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 sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'

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edwin f. chester

edwin f. chester

◭ messages : 263
◭ arrivé(e) le : 14/01/2012
◭ âge : vingt-deux y-o.
◭ statut : en couple (enfin...)
◭ études/métier : mannequin.


MessageSujet: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeDim 12 Fév - 15:31


'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'

Dix-huit heures. Edwin n'aimait pas à avoir a se rendre chez Lloyd. Du moins, plus depuis un certain temps. Pourtant là, il le fallait : môsieur Jackson ne daignait pas même répondre à ses sms et ce depuis tôt le matin, alors qu'ils devaient à l'origine passer la soirée ensembles dans tel ou tel bar. Edwin avait beau tenter de le dévergonder de multiples façons, il n'y était jamais parvenu, et Lloyd restait sur ses positions : il voulait une relation longue, rien d'autre. C'était incroyablement dommage, car il avait un physique appréciable, et les femmes ne restaient pas insensibles à son charme. Il aurait presque pu faire concurrence à Edwin, s'il y avait mis du sien. Mais non, non môsieur valait mieux, môsieur n'était pas à l'image de son ami, môsieur resterait puceau éternellement. Du moins, il ne l'était plus grâce à Aurlanne, mais si elle n'avait pas été là, on aurait rien pu faire pour lui. C'était un sujet de 'dispute' fréquente entre les deux hommes, l'attitude de Lloyd exaspérant son meilleur ami au plus haut point, et vice versa. A se demander comment leur amitié avait-elle pu devenir si grande.

Edwin toqua à la porte, sa frustration grandissante à mesure qu'il laissait ses pensées se faire la malle vers des sujets interdits, et il priait intérieurement pour que Sheena soit absente. Pitié, que ce ne soit pas elle qui ouvre la porte, pitié ! Pour son plus grand bonheur, c'est la jolie petite bouille de sa mère qui apparut dans l'entrebâillement de la porte massive de cette jolie petite maison de campagne. Lorsqu'elle vit qui lui faisait face, un grand sourire illumina son visage et elle ouvrit la maison en grand. « Edwin ! Bonjour ! Quel bon vent t'amène ici ?. » Miss Jackson l'avait toujours adoré. Elle voyait en lui un fils modèle, un gendre idéal, un homme tel le prince charmant des contes pour enfant. Elle n'avait jamais eu vent de son caractère quelque peu volage, Lloyd préférant taire ses détails, et elle ne voyait donc en lui que ses innombrables qualités. Il était synonyme pour elle d'intelligence, de malignité, de charme et de bonne conduite. Il savait séduire tant les femmes de son âge que les ménagères de part son excellente éducation et ses manières de gentleman, et il en avait bien conscience. Un sourire charmeur se peignit sur son visage alors qu'il voyait celui de la mère Jackson s'illuminer. Ca faisait un bon moment qu'ils ne s'étaient pas vus, et Edwin savait qu'elle l'affectionnait beaucoup.

« Je cherche votre fils, on devait sortir ce soir, et même si je sais que je suis très en avance, j'avais l'espoir qu'il serait là. » Une moue désolée se peignit sur le visage de madame jackson, a tel point visible qu'il n'eut même pas besoin d'entendre sa réponse. Bon, qu'est-ce qu'il foutait encore, cet imbécile ? Il eut finalement la réponse à cette question grâce aux dires véridiques de sa mère. « Je suis désolée Edwin, il m'a dit qu'il avait un truc a faire pour le travail je crois. » Le jeune homme ne put s'empêcher de sourire devant la moue sincère de madame Jackson. Travail, chez Lloyd, était synonyme de fille. Ainsi, il était sorti sans même en parler à Edwin ? Il le lui payerait ! Maintenant, il espérait simplement qu'il serait rentré à l'heure. Satisfait d'avoir eu sa réponse et surtout de n'avoir pas eu à revoir Sheena, surtout pas après la façon dont il l'avait quitté dans l'hôtel, il s'apprêta à faire demi tour, remerciant la mère de Lloyd d'une banale phrase et d'un signe de la main. Ah, cette fin aurait été la plus douce et la plus agréable, mais le destin choisi de lui faire payer son dernier acte. « Mais vous allez l'attendre avec moi n'est-ce pas. Ma fille et mon humble personne, on se fera une joie de vous tenir compagnie. »

... eh merde ! Elle venait de dire précisément ce qu'il ne fallait pas. Elle avait beau ne lui vouloir que du bien, elle mettait là Edwin dans une position terriblement ingrate, et il se sentait presque séquestrée par une tueuse en série. Car c'est bien ce qui allait se passer : il risquait de mourir sous les paroles assassines et les regards meurtriers de la belle Sheena qui, du haut de son égo surdimensionné, ne pourrait jamais lui pardonner son attitude. Une lettre... une lettre à une fille comme ça ? C'était une injure. Mais avait-il eu le choix devant le sms empressé de Lloyd ? Et serait-elle à même de le comprendre. « Non merci beaucoup, j'apprécie l'offre mais j'ai des tas de choses à ... » tenta-t-il de se justifier sans se départir de son joli sourire ravi. Seulement, madame Jackson, toute joie de vivre dont elle fut emplie, ne l'entendait pas de cette oreille. Elle lui agrippa le bras gentiment mais fermement, avant de le faire entrer. « Il ne tardera pas, c'est promis ! ... Sheena ! » appela-t-elle du bas des escaliers. Adieu, monde cruel... !
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she - appartient entièrement à edwin. don't touch me.
Sheena T. Jackson

Sheena T. Jackson
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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeDim 12 Fév - 20:40

Un jour, dans sa grande mansuétude, mon père m’a confié un conseil. Un conseil scrupuleux qui m’agaçait particulièrement. A l’époque, j’avais considéré cette maxime avec un dédain certain. Le dédain propre aux adolescentes en manque de confiance persuadée que seule compte leur peine. En réalité, je détestais simplement l’entendre parler du temps comme d’un allié sans faille. Il en parlait comme s’il s’agissait de la panacée, du remède universel à tous les maux et à toutes les blessures. Il le vantait comme on loue un Dieu d’un dogme. Un dogme dangereux qui avilit les esprits les plus faibles. Le flegme de mon père n’a d’égal que ma peur de la solitude. Pour moi, le temps s’acharne à rouiller la mécanique de mon cœur mal huilé. Il gèle les chiffres digitaux de mon réveil-matin. Il me nargue et m’offense. Il me rappelle qu’il est des poisons plus puissants qu’une maladie. Plus dévastateur qu’une plaie béante. Il m’oblige à admettre qu’il est des venins indolents qui s’engouffrent en nous jusqu’à nous engourdir. Si bien qu’après mes frasques honteuses durant l’absence de mes parents, après ma discussion avec mon frère et ma récente incapacité à m’user dans les bras d’un homme, je demeure confinée dans mes appartements.

Pièce modeste en tout point semblable à mon quotidien d’enfant, ma chambre regorge de mes secrets les plus intimes. Elle est mon antre. Mon jardin secret. Elle est la caverne d’Ali Baba où je pleure mes joies et mes peines. Si les murs pouvaient parler du passé, ils vous conteraient mon insouciance et ma décadence. S’il pouvait réciter mon présent, il vous raconterait que, ces derniers jours, j’ai tout de la fille parfaite dont rêvait mon frère. Je ne sors plus. Je ne bois plus. Je refuse toute les invitations à moins qu’il ne s’agisse d’un peu de poudre. Je n’ai pas oublié mes travers. Au contraire. J’essaie simplement de me plier aux précieux bien que stupide- la preuve en est – avertissements de mon père. Pourquoi ? Parce que je dois me tenir à carreaux. L'ex de Lloyd est oiseau de mauvais augure. Elle est un serpent qui part pour mieux revenir comme les enfants prodiges par soir de réveillon. Et elle siffle, le serpent à sonnettes. Elle siffle à l’oreille de mon frère si crédule et si naïve qu’il doit se méfier. Se méfier de moi. De nous. De mon comportement. De mes secrets. Je n’aurais jamais dû avoir confiance en cette garde. Aussi, je suis prostrée dans mes quatre murs où je m’ennuie fermement. Mon père est à la pêche avec quelques copains. Mon frère est au boulot. Ma mère est affairée dans la cuisine et moi, je joue de la guitare. Recrudescence de mes passions d’antan. Pour m’éviter d’attendre inlassablement un message d’Edwin sur Fabebook – ou ailleurs – je tue la meilleure amie de mon père dans la musique. Je n’ai pas de talent particulier. Je me débrouille simplement. Je n’ai pas envie de travailler pour mes cours. Je n’ai pas non plus envie de rejoindre Juliet ou Emy à leur soirée no limit tant que je me sentirai épiée par la future petite copine de mon frère. C’est difficile cependant. Mes journées sont creuses et j’ai bien trop d’espace dans ma vie pour Edwin. Il m’obsède. Je le vois partout. Je crois même reconnaître son parfum dans les couloirs de la fac et je n’aime pas ça. Je déteste à souhait. Je reconnais la Madeleine de Proust. J’imagine que ça finira par passer. Je l’espère en tout cas. J’espère que bientôt – et le plus tôt possible – je retrouverai ma vie telle que je l’aimais.

Concentrée sur de nouveaux accords, je n’ai pas entendu qu’on avait sonné à la porte. Dès lors, lorsque ma mère me héla du bas de l’escalier, je crus qu’elle réclamait lourdement une aide quelconque pour le ménage ou la cuisine. Elle m’exaspérait mais, malgré tout, je m’adressai à elle avec une douceur étonnante. Une douceur presque enfantine bien loin du timbre suave accompagnant mes traits de séductrice : « Oui. J’arrive tout de suite » lui lançais-je par-dessus la rampe tandis que je récupérais sur mon bureau un verre d’une boisson sucrée. Puis, j’ai dévalé la première salve d’escalier en racontant les détails in-trépidants de ma vie morne et terne du moment. « Ma. Tu sais quand rentre Papa ? Faut que je lui fasse écouter un truc que je viens de découvrir avec…» lui confiais-je inconsciente de la présence d’Edwin. Je ne l’aperçus que plus tard, quelque part entre la dixième ou la neuvième marche quand l’espace du couloir s’est offert à mes pupilles écarquillées. Il a un tel culot que mon cœur a raté un battement et sous le joug de ce violent soubresaut, j’ai interrompu ma démarche un bref instant. J'ai vite repris ma descente bien que plus courroucée, regrettant d'être si peu maquillée, à peine coiffée et simplement vêtue d'un survêtement noir et d'un débardeur de la même couleur.

J’ai envie de lui cracher tout mon fiel au visage pour cette mauvaise surprise mais, je ne peux pas. Je dois me montrer amène et polie. Je dois être une hôte à l’image de mes parents. Aussi, si je le salue, ce n’est que de son prénom et sans un sourire. Je dis « Edwin » et je suis incapable de faire plus malgré le regard noir que me lance ma mère. « Sheena Tyler Jackson » manie détestable de ma mère qu’est de citer tous mes prénoms quand je la déçois. Je la maudirais presque si je ne l’aimais pas tant. « Tu veux bien te montrer plus agréable…Je ne t’ai pas élevée comme ça. Emmène Edwin à la cuisine tu veux ? Et sers-lui quelque chose à boire pendant que je vais chercher des cookies. J’ai fait de la limonade… Mes enfants l’adorent. Vous lui ferez bien honneur » dit-elle en minaudant comme une adolescente. J’aurais pu en rire si l’idée de servir cet homme ne m’était pas si insoutenable. De prostituée, je deviens soubrette… que du bonheur.

En toute sincérité, j’aurais voulu être en mesure de protester mais ma douce maman et moi avons ce point commun d’être toute deux bornée. Je me contentai donc de fusiller Edwin du regard, d’attacher mes cheveux avec un crayon traînant sur la table de la cuisine et de l’inviter à s’asseoir. Ma mère, qui s’est absentée pour quelques secondes nous donnent une opportunité chacun. Lui, d’en profiter pour s’enfuir. Moi, pour régler mes comptes. Je n’ai pourtant rien dit en récupérant dans l’armoire un verre propre que je dépose bruyamment et brusquement devant lui. Je n’ai pas davantage ouvert la bouche en lui servant la limonade fraîchement sortie du frigo. Ce n’est qu’en investissant le plan de travail pour m’y asseoir – ma place habituelle - que je me suis tacitement adressée à lui. J'ai arqué un sourcil dédaigneux. La bouche pincée, je lui confiais tout mon désir de le voir partir. J’avais les mains moites et les jambes un peu tremblantes mais, nul n’aurait pu le deviner. J’étais habituée à cacher tous mes émois devant mes parents. Le rôle de l'impassible était bien ficelé. Dès lors, au retour de ma mère, je me suis renseignée sur l'heure à laquelle mon frère avait prévu de rentrer. Je fus déçue d'apprendre qu'elle n'en savait rien. Encore plus déçue d'ouïr cette invitation à dîner qui m'obligea à grimacer et à couper l'herbe sous le pied d'Edwin. « Non. Il ne pourra pas rester. l'interrompis-je sans lui accorder droit au chapitre Il vient de m’expliquer qu’il loge une amie de longue date à l’hôtel et il ne peut pas l’y abandonner… pas même pour Lloyd. Je crois qu’après son verre, il va devoir partir. N’est-ce pas Edwin, qu'après ton verre, tu vas devoir partir ? » insistais-je sans l’avoir quitté des yeux un instant.
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edwin f. chester

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeDim 12 Fév - 21:59


'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'

Edwin aurait tout donné pour ne pas se trouver là à cet instant précis. Conscient que Sheena ne tarderait pas, il attendait impatiemment sur le bas des escaliers, oscillant entre le désir de la revoir et celui de prendre ses jambes à son coup pour ne pas avoir à subir une telle torture. Une musique agréable mais loin d'être parfaite brisait le silence qui aurait pu assommer Edwin tant il était oppressant, ainsi que les coups de pieds de Sheena martelant le sol. Visiblement, elle ne parvenait pas à maîtriser entièrement ce morceau de Bob Dylan, et ce n'était certes pas lui qui l'y aurait aidé. Il était doué dans de nombreux domaines, mais l'oreille musicale n'était décemment pas son fort. Toutefois, il prenait un malin plaisir à l'écouter jouer, et une déception non feinte se peignit sur son visage lorsqu'elle répondit. Déception très vite remplacée par une terreur qui lui était jusqu'alors inconnue. Il aurait tout donné pour qu'elle ne descende pas. Pour qu'elle prétexte une envie subite de faire autre chose, une incapacité à descendre de suite, mais il connaissait assez la mère de cette demoiselle pour savoir qu'elle ne la laisserait pas faire, et qu'elle jugeait la réception des hôtes comme un point crucial de la bonne éducation. Ce soir, il était un hôte. Et Sheena devrait s'occuper de lui. Mon dieu...

Il ne put s'empêcher de sourire lorsqu'il la vit descendre en vitesse de l'escalier puis s'arrêter net lorsque son visage s'imposa à son regard innocent et troublé. Elle n'était pas maquillée, peu coiffée et habillée d'un accoutrement dans lequel Edwin ne l'aurait jamais imaginé, mais il ne put s'empêcher de lui trouver un charme incroyable. Même au naturel, elle restait aussi désirable, et Edwin dut s'ébrouer intérieurement pour se permettre de songer à autre chose. Il n'était pas la question d'attrait physique, simplement de sortir indemne de cette joute qui n'allait pas tarder, annoncée fièrement par le regard noir de Sheena et ses salutations pour le moins ... courtoises. Edwin ne pouvait que la comprendre. Jamais il ne savait de quelle manière se comporter avec elle, craignant que la moindre de ses paroles ne soient sujettes a décortication par l'esprit trop affutée de la demoiselle. Il tâchait d'être avec elle comme avec toutes les autres, mais cela ne convenait nullement à Sheena. Cette lettre semblait ne pas lui avoir plu, visiblement. Edwin était perdu dès lors qu'il s'agissait d'elle. Il désirait qu'elle l'oublie, qu'elle cesse de s'imaginer pouvoir avoir plus avec ce dom juan de meilleur ami de Lloyd, car ce n'était raisonnablement pas possible. Il ne le trahirait pas. Pas de cette manière.

Edwin appréciait cette femme, plus que n'importe quelle autre. Il lui témoignait respect, car elle le méritait, tout simplement. Malheureusement, elle était tellement désirable qu'il n'avait su se refuser ce petit plaisir et cette jolie tête à son tableau de chasse. Mais maintenant, il était paumé. Le destin se plaisait à les mettre toujours sur le même chemin, et alors se reposaient éternellement les mêmes interrogations. Pourquoi tant de jalousie et de possessivité dès lors qu'il s'agissait d'elle ? Pourquoi tant de pensées s'envolaient de son côté dès lors qu'il fermait les yeux ? C'était injuste. Injuste que le destin le punisse d'une manière si sournoise et cruelle. Il ne méritait pas ça, même pour avoir trahi un ami. Edwin était un dom juan, et n'était pas prêt à raccrocher cette casquette qui lui saillait si particulièrement. Pas même pour cette femme pour qui il éprouvait, il se devait de l'avouer, une affection toute particulière qu'il n'avait jamais connu si forte auparavant. Il tentait donc de se comporter avec elle comme avec ses innombrables anciennes maîtresses, mais le moindre de ses actes décevaient Sheena de plus en plus. Et même s'il aurait normalement du n'en avoir strictement rien a faire, il ne pouvait s'empêcher de ressentir un pincement au coeur dès lors qu'elle lui en voulait. Ses regards noirs n'étaient que tortures pour lui. Tortures qu'il savait mériter entièrement.

Son sourire s’effaça dès lors que la mère de Sheena se sentit obligé de la rabrouer pour ne pas la saluer de la bonne manière. Forcément, elle n'était au courant de rien, et cet étrange comportement devait être suspect pour une femme comme elle. « Bien sur, je lui ferais honneur avec plaisir. » déclara-t-il, la voix mielleuse et un sourire hypocrite fiché sur le visage. Il se sentait désagréablement à une très mauvaise place. Il jouait double jeu, et alors qu'il était le parfait gentleman avec la mère Jackson, il devenait l'homme à abattre aux yeux de Sheena. Et il avait beaucoup de mal à endosser ses deux rôles. Aussi, il préférait se concentrer sur celui qu'il savait le mieux jouer : l'homme doux et tendre, l'homme parfait dont tout le monde rêve. Docile, il suivit Sheena jusqu'à la cuisine, sachant qu'il ferait mieux de garder le silence pour préserver son physique de rêve et sa virilité (il ne savait pas trop où elle projetait de frapper en premier). Il se tut donc, comme il n'en avait pas l'habitude, et se garda de la moindre réflexion lorsqu'elle lui servit son verre, une évidente haine caché loin au fond de ses splendides yeux clairs. Tout dans son attitude le questionnait sur sa présence, et il prit un malin plaisir à ne rien laisser transparaître dans ses gestes, amenant le verre jusqu'à ses lèvres.

La mère de Sheena ne tarda pas à apparaître de nouveau, et c'est avec un grand sourire qu'Edwin lui assura de la qualité de sa limonade : « Lloyd et Sheena ont bon goût, cette limonade est délicieuse. » Pourquoi toujours vouloir jouer avec Sheena alors qu'elle ne semblait aspirer qu'à sa mort immédiate et prochaine ? Il s'apprêtait à trouver une excuse nouvelle et bidon pour pouvoir s'enfuir de là, mais elle le prit de court, inventant sans doute une meilleure histoire qu'il aurait pu le faire. Oh, c'était là une occasion inespérée pour opiner du chef et s'enfuir sans demander son reste. Mais mon dieu, il ne supportait décemment pas qu'elle décide pour lui. « Oui, c'est vrai, mais je ne peux pas décliner une telle invitation. Je sais à quel point les repas de ta mère sont parfaits. Et puis pourquoi ne pas attendre Lloyd, ça sera plus pratique que de revenir le chercher. » Quels idiots ... lui et sa fâcheuse manie de toujours s'opposer à tout le monde, même lorsque cela défendait ses propres intérêts. Il lança un sourire a Sheena, qu'il n'aurait su lui même décrypter.

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she - appartient entièrement à edwin. don't touch me.
Sheena T. Jackson

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeLun 13 Fév - 0:42

Paralysée dans l’escalier par son regard indéchiffrable, je cherche un sens à sa visite. Puisqu’il n’est pas venu pour moi – je ne suis pas assez naïve pour l’imaginer – et si Lloyd n’est pas là, que fait-il encore là ? Bien sûr, là non plus je ne suis pas dupe du comportement de ma mère. Je ne doutais pas que, forte de sa bonne éducation et de son affection débordante pour le mannequin, elle dut insister lourdement pour qu’il se joigne à notre après-midi féminine. Toutefois, d’innombrables questions s’imposent. Comment, un homme comme lui, pleins de ressources et d’ingéniosité, n’a-t-il pas trouvé d’armes convaincantes, fines et polies, pour refuser l’invitation de ma mère ? Pourquoi ne pas avoir profité de l’interlude entre son arrivée et mon apparition pour s’enfuir à toutes jambes ? Pourquoi vouloir m’affronter dans ma propre maison ? Pourquoi m’obliger à humer la fragrance de son parfum entêtant ? N’en a-t-il pas déjà assez fait ? N’a-t-il pas pris tout ce qu’il y avait à prendre pour finalement choisir qu’il était mieux que je l’oublie ? Que j’oublie son nom et son adresse ? Sa bouche et sa voix ? Ses mains et ses caresses ? Ses lèvres et ses baisers ? Sa tendresse et sa douceur ? Alors non. Je ne comprends pas ce qu’il fait la. Je ne comprends pas pourquoi m’avoir délaissée dans une chambre d’hôtel hors de prix pour se pavaner ensuite dans mon salon ? J’en reste interloquée.

Dieu que j’aurais aimé être ailleurs. Loin de lui. Loin d’ici. Loin de mon intimité qu’il envahit avec superbe. S’il s’attarde, elle ne m’appartiendra plus. Fière de leurs enfants, mes parents sortiront les cassettes vidéo de mes premiers cours de danses, de la remise des diplômes de Lloyd… Ils me feront chanter et vanteront mes talents de musicienne et de cuisinière en total manque d’objectivité. Ils lui confieront des secrets honteux de mon enfance et des anecdotes peu flatteuses de mon adolescence. Ils me gêneront et j’en rougirais. J’accumulerai une nouvelle forme de colère pour Edwin pour n’avoir trouvé la décence de fuir au bon moment. J’en deviendrais désagréable et cette fois, aucun tour de passe ne me sortira de ce faux-pas et mes regrets ne m’aideront pas. S’il restait trop longtemps, Edwin deviendra définitivement ma plus lourde et ma plus conséquente erreur. Quelle abjecte bassesse d’être venu jusqu’ici. Et surtout, quelle cruelle beauté qu’il m’est de contempler sans ranimer mes pensées les plus lubriques. Je me déteste d’être aussi faible alors qu’Edwin ne mériterait que mon indifférence. Je la connais bien pourtant. J’en ai fait longtemps une amie pour me protéger. Pourquoi ne suis-je pas en mesure de lui servir le même détachement ? Pourquoi je dois perpétuellement mener un baroud impitoyable pour ne pas le dévorer des yeux tandis qu’il marche derrière moi jusqu’à la cuisine ? Pourquoi, derrière l’obscurité de mes grises iris demeurent la lueur d’un attachement sans conteste pour cette homme que j’ai diabolisé pour m’astreindre aux recommandations communes de mon orgueil et de sa lettre ? A travers ma colère se dissimule mal les réminiscences d’un souvenir vivace. Le souvenir d’une étreinte brûlante qui réveille des émois que j’entrepris, des jours durant, de chasser avec aplomb. Un aplomb qui m’a échappé un instant pour un sourire. Un aplomb que je reconstruis en quelques secondes après les remontrances de ma mère.

