que signifie le terme d'amour pour ton personnage ? →

Si vous m’aviez posé la question avant cette mission suicidaire, je vous aurais répondu que je n’en savais fichtrement rien. J’étais à des lieues de m’en tracasser, usant toute mon énergie à me construire une carrière solide et facile. Une carrière dans la brigade des stups. Malheureusement, depuis ma rencontre avec Fox, depuis qu’elle partage mon quotidien, ce pxtain de sentiment prend plus d’ampleur que je ne l’aurais voulu. A présent, à mes yeux, l’amour est un paradoxe. Il nous rend fort et faible à la fois. L’amour, c’est aimer à travers l’autre, c’est aimer l’autre à travers soi. L’amour, c’est le sentiment absolu qui tour à tour fait autant souffrir que le contraire. La plupart des gens sont heureux. Moi, ça me fait flipper. Non pas d’aimer, j’en ai la capacité – je l’ai appris à mes dépens. J’ai peur de l’aimer elle. La femme interdite. La femme qui me croit de sa trempe quand je lui mens impunément.

quel est le statut amoureux de ton personnage ? →

J’aimerais vous dire que, si je suis célibataire, c’est seulement une question de facilité parce qu’il faut l’admettre, les filles, c’est une prise de tête constante. Toutefois, je vous mentirais. Si aucune femme ne partage amoureusement mon quotidien, c’est que mon métier, dangereux à la base, me ferait d’un de nous deux le veuf de l’autre. La moitié d’un tout. Soit je meurs d’une balle, soit on me l’enlève par vengeance. Ce n’est pas un risque que j’ai envie de prendre.... Et non ! Non je ne suis pas pessimiste, peut-être seulement fataliste.

quelles sont les préférences sexuelles de ton personnage ? →

Aucun doute possible. Je suis hétéro. Jamais je n’ai été tenté par un autre homme. Je n’ai même jamais songé essayer. Chacun fait ce qu’il veut cependant. Je n’ai pas d’a priori. Je ne suis pas de ces hommes tirant des conclusions hâtives ou émettant des jugements sans fondement. Je suis tolérant. Conciliant. Le bonheur est partout. Pour moi, il est dans le bras des femmes.

comment ton personnage se voit-il dans l'avenir, du point de vue amoureux ? →

Pour vous répondre, je dois impérativement faire la distinction entre rêve et réalité, car la différence est notoire. Dans mes songes les plus fous – et anormalement romantique- j’imagine qu’aimé de Fox, à la vérité, elle puisse me pardonner. Certes, non sans mal, mais assez tôt pour que nous puissions nous enfuir tous les deux. Je l’arrache des mains de Garsiv et nous coulons des jours heureux loin de Phoenix. Je ne suis pas dupe cependant. La réalité est plus triste. Si elle apprend qui je suis, je ne doute pas qu’elle me tuera de ses mains. Alors, un peu lâche, j’évite d’y penser. Je fais mon petit bonhomme de chemin au jour le jour. Je vis dans l’angoisse cependant. Combien de temps encore pourrais-je faire taire la rumeur de mon cœur ?

Plus fine qu’une mine de crayon, plus effilée également, elle avance, elle recule, elle prend de l’élan. Elle me regarde droit dans les yeux et moi, assis sur un tabouret bancal, je suis anxieux. Une goutte de sueur perle même sur mon front. Elle glisse le long de ma tempe. Elle me chatouille un peu. Je voudrais l’essuyer, mais je n’ose pas bouger. Si je bronche, je pourrais finir borgne. Alors, j’attends. J’attends que la fléchette cesse de me narguer, j’attends qu’elle s'élance. J’attends qu’elle se plante ailleurs qu’au milieu de ma tête sans pouvoir fermer les yeux. J’en perdrais toute crédibilité. Je ruinerais mes efforts pour attirer l’attention de Fox. Fox, belle, grande et dangereuse. Fox, qui prend un malin plaisir à retarder l’envoi de son projectile. Fox qui vise et qui lance. Fox, la membre active d’un réseau de drogue que j’ai ordre d’infiltrer. Quel imbécile. J’aurais dû refuser. J’aurais dû ignorer cette promotion que m’a promise mon supérieur. D’autant que j’avais très vite compris que ce boulot puait le danger à des kilomètres. Accepter relevait de l’inconscience, mais dire "non" n’était pas mon genre. De toute façon, m’a-t-on vraiment laissé le choix ?

