissure de tes lèvres. Chacune des réactions de Maxence, en un sens, elle ne te surprenne pas, pour la simple raison que vous avez tout deux un comportement parfois similaire, que certaines de ses réactions ne t’étonne pas tant tu aurais sans doute réagit de la même façon. Tu l’as voit qui tourne les talons, prête à quitter la ruelle. « Si t’as pas de quoi payer, trouve toi un dealeur qui fait crédit. Bonne chance pour ça : ils n’existent que dans les films ces dealeurs là » Tu roules des yeux sachant qu’elle ne le verra pas, étant de dos.

Puis, ni une ni deux, tu te presse derrière elle, ne tardant pas à la rattraper, l’empêchant de quitter la ruelle en te plaçant devant elle avec une détermination clair, les mains, tremblants légèrement sous l’effet du manque qui t’obsède depuis quelques jours maintenant. « Attend, Max, sérieux, tu vas pas me faire ça ? » Marmonnes-tu légèrement excédé par cette réaction toi qui comptait tellement sur elle. Surtout parce que tu ne connaissais pas d’autres dealeurs à part elle. Aucun qui soit encore en liberté, en tout cas, les autres étaient soit loin d’ici, soit enfermé dans une prison. Rien de bien accessible pour toi en somme. Tu te pinces l’arrête du nez comme si tu pouvais avoir les idées claires en le faisant. « Me prends pas pour un con, t’as déjà été en manque pas vrai ? Ca a rien d’agréable, alors tu peux pas compatir trente secondes au lieu de penser qu’à ta gueule ? » Tu n’uses même pas d’un ton énervé, tu restes calme, un peu vulgaire, comme tu l’es toujours, mais très calme. Tes mains qui tremblent et ton corps continue de lui boucher le passage tandis que tu ne doutes pas que tu dois l’excéder à ne pas accepter de la laisser passer. Elle a visiblement bien d’autre clients qui eux pourront payé au lieu de s’occuper de toi, le démon en manque de sa dose. « Vas-y balance, tu veux quoi ? Tout le monde veut quelque chose, à part le fric j’veux dire. Dis moi s’que tu veux, et on s’arrange. Parce qu’on peut bien s’arranger, non ? » Demandes-tu, sur un ton désormais assez pressé, l’envie fulgurante de retourner chez toi, ingurgité une des saletés qu’elle t’aura vendu et planer pour ne plus de souvenir de rien. C’est tout ce que tu veux. Et là, tout de suite, Maxence t’en empêche.

Rhett Ҩ Maxence

« Parce que c’est ce que font les gens. Ils se jettent. En priant le ciel de les faire voler. Vu que sans un miracle on est sûr de se ramasser en beauté. Alors on se demande, tout le temps que dure la chute : « Bon sang, qu’est-ce qui m’a pris de sauter ? ». »

Je suis la fille qui ne se fait jamais chopper. Et qui j’espère ne se fera jamais chopper. Qui viendrait se méfier d’une petite blondinette aux airs enfantins comme moi ? Personne. Je l’ai rapidement compris et j’ai vite joué de ça. J’ai vu des dealeurs défiler, finir en prison, je fais partie des derniers de cette ville encore dans le système. Je sais que je suis un pion, mais moi en tout cas, je suis encore sur l’échiquier. Tout le monde ne peut pas en dire autant. Et puis moi, ça m’arrange que les autres se fassent avoir parce que ça me ramène des clients et j’ai besoin d’eux pour vivre.
Les gens ont du mal à faire confiance à une fille au début, et puis finalement eux aussi comprennent qu’ils sont encore plus en sécurité avec moi.
Rhett fait partie de ceux qui l’ont compris. Malheureusement pour moi, il faut aussi partie de ceux qui ont toujours besoin d’une avance. Je ne fais que très rarement des avances. Admettons, aux gens que je connais bien, que je sais pouvoir retrouver en cas de problème. C’est tout. Et je dois reconnaitre qu’avec le temps, Rhett commence à en être, de ces gens là.
Je ne sais pas si j’ai envie de lui faire confiance sur ce coup là. Je n’ai pas le temps d’y réfléchir qu’il me retient déjà. Il se tient face à moi, tremblotant, avide de drogue qu’il n’a pas encore et qu’il attend. Que je suis la seule, à ce moment, à pouvoir lui fournir. « Attend, Max, sérieux, tu vas pas me faire ça ? » Je soupire. Je ne comprends pas vraiment pourquoi je doute, n’importe qui d’autre aurait pu aller se faire foutre. Mais à cet instant, je doute. Il est face à moi, le manque se fait ressentir et je connais tellement cette sensation que j’ai presque pitié de lui. Alors j’évite de le regarder, pour garder ma contenance. Comme s’il lisait dans mes pensées, il lâche. « Me prends pas pour un con, t’as déjà été en manque pas vrai ? Ca a rien d’agréable, alors tu peux pas compatir trente secondes au lieu de penser qu’à ta gueule ? » Ne pas le regarder.
Bien sur que ça n’a rien d’agréable. Mais je sais qu’il dit ça pour m’amadouer et je en suis encore pas dupe. Qu’il parle grossièrement ou non ne fait aucune différence pour moi, j’ai trop l’habitude de ce langage pour le remarquer. « Vas-y balance, tu veux quoi ? Tout le monde veut quelque chose, à part le fric j’veux dire. Dis moi s’que tu veux, et on s’arrange. Parce qu’on peut bien s’arranger, non ? » Il est prêt à tout, et j’ai presque de la peine de savoir qu’il en arrive là. Certes je n’ai pas de cœur et je ne pense qu’à moi, mais je ne suis pas totalement un monstre encore. Et j’arrive à lire dans ses yeux en le regardant qu’il a vraiment besoin de moi à cet instant.
Je lâche un lourd soupir et lève les yeux au ciel. « T’es vraiment qu’un con, tu fais chier. » je siffle. Je fouille dans la poche de ma veste et en sors un sachet. « Tu sais ce que je veux ? Je veux que tu me payes, mais ça visiblement c’est au dessus de tes forces. » J’attrape sa main et fourre le sachet entre ses doigts. Maintenant, je croise les bras contre ma poitrine et je le dévisage. « Vas-y maintenant, petit génie. Dis-moi comment on s’arrange… » je lâche avec ironie.