J’ai manqué de délicatesse en posant le verre à remplir. Je manque de bienséance en le toisant d’un regard noir. Un regard sur-joué pour lui taire que, dans le fond, il suffirait d’un mot pour que je cesse de lui en vouloir. Un mot qui ressemblerait aux prémices d’une conversation. Un mot qu’il prononcerait de sa voix velours. Un de ceux qui nous brûlent les lèvres et qu’on chuchote à l’abri des oreilles indiscrètes. Pas un « je suis désolé ». Pas non plus un : « Pardonne-moi ». Je ne m’abreuve plus d’utopie depuis longtemps. Juste un : « J’espère quand même que tu vas bien. » ou que sais-je encore. Nous étions seules dans cette cuisine. Et, naturellement, bien que persuadée qu’il ne m’offrirait pas un mot, j’attendais. Je respectais le solennel et pesant silence entre nous. Un silence inédit. Un silence qui ne nous ressemblait pas. Dès lors, j’en conclus qu’il était plus mal à l’aise que je ne l’étais moi-même et laissant mon propre verre tinter contre l’or d’une de mes bagues, j’ai pris soin de ne rien changer de mon attitude jusqu’au retour de ma mère.

Un plateau de biscuit dans les mains, elle invita l’indésiré de sa fille pour le dîner. J’en déglutis difficilement, répondant du tac au tac en croyant nous rendre à tout deux un fier service. J’ai suggéré notre histoire commune pour lui servir la meilleure des justifications possibles pour décliner. J’en profitai pour y ajouter toute mon ressentiment pour qu’il comprenne à quel point j’étais sérieuse. La perche est énorme. Longue et lancée loin devant. Il n’a plus qu’à la rattraper et nous abandonner ma mère, ses bonnes intentions, ma rancœur et moi. Il n’en fait rien. Il accepte. Il accepte l’invitation parce que je suis l’instigatrice de son départ prématuré. Je ne doutais pas qu’il le désirait autant que moi mais, sa fierté l’empêchait sciemment de l’admettre. Même dans cette position si délicate, il parvenait à me défier. Il me lançait sur notre terrain favori qu’est le jeu. Encore et toujours le jeu. Il m’arracha donc un sourire sincère et amusé cette fois. Un sourire presque chaleureux et, pour la symbolique, j’ai retroussé mes manches et haussé les sourcils. « Merveilleux » s’esclaffa ma mère. « C’est ça, fantastique. Je suis ravie » ajoutais-je avec une subtile pointe d’ironie qui échappa à Susan. « Dans ce cas, ça vous ennuierait d’aller remplir le frigo du garage ? Et par la même occasion, nous ramener quelques bouteilles ? » Elle ne s’adresserait ni à moi ni à Edwin. Elle nous parlait à Nous. A lui et à moi réunis. Elle réclamait son aide dans une tâche hautement facile parce qu’elle devait certainement juger qu’il était préférable de nous laisser entre jeunes. Logique certes implacable, dérangeante mais satisfaisante. Edwin, que je devinais coincé par l’image de gentleman qu’il servait à ma mère depuis des années, n’eut d’autres choix de m’accompagner. Je l’ai attendu par bienséance mais, hors du champ de vision de ma mère, j’ai pressé le pas pour finalement me retourner sur lui contrariée : « Alors comme ça, tu as envie de jouer ? C'est pour ça que tu es resté ? Parce que je t'ai servi une excuse parfaite et tu ne l'as pas saisie. Or, d'habitude, tu es doué pour saisir les bonnes occasions pour te montrer lâche. Ah non... Pardonne-moi. Jamais si ça vient de moi. c'est valable que pour mon frère ça. Soit, je suis dans le bon pour changer ? Tu es venu me provoquer sur mon propre terrain ? C'est ça ? » l’assénais-je sur un ton proche de la lassitude contrastant avec la dureté de mon geste quand je lui écrase une bouteille sur le torse.

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edwin f. chester

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeLun 13 Fév - 15:34


'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'

Edwin s'amusait, clairement. Il aurait du se sentir aussi gêné qu'à son arrivée, il aurait du craindre pour sa superbe en admirant Sheena se joindre à eux. Loin de là, il prenait un malin plaisir à la provoquer, tel un chat avec sa souris, un faucon avec sa proie. Toutefois, il n'était pas celui qui possédait les griffes acérées, et il ne cessait d'attendre avec ferveur que le tempérament joueur de la belle se réveille. Il n'en doutait pas, il y avait forcément un moment où le caractère de Sheena se rebellerait face à tant d'insolence, et son égo aussi surdimensionné ou presque que celui du beau blond ne supporterait pas d'être si sévèrement outré. Parfois, lorsqu'il la regardait, il semblait s'y voir. Elle était toute aussi séductrice, toute aussi droguée, toute aussi fascinante que lui, et il comprenait tout le respect qu'il lui témoignait de cette manière. Il n'y avait là rien de personnel, selon lui, rien d'autre que l'impression de se reconnaître dans cet être hors du commun. Ainsi, il se rassurait vis-à-vis de la profondeur de ses sentiments pour elle, persuadé qu'il ne s'agissait de rien d'autre que du reflet de son amour-propre. Ah, si seulement !

Il avait accepté l'invitation de Susan Jackson dans le seul but de voir s'éveiller, à une lenteur modéré, le véritable caractère de la demoiselle. Non pas qu'il désirât la voir se trahir aux yeux de sa mère, mais ce jeu tout en implicites et en ambiguïtés n'aurait pu lui plaire d'une manière plus forte. Il était homme de jeu bien avant d'être homme de lâcheté, et la fuite n'avait jamais été pour lui un acte digne de son haut caractère. Il était dans une absolue expectative, oscillant entre la crainte de ses représailles, et la jouissance que celles-ci pourraient lui procurer. Sheena était une adversaire de taille, et même si elle ne lui parvenait pas à la cheville dans ce jeu là, il ne doutait pas qu'elle s'en sorte excellemment bien si elle y mettait toute sa volonté. Volonté qu'il tâchait de réveiller à fort coups de contrariétés et de désagréments. Et il ne doutait pas une seule seconde d'y parvenir, et ce sans trop de temps et d'efforts. Il réservait de l'énergie et de l'originalité pour le véritable jeu qui ne tarderait surement plus, et qui se mettait en place petit à petit, qu'elle daigne le vouloir ou non. Finalement, elle se trompait : elle avait beau être sur son propre terrain, elle n'était pas plus maître de la situation que dans cette chambre d'hôtel où Edwin l'avait trainée. Pauvre demoiselle, condamnée à assumer les désirs de ce mannequin lunatique.

Il sourit gracieusement à Susan lorsqu'elle le félicita de son choix, et manqua d'éclater de rire à la réplique acerbe et hautement ironique de Sheena. Dire que sa mère n'avait pas capté son ton insolent, elle était aussi bonne comédienne que lui, visiblement. Son ravissement se trouva à son comble lorsqu'elle leur proposa de lui rendre quelques menus services dans le garage. Enfin, ils allaient pouvoir être tous les deux et s'adonner à son jeu favori : l'énerve-sheena. Les règles n'étaient pas bien définis, pour la simple et bonne raison que tous les coups étaient permis. Pourquoi vouloir brider l'originalité ? A peine furent-ils entrés et protégés d'une potentielle écoute extérieure que la demoiselle laissa à son tour libre court à sa contrariété. Bien loin de gêner Edwin, elle ne le fit que sourire alors qu'il prenait délicatement la bouteille qu'elle venait presque de lui balancer dessus. C'est d'un ton hautain qu'il répliqua, du tac au tac : « Oh attention, tu vas la casser avant d'espérer me faire mal ! » Il était certes détestable, mais entretenait lourdement ce trait qu'il affectionnait tant de son odieux caractère. Son sourire était ironique, et il ne lâchait pas Sheena des yeux. Oui, il devait l'admettre, elle gardait tout de son charme naturel malgré son accoutrement pour le moins peu recherché et son visage duquel elle n'avait pris aucun soin.

Sa tirade ne fit qu'accentuer ce sourire ironique qui faisait désormais partie intégrante de son visage, lui donnant un petit côté sadique et rebelle. Elle avait beaucoup de choses à lui reprocher, et le lui démontrait très clairement, et même si Edwin avait bien conscience qu'elle n'avait pas entièrement tord, son inconcevable fierté l'empêchait de donner raison à cette belle compagne. « Pourquoi faut-il que tout tourne toujours autour de toi ? Je voulais juste goûter un peu les bons plats de ta mère, avoue qu'elle est excellente cuisinière. » Mensonge éhonté lancé sur le ton de la conversation, on aurait dit des amis de longue date si le regard de Sheena n'avait pas été si dur et si froid. Tentait-elle de l'effrayer ? Si oui, elle n'y parvenait décemment pas, et cette attitude hostile ne faisait que conforter Edwin dans ses desseins : l'énerver ne serait pas bien difficile, la forcer à jouer avec lui moins encore. C'est toutefois d'un ton moins satisfait qu'il reprit, la mine légèrement basse : « Je t'ai sincèrement connue plus joueuse Sheena. Je pensais que je n'étais pas le seul que ce genre de situation amusait. » il ne cachait pas la légère déception que trahissait sa voix. « Et soyons honnête, je ne m'excuserais pas pour la façon dont je suis partie l'autre nuit. Je ne t'ai jamais caché que ton frère passait avant. J'ai été sincère avec toi, tu ne peux pas m'enlever ça. » Enfin, il prenait ses couilles son courage a deux mains et traitait bien du sujet que Sheena venait de mettre sans honte sur le tapis. Et pourtant, alors que jusqu'à présent il avait eut conscience du bien-fondé des dires de la demoiselle, il revenait visiblement sur ses positions. Oui, il avait bien fait, voilà tout. « D'ailleurs, t'es sacrément gonflée, mon amie. Qui est venue me 'provoquer' dans mon propre appartement, la première fois ? » L'estocade finale. Un set à zéro. Vainqueur présumé du match : Edwin.

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Sheena T. Jackson

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeLun 13 Fév - 18:48

Devant son sourire réjoui par mon ironie, j’aurais pu bondir du plan de travail pour l’étrangler, lui jeter mon verre de limonade à la figure, mimer de mes lèvres un : « Je te déteste » avec une haine non contenue et pourtant, je n’ai rien fait. Je me suis contentée d’un sourire trop chaleureux. Un sourire qui avoue que je suis bien incapable de lui en vouloir très longtemps. Certes, j’exècre l’image qu’il m’a renvoyée de moi-même en m’abandonnant dans ce fichu hôtel. J’insupporte autant sa superbe que j’abomine sa mauvaise foi. Et pourtant, sincérité serait d’admettre qu’en réalité, il m’amuse. Elle serait d’avouer qu’il est un partenaire hors pair. Edwin a un don inné pour réveiller mes plus vils défauts et mes plus bas instincts. Je ne connais pas son secret mais, je l’apprendrais volontiers à mes dépens car j’aime le jeu et l’enjeu. Ma vie n’est faite que de défis. Plus, ils sont difficiles à relever, plus c’est attrayant. Plus ils sont compliqués, plus je m’y jette à corps perdu. Je n’ai jamais eu peur de laisser des plumes dans une bataille à bâtons rompus tout comme je ne crains pas davantage de vivre mal. Mes angoisses sont plus complexes. Moi, je tremble de mal vivre. Aussi, j’ai besoin de remporter une bataille. J’ai besoin de gagner, de le jeter au bas de ses échasses. J’ai besoin, qu’assommé par une défaite retentissante, il signe à deux mains un traité d’armistice Non pas que je sois lassée d’être bringuebalée entre proie et prédateur. Je suis simplement blessée de voir la balance penché systématiquement de son côté. Je suis fatiguée de le laisser m’ébranler, soucieuse de ne jamais le vexer ou le décevoir.

Parfois, je voudrais trouver la force lâche de le rejeter sans ambages. Je voudrais trouver le courage couard des faibles pour abandonner la guerre. Sauf que je n’y arrive pas. Non par fragilité - la solution de facilité résiderait justement dans la fuite – mais bien par attachement. J’y tiens, à cette relation alambiquée. J’y tiens autant qu’il me manque l’indifférence pour ignorer ses affronts perpétuels. J’y tiens et je m’y accroche. Je m’y accroche fermement parce que le décevoir serait une punition indigne de mes efforts. Je l’ai provoqué, je l’ai nargué. Je me suis mise à nu en dévoilant d’honteux secrets pour qu’il réponde à mes buts malsains. Je crois qu’en soit, partager deux nuits avec lui constituent ma plus belle victoire. Je pourrais m’en satisfaire si je n’étais pas femme de pêché. Je suis trop gourmande. Je n’en ai jamais assez. Peut-être est-ce réciproque d’ailleurs. Peut-être que le plaisir de jouer avec moi dépasse ses résolutions écrites noires sur blancs, peut-être même dépasse-t-il ce désir mal contenu qui accompagne habituellement nos joutes verbales. Sans doute d’ailleurs. Ici, dans mon garage, il n’est nullement question d’attrait physique. Néanmoins, il avait dit, c’est terminé. Après l’épisode de son appartement, je n’avais ni chercher à le revoir ni à le contacter. S’il ne parlait pas de nos jeux de mains indécents, il ne pouvait faire allusion qu’à nos sempiternelles provocations. Alors, quoi ? Qu’est-ce qu’il attend de moi exactement ? Je ne vois pas et j’ai beau retourner le problème dans tous les sens, je ne trouve décidément aucune logique à son entêtement du jour. Sans doute a-t-il raison. Je fais tourner un détail autour de mon nombril bien que je ne suis nullement convaincue que la cuisine de ma mère justifie sa présence : « La prochaine fois, commande à emporter. »

Qu’à cela ne tienne, bien qu’ils perdent sérieusement en malignité, j’ai des comptes à régler avec lui. Des griefs que je scande avec neutralité en comprimant une bouteille contre son torse. Le geste dénote avec le verbe. L’un est brusque l’autre plus doux. Je ne sais même pas comment l’aborder. Je nage dans une vague d’incompréhension. Je suis emportée par le courant et pourtant, il parvient, par sa réplique, à m’arracher un nouveau sourire. Un sourire vrai que j’accompagne d’un hochement de la tête. Je dis non mais je pense oui. J’aurais voulu le secouer un peu mais visiblement, il s’était préparé aux assauts tant physiques qu’oraux. Serais-je devenue trop prévisible ? Même sa déception quant à mon attitude pour le moins trop sérieuse – déception que je soupçonne sincère – semble avoir été mesurée aux millimètres près. Elle n’a qu’un but. Je le sais. Je le sens. Je m’en doute. Il veut que j’appuie sur « start ». Il veut que je me lance avec lui dans sa nouvelle lubie et Dieu que c’est tentant. Dieu que c’est difficile de lui résister même s’il ne mérite pas le quart de l’intérêt que je lui porte. Dieu que c’est difficile d’oublier qui je suis parce qu’en soit, jouer c’est déjà perdre. Soit, on dit qu’à vaincre sans périls, on triomphe sans gloire. Une fois n’est pas coutume. Hors de question de jeter l’éponge même si je crève de ne pas camper sur mes positions... et sur les siennes. « Oh tiens, ça faisait longtemps. » répliquais-je faussement étonnée « Il faut encore que tu te serves de Lloyd pour ne pas assumer. Il compte quand ça t’arrange le pauvre. Parce que je pense pas que tu aies vraiment pensé à lui quand tu as traité sa petite sœur comme une pxte de luxe. Cela dit, crois-moi, on ne m’y reprendra plus. » lui déclarais-je avant d’habiller mon regard tantôt sombre d’une lumière qu’il reconnaîtrait certainement. Une lumière claire et assurée. Une lumière destinée à le défier et surtout, à lui rappeler qu’il n’est jamais bon de me sous-estimer. Car je n’ai pas dit mon dernier mot.

Je reste persuadée que, jusqu’à aujourd’hui, ses petites victoires sont maigres par rapport à la mienne. Il m’a cédé. Pas une fois mais bien deux. C’était ça, la véritable mise. Entailler d’un coup de canif son contrat avec mon frère. Et il a été faible. Il a lâché prise. Sa petite gloriole personnelle se coiffe dès lors d’une couronne d’aubépine. « Bla bla bla » répondis-je avec le geste. Mes doigts se referment sur mon pouce juste devant ses yeux tandis que ma main rejoint mes hanches. Je n’ai toujours pas ouvert le frigo. Notre tâche sera plus longue que prévu. « Arrête ton char Ben Hur. Je ne suis pas blagueuse mais joueuse. Et tu sais aussi bien que moi que je ne joue pas sans enjeu et là, à première vue, je n’en vois aucun. Donne-moi une bonne raison de piocher une carte et je te jure que tu ne regretteras pas le déplacement. » J’ai insisté tant sur la forme que sur le fond de cette tirade provocatrice. Et puisqu’il l’espère, puisqu’il a réveillé sa mauvaise foi d’une bien mauvaise façon, j’ajoute ma pierre à l’édifice tandis qu’il me rappelle mon plus beau coup de Jarnac. Sur un ton presque théâtral, faussement offusqué, diablement amusé, j’ai transformé l’histoire à mon avantage. « Moi ? Gonflée ? C’est la meilleure. Ma route était pavée de bonnes intentions. C’est toi qui m’a fait boire et qui m’a drogué pour en faire ce qu’elles sont devenues. C’est toi qui a voulu jouer avec moi alors que tu n’étais pas capable de tenir tes promesses vis-à-vis de mon frère parce que tu ne gagnes pas à tous les coups même si tu essaies de t’en convaincre. Laisse tomber Edwin. Tu ne fais pas le poids. Plus maintenant que tu m’as donné ce que je voulais. Tu n’as plus rien à perdre parce que j’ai tout gagné. Avec ou sans ta lettre. Avec ou sans tes conseils. Mais si tu y tiens, je te l’ai dis plus tôt. Donne-moi un enjeu et on jouera aussi longtemps que tu auras envie de perdre. » Mon assurance n’est pas feinte. Elle est presque insolente. Edwin a rallumé la mèche. Il est venu jusque chez moi pour offrir un nouveau sens à mon enfermement prudent. Le hasard fait bien les choses tout compte fait. Le hasard est mère de sûreté. Qui s’y fie s’assure une vie pleine d’action. Une vie remplie de rebondissement. Qui s’y fie, n’est jamais vraiment déçu s’il ne craint ni risque ni conséquence.
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edwin f. chester

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeVen 17 Fév - 16:50


'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'

(je m'excuse vraiment, c'est pathétique. C'est court, c'est nul, c'est du Edwin que je n'aime pas, je suis désolée, mais j'ai la tête un peu embrumée et je suis morte de fatigue U.U bref sorry).

Edwin ne mit pas longtemps avant de regretter son désir de jouer. Par conséquent, celui de prendre ses jambes à son coup pour s'enfuir au plus vite faisait de nouveau sa réapparition précoce. Tout ce qu'il ne supportait pas venait de poindre dans les sujets de conversation. Leur liaison qui s'était fini d'une façon certes peu enviable, mais qui était la sienne, était remise en cause. Soit. Et en plus de ça, elle s'écriait de nouveau qu'elle avait tout gagné après lui avoir certifié le contraire avant qu'ils ne couchent à nouveau ensembles. Sheena était un monstre de mauvaise foi, à son image. Et comme lui, elle était incroyablement dure à suivre. Elle le fit sourire à sa première réplique, puis le rendit morne à sa seconde, sentiment qui n'allait que croissant. Elle devait sans doute jouer, à son humble opinion, mais jamais jusqu'alors Edwin n'avait effleuré aussi férocement ses cordes sensibles. Il ne tolérerait pas que son amitié avec Lloyd soit remise en cause, pas après tout ce qu'ils avaient fait l'un pour l'autre. Surtout pas de la part de Sheena. Elle n'était qu'hypocrisie, car sa relation avec son frère était bien loin d'être aussi glorieuse que leur amitié. Si Edwin venait à cracher le morceau à son sujet, nul doute qu'elle se ferait enfermée dans sa chambre telle une princesse dans la plus haute tour d'un château immense. Sauf qu'elle n'attendrait pas le prince charmant... Elle, femme des temps modernes, s'enfuirait sans doute par la fenêtre pour rentrer saoule à cinq ou six heures du matin.

Edwin la fusillait du regard, littéralement. Lorsqu'elle parla de son frère, puis d'elle comme étant une 'pute de luxe', il ne put empêcher ses impulsions de prendre possession de lui. La bouteille en sécurité dans une de ses mains, il la plaqua sans douceur contre la porte du frigo, le visage a quelques centimètres du sien. Il pouvait effleurer son cou en se déplaçant de deux millimètres, et les douces odeurs du parfum de Sheena venait jouer avec ses sens. « Tu sais ... » commença-t-il dans un murmure tendre, contrastant avec la violence de son geste et la dureté de son regard. « Je tolère beaucoup de choses. Vraiment. Mais parfois, certains vont trop loin et ne s'en rendent pas compte. Sheena, je n'ai aucune envie de m'énerver. Aucune. Alors ne t'avise plus de parler de mon amitié avec ton frère sans rien savoir, et plus non plus de malmener la douceur dont j'ai fais preuve avec toi. » Il s'en rendait parfaitement compte, il venait de perdre toute galanterie et toute crédibilité au niveau du 'jeu', mais ses impulsions ne laissaient à son esprit qu'un temps infime pour s'adapter. Un temps qu'il était incapable de mettre à profit. Si jamais Sheena s'était rendue compte des énormités qu'elle venait de balancer comme d'indignes vérités ! Sans doute était-ce son but, d'ailleurs, de le pousser à bout. Habillant son visage d'un sourire rassurant, il se décala légèrement, lui rendant la pleine maîtrise de son corps. Soucieux de ne point se laisser abimer son si joli visage, il se déplaça encore plus tout en veillant à ne pas subir de représailles féminines stupides mais libératrices.

Ses répliques suivantes lui rendirent le calme olympien qui le caractérisait en tous points. Le visage indescriptible, le regard amusé par la répartie jouissive dont Sheena avait toujours et persistait même à faire preuve, il était revenu à sa place initiale comme si rien n'était arrivé. Elle lui disait avoir besoin d'un enjeu, d'une raison pour se lancer dans cette bataille à corps perdu. Ce désir le laissait bouche bée. Pour Edwin qui, il fallait l'avouer, jouait comme si sa vie en dépendant, qui lui était aussi nécessaire que l'oxygène pour approvisionner son corps, et il lui était totalement incompréhensible que certains n'éprouvent pas pour le jeu la même vénération. Et pourtant, Sheena ne jouait pas sans but. La surprise se lisant sur le visage, c'est pourtant d'un ton confiant qu'il lui répondit. « je n'ai jamais eu besoin du moindre enjeu... » lui glissa-t-il avant de replacer une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille. « ... mais puisque ça t'est nécessaire, disons simplement celui de me prouver une fois de plus a quel point tu m'es supérieure. » Son sourire trahissait la moquerie que l'on pouvait percevoir dans son ton. Il était indéniable, à ses yeux aveuglés par une trop grande fierté, que nul ne pouvait lui être supérieur. Pas même Sheena. Surtout pas Sheena.

