que signifie le terme d'amour pour ton personnage ? → un lot d'émotions un peu chiant, pas franchement utile, qui vient se mêler de ce qui le regarde pas, pile au moment où t'as pas besoin de le voir débarquer. mais il est là, alors tu le prends comme il vient et tu te laisse porter, malgré les saloperies qu'il charrie avec lui.

quel est le statut amoureux de ton personnage ? → on va parler de couple, même si c'est pas le meilleur terme pour parler d'Aloïs et moi. C'est brutal, vivant, aussi violent et fracassant qu'une tempête tropicale. un peu barré l'un comme l'autre, ça se fini toujours à coups de poing et de baisers, rien de très joyeux, en somme.

quelles sont les préférences sexuelles de ton personnage ? → j'ai déjà bien à faire avec un seul type, c'est pas pour m'encombrer en plus d'une nana.

comment ton personnage se voit-il dans l'avenir, du point de vue amoureux ? → j'essaye de pas trop y penser, c'est déjà suffisamment foireux comme ça. j'vis au jour le jour, en me demandant simplement comment je me recoucherais le soir. j'suis pas de nature optimiste, bien au contraire, ni madame irma, donc je peux rien prévoir à l'avance. et puis j'vois pas l'intérêt. j'avoue, l'avenir me fait pisser dans mon froc.

« T'as conscience que jamais personne n'a voulu de toi, Aloïs ? » J'ramène à mes lèvres la Marlboro, tire une taffe, puis une seconde, tout en regardant Aloïs, qui lève des yeux fatigués sur moi. Il a l'habitude que j'lui dise ça, ça l'atteint plus, à force. Les premières fois, ça l'avait foutu hors de lui, parce qu'il savait que j'parlais pas seulement du fait que j'étais sa première vraie nana. Aloïs, c'est un peu le pauv' chaton abandonné de l'histoire. A ma connaissance, pas de parents, pas de famille en général, peu de véritables amis, ici, à Pheonix. Taffe, puis fumée expirée vers le plafond. En guise de fond musical, un morceau de guitare qui tourne en boucle, qui me tape sur le système. Une semaine qu'il l'a mis dans le lecteur CD, et à chaque fois il oublie de l'enlever, tandis que je continue de grincer des dents d'agacement. Je plante mon regard dans les yeux bleus d'Aloïs. « Tu sais que si j'reste avec toi, c'est uniquement parce que tu connais personne ici, et que tu serais encore plus largué, hein ? » Un léger sourire s'affiche sur mes lèvres, reflet de celui du jeune homme en face de moi. J'dois avouer que si je reste avec Aloïs, c'est pas uniquement parce qu'il me fait pitié. Étendu de tout son long sur le canapé défoncé, les bras croisés derrière la tête, une clope coincée entre les lèvres, il a l'air aussi dérangé que moi, sinon plus. J'le vois porter sa main tatouée à ses lèvres pour récupéré sa cigarette. Aloïs, il oscille entre le mec à l'allure à peu près stable, parfois menaçant, et le mec totalement barré, limite abruti. « Et toi, pauvre conne, tu sais que c'est un putain d'miracle que tu sois pas en train de crever d'une saloperie, avec tout les mecs qui te sont passé dessus ? J'devrais même pas te toucher, traînée... » Je tressaille et ramène ma clope entre mes lèvres pour me donné une contenance. J'fais comme si je ne l'avais pas entendu, fumant nerveusement, assise par terre, adossée au fauteuil assorti au canapé d'Aloïs. J'supporte plus d'être assise sur une chaise ou quoi que ce soit qui s'en approche, depuis l'hôpital psy'. Ma bouche se pince en un rictus mauvais, qu'Aloïs remarque. Il termine en deux taffes sa clope, jette le mégot dans le cendrier sur la table basse et se redresse. En une enjambée, il est sur moi, attrapant mon poignet, me forçant à me lever à mon tour. Il tord mon poignet jusqu'à ce que je lâche ma clope, qui s'écrase au sol. Je lance un regard affolé à Aloïs, qui a l'air totalement déconnecté. Là, ça rigole plus. Il est furax. Je déglutit, prête à recevoir une volée de coups, fermant les yeux. J'le sens tirer mon bras vers le haut, toujours plus haut, jusqu'à ce que je sois obligée de me tenir sur la pointe des pieds si j'veux pas qu'il m'arrache le bras. J'ai mal partout, du bout de mes orteils, en passant par mon dos élongé et mon épaule mise à mal. Et puis là, je sens les lèvres d'Aloïs sur les miennes, violemment, brutalement. J'peux même pas me débattre tellement j'ai mal, alors j'le laisse faire, m’agrippant seulement à son t-shirt, déjà déchiré par mes mains. Sa main libre vient se poser sur la mienne, la caressant tendrement, seule oasis de douceur dans cet océan de souffrance. Après quelques minutes, il fini par me relâché, un léger sourire satisfait aux lèvres. Il est fier de lui, ce con... J'me laisse tomber au sol, lourdement. J'fais même pas un mouvement pour frotter mon épaule tordue, ou mes pieds écrasés. Aloïs vient s'accroupir tout en souplesse face à moi, toujours avec son petit sourire. Il dépose un baiser sur mon front, caresse mes cheveux, coinçant une mèche derrière mon oreille, puis se relève. Il revient quelques minutes après, un sac de congélation rempli de glaçons, qu'il vient poser sur mon épaule. Je n'ai même pas un sourire de remerciement. Nouveau baiser, sur mes lèvres. « Je t'aime, Miléva. » C'est ça, connard, moi aussi...