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« T’es vraiment qu’un con, tu fais chier » Douce sympathie, ô douce sympathie. Maxence si féminine, si douce, si polie. Tu esquisses un nouveau sourire amusé tant sa façon d’être te donne envie d’éclater de rire. Il faut dire que tu n’avais jamais vu un phénomène pareil, un petit bout de femme aux traits angéliques qui recèle de mystère de part un comportement aux antipodes du genre qu’elle se donne physique. Poupée de porcelaine qui intérieurement à des allures de Chucky la poupée tueuse. Symphonie meurtrière, elle t’ensorcèle et te tue. Tu saluerais presque son rôle d’ange qui lui sied à merveille et sa manière de toujours se sortir des situations les plus sordides. Une vraie James Bond girl. « Merci c’est gentil. » Cynisme grinçant, une répartie bien inutile mais qui te donne seulement l’étrange satisfaction d’avoir eut le dernier mot dans cette joute verbale. Tu la vois sortir de sa poche le sachet que tu attendais tant et tu fais face à son regard meurtrier, non Maxence ne t’apprécie pas, c’est définitif. Toi tu sais que tu l’apprécies dans le fond, mais elle, à mesure que tu lui parles, tu en doute fortement. Quelle teigne cette fille ! « Tu sais ce que je veux ? Je veux que tu me payes, mais ça visiblement, c’est au dessus de tes forces » Assène-t-elle avec conviction. Tu esquisses un sourire tandis que sa main happe la tienne avant qu’elle ne colle le sachet dedans avec dédain. Tu fronces légèrement le nez et te contente d’un sourire faussement amical qui suinte le cynisme détestable dont tu fais toujours preuve. « Oh mais écoute, le jour ou je chie des pièces d’or, promis mon ange, je te les offres. » Tu joues un instant avec le sachet, fixant son contenu avec un intérêt soudain, tu t’es empêtrer dans tant de choses depuis quelques années, tu t’es laissé coulé comme une ancre au fond de la mer et tu ne semble pas t’en soucier, c’est tout de même désastreux, non ? De se morfondre ainsi dans sa décadence sans même l’envie de remonter à la surface … « Vas-y maintenant, petit génie. Dis-moi comment on s’arrange… » L’entends-tu dire. Tes sourcils se froncent d’eux-mêmes tandis que tu n’as pas lâcher le sachet du regard. Bonne question que voilà. Qu’as-tu a offrir Hawtorn ? Pas grand-chose en effet. Même les meubles de l’appartement improvisé que tu t’es fais, avec sa miteuse salle de bain, sa cuisinière crasseuse, et la chambre minuscule à côté ne valent pas la cam qu’elle te refourgue. T’as pas de lit, juste un matelas. Pas d’étagère, juste une vieille valise avec tes vêtements et une vieille boîte avec quelques souvenirs. Qu’est-ce qui peut bien lui servir la dedans ? Tes bouteilles de whisky ? Parce que dans le fond, c’est bien tout ce que t’as qui est un minimum de valeur, ton fric passe dans l’alcool et tes implorations sont pour Maxence et sa cam. Pitoyable. Oui vraiment, pitoyable. « J’avais pensé à te taper sur la gueule avant de me casser mais bon, t’es une femme et ça craint un peu, même pour quelqu’un comme moi, tu penses pas ? » Tu lâche un rire cynique tandis que ton regard joint le sien. « Mais à part cette idée que je ne mettrais pas en place, je sais pas comment j’vais faire mon ange. C’est con mais je suis fauché et j’ai pas grand-chose à offrir, tu vois. » Tu t’amuses du surnom que tu lui donnes ‘’mon ange’’, dans le simple but de l’ennuyer un peu plus tandis que tu mets le sachet dans ta poche, sans vergogne, bien décidé à partir avec.