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Sheena T. Jackson

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeSam 18 Fév - 13:15

Spoiler:

Le plus souvent, nos échanges relèvent davantage de l’ordre de l’intime que de la franche camaraderie. Ils ne supportent dès lors que très peu de tabou. Le seul que je nous reconnaisse est probablement mon frère. Ensemble, Edwin et moi l’avons trahi et ensemble, nous culpabilisons. Pas de la même manière cependant. Moi, je suis habituée à mentir à Lloyd. Pas lui. Mon frère et son ami se vantent l’un comme l’autre d’avoir construit leur amitié sur des fondations solides. Des bases cimentées par un respect sincère. Ainsi, en prononçant le prénom de l’autre Jackson, je savais que je ne manquerais pas d’agacer ce beau blond. Mes froides salutations et mon excuse parfaite lui intimait pourtant un départ prématuré mais il m’avait volontairement contrariée. Depuis, je lutte. Je lutte entre le discours d’un cœur appréciant sa présence et la raison dictant que son absence m’était préférable.

Si je me rangeai derrière le bon discernement, c’est certainement à contre cœur. Ce n’est qu’une tentative désespérée pour le chasser de mes habitudes en chatouillant un point sensible : son attachement à Lloyd. Rallumer une mèche de colère était mon unique but. Ma dernière porte de sortie pour lui intimer le désir de s’enfuir, pour lui conseiller de songer à l’invective de son petit mot traînant toujours dans mon portefeuille. Je le relis parfois ces soirs de solitude où je me demande s’il lui arrive quelque fois de penser à moi. Je le relis souvent ces heures impatientes durant lesquelles je croupis dans ma chambre. Je le relis à chaque fois que j’ai la désagréable impression qu’il me manque. Trois semaines de silence, c’est long. Très long. Cette lettre, griffonnée à la va-vite m’aide à me convaincre que ce n’est qu’une idée. Un sentiment manipulé par l’ennui et la lassitude. Avant, je le voyais peu mais, j’ai pris goût à nos jeux malsains, nos provocations incessantes et cette attirance qu’il réveille à l’insu de ma volonté dès que son visage s’approche de ma frimousse triomphante ou de mon cou.

Comme j’avais été fière de ma réplique. Dieu que je le suis moins quand il me presse brusquement contre la porte de frigo. La dernière fois qu’il m’écroua entre son corps et un mur, nous étions dans un ascenseur et la tension sexuelle était à son comble. Dans mon garage, c’est son manque de patience qui l'explique. Elle s’est étiolée à mesure de mon monologue. J’en perds mon sourire vainqueur et j’écarquille même un peu les yeux. Involontairement – je n’en doute pas – il m’a fait mal. La poignée du frigo s’est enfoncée dans mon dos et une grimace file sur mes traits. J’aurais pu m’en plaindre. J’aurais pu exprimer la douleur de l’onomatopée commune à tout à chacun. Pourtant, je ne dis rien. Je ne dis pas un mot. Je demeure stoïque. Non pas qu’il m’effraie. Non. C’est cette proximité qui m’enferme dans un mutisme passager. Un mutisme étonnant tandis que je me bats avec moi-même pour ne pas avancer mon visage vers le sien. Je ne peux pas. Certes, je me moque sciemment de la bienséance. A contrario, je m’intéresse sincèrement à mon image. J’ai beau prétendre avoir tout gagné parce qu’il m’aura finalement cédé, force est d’admettre que je n’ai pas marché mais bien couru. J’ai couru jusqu’à son appartement et jusqu’au parking. J’ai biaisé mes principes pour quelques plaisirs charnels dans un hôtel et j’ose m’offusquer d’y avoir été abandonnée. J’ai récolté les graines que j’ai semées. Malheureusement, j en avais planté quelques mauvaises

Sa réaction, je la comprenais. Sans doute aurais-je agi avec autant d’impulsivité et, a fortiori, je n’aurais probablement pas fait montre d’autant de contenance dans le timbre. Il était tendre, presque doux. Je m’y suis quelque peu égarée d’ailleurs, trop concentrée pour ne pas l’appeler de mes mains. J’assentis simplement en opinant maladroitement du chef. Je n’étais pas certaine d’avoir saisi tous les tenants et aboutissants de son avertissement. J’ai entendu « Enerver » mais hors contexte, c’est vide de sens. Vide de tout. Au final, seul compte ce pincement au cœur de le deviner si amer, peut-être déçu. Alors, j’ai consenti à jouer selon ses règles en exigeant tout de même un enjeu. Un enjeu principalement destiné à chasser ce but obsédant et obstiné qu’est suscité chez lui désir et concupiscence. Un enjeu consacré à trouver tout autre sens que celui de le satisfaire car je ne suis plus bonne qu’à ça désormais.

Ainsi, libérée de sa force, je sonde son visage, son sourire et ses yeux. J’y cherche une lueur rassurante qui taira cette peur nouvelle qu’est justement lui déplaire. Je scrute mais ne déchiffre rien. J’épie mais je n’y entends rien. Aussi, je me mords un peu la lèvre quand je n’y découvre que surprise et stupéfaction. Je l’avais si peu habitué à ça. Comment, sans explication, pourrait-il comprendre que je n’ai qu’un dessein : Me protéger. Me protéger de ces ruses qui m’emprisonnent à lui mi-figue mi-raisin. Protéger ce cœur qui bat à mes tempes dès qu’il est à moins d’un mètre de moi. Je ne peux que soupirer de soulagement quand il s’éloigne peu à peu. J’ai machinalement glissé ma main dans mon dos, glissant sur la peau meurtrie par l’appendice du frigo. Elle était plus sensible mais, je m’en remettrais. La preuve en est. Je l’oubliai dès qu’il s’anima.

Visiblement, ma requête le dépassait. Logique implacable. Je n’avais, jusqu’alors, jamais attendu une bonne raison pour le titiller un peu ou me laisser prendre à ses jeux. Mais les choses étaient différentes. Trop différentes. A l’époque, il ne m’avait pas marqué au fer rouge. Or, goûter à sa peau fut comme signer la fin de mes aventures. Tout homme me semble fade désormais. Insipide. Incolore. Inodore. Inutile. Inintéressant. C’est comme si Edwin m’avait volé un morceau de moi-même. Un morceau que je n’ai jamais voulu lui concéder. C’est effrayant et angoissant parce qu’incompréhensible. Il n’avait rien d’un tout. Rien d'un tout premier alors, pourquoi ? Pourquoi suis-je d'avance blasée rien qu’à songer qu’un autre homme puisse poser les yeux ou les mains sur mon corps nu ? Pourquoi ? Question existentielle qui m'empêche de jouer sans enjeu. Je veux savoir où il veut nous emmener pour éviter de bâtir des cathédrales sur une comète trop étroite. Quelle idiote. Comme s’il était du genre assez conciliant pour m’éclaircir ? Comme si cela lui ressemblait ? Comme s’il était prêt à se montrer magnanime alors qu’il est probablement à mille lieues de deviner ces craintes et ces angoisses qui me hantent depuis des jours. "C’est la différence entre toi et moi. » lui déclamais-je sans conviction apparente tandis que je rapièce mon assurance.

Il me fallut peu de temps pour l’ériger à nouveau plus incorruptible que jamais. Je profitai d’une marque d’affection pour m’enquérir de sa main et le tirer un peu vers moi, un sourire charmeur au coin des lèvres. « Que je te suis supérieure ? Tu n’as pas l’air d’y croire. C’est presque offensant Edwin... presque autant que ton manque d’originalité, tu m’as habituée à mieux. Soit, j’ai une proposition à te faire. » lui déclamais-je en me hissant sur la pointe des pieds pour atteindre son oreille. J’avais oublié qu’il était si grand. « Ce soir, mes parents sortent. Quant à mon frère, je doute sérieusement qu’il rentre. Je mets ma main au feu qu’il t’enverra bientôt un message pour te prévenir qu’il est occupé ailleurs, probablement avec la pire femme qui puisse exister sur cette Terre mais, comme elle le mène par le bout du nez, il ne trouvera pas le courage de l’abandonner maintenant qu’ils se sont retrouvés. Pas même pour toi. En ce qui me concerne, je suis coincée ici... Je ne peux pas sortir parce qu’Aurlanne me tient à l’œil. J’imagine que tu vois où je veux en venir ? » lui demandais--je feignant la déception.

En réalité, j’étais plutôt ravie. Ravie qu’il soit coincé ici plus longtemps qu’il ne l’imagine car je suis déterminée à lui donner l’envie de rester avec moi, ici ou ailleurs peu m’importe tant qu’il ne me laisse pas toute seule dans cette maison. « Si je joue et que je gagne, tu restes avec moi. » En tout bien tout honneur. Plus en bien qu’en honneur... à vrai dire, je m’en fous complètement. Je veux juste profiter de l’occasion qui m’est donnée de l’avoir encore un peu pour moi, qu’importe la façon ou la manière. Alors, j'exprime ma requête dans un souffle. Un souffle chaud contre sa peau.« Alors ? Tu en es ? Ou tu préfères abandonner la partie parce que tu sais qu’à ce jeu-là... » à défaut d’un autre « Je te suis plus supérieure que tu ne le crois ? » quémandais-je en récupérant d’un geste anormalement lent la bouteille d’eau tendue plus tôt. J’ai sciemment effleuré ses doigts ne le narguant d'un regard malicieux. Une fois de plus, je lui souris. La grimace est espiègle et j'ai les yeux brillant.Si je le quittai des yeux, c’est uniquement pour ouvrir la porte du frigo. J’y ai glissé la bouteille pour réclamer ensuite un peu de son aide. La tâche est ingrate et pourtant, je l’habille avec finesse et discrétion d’un peu de sensualité. Je ne m’accroupis pas, je me penche. Je ne marche pas, j’ondoie. Je ne suis pas vulgaire. Je ne le suis que rarement. Je suis juste attirée par lui alors je le charme. Du moins je tente. Je m’étais promis que ça ne n’arriverait plus. Je me l’étais juré... malheureusement, je crois n’être plus bonne qu’à ça...
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edwin f. chester

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeSam 18 Fév - 22:14


'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'

Edwin n'avait jamais véritablement accordé d'attention aux femmes. Plus que des êtres humains, elles étaient des poupées dénuées de véritable intelligence. Il se basait sur les femmes qu'il ramenait dans son lit pour se faire une idée de toute la gente féminine en règle générale. Les demoiselles l'ayant tant intéressé par leur intelligence et leur originalité que par leur physique gracieux se comptaient sur les doigts d'une main. Et encore... Sheena en faisait partie. Non, même pas, cette demoiselle incroyable se situait plus hors concours. Il n'osait pas même la comparer à toutes ses femmes qu'il avait mis dans son lit, ses maîtresses d'une nuit sans autre intérêt que son propre plaisir. Elle était plus que ça. Mille fois plus. Et de ça, il en avait l'absolue certitude. Sans même parler d'amour, sentiment qu'il n'avait jamais connu et qu'il ne comptait pas même ressentir un jour, il éprouvait pour elle un respect sans borne qui la faisait paraître unique à ses yeux. Elle avait beau être la soeur de Lloyd, il lui arrivait parfois de nier ce lien de parenté pour se laisser aller à des impressions sur la véritable femme, et non la frangine qu'elle était indéniablement. Tellement différente en tant que soeur que comme demoiselle. Tellement que ce n'était pas même imaginable. Et Edwin se plaisait à savoir qu'il était l'un des seuls à connaître les deux facettes de cette Jackson fascinante.

Il aimait jouer avec elle. Il aimait être avec elle tout simplement, par ailleurs. Elle faisait preuve d'un sens de l'humour et d'une originalité qui lui semblait particulièrement intéressantes, et il savait qu'il ne saurait plus se passer d'elle. Par ailleurs, ses conquêtes depuis qu'elle l'avait séduite, elle, lui avait semblé terriblement fade. Il lui manquait quelque chose. Un piquant que Sheena avait su, la première, lui offrir, et qu'il recherchait depuis sans jamais parvenir à le trouver. C'était fou, c'était dingue. Pourquoi était-ce sur elle que c'était tombé ? Pourquoi elle, alors qu'elle était bien la seule femme sur cette foutue planète qu'il n'aurait jamais du toucher. Le hasard lui faisait bien des mauvais tours après avoir été entièrement cléments avec elle, lui offrant femmes à gogo et vie de rêve. Car en dehors de ça, de cette simple erreur qu'il voyait en Sheena, il était un mec comblé sous quasiment tous les points. Et il avait suffit d'une fois pour que tout soit remis en question. Une simple demoiselle au regard d'ange et au visage inoubliable. A la répartie flamboyante et à la séduction facile. C'était injuste qu'à son tour, il n'ai pas su lui résister. C'était encore plus injuste qu'il ne parvienne pas à l'oublier. Injuste certes, mais loin d'être déplaisant, car il pouvait avec joie constater que ces sensations étaient parfaitement réciproques.

Entre ses deux êtres hors du commun, il y avait tant de points communs que de différences. Ils offraient un regard différent sur la vie, sur le monde extérieur, sur tout, en soi. Elle était une femme, lui un homme. Même si elle ne l'admettrait jamais, Sheena avait un petit côté femme blessée qu'Edwin n'aurait pu, même en le souhaitant, ne pas voir. C'était l'une des raisons pour laquelle il avait préféré qu'elle l'oublie. Toutefois, il avait fallu qu'il débarque chez elle, il avait surtout fallu que Susan l'invite (ou du moins l'oblige) à rester diner, et c'était sans compter sur le jeu qu'il avait instauré. Mais pourquoi avait-il fait cette bêtise ? Pourquoi avait-il oublié toutes ses belles remontrances, tous ses beaux conseils au profit d'un simple amusement qu'il aurait pu trouver ailleurs sans avoir à se disputer avec sa morale trop omniprésente à son goût ? Leur impressionnante fierté, toutefois, était commune. Sheena comme Edwin avaient une opinion d'eux qui frôlaient l'absolue hauteur, et ils connaissaient bien trop leur importance pour céder à l'autre ne serait-ce qu'un minuscule morceau de terrain. Chacun n'avait d'autres désirs que de prouver sa supériorité, et surtout d'avoir le dernier mot dans une joute entre deux héros qui aurait pu durer une très longue éternité. Pourquoi chercher un vainqueur alors qu'il n'en existe pas ?

Edwin, surprit, se laissa faire lorsqu'elle l'attira à lui. Là, il retrouvait enfin la Sheena qu'il avait appris à apprécier chaque fois un peu plus lors de leur deux dernières rencontres. Son souffle tout contre lui, sa peau non loin, son regard emprisonnant ses prunelles, son désir se réveilla terriblement vite, plus encore à l'entente de ce nouveau jeu qu'elle lui promettait. Encore une fois, elle ajoutait ce petit piquant, ce piment indolore mais tellement jouissif dans ce qu'il lui proposait. Elle l’accommodait à sa sauce, afin de s'octroyer un avantage qu'elle ne gardait jamais bien longtemps. C'était indéniable, Edwin gagnerait, comme il gagnait toujours. Qu'elle ne le reconnaisse pas le dépassait, mais rendait plus plaisant encore et plus puissant son désir de le lui prouver. « je vois que tu as vite éludé mes conseils de la dernière fois. On peut dire que ça fait partie de ton charme. » Il lui sourit presque tendrement. A ce jeu qu'elle lui proposait, toutefois, se mariait un problème de taille. Un problème qu'il n'était pas apte à faire disparaitre, mais qu'il aurait pourtant rêvé inexistant. Si elle gagnait, il restait ? Soit, mais ... « mais dis moi, qui te dit que j'ai besoin de gagner pour cela ? » Son regard s'était fait espiègle devant cette vérité dévoilée à une femme qui n'attendait sans doute que ça.

A vrai dire, ce jeu n'en était pas un. Il n'était qu'une proposition indécente cachée derrière une autre l'étant beaucoup plus. Elle était persuadée de gagner, à ce compte là, car Edwin ne la laisserait jamais perdre. Il n'était pas homme à s'enfuir sagement chez lui alors qu'une belle femme lui propose un divertissement à la hauteur de ses plus folles exigences, et elle devait en avoir pleinement conscience. Cette garce le manipulait terriblement bien, et il ne pouvait que répondre présent sous ses commandes. Il était sa marionnette, elle tirait les fils qu'elle désirait, quand elle en avait envie. Elle gagnait, tout simplement car elle menait le jeu. Injustice... Il n'avait plus qu'à se montrer imprévisible. Son visage à quelques centimètres de celui de Sheena, et alors qu'elle venait de lui demander s'il en était ou non, il laissa sa bouche flirter légèrement avec la sienne. Il la déposa tendrement sur ses lèvres, obligeant ses mains à rester sagement le long de son corps, la bouteille toujours dans celle de gauche. Puis il s'écarta au bout de quelques secondes. « ça réponds a ta question, j'imagine. » répondit-il d'une voix espiègle et joyeuse. La surprendre, la déstabiliser, n'était-ce pas tout ce qu'il pouvait espérer ?

Ils venaient de terminer la tâche ingrate que Susan avait exigé d'eux lorsque sa douce voix retentit par la porte. « merci les enfants ! Pendant que je finis de faire la cuisine, sheena, tu n'as qu'à lui montrer ta chambre . » Edwin se retourna, un sourire ravi sur le visage. Cette perspective l'enchantait, littéralement. Il lui semblait tout connaître de cette belle demoiselle qui lui semblait sienne, et pouvoir admirer le lieu où elle passait sans doute le plus clair de son temps ne pouvait que le réjouir. Il se doutait surtout que cette perspective ne lui plairait pas franchement, et cette mini victoire l'enchantait. Il avait toujours appris à se satisfaire des plaisirs les plus cours, d'autant qu'il n'en aurait certainement pas d'autres avant un petit moment ...

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Sheena T. Jackson

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeDim 19 Fév - 14:06

Malhonnête, je jurerais que j’ai réfléchi chaque phrase et que j’anticipai chacune de ses réactions qu’il s’agisse de l’agacement en passant par la colère, de la douceur à la tendresse. C’était tout bonnement faux cependant. Je vogue entre perte et victoire. Tantôt je gagne, tantôt je perds. Tantôt je suis troublée, tantôt je suis assurée. D’apparence, j’impose la cadence mais, au fond de moi, je sais qu’il mène la danse. A son timbre doux, je lui devine des intentions malséantes. S’il souhaite me renvoyer à mes souvenirs, il y parvient sans difficulté. Tout. Absolument tout en lui me rappelle nos honteuses nuits roses. Et lorsque ses doigts effleurent ma joue pour replacer une mèche de cheveux échappée de mon chignon sauvage, j’oublie toutes mes résolutions. Impulsivité remporte haut la main la bataille contre raison et morale. La vie est décidément une garce et le hasard le roi des salauds. Le véritable gagnant, c’est lui. C’est lui qui m’oblige à me confronter aux grands yeux clairs d’Edwin, à ses sourires narquois, à ses mains trop appréciées et surtout, à son indéniable charisme. Le mannequin est doté d’une aura si puissante que parfois, face à lui, je me sens toute petite. Il suffit qu’il approche pour que cède toute ma résistance. Elle est trop faible, trop fragile. Barricade de paille qui ne résiste pas au souffle du loup. Elle ne me ressemble guère et, finalement, je ne doute pas qu’il s’en amuse. Au contraire, il ne soulignerait pas l’inconsistance de mon enjeu et ma facilité à ignorer règles et consignes. « Des conseils ? Je ne vois pas de quoi tu parles ! » ai-je plaisanté faussement innocente, les traits illuminés d’un large sourire. Un sourire flatté, amusé. Un sourire aux divers messages. Le jeune homme choisira celui qui lui convient le mieux. Il le happera à sa guise et pour une fois, je me moque de ce qu’il en pensera.

La normalité m’imposerait qu’Edwin perde soudainement tout son intérêt. Et pourtant, sa question rhétorique me touche. Evidemment, en descendant l’escalier, j’ai espéré qu’il soit venu pour moi mais la crédulité n’allonge pas la liste non exhaustive de mes défauts. Dès lors, j’ai très vite tiré des conclusions destinées à proscrire les fausses aspirations d’une attention toute particulière. Il cherchait mon frère. Ni plus ni moins. Il venait à sa rencontre quand il s’est lui-même fait prisonnier des exigences de ma mère. A sa remarque, je ne peux réprimer ma surprise. J’allais reprendre la parole mais, malin à souhait, il articule cette révélation à laquelle je n’avais pas osé songer. « Euh... je... sais pas. Parce que ça me semblait logique » bafouillais-je d’avoir été prise au dépourvu. Je m’étais préparée à un refus ronflant ou une moquerie retentissante mais pas à cette éventualité. Elle est une flèche empoisonnée plantée dans mon cœur tambourinant déjà dans ma poitrine pour sa bouche contre la mienne. Impudente, elle glisse sur l’ourlet de mes lèvres. Elle s’y pose aussi légèrequ’un papillon sur un brin d’herbe et je suis le mouvement. Ma main, sur son épaule, joue avec son col. Et voila que l’enjeu et le jeu n’existent plus. Le premier n’a plus lieu d’être si Edwin n’émet aucune objection à ma compagnie. Le second, vide de l’autre, n’a plus de sens à mes yeux et sans atours, mes propres interrogations sont vaines. Il n’a plus besoin d’en être. Plus besoin de me répondre. Et pour la première fois, j’ai l’impression que mes manigances retorses ne seront plus vouées à notre dévotion éphémère mais bien à nous faire patienter le temps que Lloyd se décommande et que mes parents s’éclipsent. La situation est plus que tout autre étrange. Plus encore que sa jalousie présumée pour m’avoir découvert entre les bras de William. Elle est toutefois plaisante. Inquiétante et satisfaisante... et pas seulement pour mon orgueil d’ailleurs. En réalité, je suis ravie. Je ne peux pas le nier. Mon manège autour d’une mission aussi ingrate que remplir un frigo en est d’ailleurs une preuve probante. Il parle plus que tous mes mots si bien que, tandis qu’il s’éloigne, je me contente d’assentir d’un hochement de tête et d’un clin d’œil rempli de sous-entendu avant de reprendre le dur labeur.