J’empruntais le couloir jusqu’à l’ascenseur quand mon patron, un homme bougon engraissé par l’administration et les donuts, m’a hélé de son bureau. Il avait l’air hautain, l’air supérieur et surtout, l’air inquiet. Dès lors, plus nerveux encore qu’à l’accoutumée, j’ai observé l’élévateur se remplir sans moi et j’ai salué mes quelques collègues qui me souhaitaient d’ores et déjà bonne chance. Il n’était pas rare que Finnigan ne retienne l’un d’entre nous après nos heures. J’en déduis donc qu’en tant que benjamin de l’équipe, j’avais soit commis une grave erreur professionnelle, soit j’étais rencardé sur une affaire à mener seul, sans partenaire. À l’en croire, mon unique soutien, ce serait moi. Personne d’autre. « Bien Donahue. Tu devras changer de vie » a-t-il ajouté « Tu devras déménagé également. Du moins, provisoirement. Si tu acceptes, on te filera un appartement de fonction. Une vieille bagnole. Bref, tous les ingrédients nécessaires à une bonne couverture » Il a ri grassement. Il m’a tapé sur les nerfs. Il bradait mon existence et je devais juste me taire. « Évidemment, tu as le droit de refuser, mais... tu te doutes que ce serait bon pour ta carrière.» Plaidoyer d’une phrase. Une seule phrase cousue de fil blanc. À quoi bon protester ? Je n’avais aucun intérêt à le contrarier. Alors, j’ai hoché la tête et sceptique, j’ai ramassé mon sac. Je suis rentré chez moi un peu penaud, m’interrogeant sur mes propres choix. Lorsque j’ai embrassé cette carrière chez les stups, je répondais à mon besoin de justice. Mon cœur criait vengeance après la mort par overdose de mon meilleur ami et je me suis béni de n’avoir jamais touché à ces merdes chimiques qui nous bousillent corps et âme. Avec le recul, sans doute me suis-je senti coupable d’avoir vu sans agir, d’avoir entendu sans réagir.

Près d’une semaine plus tard, je me retrouvais là, dans ce bar, pour captiver l’attention de cette troublante demoiselle à l’allure assurée. Je ne savais trop comment m’y prendre. Fox, derrière sa beauté délicate, dégageait une telle force et une telle détermination que je me tâtais quant à la marche à suivre. Elle attirait sur elle les œillades lubriques d’hommes murs friands des courbes discrètes des filles de son âge et les regards jaloux des femmes légères abîmées par leur quotidien. Alors, devais-je fanfaronner ou pourrais-je rester moi-même, l’homme dynamique, souriant et sûr de lui ? Devais-je me mêler à la plèbe suintant d’alcool ou était-il préférable de m’en isoler ? J’ai commencé par me commander un martini gin, la boisson favorite de mon père. Ce père absent qui abandonna ma mère pour une ingénue bien plus jeune qu'elle.

Je me souviens parfaitement la nuit où il a déserté le foyer familial. C’était la veille de mon anniversaire, vers trois heures du matin. Je ne dormais pas encore, tentant de deviner quels cadeaux ma douce maman avait cachés dans sa garde-robe. Et puis, je les ai entendus hurler. Certes, qu’ils se disputent était fréquent... que mon père monte faire ses valises était inédit. Lorsqu’il a claqué la porte, j’ai surpris ma mère en train de pleurer dans la salle de bain. Elle m'a renvoyé dans mon lit et j'ai obéi. Le lendemain, elle sanglotait encore et moi, j’ai patienté dans la cuisine. J’ai patienté jusqu’à ce que je comprenne qu’il ne serait pas là pour ma fête, qu'il serait absent les mois à venir. Je ne l’ai plus jamais revu. Je l’ai mal vécu.

Mon adolescence n’a pas été de tout repos. J’ai enchaîné des myriades de conneries jusqu’à rendre folle Gemma. Toutefois, ce n’était rien de bien méchant. Je ne me suis pas drogué, hormis peut-être quelques joints de temps à autre. Je n’ai pas non plus fréquenté les gangs de casseurs. J’ai seulement engendré quelques bagarres dans les bars ou devant mon lycée. En réalité, je me rebellais contre l’image du père qu’il aurait fallu que je reflète aux yeux de ma mère. Je n’en voulais pas. Elle n’était pas pour moi. Plutôt mourir que de lui ressembler. Dans le fond, je crois que je le détestais. Je la haïssais peut-être un peu de le pleurer encore, de l’attendre à la fenêtre des soirées entières. J’ai cessé de lister les causes futiles de nos disputes quand, d’hurlements en éclats de voix, Gemma m’a jetée à la porte. Fier, je l’ai prise au mot. J’ai rassemblé mes affaires et je suis parti. Aujourd’hui, nos échanges se résument à un coup de téléphone sur le mois, une carte pour mon anniversaire et quelques visites les soirs de réveillon. Rien de plus. Rien de moins. Elle me manque parfois, mais le plus souvent, je n’y songe pas vraiment.

Fox, désormais à ma place sur l’assise bancale, se racle la gorge et je quitte les méandres de mes souvenirs inutiles. Sous ma concentration, mon visage se ferme tandis que ma flèche s’envole vers le sien trop doux, trop serein. Elle m’a souri, m’a ébloui et face aux périls de ce monde qui bat de l’aile, j'opte pour la méfiance. Une méfiance savamment dissimulée derrière une surfaite assurance. Fox, n’est pas seulement audacieuse ou captivante. Fox est charmante, ensorcelante. Fox est troublante. Trop. Beaucoup trop.

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