Moi qui avais peur que nous nous éternisions au risque de mettre une puce à l’oreille de ma mère, je regrettais instantanément de n’avoir pris davantage de temps en pénétrant dans la cuisine. Cette dernière– qui serait probablement enchantée d’avoir Edwin pour gendre – me propose gentiment de l’emmener dans ma chambre. Je n’en croyais pas mes oreilles et sur mon visage file étonnement et stupéfaction « Maman, tu es sérieuse là ?» lui demandais-je en priant le ciel qu’elle me taquine. Quelle têtue, noble et naïve dame qu’est ma mère. Par son ignorance, elle dépasse l’entendement. Elle me fait bien trop confiance. « On est plus des gamins. Edwin se moque complètement de voir ma chambre. C’est n’importe quoi.», tentais-je de protester tandis qu’elle insiste lourdement sans mot dire. J’ai baissé les bras en bougonnant. Lui, il souriait évidemment. Que dis-je, il jubilait. Pénétrer dans ma chambre, c’est lui accorder le droit de violer l’intimité des mystères de mon caractère. C’est lui permettre de deviner laquelle, des deux Sheena qu’il côtoie, est plus proche de la vérité : La fille parfaite ou l’amante experte ? La fragile femme blessée ou la séductrice chevronnée ? Il risque d’être déçu, le pauvre. Mon refuge est à mon image. Il renferme un peu de l’une et un peu de l’autre. Soit, puisque je n’ai pas d’autre choix, je l’ai invité à me suivre. La main sur la poignée, je me suis retournée pour lui faire face et l’avertir que personne n’y entre jamais, dans mon sanctuaire. Pas même mon frère. C’est une question de respect. Aussi, je précisai que Susan avait certainement une idée derrière la tête. « Tu lui plais beaucoup trop. Ça peut devenir dangereux. Si j’étais toi, je ferais demi-tour. » Mais sans attendre de réponse – je la devinais différence que mes espérances, j’ai fait fi de toute bienséance en entrant la première. La porte, je la laissai ouverte derrière moi. Machinalement, j’ai rassemblé d’innombrables feuilles volantes traînant sur mon bureau de pin pour les ranger dans mon bureau. J’ai ramassé quelques vêtements que j’ai déposés sur la chaise. Bref, j’ai rendu ses lettres de noblesses à ma chambre. A la fin de mon entreprise, je lui souhaitai la bienvenue en jetant un regard circulaire sur mon sanctuaire. Et j’ai constaté à quel point tout ici est révélateur de ce que je suis.

Sous mon lit s’entasse des boîtes à chaussures remplies de cahiers où sont consigné peurs, espoirs et rêves de petites filles. Sur ma bibliothèque s’ajoutent à mes livres des photos de moi, de mes amis, de ma famille et surtout de mon ex. Au pied du sofa traîne ma guitare, quelques partitions, une gomme et un crayon. Mon PC également. Négligemment posé au sol, il bourdonne et répète inlassablement le même morceau de Bob Dylan. Bien accroché au mur, un dressing prêt à craquer révèle mon penchant pour la mode et, juste à côté, une table de couture remplie d’aiguilles, de fils et de bobines. Mon miroir, quant à lui, déclare toute la haine que je ressens pour Aurlanne dans un : « Je la déteste » gribouillé rageusement avec du rouge à lèvres. Et ce n’est pas le seul message qu’on peut découvrir aux hasards de mes murs. Au dessus de la tête de mon lit, calligraphié en grand et à la bombe de peinture, on peut déchiffrer : « Don’t think twice, il’s all right ». Un péan en l’honneur de mon idole. Mais ce n’est pas le clou de la visite.

Le mur d’en face est destiné à recueillir mes états d’âme. « Que les apparences soient belles car on ne juge que par elle » ou encore : « Demain je reprends la route le monde m’émerveille, j’irai me réchauffer à un autre soleil, je ne suis pas de celles qui meurent de chagrin, je n’ai pas la vertu des femmes de marins » suivi d’un « Je méprise les hommes autant que le monde. Ils sont à mes pieds, je suis à leur tête.» sont un échantillons de la multitude de citations recouvrant ce que j’appelle communément le mur des lamentations. Et soudain, je réalise qu’à lui seul, il détient tous les détails de ma vie. Il est le fruit de tous mes dilemmes et de toutes mes contrariétés. Edwin, s’il prenait le temps, pourrait aisément assembler les pièces du puzzle et il détiendrait entre ses mains toutes les cartes pour me blesser s’il le souhaitait. Je refuse alors qu’il s’attarde trop à une inspection minutieuse de mon refuge et je fais donc des pieds et des mains pour attirer son attention, quitte à me jeter dans ses bras au sens figuré comme au sens propre.

Avant de le rejoindre, j’ai ouvert les rideaux et j’ai éteint la lumière. A peine éclairé, mes secrets sont moins visibles. Puis, j’ai enroulé mes bras autour de son cou et je l’ai serré contre moi de toute ma faible force. Je me devais de sentir son corps non loin du mien pour lui rendre justice. Je me devais également de lui chuchoter mes provocations à l’oreille au risque de m’étourdir sous la fragrance masculine de son parfum. Son parfum. Il m’inspire force et respect. « Ma mère conspire contre moi pour t’octroyer des tas de petites victoires. Je trouve ça tellement trop facile. Tu te rends compte que tu as vraiment toutes les chances ? Ma mère, mon frère et moi qui suis capable de me tenir quand il le faut. C’est dégueulasse. Ce serait tellement plus amusant pour moi d’appuyer sur les bons boutons pour te faire oublier tes conseils, ta morale et tutti quanti... » ajoutais-je un peu narquoise en m’éloignant légèrement pour laisser mes main glisser du tissu recouvrant son torse pour m’arrêter juste là, derrière le demin de son jeans, sans toucher sa peau mais sans aller plus loin. « Allez viens » lui proposais-je en laissant mollement mes mains retomber le long de mon corps en lui rendant sa liberté. « Je vais te faire visiter tout l’étage tant que tu es la. Ce serait dommage de se contenter de ma chambre. Il n’y a rien à y voir en plus. » Je tentais vainement de lui cacher mon désir de fuir la pièce. J’essayais en fait de me convaincre qu’en lui dissimulant ma frustration, elle perdrait en intérêt. Je doutais du résultat mais, à défaut, j’y mettais les formes, espérant qu’il ne proteste pas.
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edwin f. chester

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeMar 28 Fév - 21:24


'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'

Edwin était faible. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il n'avait plus la moindre volonté dès lors qu'il s'agissait de Sheena. Elle avait su le charmer d'une manière qu'il ne connaissait pas, elle avait brisé en lui toutes les défenses qu'il s'était construit pour repousser sentiments forts et affection pragmatique. C'était injuste. Par sa simple présence, elle savait faire de lui un jouet qui ne répondait qu'à ses humbles exigences. Avec elle, plus rien d'autre n'importait que son contentement. Au loin, les basses divergences auxquelles il était accoutumé. Ne restait qu'un assentiment suggestif à toutes ses exigences. La belle ordonnait, et il exécutait, toujours. En mettant les formes, certes, désireux de faire croire, tant à lui qu'à elle, qu'il n'était pas hommes soumis à ne jamais émettre la moindre controverse. Mais pourtant, le résultat était bien là : elle gagnait, toujours. Il était incapable de lui refuser quoi que ce soit, et cette évidence c'était faite indémodable depuis la première fois qu'elle avait su le faire craquer, se moquant éperdument de sa morale et de ses soucis éthiques. En le faisant renier ses derniers, elle avait tout gagné. Tant son respect que son affection, tant ses attentions que son délicieux corps qui lui était dorénavant promis. Certes, pas à elle seule, il ne fallait pas voir trop loin, mais il savait parfaitement que plus jamais il ne saurait asséner un 'non' certain à cette femme qui le fascinait. Elle était maître de sa volonté. Et ce simple titre lui valait toutes les récompenses du monde.

Leur tâche dans le garage l'avait prouvé une fois pour toute. Elle le dominait. Simplement, et entièrement. Il lui était dévoué, tel un preux chevalier à une noble dame, et il venait à cet instant de lui offrir son absolue présence. Elle n'aurait qu'à le sonner pour qu'il n'accoure. Au diable Lloyd, au diable la séduction, elle valait bien mieux que tout ce qui se mettait en travers de leur plaisir et de leur étrange couple. Rien n'aurait pu l'empêcher de la rejoindre si seulement elle avait réclamé sa présence. Ainsi, si elle avait pris la peine de le recontacter après cette nuit dans l'hôtel, il n'aurait pas hésité une seule seconde. Mais aveuglée par sa fierté, aveuglée par ce qui faisait d'elle une femme si exceptionnelle mais aussi si complexe, elle n'avait pas su lire l'évidence qui, pourtant, s'imposait à elle. Edwin lui était dévoué. En son intégralité. Cette femme avait remporté un prix inconcevable, mais ne parvenait pas à faire la lumière sur cette certitude que le jeune mannequin, lui aussi bouffé par son égo surdimensionné, n'aurait jamais affirmé de lui même. C'était une évidence, qu'ils étaient tout deux incapables de voir pourtant. Douces créatures de l'absurdité.

Edwin était réellement ravi de pouvoir voir l'antre de cette déesse qu'il avait su déterrer et apprivoiser. Alors qu'elle ne se rendait pas compte des exploits qui couronnaient son entreprise, lui, en revanche, ne se faisait pas prier. Et il était parfaitement conscient du lien privilégié qu'il entretenait jusque là avec cette séductrice invétéré. Oh, certes, il n'aurait jamais eu la prétention d'affirmer qu'elle ne voyait plus d'autres hommes depuis leur liaison, il n'aurait su le dire sans avoir la certitude de proférer d'ignobles mensonges, toutefois il la voyait à son image, et qu'elle s'adonne plusieurs fois au même jeu, rien que cela relevait de l'ordre de l'exploit. Et qu'il ai su intéresser cette délicieuse personne à plusieurs reprises l'incitait à croire que leur lien avait quelque chose d'unique, et ce tant pour l'un que pour l'autre. La mère de Sheena venait, grâce à cette invitation particulière, d'offrir à Edwin une victoire inespérée. Quelle délicieuse nouvelle ! Il ne pouvait empêcher cet ingrat sourire de prendre place sur son visage, il se sentait tel un enfant narguant son amie, et cette impression le transcendait. Il se sentait si bien avec elle. Il lui semblait la connaître parfaitement alors qu'il ne savait rien d'elle, sinon la beauté de son corps et les courbes délicates de ses hanches.

Après quelques protestations vaines de jeune fille en fleur, Sheena le traina, visiblement gêné par cette nouvelle demande, jusque dans sa chambre. A peine eut-il mis un pied dans cet antre qu'il en fouilla du regard les moindres recoins. Souriant, il l'aperçu du coin de l'oeil ranger deux ou trois affaires qui trainaient, comme pour lui donner un meilleur aperçu de la seule pièce de la maison qu'il n'avait jamais eu la chance de visiter. Lloyd ne le lui avait pas proposé, et il n'en avait jamais véritablement eu quoi que ce soit a faire. Mais là, alors que cette salle commune aurait du provoquer en lui une indifférence palpable, il n'était transcendé que par l'incroyable désir de tout voir, de ne rien laisser passer en sachant pertinemment qu'il n'aurait pas plusieurs fois l'honneur d'admirer pareil spectacle. Son regard dériva de droite à gauche, de haut en bas, traversant les diagonales, il lu les citations sur son mur, se demanda avec grande curiosité ce que contenaient ses grandes boîtes sous son lit, s'arrêta quelques minutes sur la phrase qu'elle avait noté à la peinture au dessus de sa tête de lit. Il aurait aimé continuer son inspection, il l'aurait sans doute fait si elle n'avait pas tamisé la lumière et ne s'était pas emparé de l'espace pour le prendre dans ses bras, caressant tendrement son torse mais s'arrêtant bien vite pour lui faire une offre qu'elle devait savoir parfaitement inutile. Le regard pétillant, il ne désirait rien moins que rester ici. « Je te rappelle que ton frère est mon meilleur ami, je connais le haut de cette maison sans doute autant que toi. Ta chambre est le seul endroit où je n'étais pas allé, jusqu'à présent, autant te dire que je ne la quitterais pas de ci-tôt. » Il la gratifia d'un sourire sarcastique. Et une victoire de plus. Certes involontaire, mais victoire tout de même.

Il se rapprocha d'elle, continua à marcher malgré sa présence et la força a reculer, jusqu'au moment où il l'accula clairement contre le mur. Son sourire ne l'avait pas quitté. Délicatement, il posa sa main sur son épaule, avant de descendre tendrement vers son oreille (leur différence de taille se faisait parfois sentir ...) avant de murmurer, avec une douceur non feinte : « Je m'en doutais, mais j'ai confirmation hm. Tu aimes le danger toi, le fait que ta mère soit dans la cuisine ne te gène pas, au contraire. Alors pourquoi attendre qu'elle parte ? » Il laissa longuement trainer cette proposition indécente, qu'il ponctua d'un léger mordillement de son oreille. C'est d'un ton joyeux qu'il s'éloigna d'elle, lançant un « Mais avant ça, j'ai des trucs plus importants à faire. » sonore. Sans se retourner, il commença à parcourir la pièce, s'attardant sur chaque citation pour en lire l'intégralité, souriant à certaines, retrouvant un calme glacial sur d'autre. Rien, dans cette chambre, ne le surprenait de la part de Sheena. Inconsciemment, il eut la certitude de la connaître plus qu'il ne le croyait jusqu’à présent. D'une fille inaccessible, elle était devenue une amie, une source d'affection et de reconnaissance qu'il se plaisait à apprivoiser comme un animal sauvage rare et respectable.

C'est vers les photos qu'il s'arrêta longuement, admirant chacune d'elle, le sourire aux lèvres. Mimique qui ne put que s'amenuir lorsqu'il passa sur celle d'un homme, sans doute du même âge que lui environ, des photos que Sheena avait l'air de conserver soigneusement comme un précieux souvenir, ou comme des moments intimes qu'elle ne souhaite pour rien au monde oublier. Il devait l'admettre, cet homme l'intriguait plus que de raison, non pas par jalousie, mais par curiosité, un sentiment impersonnel ponctué d'une once d'envie de tout savoir sur elle, ses craintes, ses impressions, ses sentiments les plus profonds, tout ce qui, dans son passé, avait pu forger une si belle et tendre personne. Il se tourna vers elle, le sourire aux lèvres, et c'est d'un ton enjoué qu'il poursuivit, ne trahissant pas le moins du monde cette soif de savoir qui le taraudait : « Bon, je comprends que tu n’ai pas affiché une photo de moi, vis a vis de ton frère et tout (bien que, j'en suis sure, ta mère aurait été ravie). Mais de la à me remplacer, tu trouves pas que t'exagère un peu !. » Il s'amusa à accompagner ce reproche factice d'une moue outrée, cherchant des renseignements précieux derrière une apparence d'absolue comédie. Il n'en doutait toutefois pas : cela ne tromperait personne. Surtout pas elle.

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Sheena T. Jackson

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeMer 7 Mar - 20:53

Proposer à Edwin de découvrir l’étage de la maison de mes parents était probablement l’invitation la plus irréfléchie et la plus désolante que j’ai eu à formuler un jour. Elle manque cruellement d’ingéniosité. Quand bien même n’aurais-je pas été devancée par mon frère, cette visite guidée n’est rien face à la curiosité. L’occasion de m’apprendre par cœur est trop belle. J’en sais quelque chose. Moi-même, en foulant le sol de l’appartement d’Edwin pour la première fois, j’avais jeté quelques œillades indiscrètes aux petits détails insignifiants mais pour le moins révélateur de sa personnalité. Son intérêt, bien que flatteur, n’a donc rien d’étonnant. Au contraire. Pourtant, ses pupilles profanes voguant ça et là dans ma chambre m’agace et j’échafaude mil pièges. D’aucun ne m’a satisfait. Et lui non plus, visiblement. Nonobstant mon corps contre le sien, mes mains sur son torse habillé, rien ne semble dérouter son investigation béotienne. Bien sûr, loin de l’indifférence dont il est tout à fait capable, il répond sensuellement à mes suggestions sous-entendues. Il m’emprisonne contre le mur, murmure et mordille le lobe de mon oreille avec une telle sensualité qu’il m’en coupe le souffle. En lui, tout m’éveille des idées blasphématoires envers son serment pour mon frère. Comme s’il était utile de le souiller à nouveau mais sous son propre toit cette fois. « Aïe » J’inspirai difficilement. « J’ai bien envie de te prendre au mot. Il nous reste quoi ? Dix minutes avant qu’on ne passe à table ? Peut-être un peu moins... » lui soufflais-je avec sensualité sans – malheureusement - allier le geste à la parole. Grave erreur. J’aurais dû le retenir par un baiser.

Bien malgré moi, j’offre à Edwin tout le loisir de s’envoler hors de mes filets alors qu’un peu de ruse m’aurait suffi pour saisir la balle au bond. Pourquoi ne me suis-je pas fiée à mon indécence ? Mère de ma relation – si tant est qu’il en existe une – avec ce jeune homme. Quelle idiote. Il était si près, si proche et si engageant. Cette fois, j’ai loupé le coche. Accepter mon impuissance, patienter et observer un silence presque trop solennel est, désormais, ma dernière option tandis qu’il parcourt sans pudeur le mur des lamentations. Ses citations condensent l’ensemble de mes coups de gueule et mes coups de cœur au fil du temps. Sa lecture est donc pour le moins dérangeante. Mais, Je suis démunie. Assise en tailleur sur mon matelas et adossée contre ma tête de lit, je ne peux que contempler ses traits parfaits s’illuminer ou s’éteindre au fur et à mesure qu’il me découvre.

Ignorant qu’Edwin ne jouit d’aucune prégnance divinatoire, je songe que certaines d’entres elles le concernent directement et j’en panique un peu. Alors, machinalement, je me justifie. Je prétends qu’elles sont vieilles, usées par le temps et sans grande signification. Je réprimai de justesse le conseil qu’est de ne point s’y attarder, craignant d’alimenter chez lui un quelconque désir d’en savoir encore plus. Toujours plus. Comme devant les photos de mon étagère. Intéressé, il les inspecte avec une telle minutie qu’il réveille toute mon inquiétude. Qui, de Lloyd, de mes parents ou de moi le fascinaient – ou le contrariaient - au point de ternir son sourire ? Ce sourire condescendant que je vivais en partie comme une injure. Je pensais qu’il me plairait de constater sa disparition prématurée. Or, son absence ne m’inspire rien vaille. Quelle interprétation puis-je en faire ? Est-il frustré ? Fâché ? Inquiet ou tout simplement curieux ? Sans doute.

A sa réplique, je souris légèrement. Bref instant d’amusement très vite remplacé par l’embarras, devinant exactement ce qu’il avait sous les yeux : Heath et moi partis dans un fou-rire à l’anniversaire de Poppy. C’était un beau souvenir. Ils sont si rares nous concernant que, me rappeler oralement ou non n’est pas chose aisée pour moi. Au contraire. Son prénom est à lui seul capable de tarir ma bonne humeur, d’autant qu’il n’est plus. Mort d’une overdose, il ne m’aura laissé que la frustration d’une déception dépourvue d’explication. Et mes traits s’habillent de désolation et de colère. Un mélange savant que j’explique à peine. J’aurais dès lors tôt fait d’éviter le sujet si la remarque venait d’un autre. Un autre qui n’est pas Edwin. Un autre qui ne fait pas autorité sur moi et mes tendances manipulatrices. « Qui te dis que ce n’est pas toi qui le remplaces justement ? » répliquais-je faussement taquine en m’avançant du matelas vers lui.

Dans mon empressement, je l'ai débarrassé trop prestement des photos qu'il détient entre ses doigts. Et, machinalement, j’y jetai un rapide coup d’œil. Un coup d’œil faussement indifférent sur un cliché qui me transperce le coeur. La grisaille tombe sur mon cœur comme le brouillard d’un matin d’hiver. Quels détestables sentiments que la rancœur et la nostalgie. L’un m’arrache une grimace quand de l’autre m’échappe un soupir. « Je t’ai déjà parlé de lui. Tu sais, l’autre moitié de mon cœur brisé... » Référence à notre première soirée ensemble. Référence à ma réponse à sa question sur mes amours déchues. « Je ne savais même pas que j’avais encore cette photo. J’imprime beaucoup de mes photos pourtant. Je préfère avoir du papier dans les mains pour me rappeler un souvenir mais celle-là, je l’avais oublié. » Moitié d’un mensonge éhonté déguisé derrière un sourire « Enfin... Vu où il est, peu de chance qu'il ne vienne te remplacer d'aucune façon. Tu sais, toi-aussi tu as une place dans ma chambre. J’ai quelques photos de toi mais, je ne les aime pas.» lui confiais-je d’une voix terne en quittant mon lit. Je me suis glissée juste devant lui et, face à la bibliothèque, j’ai récupéré un album photo. J’en ai tourné quelques pages pour fièrement lui afficher une photo de lui. Lui et ma cousine qui, lors d’une fête familiale, a passé la soirée à lui faire du gringue. « Mais, je ne peux pas l’afficher à cause d’elle. » J’ai pointé du doigt la rousse au charme certain. « Alors que je n’ai aucune photo de toi et moi...et que je ne suis pas prête à en avoir compte tenu de la nature fortuite et... charnelle...de nos rencontres.» Si je n'ai rien dissimulé de ma contrariété apparente, c'est que je n'avais pas la force de jouer un rôle. D'autant qu'avant notre "première" fois, lorsque je songeais à cette soirée, je pestais d'avoir à me demander s'il avait couché avec elle tandis qu'il me remarquait à peine. J'aurais pu poser la question. J'en mourrais d'envie. Je n'en ai rien fait. J'avais d'autres projets. Des projets qui ravirait à mon coeur le poison indolent injecté par quelques clichés. « D’ailleurs, en parlant de charnel, ça y est ? Tu as vu ce que tu voulais voir ? Tu en as fini avec ma chambre pour te concentrer sur l’occupante avant qu’elle et toi ne soyez rappelés à l’ordre par sa mère ? » le narguais-je en posant le contenu de mes menottes sur l’une des planches de bois. Elles avaient mieux à faire comme, par exemple, s’enrouler autour de son cou et d'inviter ma bouche à rejoindre la sienne pour un baiser velours.

Je réalisai alors combien je les aimais, ses entrevues dérobées. Je réalisai aussi combien je peinerais à m’en priver quand il se sera lassé de moi. Alors, déterminée à en profiter au maximum, je n'ai plus rien ajouté. Je l'ai poussé vers le fauteuil encombré dans ma chambre sans jamais y arriver. Quand bien même l’ai-je sincèrement voulu, j’ai senti contre ma cuisse le portable du jeune homme vibré et dépité, j'ai balbutié quelques vocables empreint de déception. « Tu devrais peut-être décroché non ? C’est peut-être Lloyd ou... » Intérieurement, c’est tout ce que j’espérais, que Lloyd, au bout du fil, se décommande. Ainsi, je m'accrochai à cette idée. Car, en mon for intérieur, je craignais davantage que l’une de ses conquêtes se manifeste pour la soirée. L’idée qu’il m’abandonne pour une potiche sans saveur aux caractéristiques de l'eau brisait d’avance ma fierté fragile. J’aurais pu m’en moquer pourtant. Que dis-je, cette éventualité aurait dû me couler le long des reins. Et pourtant, mon estomac se serre. Dans ses bras, avec lui, je me sens si bien que je suis tristement comparable aux étudiantes le soir du bal de fin d'année, redoutant autant qu'elle ne souhaite la fin de la soirée. Une soirée pleine de promesses. Une soirée pour elle décisive. une soirée qui déterminera l'avenir de leur histoire...
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edwin f. chester

edwin f. chester

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeSam 10 Mar - 13:38


'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'

Quoi qu'elle ai à lui offrir d'extrêmement satisfaisant, Edwin n'aspirait définitivement qu'à admirer cette chambre qui lui était jusqu'à présent restée hermétiquement close. Il se souvenait des nombreuses fois où Lloyd était passé devant, sans jamais l'ouvrir, sans jamais ne rien en dire, et lorsque le beau mannequin l'avait questionné au sujet de cette pièce, il avait simplement grommelé qu'il en allait de la vie privé de sa soeur et qu'il n'irait pas tant qu'elle ne fouillerait pas dans la sienne. Question de respect. Edwin avait bien évidemment compris, même s'il ne pouvait décemment plus faire taire cette curiosité qui prenait place dans son esprit. Aussi, lorsque la mère de Sheena avait émit l'hypothèse qu'elle lui montre sa chambre, il n'avait pas su s'empêcher de lui offrir un sourire des plus victorieux. Oui, enfin, son désir caché serait révélé et il saurait en apprendre plus sur la demoiselle qu'en de multiples discussions avec elle. Lorsqu'elle avait ouvert cette porte, il s'était retrouvé dans le pays des merveilles, et n'avait plus vraiment su où donner de la tête. C'était trop. Son esprit de déduction malicieux ignorait de même où se fixer, et il s'était lancé le pari de tout voir, sans rien exploiter au maximum. Enfin ça, c'était avant que cette photo ne l'attire irrévocablement, non pas par jalousie, simplement par attrait particulier. Elle était bien mise en évidence, et même si, effectivement, Sheena lui avait déjà parlé de cet homme, il n'en restait pas moins mystérieux. Edwin aurait aimé connaître l'histoire, savoir ce qu'il avait de particulier pour faire craquer une femme si spectaculaire et grandiose. Mais il était trop gentleman pour ne serait-ce que désirer la forcer à dévoiler les secrets de son passé, et il se savait tout a fait capable de respecter son silence si elle n'avait pas envie de lui en dire plus.

Il l'écouta parler dans un silence d'or, comprenant parfaitement, malgré cet air d'indifférence qui ne lui allait guère, toute la douleur et/ou la nostalgie qui la taraudait, ce cliché entre les mains. S'il l'avait pu, Edwin le lui aurait enlevé pour le cacher, afin de faire renaître sur ce joli visage le sourire qu'il aimait tant. Il ressentait tant de tendresses à l'égard de Sheena qu'il ne rêvait qu'à son bonheur, et qu'il était terriblement protecteur avec elle. Comme un grand frère, en vérité. Leur lien aurait pu être celui-là s'il n'existait pas entre eux une si parfaite alchimie physique, un désir tel qui persistait entre ses deux êtres hors du commun. Cela remettait tout en question. Le plaisir qu'ils prenaient à être ensembles forçait Edwin à se remettre en question. Et si, finalement, Sheena n'était pas simplement une amie avec qui il s'adonnait parfois au sport en chambre ? Et si elle représentait plus, beaucoup plus pour lui ? Malgré son intelligence, il ne parvenait pas à mettre de mots sur ces impressions par rapport à elle, il avait simplement conscience qu'à cet instant précis, il n'aurait pas su s'en passer. Et cette certitude l'effrayait considérablement.

Elle le fit sourire lorsqu'elle argumenta sur le fait qu'elle n'avait pas de photo de lui satisfaisante. Il fut pris d'une nouvelle et vive curiosité lorsqu'elle sortit l'album photo, montrant un cliché où il était en compagnie d'une très jolie rousse. Oui, il se souvenait de celle-ci, une autre demoiselle qu'il avait séduite en soirée et avec qui il avait passé une nuit relativement bonne. Relativement, simplement. Cette femme, dont il ne saurait dire le nom aujourd'hui, ne lui avait pas laissé un souvenir incroyable. Elle s'était juste fondue dans la masse. Elles n'avaient pas toutes la chance de lui être si importante que Sheena. « Hm, oui, je me souviens de cette jolie rousse. Pas de son prénom, certes, mais je garde quelques souvenirs d'elle. » Perdu dans ses pensées à la vue de ce cliché dont il n'avait même pas connaissance, Edwin ne se rendait pas même compte de l'énormité qu'il était en train de proférer face à sa cousine, autrement dit la femme avec qui il était à l'instant précis, et celle qui, au même titre, couchait avec lui. S'il voulait réveiller sa jalousie, il n'aurait pas pu mieux faire. Pourtant, ce n'était absolument pas son but, il doutait par ailleurs que les sentiments paradoxaux et contradictoires qu'il ressentait pour elle ne soient réciproques, et il ne l'espérait pas. Il n'avait après tout aucune envie de se lancer dans une histoire d'amour niaise à l'eau de rose, du moins pas avant d'avoir profité allégrement de sa jeunesse. Ce qu'il s'appliquait à faire depuis plusieurs années... « Et puis vaut mieux que tu n'ai pas de photo de moi, je ne suis pas très photogénique. » lui lança-t-il, un sourire dans la voix. Paradoxal pour un mannequin, pas vrai ?

Pressée, la belle ne tarda pas a l'entourer de ses bras, avant d'exiger un baiser aux saveurs exotiques. Leur relation n'était basée que sur quelque chose de charnel, de sexuel, que sur le plaisir que tous les deux, en bons séducteurs, ne cessaient de rechercher. Edwin devait l'admettre, il n'avait jamais été si satisfait avant de la rencontrer, et il n'était pas parvenu à retrouver une telle alchimie avec une autre de ses conquêtes. Une fois Sheena séduite, elle avait obnubilé ses pensées, surement, simplement. Elle ne l'avait pas empêché de continuer à draguer des femmes qui l'attiraient physiquement, mais sa simple image lui avait en revanche interdit de trouver véritablement du plaisir dans d'autres bras. Cela faisait bien longtemps qu'il n'aspirait plus qu'à la revoir. Et cette chose faite, il aurait tout donné pour ne plus repartir. Brisant clairement toute la tendresse dont ils étaient en train de s'entourer, pulvérisant le cocon de désir qui étaient leur, son portable vibra dans sa poche, il prit toutefois le temps d'écouter ce qu'elle avait à dire avant de faire quoi que ce soit. Il avait d'abord voulu l'éteindre, mais ses arguments étaient convaincants et il se laissa aller à répondre, bien que ce ne fut pas le nom de Lloyd qui s'afficha sur son téléphone. « Qu'est-ce qui a Sam ? » « Bonjour a toi aussi. Rendez-vous chez Joy ce soir ? Ses soeurs jumelles m'ont expressément demandé si tu venais, elles veulent vraiment te revoir. Avoue, c'est tentant, elles sont pas mal. » « Je les ai déjà eu, ça n'a aucun intérêt. Jamais deux fois avec la même, tu m'connais. » « Ouais mais là, elles sont deux, eh mon pote, tu peux pas lâcher ça quoi ! » « Si t'y tiens tant, t'as qu'à te démerder pour les séduire. » « Après toi ? J'ai pas une chance... » « Oh, mon pauvre ami, tu me ferais presque pitié. Je sais pas si je viendrais, t'auras la surprise en me voyant arriver... ou pas. Maintenant fous moi la paix, j'suis occupé. » « Avec une gonzesse à cette heure la ? tu me surprendras toujours Fitz.. » Il ne prit même pas la peine de répondre, et termina l'appel en souriant à Sheena.

'Jamais deux fois avec la même'. Voilà une règle qu'Edwin s'était toujours appliqué à suivre à la lettre, et qui ne s'était vue annihilée que deux fois dans sa misérable vie. La première, avec Jewell. La tendresse de cette femme et sa douceur l'avait touché tout autant que le plaisir qu'elle savait lui procurer. Il était resté avec elle, une demoiselle d'une beauté époustouflante qu'il s'était mis à afficher un peu partout comme un symbole. Puis Sheena. Ah, Sheena. Il ne saurait même pas mettre de mot sur la raison de leurs multiples liaisons. Lui même n'en connaissait pas la raison, et ce mystère participait pour beaucoup à l'intérêt de leur lien. Il s'était parfois comporté avec elle comme un salaud, parfois comme un gentleman, mais elle savait s'adapter à tout et se montrer à son tour surprenante. Avec elle, il se sentait bien, elle savait le faire sourire, rire, le rendre toute chose et elle était ôh combien désirable. Cela avant toute chose. « Pardon, on en était où ?. »

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Sheena T. Jackson

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeLun 12 Mar - 23:14

Sous le couvert de ma chambre, la photo d’Heath dans les mains, je me sens terne. Cette bonne humeur que le jeune mannequin m’inspira de quelques révélations savamment cachées, me glissait entre les doigts désormais. Rien d’étonnant. Je n’ai jamais aimé m’épancher sur les chroniques malheureusement coupables des fêlures de mon cœur. Je les fuis d’ailleurs, et plutôt bien. Pourtant, fragile oie blanche devant le charme incontestable d’Edwin, pour lui, je m’explique et me dévoile. Je me repais dans la bêtise, je me trahis moi-même. Mes secrets, aux portes de la confession, sont à demi-dissimulés et d’explications scabreuses, je me justifie. Je me justifie depuis ce jour où, malicieuse, j’ai jeté des dés pipés pour commencer la partie de nos jeux indécents et incessants. Car très vite, j’ai su. J’ai su que je retournerais ciel et terre pour lui plaire par le verbe et le satisfaire par le geste. A certaines railleries, je préfère le silence pour éloigner son indifférence. Elle me brûle les lèvres cependant. Je dois me retenir pour ne pas avouer plus ouvertement qu’il a, bien malgré moi, effacé tous les hommes de ma vie. Qu’ils se nomment aventures périssables ou souvenirs immuables, ils ont perdus leur intérêt dès lors que ses murmures s’échouèrent dans le creux de mon oreille, que ses lèvres frôlèrent les miennes, que ses mains caressèrent ma peau laiteuse. Bien incapable de céder à mes penchants coutumiers, je vis en demi-teinte depuis bien des jours. L’arrivée d’Edwin, aussi fortuite soit-elle, a redoré le blason pâli de mon existence affadie. Aussi, le silence vaut mieux qu’une parole infortunée qui le refroidirait. Je ne veux pas qu’il déserte. Je veux sciemment profiter de sa présence le plus longtemps possible.

Pour détendre l’atmosphère appesantie par mes états d’âme, j’affiche une photo vieille d’un an. Une photo où Hope, ma cousine, se pavane à son bras. Je ne dissimulai rien de ma jalousie sur-jouée. A l’époque, elle s’apparentait à l’envie. Aujourd’hui, elle n’a plus vraiment court. Il me plaît pourtant d’en jouer un peu. Juste ce qu’il faut pour que nos visages s’habillent à nouveau de sentiments meilleurs. Ma grimace amène s’élargit considérablement quand Edwin m’assura que sa mémoire avait égaré le prénom de la fille de mon oncle. Il se gomma un peu devant le sous-entendu évident de la nature de son tête-à-tête avec la jeune rousse : « Petit con ! » protestais-je spontanément. « Tu ne pouvais pas te contenter de dire que tu t’en souvenais pas DU TOUT ? » Je le bousculai doucement par les épaules. Sans brusquerie. Sans malignité. « Est-ce que je fais des sous-entendus concernant les hommes avec lesquelles je couche moi ? Non mais » Juste un semblant de contrariété mi factice mi authentique. Je n’aimais pas avoir à songer à toutes ses femmes qui attirèrent son attention avant qu’il ne daigne me jeter un regard. Il balayait l’idée rapidement toutefois. Il la balayait d’une remarque presque caustique à laquelle je ne croyais pas vraiment. « Toi ? Pas photogénique. Laisse-moi rire. Avec ta gueule d’ange, je suis sûre que tu crèves l’objectif à chaque fois. Soit, rassure-toi mon chou, je n’ai pas besoin d’autres photos de toi. Celle-là me suffit. » Car le jour où tu me priveras de tes faveurs, le jour où je ne trouverai plus grâce à tes yeux, je refuse de défaillir d’une hémorragie oculaire en t’observant inanimé sur une feuille de papier glacé imprimée. Hors de question.

J’ai donc clos la conversation en refermant l’album bien rarement feuilleté. Entre-temps, j’ai songé qu’il serait bon que je me débarrasse de ce cliché. Anticipation démesurée à l’image du fil ténu que représente ma foi en notre avenir. Notre histoire se joue comme au poker, main après main et à coup de bluff. Moi, je me couche souvent. Lui, très rarement. Elle n’a pas d’histoire, existe à peine dans le présent et ne laisse donc présager aucun futur heureux. Qu’importe ! Je me relèverai. Je me relève toujours. Je me souviens que je lui dérobais un baiser quand, contre ma cuisse, la vibration de son portable creusa un trou béant dans ma poitrine. Sinueuse angoisse d’ignorer à la fois l’identité du trouble-fête et d’espérer reconnaître la voix de mon frère. Mauvais pioche. C’est un dénommé Sam. L’inconnu du bataillon qu’on ne salue pas, qu’on admoneste mais avec lequel on converse. Qu’il est désagréable d’être témoin de pareils échanges. A choisir, j’aurais apprécié être ailleurs. Le but de l’appel était clair. Net. Précis. Pas de place pour la contingence et mes certitudes délogent mes vaines espérances au profit d’une profonde amertume. Morne, j’en perds à nouveau ma joie de vivre.

Mentalement, je me représente ses trophées féminins de la semaine. Je les devinais nombreuses et pulpeuses. Pulpeuses et exotiques. Exotiques et magnifiques. Magnifiques et privilégiées. Dès lors, deux questions m’ont taraudée : quand finira-t-il par tomber amoureux d’une de ses conquêtes et surtout, qu’aura-t-elle de plus que moi ? Sera-t-elle plus belle ou plus éclatante ? Plus gracieuse et moins revêche ? Manquerais-je cruellement de fantaisies ou de finesse ? Ai-je témoigné à ma décharge en omettant – à demi-nue dans son salon – les règles du charme courtois ? Les règles ! Toujours. Tout le temps. A jamais. Les règles. Même à mon bénéfice, je les hais. Je ne trouve aucun réconfort aux mots d’Edwin. Combien d’autres exceptions a-t-il fait ? Quand les a-t-il fugué par peur de l’attachement ou de la bourgeoisie des sentiments ? Je ne lui prêtais aucune autre raison valable. Or, en ce qui le concerne, je doute sincèrement de la genèse d’un amour entre lui et moi. Quant à moi, mes récentes remises en question prennent une sémantique nouvelle. Un sens craint et redouté. Un sens inévitable qui me ressemble guère mais qui palpite dans ma poitrine pour l’image incongrue et indécente d’un corps à cœur qu’il partage avec une bégueule jouvencelle.

Alors qu’il raccroche, je réponds à son sourire par un silence mesuré. Je m’y terre avec aisance et mes traits sont figés, mes prunelles ternies, mes gestes maîtrisés et mes manières prudentes. D’une main fébrile, j’enfilai un gilet trop décent pour les modes actuelles. Réflexe témoin de ma vulnérabilité. Conclusion de ma naïveté. Comme si un tissu léger pouvait suffire à contenir mon désir ? Comme si ce vêtement vaporeux était un rempart acceptable. Une ceinture de chasteté en fer forgé. Bêtises. Fadaises. Tentative fortuite de me convaincre que je ne cherche pas perpétuellement un intérêt malsain dans son regard. Celui-là même qui me surprend en flagrant délit de jalousie. Celui-là même qui me happe dangereusement. J’en demeure paralysée. Courroucée également mais contre moi. Je me répète alors comme un péan : « Ne te trahis pas. Souris. Ne lui donne rien où il partira sans jamais revenir.» Et j’essaie de m’y tenir. Vraiment. J’y mets tout mon cœur, toutes mes forces et toute ma volonté. C’est vain. Je prends la parole trop aimablement pour être vraiment honnête : « Nous en étions arrivés au moment où je te proposais de descendre parce que j’ai entendu la voiture de mon père dans l’allée et à peine rentré, il va m’appeler.» Je me serais volontiers drapée d’un mutisme révélateur de mon émoi mais, à défaut, je le déguise. Je le travestis avec brio car le silence est le meilleur ami de la solitude et l’amant ardent de l’indifférence. Je hais ma solitude. J’honnis l’indifférence. « Tu viens ? » insistais-je alors que la porte d’entrée s’ouvre sur le salut tonitruant de mon père. Du bas de l’escalier, il me hélait. Je n’aurais jamais été aussi déçue de le voir rentrer au bercail. Même sa main sur mon front pour s’assurer de ma bonne santé – Il jauge ma température depuis ma plus tendre enfance – m’agaça profondément. Tout comme son affabilité envers le mannequin qui détient mon cœur entre ses mains et qui, un jour ou l’autre, l’écrasera pour un autre défi.

Quinze minutes plus tard, nous passions finalement à table sans attendre mon frère. Il avait bel et bien annulé, ajoutant que nous n’avions pas à l’attendre. Ma liesse, revêtue d’un rictus forcé, révoquée par mes réflexions incessantes, était pour le moins contenue. Je me souviens avoir lutté pour ne pas faire du pied à mon hôte. Ma décision était prise. Ce soir, quoiqu’il arrive, je ne coucherais pas avec lui. Je rendrais à notre amitié sa noblesse d’antan car je me suis surestimée. Je n’ai ni les reins ni le cœur assez solides pour survivre à cette relation débauchée et décadente. Hier, je le redoutais. Aujourd’hui, j’en suis assurée. Au nom de mes lubies masochistes, je peux tricher, mentir ou abuser mes semblables. Si je tressaille ou frémis devant un homme, alors j’abandonne. Mes règles du jeu ne prévoient pas pareils échecs. Je n’ai pas jeté un seul œillade à notre invité. Je ne l’ai pas ignoré. J’ai juste été fidèle à ce que mon frère attend de moi concernant son ami : la bonhomie d’une amie. Evidemment, convaincue de prendre la bonne décision, j’étais convaincante. Certes, un peu déçue. Déçue de moi-même. Déçue de le désirer quand même. Qu’à cela ne tienne, au départ de mes parents – parents pressés d’échapper à leur quotidien – j’ai terminé de remplir le lave-vaisselle avant d’attirer le jeune homme jusqu’au salon.

Là, je l’invitai à s’installer sur le sofa tandis que j’allume la radio. Elle diffuse un standard des années quatre-vingt-dix dont j’ignore jusqu’au titre. En réalité, trop concentrée à servir à mon amant son alcool préféré – du whisky en l’occurrence – je l’entends à peine cette chanson. « Tu remarqueras à quel point mon frère s’emploie à sauvegarder ta réputation au sein de ma famille. » lui déclarais-je en déposant son verre sur la table. Le mien, remplie d’un breuvage plus doux, plus sucré, moins fort, rejoint mes lèvres. J’ai bu une petite gorgée. J’ai grimacé et, m’asseyant en tailleur non près de lui mais en face de lui, je lui présentai mon paquet de cigarettes. « D’ailleurs, comme j’ai honte pour lui qu’il t’ait une fois de plus fait faux bond pour une fille qui, soit dit en passant, ne le mérite pas, je te propose de le remplacer pour ce soir. Qu’est ce que tu en penses ? Une véritable soirée entre... amis » J’ai allumé ma cigarette d’un air détaché. « Je suis très douée dans le rôle du Ted Mosby de Barney Stinson. Je peux être un parfait faire-valoir pour te dégoter la perle rare qui t’accompagnera pour la nuit.» Traiter le mal par le mal était ma seule solution pour me guérir de lui. « Et puis, j’ai l’impression que ça fait une éternité que je ne suis pas sortie de chez moi. » insistais-je un peu, jaugeant son minois avec intérêt. J’y cherchais une émotion quelconque sur mon comportement étrangement sain. Avant l’appel de Sam, j’étais à deux doigts de l’écraser d’affection charnelle. Depuis cette communication, je suis atrocement sage.

Intuition chanceuse. Résolution bien à propos. Edwin n’a pas le temps de répondre que déjà la porte d’entrée s’ouvre. Je reconnais le pas de mon frère qui m’interpelle d’une voix sévère. J’ai immédiatement songé à Aurlanne et son obsession pour la vérité. A notre dernière rencontre, j’avais le nez dans la poudre et je crains que mes provocations incessantes finissent par lui dicter l’envie de me noircir aux yeux de Lloyd. Toutefois, je le hélais en lui précisant que je n’étais pas seul : « Je suis au séjour avec Edwin » précisais-je pour éviter toute mauvaise surprise. Il lui fallut moins de dix secondes pour apparaître dans l’embrasure de la porte. Hormis son sourire à l’adresse de son meilleur ami, je le trouvais assez froid pour m’intimer le désir de les laisser tous les deux. « ah ben tu as pu te libérer finalement.» l’interrogeais-je maladroitement, le cœur battant tambour d’avoir pu être prise en flagrant délit de traîtrise. J’ai donc écrasé ma cigarette tout prête à prendre congé quand Lloyd prit la parole : « Non. Je n’en ai pas pour longtemps. Je repars aussi vite. En fait, c'est toi que je suis venu voir Edwin. J’aurais besoin que tu me rendes un énorme service.» le suppliait-il les mains jointes comme on prie le bon Dieu. « Je suis tombé en rade avec ma voiture. J’ai dû l’abandonner sur l’autoroute et Aurly m’attend depuis près d’une heure. J’ai pas envie de tout gâcher avec elle et je me demandais si tu pouvais pas m’y déposer en rentrant chez toi. » La déception me prend de cours. Je l’ai cachée. Peut-être pas suffisant malgré mes efforts. « Quoi ? Tu avais bien l’intention de partir non ? Tu n’as pas vraiment de bonnes raisons pour rester. Je me trompe ? Tu vas me rendre service non ? » questionna-t-il avec suspicion. Ainsi, désappointée, je suis intimement persuadée que la décision d’Edwin sera d’accéder à la requête audacieuse du fils Jackson. Au moins me donnera-t-il une raison valable de réellement l’oublier cette fois.

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edwin f. chester

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◭ études/métier : mannequin.


MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeDim 18 Mar - 11:45

'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'
(voilà, pardonne moi pour l'attente, mais c'était un peu long xD. - et pardonne moi pour la longueur aussi, du même coup.)

Ah, Sheena. Beauté à l'état brute, intelligence rationnelle, elle semblait avoir tout à offrir. Tendresse, sauvagerie, désir puis plaisir, elle était source d'un bonheur certain aux yeux d'Edwin. Avec elle, il se sentait bien. Adieu les faux-semblants, l'hypocrisie du gentleman qu'il se plaisait parfois à être, en sa compagnie, il pouvait montrer son véritable visage sans qu'elle n'en soit à chaque seconde plus offusquée. En ce sens comme en bien d'autre, Sheena était une femme incroyable, et de la même manière, elle était véritablement elle avec lui. Du moins était-ce l'impression qu'elle dégageait. Flatté tout autant que satisfait, Edwin prenait cela comme un véritable cadeau, un présent qu'il ne devait en aucun cas négliger. Connaître la véritable demoiselle Jackson était un privilège, et il s'en rendait bien compte. Pour rien au monde il n'aurait offert sa place à un autre, et c'était sans doute la vraie raison qui le poussait sans cesse dans ses bras, malgré toutes les promesses foireuses qu'il s'était juré de tenir. Une fois que la règle de base avait été trahie, toutes les autres avaient suivi, et alors qu'il ne devait pas même toucher Sheena, il se voyait dorénavant la suivre jusqu'à sa chambre et l'embrasser alors que ses parents faisaient leur vie en bas. Malgré l'empressement avec lequel Edwin s'appropriait cette femme, il s'en voulait, c'était indéniable. Il s'en voulait à lui pour ses erreurs autant qu'à Lloyd pour avoir voulu le priver de cette femme majestueuse et superbe. Il en voulait aussi à Sheena pour être si séduisante, si joueuse et si maligne, pour l'avoir marqué de son sceau en proclamant qu'elle serait la plus désirable. Oui, indéniablement, elle l'était devenue. Et maintenant, ce n'était plus seulement la faute de l'interdit qui s'était envolé, il n'avait plus la moindre excuse. Il la revoyait simplement parce qu'il en éprouvait un désir des plus intenses, et qu'elle lui manquait au plus profond de son âme. Pourquoi chercher compliqué alors que les raisons étaient indéniablement les plus simples ?

Edwin avait visiblement fait une erreur en répondant à ce coup de téléphone surprenant. Le regard de Sheena, de désireux, s'était fait de glace. Elle avait beau afficher un joli sourire sur le visage, il était loin d'être dupe, et il s'était mis à véritablement la connaître avec le temps. Il ne s'était certes pas toujours bien comporté en sa compagnie, mais il était resté fidèle à lui même, et n'avait pas tâché de la tromper ou de la trahir comme il le faisait avec toutes les autres. Sans doute ne s'en rendait-elle pas compte, mais il s'agissait aussi là d'un réel privilège auquel Sheena seul pouvait avoir droit. Ce n'était certes pas toujours une bonne chose, sans doute parfois aurait-elle préféré qu'il se comporte simplement en gentleman, qu'il la séduise comme avec les autres demoiselles indignes de son intérêt qui défilaient dans son lit, mais il en était tout bonnement incapable. Il ne voulait pas enfiler ce masque de gendre modèle, d'homme parfait, car alors la déception serait d'autant plus grande s'il venait à détruire l'image de perfection qu'il savait si bien coller sur son visage. Non, avec elle, il était vrai. Et c'était sans doute cette facilité à se comporter de cette manière avec elle qui la rendait si unique à ses yeux. Elle l'acceptait tel quel, sans compromission, sans exiger de changement de sa part, et il lui était tout autant reconnaissant pour ça que pour l'attirance irrévocable qu'elle savait exercer sur lui. Là toutefois, il avait fait une grossière erreur, et le regard surpris qu'il lui lançait ne dut surement pas l'échapper. Surprise tout autant que désolé. Mais aussi un poil flatté. Étrange ? Non, pas véritablement, puisque l'attitude de Sheena relevait de la jalousie à l'état pure. Juste de quoi le conforter sur la réciprocité des sentiments divers qu'il éprouvait pour elle, juste de quoi confirmer ses soupçons et le mettre à l'aise. Assez à l'aise pour qu'un sourire moqueur prenne place sur son visage, pour qu'il se lève à son invitation de venir, et qu'il agrippe presque sauvagement la main, la forçant à faire demi-tour et se retrouver à quelques centimètres à peine de son visage. Elle s'était couvert, façon évidente de montrer son mécontentement, mais Edwin n'y prêta pas la moindre attention. C'est sans la lâcher du regard, plongeant ses prunelles dans les siennes afin qu'elle y lise tout son intérêt, tout son désir pour elle, toute sa tendresse unique à son égard, qu'il murmura, délicatement : « Je ne t'abandonnerais pas Sheena. Tu vaux tellement mieux que les femmes que je peux rencontrer en soirée. » Un compliment qui n'avait jusqu'alors jamais franchi la barrière de ses lèvres, pas même dans un soucis de séduction auprès des femmes qu'il souhaitait dans son lit. Il se baissa pour embrasser tendrement ses lèvres, stoppé brutalement par l'arrivée de son père dans la maison.

Les mains sagement enfoncés dans les poches, l'air courtois et avenant mais à la fois discret, Edwin endossait avec les parents de la demoiselle une apparence à des lieux de celle qu'il était avec ses amis. De type drogué, séducteur et dom juan, il devenait un homme bon à marié, celui que chaque famille modèle rêve de voir grossir ses rangs. La famille Jackson n'échappait pas à la règle, bien au contraire. Lloyd en avait toujours dit du bien, et Edwin n'avait jamais rien fait allant à l'encontre de ses bonnes paroles. Au contraire même, la séduction faisait partie de ses gènes, et il se plaisait tant à draguer les demoiselles pour les mettre dans son lit, tant à se donner une bonne apparence auprès de tous ceux qu'il était donné de rencontrer. Il voyait souvent la famille Jackson au grand complet, et il s'amusait à les rendre à chaque fois plus émerveillés par son indiscutable intelligence, ses raisonnement fins et agiles, sa courtoisie et son élégance naturels. En fait, il ne mentait pas, ses faits le caractérisaient bien. Il omettait simplement quelques vérités dangereuses qu'ils n'avaient aucunement besoin de savoir. Et ainsi, tout s'était toujours bien passé. Il était devenu un invité vip's des Jackson, et ne s'en était jamais plaint, voyant en eux une famille telle qu'il n'en avait jamais véritablement eu. Délaissé dès sa plus tendre enfance par ceux qui n'étaient ses parents que du point de vue purement médical, il s'était toujours débrouillé pour vivre dans une solitude relative, s'entourant simplement d'amis-esclaves et se disant bien heureux ainsi. Puis, il avait tâché d'anéantir ce manque de douceur en en trouvant un peu auprès des femmes, et ainsi s'était déroulée sa vie de façon monotone et creuse. Néanmoins lorsqu'il avait rencontré Lloyd, et qu'il s'était adonné à ce jeu de 'séduction' relative auprès de ses parents, il fut vite lui même séduit par la bonhommie de ses gens, par la tendance amicale qu'ils lui offraient. Ils auraient été là pour lui dans n'importe quelle circonstance et situation, et il savait qu'il pouvait les appeler et qu'ils accourraient. Lloyd le lui avait souvent dit. Il avait raison. Cette certitude renforçait plus encore la culpabilité qu'il éprouvait à avoir dénaturé l’angélisme de leur fille. Certes, il n'était pas le seul, mais il l'avait tout de même souillée, n'ayant aucun égard pour ceux qui l'entouraient et qu'il aimait pourtant. Toutefois là, alors qu'ils étaient tous installés à table, alors que Lloyd s'était décommandé et qu'il se sentait comme le futur marié que l'on présente à la belle famille, Edwin avait un mal fou à les regarder droit dans les yeux et à répondre poliment et galamment aux questions sans autre intérêt que la discussion qu'ils lui posaient. 'Comment ça va ?' et autre compliments sur sa Porsche rouge pétante garée devant la maison fusèrent, avant que le couple de Jackson ne délaisse les jeunes pour parler entre eux.

Sheena parlait peu, le regardait à peine. Concentrée sur son repas, certes délicieux, elle ne lui accordait qu'une attention infime. C'est alors pour la première fois qu'il s'en voulu véritablement d'avoir été lui même. Pourquoi ne s'être pas contenté d'un 'non' définitif, puis de retourner tendrement se perdre dans ses bras, embrasser cette bouche désirable et caresser son corps de ses longs doigts fins ? Pourquoi avoir risqué de perdre cette soirée grandiose qui l'attendait au profit d'un simple coup de téléphone ? Il se sentait comme s'il avait raté le test lui permettant un moment d'intimité avec Sheena, et elle lui montrait clairement que toute possibilité semblait fortement compromise. Bwarf, Edwin fini son repas dans le silence, songeant simplement à la manière dont il la ferait tranquillement sombrer dans ses bras. Oh, il s'en savait sacrément capable. Il était loin d'avoir dit adieu à ce qu'il savait faire dans ce domaine, et comptait mettre tout son savoir en application ce soir. Après tout, rien ne se mettrait en travers de leur route, Lloyd avait décommandé sans doute pour un rendez-vous avec sa très chère Aurlanne qu'Edwin avait fini par haïr, et les parents de la belle ne tarderaient non plus pas à partir. D'ailleurs, alors qu'il songeait encore, la porte se referma sur eux leur souhaitant une bonne soirée, madame Jackson souriant telle une midinette qui souhaite que les enfants se fassent un bisou. Sheena et Edwin finirent de débarrasser la table, et il choisi de lui laisser le loisir de reprendre la parole après de longues minutes passées dans un silence insupportable. C'est par ailleurs ce qu'elle fit, le menant au salon et n'oubliant pas d'installer un fond sonore délicat et agréable, tout en servant à son hôte un verre de whisky. Il n'en fallait pas plus pour qu'il soit aux anges, et tout était réuni : musique d'ambiance, alcool et pièce à vivre, il n'aurait pu rêver meilleure condition pour faire craquer Sheena comme s'il n'y était encore jamais parvenu. Buvant une gorgée de ce breuvage délicat dont il avait appris à aimer le goût fort, il ne put s'empêcher de sourire à sa première phrase. Oui, Lloyd n'avait jamais rien dis à sa famille qui saurait faire du tort à son meilleur ami, Edwin en avait parfaitement conscience. Il suffisait de voir la manière chaleureuse avec laquelle il l'accueillait pour s'en rendre compte. Mais il en était pour beaucoup aussi dans ce charme qui opérait sans cesse. Il ne se fit pas prier pour prendre une cigarette dans le paquet que Sheena lui tendit, agréablement, avant de l'allumer. Il l'écoutait parler, soucieux de ne pas l'interrompre, même si la surprise s'emparait de son âme à mesure qu'elle continuait sa proposition. Sortir entre ... amis ? Pourquoi un tel revirement de situation alors qu'elle ne désirait que le séduire quelques minutes auparavant, et qu'elle était l’instigatrice de cette invitation charnelle ? Edwin se ravisa bien vite : certes, elle était paradoxale et surprenante, mais c'était bien ce qui lui avait plu d'emblée chez elle. Il ne saurait s'en plaindre. « Tu ... » Edwin fut coupé par la porte qui s'ouvrait, sur la douce voix mélodieuse (LOL) d'un Lloyd agacé.

Edwin, sans le vouloir, ne put s'empêcher de le fusiller du regard. Il intervenait là, dans une scène où il n'avait sacrément pas sa place, il détruisait toute l'ambiance qu'ils s'étaient battus pour conserver. Sa cigarette dans la main, son verre dans l'autre, il écoutait son meilleur ami le supplier de lui rendre ce service ôh combien couteux. Et surtout, ôh combien pénible ! Edwin prit le temps, agaçant, de terminer son verre et de tirer sur sa clope avant de répondre, affichant une mine dégoutée, sur un ton qui l'était tout autant. « Aurly ? » Ce petit diminutif ringard avait de quoi l'agacer au plus haut point. Certes, Edwin n'avait jamais rien eu contre cette fille lorsqu'elle rendait Lloyd heureux, là elle était même bénéfique pour lui donc il avait vu en elle une alliée de taille. Néanmoins dès lors qu'elle était partie sans la moindre explication, laissant au beau mannequin tout le loisir de le ramasser à la petite cuiller, de jouer à remettre en place tous les morceaux de son âme qu'elle avait éparpillé un peu partout, sauvagement. Oui, Edwin avait été là pour son meilleur ami et l'avait aidé à s'en sortir, et voilà qu'elle revenait comme si de rien n'était, et que Lloyd, dans toute sa plus grande faiblesse si détestable, lui pardonnait tout aussi ... aussi aisément ! Comme si elle n'avait jamais rien fais ! Lloyd ne l'avait jamais autant agacé qu'avec cette femme, et dans la situation présente, alors qu'il venait troubler leur calme pour cette garce, son énervement était à son comble. « J'ose espérer que tu te fous de moi là ? Tu sais que j'apprécie pas ce revirement de situation stupide et naïf, et tu viens me demander, a moi, de te rendre ce service ? Je t'aurais crevé les pneus pour que t'y ailles pas si j'avais su, et tu oses me supplier de te prêter ma caisse ? » Pris par cette colère subite, il changea d'opinion lorsque son regard tomba de nouveau sur Sheena. Aoutch, elle était en sacré mauvaise posture. Edwin plus encore. Pris en flagrant délit avec la petite soeur de son meilleur ami qu'il ne pouvait pas toucher, un verre à la main, son énervement était légèrement hypocrite et paradoxal. Aussi, il se calma instantanément, et c'est avec un sourire presque moqueur qu'il reprit : « Okey, on va faire un truc. Je t'y amène dans la minute si tu offres la permission de minuit à ta soeur. Elle s'ennuie, je peux l'amener chez Sam. T'inquiète, je la surveillerais. » Oh oui, il la surveillerais, ça, c'est clair. Hors de question qu'elle aille se vautrer dans le lit d'un autre !

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she - appartient entièrement à edwin. don't touch me.
Sheena T. Jackson

Sheena T. Jackson
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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeSam 7 Avr - 21:43




Edwin & Sheena

« sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' »


De la part d’Edwin, j’ai accepté bien des affronts. Ses refus obstinés le matin d’une première fois, son acharnement sur William le soir de notre deuxième étreinte ou encore son lâche abandon dès le lendemain, j’ai pu lui pardonner. Non sans rancune cependant. À mon cœur, il demeure une pointe de rancœur, un brin de rancune qui aujourd’hui s’habille d’amertume pour un coup de téléphone, pour l’appel imploré d’un ami qui répond aux exigences d’une femme gourmande. Une jeune femme que je ne peux blâmer. Edwin n’est pas qu’un bellâtre aux physiques galvanisant. Il est bien plus que ça. Edwin, c’est un amant chevronné qui dépose nonchalamment sur nos peaux de pêche le souvenir d’une tendresse sournoise et d’une douceur mesquine. Poisons indolents auxquels nous prenons vite goût, nous, pauvres pécheresses inconscientes du venin de cet homme qui finit toujours par nous manquer. Nul ne sait les conséquences d’un acoquinement avec le meilleur ami de mon frère. Mais moi, je suis maîtresse avertie. Je suis comme toutes ces femmes qui se lamentent de son absence. Alors non, je n’en veux nullement à cette idiote dénuée d’orgueil de tout tenter pour l’attirer à nouveau dans ses filets. J’en veux seulement à Edwin de négliger mes sentiments, aussi confus, discrets et secrets soient-ils. Je lui en veux alors qu’il en ignore tout. Absolument tout.

Je les lui tais pour répondre autant à ses exigences de fieffé tombeur qu’aux besoins de ma fierté désormais boiteuse. Elle n’est plus intacte, ma vanité. Elle n’est plus immaculée depuis cette matinée à l’hôtel où, engoncée dans ma solitude, j’ai pleuré son départ comme l’épouse d’un marin qui d’avance refuse d’attendre. Attendre indéfiniment un signe, un geste, une attention, un appel, un e-mail, un message sur Facebook. Attendre vainement que le Don Juan se manifeste en exprimant son désir de passer une heure, deux, peut-être même trois en ma compagnie. Attendre qu’il m’accorde encore un peu d’importance. Un soupçon d’intérêt comme baume pour les plaies de mon cœur.

Et, voilà que, contre toute attente, Edwin accède à toutes mes espérances. Voilà qu’il se présente à la porte de mon foyer familial et qu’il profite de l’absence de mon frère pour me promettre un peu de son temps. Dommage qu’il me le reprenne aussi tôt. Comment ne pas être déçue ? Comment ne pas ressentir cette piqûre dans mon cœur ? Comment ? Comment ne pas réagir exactement comme le ferait toute femme se craignant amoureuse ? Certes, cela me ressemble peu. Et pourtant, je cède aux faiblesses de mon caractère. Je feins la bonne humeur, mais je cache les grains de mon épiderme derrière un gilet fermé jusqu’au cou. J’ignore jusqu’à son regard interloqué, l’invite à se lever et, tandis que je lui tourne le dos, il m’empêche de m’enfuir. D’un geste vif, il m’attire au cœur de ses bras et je ne proteste pas, troublée par le miel de ses mots. Ainsi, je vaux mieux que ces filles sans saveur qu’il aborde au hasard de ses caprices dans une soirée quelconque. Qu’il est agréable de se l’entendre dire et qu’il est plaisant de le juger honnête. Beaucoup penseraient qu’il m’encense de flagorneries. Ils se tromperaient pourtant. Sa sincérité, je la lis dans ses yeux. Elle se mêle à cette maudite tendresse reconnaissable entre toutes. Je suis scotchée. Effarée. Troublée. Dans ma poitrine, un tambour crucifie ma détermination et endort en partie ma méfiance. Ses lèvres rencontrent les miennes, mes mains se baladent déjà dans sa nuque et un instant, je m’envole. Je quitte la terre ferme pour un compliment qu’il me tardait d’entendre. Un compliment magique que l’arrivée de mon père ternit un peu. J’aimais sa présence, mais pas aujourd’hui.

Contrainte d’abandonner le nuage douillet sur lequel je repose, je voudrais prendre la parole pour dire « Merci », « Je n’ai pas envie de descendre » ou « Je suis contente que tu sois venu. » Mais je ne dis rien. Je n’ai rien de cohérent à chuchoter à son oreille et je réalise que, le problème avec Edwin, c’est que je ne pourrai plus être celle qui l’alluma dans son appartement quelques semaines plus tôt. Car à présent, j’ai peur d’être envahissante, peur de le faire fuir. Peur de tout perdre. Peur de le perdre pour un mot ou geste malheureux. Alors, je me tais et lui souris faiblement pour, à table, me murer dans un mutisme anormal jusqu’au départ de mes parents.

Évidemment, d’autres raisons plus personnelles justifient mon silence. En fait, je suis tout simplement soucieuse de me protéger pour couper les ailes des papillons qui s’envolent trop souvent de mon ventre à mon front. Toutefois, alors que la solution la plus radicale serait de réclamer à l’adonis un moment de solitude, j’en étais bien incapable. Incapable de prendre congé de lui, de le libérer ou de lui concéder sa soirée. Car, c’est triste à dire, mais j’ai besoin de lui. J’ai besoin de sonder ses grands yeux pour y découvrir des trésors échappés à ses intrigantes conquêtes, besoin d’être éblouie par ses sourires dont je suis seule – je l’espère - à détenir les clés. Impossible de me défaire de cette addiction naissante dont il est la substance. Impossible. Dès lors, dans mon salon, verre d’alcool sur la table et cigarette à la main, je joue les bonnes copines. Je dois me faire violence pour endosser le costume de la petite sœur du meilleur ami et proposer à Edwin une soirée en tout bien tout honneur. Une soirée en bonne et due forme.

Curieuse de sa réaction, mes iris s’accrochent à ses lèvres. Un pronom plus tard et je suis aux abois quand mon frère, visiblement contrarié, apparaît dans la salle de séjour. Il avait une requête audacieuse à formuler. En panne de voiture, il exigeait de son meilleur ami qu’il le dépose chez cette femme que je ne suis pas seule à mépriser. Edwin prend son temps pour répondre, nous laissant tous deux, mon frère et moi, dans l’expectative. Nos soirées respectives dépendaient de sa décision. Intimement, j’étais persuadée que Jackson fils récolterait tous les suffrages. J’en aurais mis ma main à couper. Je ne pus donc réprimer toute ma stupéfaction quand, de prime abord, Edwin refuse d’accéder aux desiderata de Lloyd. Son irritation est si palpable et si exacerbée que j’en arrive à me demander si, finalement, ce n’est pas tant Aurlanne et Lloyd qui le dérangent, mais bien que ce dernier nous interrompe.

Personnellement, je n’osais pas broncher. Depuis le retour de son premier amour et notre dernière dispute je me tenais sciemment et anormalement à carreau. J’aurais souhaité que, tout comme moi, Edwin craigne que nos manigances ne soient démasquées. Durant un temps, il n’en fut rien. Un regard sur mon visage tiré par l'inquiétude et machinalement, il se radoucit me surprenant plus encore par cette proposition décalée et non sans risque. Je rêve où il marchande ? Il marchande un service contre une soirée en ma compagnie. J’en restai coi et déglutis péniblement ma propre salive. Devenait-il complètement fou ?

À quel moment a-t-il oublié que prudence est mère de sureté ? Et quand a-t-il omis que j’étais assez fine – ou assez peu confiante – pour ne pas deviner que m’emmener chez Sam lui permettrait d’allier promesse et plaisir ? « Chez Sam ! » répéta-t-il « Tu veux l’emmener chez Sam. » Dieu qu’ils me frustrent. Ils me frustrent au point d’ignorer que ces deux hommes sont en train de discuter de mon sort comme si j’étais absente. Frustrée au point d’être vexée par l’assentiment de mon frère. « Très bien. Mais je compte sur toi Edwin. Tu fais attention à elle. » Je réalisai que, sur l’échelle de la reconnaissance, j’avais à peine gravi le premier échelon. Mon frère, grand champion de mon amant, fait d’Aurlanne un lingot d’or et je ne pèse pas plus qu’une poignée de cacahuètes. Une autre, plus sentimentale ou plus fragile, en aurait probablement eu les larmes aux yeux. Pas moi. J’ai déjà fait bien trop de sentiments. « Puisque vous semblez être d’accord. Laissez-moi au moins le temps de me changer » lançais-en après m’être raclée la gorge, m’être levée et avoir grimpé les escaliers jusqu’à ma chambre où je troquai mes guenilles pour un legging, une jupe cigarette noire et un chemisier de couleur identique aux motifs romantiques d’un rouge grenat. À mes talons hauts, je préférai des derbies décontractés. Pressée, je n’ai rien changé à la tenue de mes cheveux, choisissant d’user mon temps à parfaire un maquillage jusqu’alors inexistant. Il était simple, comme mes vêtements, comme moi finalement, même si, bien souvent, je la cache derrière des artifices inutiles.

Je n’ai jamais su si, pendant ma courte absence, ils ont débattu de ma petite personne et le croire, d’une certaine manière, est particulièrement prétentieux. Qu’importe, je les ai rejoints dans le hall, j’ai enfilé une veste et les ai suivi jusqu’à la voiture où, une fois n’est pas coutume, je n’ai pas dit un mot jusqu’à ce que Lloyd nous quitte devant l’immeuble de sa dulcinée. Il m’a ordonné de faire attention et, croisant l’indéchiffrable regard de son ami, j’ai hoché la tête, je suis descendue de voiture, me suis installée à l’avant et au prochain feu, j’ai enfin ouvert la bouche. « Dis-moi, tu as vraiment l’intention de m’emmener là où t’attends transi une magnifique jeune femme ? Comment veux-tu que je te montre à quel point je suis un copilote doué si tu amoindris l’effort ? Elle a déjà fini dans ton lit... où est le piment pour moi ?» lui lançais-je sans vraiment le regarder.

S’il était en mesure d’observer mes traits, il comprendrait trop vite que je dissimule ma jalousie – et plutôt bien d’ailleurs – derrière les règles d’une amitié factice devenue impossible par nos agissements inconscients. Plus le temps passait, plus j’étais consciente d’avoir fait une erreur en me jetant dans ses bras. « Alors, où on va exactement ? Dans quel genre de soirée tu m’emmènes ? J’ai cru comprendre que ce n’était pas une soirée bien rangée, mais, a quel point tu devras me surveiller Edwin ? » À ma voix se mélangent fatalité et provocation tandis que mes yeux dardent sur ses traits où tour à tour s’allume et s’éteint la lumière des réverbères. J’aurais voulu le trouver moins beau, moins désirable. J’aurais aimé lui en vouloir ou le détester de vouloir faire de moi le témoin privilégié de sa proximité avec une femme qui, si je l’en crois, ne vaut pas grand-chose comparé à moi. Je n’y comprends plus rien. Je ne suis plus. Edwin m’a larguée à des kilomètres et je ne sais plus comment agir pour le surprendre, l’étonner ou le charmer. Et tout ça pour quoi ? Parce que je voudrais qu’il m’aime. Qu’il m’aime vraiment.

La radio diffusait sa troisième nouveauté oppressante lorsque nous arrivâmes devant la porte de chez Sam. Edwin, d’apparence décontractée, sonna à la porte. Moi, un peu tendue, j’écrasai ma cigarette fébrilement. Je ne saurais dire pourquoi j’étais si gênée, mais je me souviens avoir accusé une intuition. Une intuition vérifiée par l’accueil de notre hôte. Il n’avait pas été informé de ma présence et, si je ne le dérangeais pas vraiment, la blonde légèrement en retrait ne put s’empêcher une grimace. Nous ne nous connaissions pas, mais j’arrivais avec l’élu de son cœur. La raison était bien suffisante pour d’emblée me détester : « Je suis vraiment ravi que tu te sois décidé à venir. Et en charmante compagnie en plus. Sam, pour vous servir. » Exagéra un charmant jeune homme qui pencha ses lèvres sur mes mains. Manière révolue. Manière plaisante. Manière qui m’arrache un sourire. « Enchantée Sam. Moi, c’est Sheena» me présentais-je tout sourire « Mais, avant de me servir, que dirais-tu de nous faire entrer ? Parce que, en ce qui me concerne, je meurs de froid. Pas toi Ed ? » tentais-je pour assurer à mon "cavalier " que je ne l’oubliais pas. J’aurais mieux fait de m’abstenir. La blonde s’était déjà jetée à son cou et je n’ai pas cherché à en voir plus. Je n’aurais pu en supporter davantage. La vue est déplaisante. Alors, j’ai détourné les yeux pour franchir la porte, accompagnée - par défaut j'insiste- par le propriétaire pour une visite des lieux.

fiche par century sex.


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edwin f. chester

edwin f. chester

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeSam 7 Avr - 23:32

'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'
(flemme de relire, j'imagine que tu comprendras en voyant la longueur x). désolée donc pour la longueur et pour les fautes.)

Edwin commençait à se poser de sérieuses questions. Des interrogations moroses qui faisaient tomber sur son esprit une brusque chape de plomb, bien décidée à ne jamais le laisser vivre en paix. Alors que les mots regrets ou remords lui étaient jusqu'à présent restés parfaitement inconnus, ils avaient subitement fait leur apparition en même temps qu'il perdait sa fierté dans les bras de Sheena. Elle lui avait offert de multiples nouveautés, avait fait de sa vie un nouveau terrain de jeu où il découvrait chaque jours de nouvelles émotions, des sensations diverses et variées, parfois agréables, d'autres fois beaucoup moins. C'est avant tout ce qu'Edwin avait aimé au premier abord chez elle. Il était indéniablement homme d'aventure, être peu ordinaire pour qui la moindre méconnaissance devait être résolue car elle était synonyme de faiblesse. Et Sheena, en arrivant dans sa vie, avait apporté son lot de changements qu'il découvrait encore petit à petit aujourd'hui. Regret, remord, honte d'un acte peu reluisant et de la trahison d'un ami, mais aussi affection grandissante, respect pour un être de la gente féminine ce qui, en soi, s'était toujours avérée être mission impossible. Cette femme, en quelques tours de magie et coups de génie, s'était montrée divinatrice et avait transformé son homme en profondeur. Bien plus que quiconque. Elle avait fait de lui ce qu'elle en avait envie, et n'avait bien sur pas oublié d'apposer sa marque sur sa création. Depuis, Edwin n'avait plus trouvé le moindre intérêt à une autre, ce qui en soi ne l'avait pas empêché de s'amuser en des compagnies diverses, mais qui l'avait puni d'une bien étrange façon... il n'en avait pas ressenti le moindre plaisir. Celui-ci semblait l'avoir déserté s'il ne se trouvait pas entre les doux bras de Sheena. Terrible mais si tendre punition, qui amenait un nouveau lot d'interrogations. Que ressentait-il, au juste, pour elle ?

Ce sont les portées terrifiantes amenées par ces questions qui l'incitèrent à ne plus la revoir. Du moins, à ne plus désirer la revoir. Il ne souhaitait plus que l'oublier, annihiler l’empreinte indélébile qu'elle semblait avoir laissé sur son âme, retrouver sa paisible vie de célibataire accompli qui lui avait si bien réussi depuis son adolescence. En aucun cas, et en aucune manière il ne désirait changer. Pas une seule seconde. Et pourtant, l'intelligence, la ruse comme le charme de Sheena semblaient être venu à bout d'un homme bien décidé à n'évoluer en aucune façon, le forçant à de menus changements. Ainsi, il s'était remis en question. Non pas lui, directement, mais pire encore, le train de vie qu'il menait si allégrement ! Une souffrance dont il se serait passé mais qui ne cessait jamais de le bouleverser dès lors qu'il songeait à cette belle blonde. Demoiselle qui, désormais, hantait ses rêves. Il s'était bien décidé à ne plus la revoir, à cesser de se laisser aller à cette sombre facilité qui ne faisait que l'anéantir chaque fois un peu plus. Il savait que la simple vision de cette blondeur rassurante, de ce regard emprisonnant, de cette bouche agréable et désirable suffirait à lui faire perdre la tête. Il aimait jouer avec le diable. Mais à quoi bon jouer s'il était sur de perdre ? Or, Sheena ne lui offrait pas même la moindre chance. Il suffisait qu'elle se lance dans la partie pour qu’instantanément, elle soit proclamée vainqueur. Et Edwin se laissait battre, prenant même un plaisir non feint à ses défaites qui menaient inexorablement vers une consécration plaisante. Celle qui était sa faiblesse, celle qui devenait son addiction. Et voilà que même le hasardeux destin se mettait du côté du démon Jackson, voilà qu'il prenait un malin plaisir à amener la tentation sous le nez du jeune homme, à le faire respirer l'odeur sucrée de cette effroyable drogue, à l'obliger à admirer cette séduction interdite pour mesurer sa force. Mais dès lors qu'il était question de Sheena, celle-ci se mesurait négativement... Avec elle, il n'était plus capable de rien d'autre que de laisser tomber ce masque moulé aujourd'hui sur son visage, masque qui jamais ne l'avait délaissé. Il se sentait faible. Terriblement faible entre les mains d'une manipulatrice attirance.

Ainsi, bien qu'il espérait fortement qu'elle n'en sache jamais rien, ses paroles, tant qu'énoncées en sa douce compagnie, respiraient toujours la sincérité. Il n'était plus apte aux mensonges lorsqu'il se faisait scruter par ses yeux inquisiteurs, il ne savait même plus déguiser la réalité. Avec elle, il devenait simplement Edwin Chester, sans déguisement, sans masque, juste lui dans son plus simple appareil, jusque dans les derniers retranchements de son âme amoindrie. Il priait pour qu'elle n'en ai pas conscience, pour qu'elle ne s'amuse pas à jouer avec les innombrables faiblesses d'Edwin, celles dont il avait toujours tenté de se défaire. Il avait cru apte à y arriver, avait même songé y être parvenu, avoir réalisé cet exploit titanesque, avant que Sheena n'arrive et ne le fasse abruptement retomber sur une terre sombre et sauvage, où il n'avait plus sa place depuis longtemps. D'homme surhumain bien supérieur aux êtres pathétiques de cette foutue planète, il était redevenu le type faible et aux multiples défauts qu'il avait craint de rester toute sa vie. Elle lui avait coupé les ailes, mais lui avait aussi offert une vérité à laquelle il ne croyait plus. Elle s'était montrée plus maligne que nul autre, et s'était montrée sous un jour de femme idéale, celle qu'Edwin avait cessé d'imaginer après l'avoir cherché des années durant. Il avait fini par se convaincre qu'elle n'existait dans nul autre endroit que dans son esprit, que jamais elle ne saurait croiser sa route. Puis Sheena était arrivée, dans toute sa splendeur, dans toute sa grandiose divinité, ange tombée parmi les mortels. Enfin, il avait trouvé cet idéal auquel il ne croyait plus. Idéal qui l'effraya de part sa réalité, sa présence, son absolue vérité. Idéal qu'il avait attendu et qui, maintenant qu'il se trouvait devant lui, provoquait peur comme appréhension. Il voyait clair en elle, en ce démon angélique, en cet ange démoniaque... Elle avait certes apporté la consécration d'un espoir, mais pouvait aussi repartir en amenant son coeur. Méfiance était de mise. Méfiance, et prudence.

C'était l'une des raisons pour lesquels Edwin ne souhaitait pas rester seul avec elle. Son âme le haranguait de profiter de cette complicité naissante, de faire fuir Lloyd sans autre espoir que celui d'avoir Sheena pour lui seul, de pouvoir la faire sienne encore une fois, une ultime fois. Paradoxalement, son âme effrayée l'incitait à plus de prudence. Au diable le désir, au diable cette envie abrupte qui lui tordait le ventre ! Qu'étaient ces futilités corporelles face à la santé d'une âme et à celle d'un coeur trop longtemps resté désespérément vide ? Rien. Strictement rien. Il le savait bien. Lloyd jouait là le rôle d'une porte de sortie secourable, certes agaçante mais bien utile, et même s'il montrait bien peu sa reconnaissance, il appréciait son meilleur ami pour avoir été encore une fois présent. Il lui évitait une énième erreur, la perte absolue de tout ce qui faisait encore de lui Edwin. Sheena semblait bien prête à le changer en profondeur, trop pour que son égo le tolère. N'avait-il pas toujours été le seul à avoir un quelconque impact sur ses sentiments ? De quel droit cette femme se proclamait-elle la reine de ses émotions, de son âme comme de son coeur ? Et lui alors, pourquoi se sentait-il obligé de toujours s’aplatir devant son l'incontestable autorité de cette belle blonde, Edwin Chester, homme depuis toujours régi par sa fierté ? Il ne savait plus. Ne comprenait plus rien, dès lors qu'il s'agissait de Sheena. Elle avait noyé toutes ses scènes diverses derrière un doux brouillard d'incompréhension qu'il avait d'abord apprécié, mais qui, désormais, le troublait. Beaucoup trop.

Sa proposition indécente faite à Lloyd pouvait s'apparenter à se passer la corde au cou. Il signait là son arrêt de mort. Oh, il connaissait assez cet homme pour connaître sa réaction, pour même avoir parfaitement conscience de sa réponse avant qu'il ne tente de débattre. Aurlanne était bien trop importante à ses yeux pour qu'il prenne le risque de tergiverser. Mais dès lors qu'il pourrait réfléchir sur la proposition stupide et indélicate qu'il avait accepté pour les beaux yeux de cette idiote, alors il ne faisait aucun doute qu'il se surprendrait à regretter un tel choix, une telle acceptation, qui donnerait surement lieu à sa pire crainte. Sa très chère petite soeur, souillée par son séducteur de meilleur ami ? Il ne voyait pas pire cauchemar. La pureté, candide et naïve, opposée au vice, à un vice particulièrement abrupte et tentant. Ah, s'il savait la vérité sur ses rôles inversés, nul doute qu'il n'en dormirait pas de la nuit. Néanmoins, comme Edwin l'avait prédit, Lloyd accepta sans même attendre d'en savoir plus, n'opposant qu'une très mince contestation. Trop mince même pour qu'elle ne puisse prendre ce nom. Il allait le remercier lorsque c'est la voix de Sheena qui se fit entendre, douce voix féminine qui le fit retomber sur terre une nouvelle fois. Cette scène était bien trop complexe, bien trop malsaine, et elle s’apaisa instantanément lorsque les cheveux blonds de Sheena disparurent dans les escaliers. « T'inquiète Lloyd, je te promets de veiller sur elle. N'ais pas peur va, les soirées de Sam sont pas les pires, puis tu me connais, je prendrais mon rôle au sérieux. » « C'est ça ouais, toute façon s'il lui arrive quoi que ce soit, tu sais ce qui t'attend ! » « Ouais, une terrible remontrance assommante, je préfère éviter en effet. » « P'tit con ! » Il allait répliquer lorsque Sheena remontra le bout de son nez, mieux vêtue pour l'occasion et plus séduisante encore qu'au naturel (oui, un tel exploit s'avérait possible). Forçant son regard à ne pas la dévisager trop avidement, c'est un 'Bon' sonore qu'il laissa échapper, en attrapant ses clés d'une main et sa veste de l'autre.

« A ce que j'ai compris, c'est pressé. Cool, j'vais pouvoir m'amuser sur la route moi ! » « J'tai dis de veiller sur elle, pas de nous faire avoir un accident en y allant ! » Edwin se contenta de sourire, alors qu'ils s'installaient tous les trois dans la voiture. Le silence ne tarda pas à retrouver sa place entre eux. L'appréhension de Lloyd, qui allait revoir Aurlanne était palpable, et son meilleur ami n'osait émettre la moindre hypothèse. Tous deux avaient bien conscience que cette situation ne lui plaisaient pas, c'était bien inutile d'en rajouter sur cette évidence déjà bien trop morbide. Quant à Sheena, à l'arrière de la voiture, le beau mannequin devinait aisément dans quel trouble elle devait actuellement être plongée. En compagnie de son amant et de son frère, de celui qui connaissait son véritable visage et de celui qui la prenait pour un ange, elle devait garder les lèvres closes avec une étrange satisfaction et un apaisement certain. Aussi il fut rassuré pour elle lorsque la silhouette d'Aurlanne se dessina au loin, puis lorsque la voiture se stoppa à quelques mètres d'elle. Lloyd sortit enfin, laissant sa place à Sheena, et c'est juste avant qu'il ne ferme la porte qu'Edwin lança, joyeux. « Passe mes plus humbles amitiés à ta chère Aurly. » Le frère Jackson ne prit pas même la peine de répondre par d'autres paroles intelligibles qu'un grommellement désabusé, avant de fermer la porte violemment, témoin de son énervement soudain et qui sembla terriblement amusant aux yeux d'Edwin. Il n'aimait rien plus que foutre en rogne son meilleur ami et semblait avoir un véritable don pour cela.

De nouveau assis aux côtés de Sheena, il garda sobrement le silence, attention qu'elle sembla soucieuse de réitérer à son égard. Pourquoi parler, alors qu'il n'y avait strictement rien à dire ? Du moins, rien d'autre que nouveaux compliments, nouveaux baisers, nouvelles tendresses. Pourtant, lorsque sa voix brisa subitement le silence, il ne put en ressentir qu'une brusque satisfaction. Intelligente, charmeuse, belle comme surprenante, elle ne cessait de lui prouver que jamais il ne pourrait voir d'autres perfections. A chaque parole, à chaque geste, elle lui démontrait par a plus b qu'elle était la seule et l'unique qui saurait faire battre son coeur. A quoi bon vouloir nier alors une telle évidence ? Il jeta un léger regard sur elle, un doux sourire en coin prenant place sur son visage. Entre amitié et amour, la frontière est mince, et Edwin et Sheena semblaient constamment passer de l'un à l'autre, incapable de s'attarder d'un côté plutôt que de son contraire. Ils jouaient, délicatement, tous deux ne souhaitant pas se stabiliser pour qu'alors leur union ne devienne plus que routine. Peut-être était-ce aussi une manière comme une autre de présager leur lien unique qui s'avérait finalement trop fragile pour devenir aussi intense qu'un véritable amour. « En fait, il n'y en a pas qu'une, elles sont deux. » souffla-t-il dans un simple murmure, comme dans le but sournois d'attiser un peu la jalousie qu'il rêvait de lire dans son regard. Attitude stupide et enfantine, mais qu'il n'avait pu s'empêcher finalement. « Mais je compte toujours sur toi pour être un bon copilote, si elle est déjà transie, elle ne m'intéresse pas. » Comment lui dire qu'elle serait incapable, malgré tous ses efforts, de trouver la moindre femme à sa hauteur autre qu'elle même ?

A ses interrogations quant au lieu où il l'emmenait, il ne prit même pas la peine de répondre par autre chose qu'un sourire. Bien conscient de ne pas soulager la curiosité de la jeune femme, il l'attisait plus encore et ce en son âme et conscience. Elle verrait bien, après tout, le genre de soirée où il l'emmenait. Rien de très spectaculaire, en soi, rien d'autre que la maison de Sam, une cinquantaine, voire une centaine de gens bourrés, de l'alcool a profusion, de la musique, et quelques occasions de se procurer drogue et exta'. Bref, l'univers auquel Edwin était devenu accro, et dont il ne savait décemment se passer. L'occasion de passer un excellent moment en bonne compagnie, une nuit de pure déchéance où alors il n'était plus lui même, mais plus que l'ombre du séducteur qu'il se disait être. Très vite, la maison de son ami se fit voir, et il se gara non loin, soucieux de ne pas imposer la moindre marche à la jolie demoiselle qui lui tenait lieu de douce compagne. C'est sans même l'effleurer qu'il l'emmena jusqu'à la porte, là où Sam les accueillit, un sourire ravi sur le visage. Edwin le salua rapidement sans y mettre vraiment les formes, voyant la jolie silhouette d'Annabella se dessiner non loin. Il suffira d'un sourire pour qu'elle se jeta à son coup, l'enserrant d'un câlin qui se voulait amical, mais qui n'était rien moins qu'une invitation abusive et indécente à des actes sans doute plus... osés. Edwin, en temps normal, n'aurait pas mis fin à cette caresse, même s'il aurait doucement mais surement repoussé la belle qu'il avait déjà eu dans son lit, néanmoins le départ de Sheena le troubla plus que nécessaire, et c'est sans ménagement qu'il s'éloigna d'Anna. « Alors, elle est pas là ta soeur ? » « Si bien sur, elle ne t'as pas encore vu, je suis sure qu'elle sera aussi ravie que moi de te voir. » minauda-t-elle en papillonnant des yeux. « Inutile de l'appeler, j'ai à faire pour l'instant. Je viendrais sans doute vous voir au cours de la soirée, ne vous éparpillez pas trop. » la contenta-t-il, conscient qu'il ne s'agissait là que d'une promesse qu'il ne saurait jamais tenir. Un grand sourire et un clin d'oeil accompagnât néanmoins cet engagement qui se présentait tel un foutu espoir pour cette femme et sa soeur, sans doute, à tel point qu'il du sembler vrai. Assez pour qu'Anna sourit avant de partir, le regret perlant ses jolis iris. Edwin ne put retenir un discret soupir de soulagement, heureux de s'en être débarrassé si facilement, avant d'entrer à son tour dans cet antre qui promettait d'être à nouveau le théâtre de nombreuses et folles déchéances. Le diable en enfer.

Edwin jetait des regards à droite et à gauche, soucieux de retrouver celle qui était ce soir sous sa haute surveillance. Celle que lui avait expressément demander Lloyd, tout comme celle que lui exigeait son coeur. Ne pas la voir relevait du sacrilège, l'imaginer minaudant avec d'autres hommes lui insufflait une montée de dégout et une haine peu concevable. Il fallait qu'il la retrouve, pour sa santé mentale, il le fallait ! C'est dans cet unique but qu'il commença à passer de pièce en pièce, saluant tous ceux qu'il connaissait d'un léger signe de la main, repoussant ceux et celles qui se montraient trop heureux de le voir. Beaucoup étaient déjà bien alcoolisés, pas mal s'embrassaient goulûment sur des canapés, près à monter dans les chambres pour d'autres cieux, mais il ne voyait toujours pas Sheena. Pauvre Sam, qu'avait-il pu lui faire visiter, encore, sa chambre peut-être ?! C'était presque une inquiétude lisible sur ses traits qui s'empara de son âme, lorsqu'enfin le doux visage de sa belle imprégna ses pupilles. Elle était là, parlant sagement avec Sam, dans ce qui faisait office de véranda. Ils n'étaient bien évidemment pas seuls, mais la simple vision de sa propriété en une autre compagnie blessait son coeur. Terriblement. « Alors, Sam, as-tu deviné qui était cette charmante inconnue ?. » Un regard d'incompréhension fut sa seule réponse. Aussi Edwin ne tarda-t-il pas à dire, un sourire victorieux sur le visage : « Regarde ses traits, on reconnait de Lloyd là-dedans !. Eh ouais, t'as miss jackson deuxième génération devant toi. Et je dois la chaperonner pour cette soirée. Par ailleurs, j'te l'emprunte, si ça te dérange pas. » A mesure qu'il parlait, son regard s'était fait possessif, et son ton plus dur encore. Sam le connaissait bien, il savait à la perfection ce que signifiait cette attitude de la part de son ami, et c'est d'un simple sourire qu'il répondit, avant de les laisser enfin en paix. Alors, Edwin se tourna vers sa belle, qu'il dévisagea en silence quelques secondes qui semblèrent durer une éternité. « Bien, alors je n'suis pas ta nourrice Sheena, mais si tu pouvais cesser de t'éclipser comme ça, ça me faciliterait considérablement la tâche. J'ai fais une promesse à ton frère et je ne vais pas toutes les briser. » Son ton était à nouveau dur, inconsciemment, il lui reprochait cette brusque inquiétude qui s'était emparé de lui, cette sourde jalousie qui avait fait tambouriner son petit coeur. Il ne tolérerait pas qu'elle appartienne à un autre, même pour une minute, une seconde, un instant. Elle était à lui, ici comme ailleurs. Ici même plus qu'ailleurs. « J'ai peur que tu acceptes n'importe quoi des mains d'un monsieur pas net... Alors quelques règles de bases : on ne parle pas aux inconnus, et on ne dit pas oui à un bonbon qu'on te tend. En revanche, on accepte avec joie les verres de Whisky que ton ami Edwin est prêt à te servir. » lui dit-il en souriant, avant de l'entrainer vers le bar rempli pour l'occasion.
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Sheena T. Jackson

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeDim 8 Avr - 20:10




Edwin & Sheena

« 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' »



Spoiler:
Notre premier tête-à-tête n’était à mes yeux qu’un jeu. Un jeu dangereux davantage intimé par l’interdit que par le charme indéniable d’Edwin. Évidemment, il me plaisait, mais plus raisonnablement qu’aujourd’hui. De lui, je ne connaissais que l’image parfaite qu’il se renvoyait de lui-même. Aussi, je jugeais surfaite son élégance et sur jouées ses bonnes manières. Pour moi, il n’était qu’un rouleur de mécanique, l’opposé de mon frère presque trop réservé et trop moralisateur. Dès lors, à l’époque, je ne doutai pas que seule la conjecture de la situation le rendait si grisant. Alors, naïvement, j’appréhendai mes manigances envers l’ami de la famille comme un défi à relever à tout prix. Un défi nécessaire à parfaire une identité propre, éloignée au maximum de l’irritante périphrase : « Petite sœur de Lloyd » toutefois, très vite, j’ai perdu le contrôle sans réellement m’en rendre compte. En se dérobant à mes avances, il est devenu une obsession malsaine qui j’en étais persuadée, disparaîtrait une fois l’acte consumé. Boniments. Je m’en étais persuadée à tort, car, après nos jeux de mains, elle n’a rien perdu de son intensité. Rien. J’ai continué à penser à lui du réveil jusqu’au coucher. Je n’ai trouvé de répit que dans un acharnement injuste contre mon frère. Je le tenais pour unique responsable de mon désarroi et j’estimais que sans lui, je n’aurais jamais posé les yeux sur cet homme qui prend malgré lui bien trop de place dans ma vie.

Très vite, le voir est devenu une nécessité que j’ignorai savamment en enchaînant les sorties et les rencontres. J’ai dragué, aguiché, allumé et marivaudé comme avant, à la différence prêt qu’au moment fatidique, je renonçais toujours. Je prétextais la peur puérile des pucelles pour me soustraire à leur désir. Libérée de leur bras, je pestais contre les caprices nouveaux de mon cœur qui n’aspirait plus qu’à la tendresse d’un homme aux règles bien huilées. J’étais convaincue qu’il n’en démordrait pas lorsque le hasard le déposa sur ma route une nuit où l’ennui me pesait. Lui, il était accompagné. Moi, j’improvisai sur le volet. D’apparence indisponible, nous aurions dû nous quitter après un verre amical partagé tous ensemble. Cependant, nous avons tous deux dérogé à nos principes. Quelques heures plus tard se consumait notre passion et les jours suivants, prisonnière d’un affreux chantage, je tentais vainement de les oublier le nez dans la poudreuse. Les oublier lui et mes certitudes : si mon cœur bat tambour dans ma poitrine, c’est qu’imperceptiblement, j’en tombe amoureuse non ?

Je m’efforçais souvent de refuser l’idée, distinguant l’amour d’un état similaire purement sexuel. Or, force est d’admettre qu’à sa présence dans ma chambre, à ma table ou dans mon salon, je souffre des symptômes les plus tapageurs. Évidence troublante. Bouleversante pour mon être tout entier. Je suis la Phèdre de Racine. Edwin, je le vis, j’en rougis et je pâlis à sa vue. Combien de temps avant qu’il ne devienne essentiel à ma vie ? Obligatoire à mon équilibre ? Combien de temps avant qu’il s’apparente à mon absolu principe vital ? Combien de temps me manquera-t-il encore lorsqu’il me laisse sans l’ombre d’un espoir ? Alors j’évite de me poser trop de questions de peur qu’il s’envole volontaire avec la clé d’un cœur qu’il emporterait involontairement. Aucune réciprocité n’est envisageable. Si je veux qu’il m’aime, je sais que c’est impossible. Ainsi j’enfouis dans un no man’s land retiré de ma tête mes fabuleux émois inquiétants.

Néanmoins, ce soir, à l’arrière de sa voiture, taiseuse et silencieuse, je m’invente indifférente jusqu’à ce qu’une réflexion pour mon frère m’arrache un sourire tendre, jusqu’à ce que mon regard se veuille admiratif de sa dextérité à changer les vitesses, jusqu’à ce que je me morde la lèvre en cachette lorsqu’il attise ma jalousie. Ce n’est pas une femme qui l’attend chez Sam, mais deux. Deux demoiselles probablement ravissantes et certainement impatientes. Autant que j’ai pu l’être moi-même quelques jours plus tôt. Mon corps tout entier a réclamé sa voix au creux de mon oreille. Que je sois en cours ou avec des copines, Edwin m’est revenu par bouffées dans la tête. J’ai ressenti son absence comme un manque cruel et cette tension ne s’est relâchée qu’au moment où il m’affirma que je valais mieux que les conquêtes qui, chez Sam, lui sont déjà destinées.

Quoi qu'il en soit, drapée dans le rôle de la bonne copine et prise à mon propre piège, mon costume s’effiloche. Si, transies, elles ne l’intéressent pas, pourquoi m’avoir finalement cédé dans son appartement alors que je n’avais pas masqué mes intentions ? Pourquoi m’avoir emmené dans une chambre d’hôtel quand je n’avais rien caché de mon désir ? J’en tremblais. Fiévreusement, je l’ai même avoué au milieu d’un parking un peu glauque. Existe-t-il déclaration de concupiscence plus concrète qu’un « j’ai envie de toi ? » À l’en croire, me résister pour mieux me rejeter m’assimilerait à toutes les autres femmes. En quoi suis-je différente ? Suis-je seulement dotée d’une imprévisible audace qui l’a coiffé sur le poteau où puis-je prétendre au rang de privilégiée ? Est-ce prétentieux de me flatter qu’il n’existe aucune règle à notre relation ?

Toutes ces questions me torturent. Elles sont un fardeau pesant sur mes frêles épaules. Je voulais une vie sans sentiment moi. Une vie facile sans prise de tête. Une vie loin des flèches empoisonnées d’un chérubin en culotte courte. Décidément, je hais Cupidon et sa magie. Deux fois m’avaient largement suffi. Pourquoi faut-il qu’Edwin balaie mon astreinte sans l’ombre d’un effort ? Juste en s’affichant fidèle à lui-même ? Je trouve ça tellement immérité. Indu. Injustifié. C’est aussi arbitraire et injuste que le tour prit par cette soirée. « Donc, si j’ai bien compris, tu ne m’emmènes pas vraiment à cette soirée. C’est moi qui t’accompagne en tant que copilote inutile puisque tu y es déjà attendu et que tu n’as donc pas besoin de faire-valoir tout ça parce que je te l’ai proposé, c’est ça ?» commençais-je en dévisageant son profil de dieu grec d’un regard noir « Et tu as quoi comme projet pour moi ? Je deviens une Cendrillon moderne ? Tu me ramènes à minuit et tu t’envoies en l’air avec les sœurs sourires ? » À mon discours transparaît toute ma jalousie. Je me maudirai longtemps pour cette faiblesse. Qu’à cela ne tienne, je lui donnerai ce qu’il attend de moi, je n’ai pas d’autres choix. « C’est que ça transpire l’équité tout ça... Tout pour toi rien pour moi. Elle est belle l’amitié.» J’ai soupiré contrariée par mon idée peu lumineuse. Je suis instigatrice de ce stupide clin d’œil à cette série à grand succès. Je n’ai plus qu’à m’exécuter sans piper d’autres mots que ceux nécessaires à satisfaire ma curiosité. Je voulais savoir où nous allions, il en fit un si grand mystère que je ne tins plus en place. J’ai insisté une première fois. Une seconde. J’ai finalement posé les armes au pied de son sourire.

Plus tôt que tard, je finis par l’apprendre. Nous étions arrivés. Edwin se parqua dans l’allée de la villa et, en moins de trois pas, la porte de bois s’ouvrit sur le visage poupon d’un homme plaisant. Pas vraiment beau. Pas tout à fait laid. Sam dégageait une force charismatique presque trop bienveillante. Je connaissais ce genre de personnage. En général, je les évite. Ils sont sournois et dangereux. Conscient de l’héritage ingrat légué par mère Nature, il déguise leur banalité derrière des faux-semblants. Son baisemain en guise d’accueil – très appréciable ma foi – attestait que je dressais le bon profil pour l’ami commun de mon frère et mon amant. Cet amant happé par la première de ces prétendantes. Mon cœur a raté un battement. Mon sang eut à peine le temps d’attendre que mes membres que déjà je suis traînée dans les artères d’une villa transformée en boîte de nuit.

La musique battait son plein. Pour se parler, les noceurs devaient s’approcher et se toucher pour s’hurler des invites dans les tympans. Ces ambiances m’étaient familières. Je n’y voyais rien de choquant. Rien d’outrageant non plus. Si ce n’est ces jeunes femmes imbibées d’alcool qui ingurgitent plomb sur plomb pour s’offrir une dose colorée de sensualité biaisée. Est-ce que, vautrée dans ma propre débauche, je leur ressemble ? Suis-je à ce point décadente ? Est-ce que moi aussi je titube jusqu’à une chambre après avoir faussement protesté ? Tous ces gens autour de me semble mort, tué par la vie et j’en écarquille les yeux. « Ça va ? » beugle Sam à mon oreille. J’esquisse un mouvement de recul pour hocher de la tête tandis qu’il ouvre la porte-fenêtre de sa véranda où il me propose de m’installer. J’ai choisi un club solitaire, légèrement isolé du reste de groupes d’amis critiquant ouvertement les agissements d’une certaine Anita. Ils la montrèrent du doigt et ce déchet vivant m’arracha une grimace de pitié. J’en étais d’autant plus mal à l’aise et Edwin m’a inévitablement manqué. Sam était une piètre compensation. « Alors ? Tu connais Chester depuis longtemps ? » m’a-t-il demandé pour tâter le terrain. La manœuvre était aussi pathétique de prévisibilité que touchante d’amitié. « Assez longtemps oui. Et toi ? » Il m’expliqua alors qu’ils se voyaient régulièrement. Presque tous les week-ends. Il ajouta même qu’ils formaient, avec Lloyd, un trio aux antipodes, mais complémentaire. « Tu dois connaître Lloyd ? Non ? » Je ne pus réprimer un rictus à propos « Vaguement oui. » Il prétendit qu'il était un chic type et il en perdit 100 points de charisme. Mon frère est tout sauf chic. Il est chiant, mais pas chic. Non ! « Permets-moi de te dire que tu es ravissante. Je comprends qu’Edwin ne t’a jamais amené ici auparavant. Il voulait sans doute te garder pour lui tout seul durant un temps. » Et là, il est devenu totalement insignifiant à mes yeux. Ses insinuations m’ont dégouté. Implicitement, il sous-entendait que j’étais une idiote que son séducteur d’ami livre en pâture aux loups après l’avoir allongée. Trois minutes plus tard, il me proposait une pilule que je refusai sans regret. Il s’est alors apparenté au néant à mes yeux. Sam est malsain. Il pue le sexe et la luxure à plein nez. Ça ne m’intéressait pas, ou devrais-je dire plus justement, ça ne m’intéressait plus. Encore moins, si l’homme se targue, sans même me connaître, de me baiser dans l’heure. Une colère sourde et sombre s’empara de tout mon être. Elle dépassait ce mal-être palpable qui me colle à la peau depuis mon arrivée. Et je me suis penchée sournoisement sur l’odieux personnage. Ma main posée sur sa cuisse, les lèvres humides et le regard lumineux, j’ai badiné « Je n’aime pas trop les exta’. Je trouve qu’elle gâche le plaisir.... le plaisir sous toutes ses formes, j’entends.» Mon tissu de mensonges entrava sa déglutition. Fière de mon petit effet, j’osais à peine imaginer les clichés salaces s’imprimant à son esprit.

Il semblait toujours aussi hagard quand Edwin s’interposa entre nous. Je n’avais jamais été plus heureuse de le voir d’ailleurs. Heureuse de constater qu’il avait abandonné sa harpie pour me retrouver moi. Heureuse et désolée d’apprendre un peu plus tard, après qu’il ait dévoilé mon identité à l’hôte de la soirée, qu’il souhaitait simplement respecter ses promesses à mon frère. J’aurais pourtant juré que son regard était plus proche de la possessivité que de l’obligeance amicale. Il était en tout point similaire – bien que plus affranchi – à celui qu’il jeta à William après l’avoir jeté. Peut-être suis-je simplement en train de me faire des idées. Je mélange rêve et réalité. Je suis foncièrement plus atteinte que je ne le pensais. Si bien que sous la force du bleu de ses yeux, je n’ai pas osé prononcer la moindre protestation malgré qu’il chante mon patronyme au propriétaire des lieux. Le petit con. Bientôt, l’information se répandra comme une traînée de poudre. Je deviendrai la fille à éviter et mes divertissements en pâtiront. Ils seront plus limités pour ne pas dire inexistants quand Edwin m’abandonnera au bar, verte de jalousie. Car il le fera. Il n’en a jamais été autrement. Pas cette heure. Peut-être pas la suivante. Mais bien après avoir évoqué ses vieux préceptes que l’on scande aux enfants, après s’être assuré que tout à chacun nous aura remarqués au bar improvisé de Sam, après s’être convaincu que j’ai eu mon compte d’attention, après... après.... plus tard. « Tu sais que tu viens de me foutre la honte du siècle là. Te présenter comme mon chaperon. J’ai l’impression d’avoir seize ans. J’ai bien assez d’un frère, crois-moi » sifflais-je avec une brève malignité. « Et puis, tu te biles trop. Je t’ai dit tout à l’heure que j’étais la princesse des contes de fée enfermée dans la plus haute tour du château. Et comme le prince charmant n’existe pas, je ne risque pas d'en descendre avant longtemps. Tu ne risques donc rien. Tu peux souffler mon chou.» Mon chou. La dernière fois que je l’affublai de ce sobriquet, je me déshabillais dans son salon. En ce moment, le surnom ressemble davantage à une marque d’agacement que d’affection. J’étais, en réalité, légèrement contrariée qu’il devienne le clone de Lloyd. « Enfin, sauf pour l’exta. Ça, c’est trop tard. J’ai déjà accepté. » Mentis-je sans grande conviction – plaisanterait provocatrice - en le suivant vers le bar.

Non sans avoir jeté un regard circonspect sur l’assemblée, j’ai très vite reporté toute mon attention sur Edwin. J’épiais ces gestes avec cette feinte admiration qu’on reconnaît aux jeunes femmes éprises. Je ne l’étais pas tout à fait. J’avais dépassé ce stade depuis un moment déjà et j’en étais plus consciente que jamais. Néanmoins, s’il me restait des doutes, une autre jeune femme me priva du plaisir de profiter de sa compagnie pour moi seule quand, dans cette villa, j’avais la désagréable impression que je le partageais sans cesse. Elle s’avança trop enthousiasme à mon goût et, la bouche en cœur s’adressa à lui sans charme, juste spontanément. Elle n’avait pas l’intention de le draguer visiblement. « Excuse-moi, tu t’appelles bien Edwin non ? Tu es le mec à Jewell, je me trompe. » Instinctivement, sans m’emballer, j’ai tout de même tendu l’oreille. « Tu ne me reconnais pas ? Je m’appelle Sacha. » Elle devait être bourrée. C’est ça. Elle est plus qu’éméchée. « On s’est rencontré au studio, tu étais venu la chercher après une séance photo. Elle ne m’a dit que vous veniez. » Et là, c’est la chute. Une chute vertigineuse dans les abîmes. Je comprends, sombre et dégringole. Je pourrais en tomber de ma chaise. Edwin est casé. Edwin a une copine. Une putain de petite copine mannequin – si j’en crois mes déductions – qu’il allait chercher après ses séances photo. Une petite amie avec laquelle il devait probablement s’afficher. Une petite amie qui récolte ses sourires après leur nuit rose. Il avait quelqu’un dans sa vie et il ne m’en avait rien dit. Certes, rien ne l’y obligeait, mais, stupidement, j’avais osé espérer que je jouissais au moins de son respect. Ce respect qui m’aurait évité de me jeter dans la gueule du loup. Il m’aura mangée toute crue. Il se sera bien foutu de moi.

Je ne sais pas exactement où je trouvai la force de ne pas hurler ou pire le gifler. Je ne soupçonnais pas un tel self-control chez moi si spontanée, si impulsive. Et pourtant, j’ai attendu que la trouble-fête prenne congé pour tourner les talons sans un mot. Une minute de plus en sa compagnie et j’explosais. J’ai donc ramassé mes affaires que j’avais déjà éparpillées sur une table et j’ai pris la porte. Elle avait des allures de porte de secours, car, le cœur serré, j’étais à deux doigts de me mettre à pleurer. Il n'est pas rare qu'il me mette dans pareils états, proie à mes sensibleries. Mais je ne l’en avais jamais rendu témoin. Aujourd’hui ne ferait pas exception alors je refusai de lui parler. Je refusai de l’affronter. Je préférai fuir pour rentrer chez moi sans un au revoir. Et, à défaut de politesse, j’ai récupéré le billet d’adieu de la chambre d’hôtel stocké dans mon portefeuille et je l’ai glissé sous l'essuie-glace de sa voiture. Dans la symbolique, c’était à mon tour de lui adresser ce message trop explicite : sors de ma vie.


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edwin f. chester

edwin f. chester

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeDim 8 Avr - 22:24

'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'
(doucement, mais surement, je fais moins long. Jusqu'à arriver à un nombre décent et normal pour un rp que je souhaite rapide - notre lien est trop compliqué pour qu'on se permette de tergiverser en plus sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' 418230605).

Peut-être à tort, Edwin aimait à se persuader que Sheena voyait plus clair dans cette histoire que lui. Ainsi, au moins l'un des deux protagonistes de cette curieuse affaire se montrerait responsable. Peut-être, avec un peu de chance. Oui il l'espérait du plus profond de son coeur, car lui même avait été largué depuis déjà leur première rencontre, celle où leur deux vie avec basculé brutalement lorsque leurs corps s'étaient mêlés, lorsque leur âme avait trouvé en celle de l'autre un parfait complément. Alors, il avait dit 'bye bye' à sa raison et à sa fierté d'un geste de la main, et n’avait pas envisagé une seconde être capable de ressentir des regrets pour cet acte irréfléchi. Jamais il n'avait eu à payer la moindre conséquence. Et voilà qu'une nouvelle surprise se mettait en travers de son chemin, qu'une aventure stupéfiante déroulait devant ses yeux ébahis le parchemin des règles du jeu. Des règles incontournables auxquels il avait cédé déjà deux fois. Deux fois délectables et délicieuses, deux fois qu'il aurait aimé regretter pour une raison ou une autre. Finalement, même la promesse trahie mais faite à un Lloyd terriblement naïf ne provoquait plus chez lui la moindre tristesse à l'âme. Son meilleur ami était devenu lui même un être qui, finalement, n'avait pas sa place dans cette histoire, celle de deux humains hors du commun bien décidés à n'en faire qu'à leur tête, comme si le monde, d'un claquement de doigt, pouvait s'agenouiller devant leur suprématie et leur décisions. Comme si le monde leur appartenait. A eux, et à eux seuls. D'un accord tacite, ils étaient devenus les maîtres de l'univers rien qu'en se rencontrant. Les yeux clos, leur souffle se mêlant l'un à l'autre, ils aspiraient à un même rêve, trop semblables pour être dissociés. Et Lloyd, s'il souhaitait s'opposer à cette évidence enfin révélée qu'était cette union divine entre Sheena et Edwin, ne serait alors qu'un insecte sous le pied d'un géant. Facilement exécrable. Répugnant d'insignifiance. D'homme servant de point de liaison entre eux, il devenait le néant le plus absolu. Et alors, ils faisaient leur vie ensembles, sans même se soucier de celui qui était à l'origine de cette existence. A quoi bon s'en soucier ?

Edwin ignorait lui même la raison de ce chantage fait au frère de Sheena. Pourquoi inviter la belle à se rendre chez Sam, pourquoi jouer avec le feu si aisément alors qu'il la savait trop semblable à un ange déchu, un ange flirtant si pleinement avec les méandres les plus obscures de la déchéance, pourquoi risquer de la voir flirter avec d'autres et ressentir tant de souffrance par la cause d'une seule et unique femme ? Pourquoi ? En connaissant Edwin, il était nécessaire de vite imprégner cette parfaite évidence qui le caractérisait si bien : inutile de se questionner sur les motivations d'un être si étrange que lui. Parfois, il n'en avait pas la moindre. Là, pourtant, il en existait bel et bien une, un dessein peu louable qu'il cachait habilement derrière de jolis sourires. Passer du temps avec Sheena lui serait toujours profitable. En passer avec elle et d'autres le deviendrait plus encore. Le jeu pimentait agréablement sa vie, l'aventure avait toujours été le seul chemin qu'il suivait si assidument, l'ennui la pire des souffrances qu'il avait toujours éloigné si certainement de lui. Cette jolie demoiselle, de part sa simple présence, semblait avoir jeté un mauvais sort sur cette lassitude et cette morosité qui, de tout temps, avait effrayé le mannequin. C'était bien là le seul sentiment contre lequel il luttait en y mettant toute son ardeur, et Sheena lui offrait un apaisement certain. Et là, alors qu'une si belle opportunité de jouer encore à un jeu dangereux se présentait à lui, Edwin ne comptait pas la laisser passer sans même lever les bras pour la saisir. Il adorait jouer. Tout autant que se sentir vivre. Et quoi de tel pour cela que de s'imposer des émotions, des nouveautés, des excitations comme des troubles, des joies comme des peines. Quoi de tel que de sentir son coeur se serrer, battre férocement, quoi de tel que de perdre la tête, la raison, la fierté ... ? Edwin préférait de loin tout perdre que son amour pour la vie. Un amour déraisonnable, gargantuesque, titanesque même, le seul amour qu'il ai un jour su accorder à qui que ce soit et qu'il gardait ainsi précieusement intact.

La voir assise à ses côtés dans cette voiture sans qu'il ne puisse la toucher, sans qu'il ne puisse la complimenter s'apparentait à ses yeux à de la torture. Cette femme était petit à petit devenue une véritable drogue. Il n'aurait pu l'admettre de lui même, mais l'évidence serrait son coeur si fortement qu'il devait ouvrir les yeux : elle lui avait atrocement manqué. Tout en elle était le simple synonyme de la perfection, et il ne se voyait pas, un jour, trouver une femme plus parfaite. Sa répartie, cinglante, la certitude qu'elle semblait avoir de sa capacité à cacher ses émotions alors qu'il suffisait à Edwin d'un regard sur elle pour comprendre ce que son âme tourmentée avait à révéler, ses mimiques adorables, sa bouille lorsqu'elle mimait l'agacement... Non, rien à dire, il était simplement tombé entièrement sous son charme, et même s'il ne pouvait dorénavant parler de véritable amour, il ne pouvait nier les sentiments certains qu'il éprouvait à son égard. Le respect, une amitié inconsidérée, une affection sensationnelle, une ambiguïté conséquente qui jamais ne sembla désireuse de laisser leur sympathie en paix. Toujours, elle remettait sur le tapis des émotions tellement profondes et si effrayantes pour un homme comme Edwin, allergique à l'amour, qui troublait leur si parfaite amitié et lui donnait un goût amer comme plaisant. Un goût que la jalousie évidente de Sheena se plut à lui inspirer de nouveau, en à peine quelques douces secondes, lorsqu'il replongea son regard dans le sien, tâche bien ardue lorsqu'il était censé se concentrer sur sa conduite. « J'avais imaginé Cendrillon moins sexy et plus en retenue. Je suis d'autant plus ravi de faire la connaissance de cette romantique éperdue. » Compliment déguisé derrière une douce ironie, à son image, en fait. Il reporta son attention sur la route lorsque, d'un ton plus doux et surtout d'une voix suave au possible, il reprit, un sourire en coin toujours bien présent sur ce visage autrement de marbre. « En effet, je te ramène à minuit, lorsque les douze cloches sonneront. Néanmoins, tu le devines, je ne suis pas un prince charmant. A cet égard, je n'ai jamais dis que tu rentrerais seule, à minuit. » Une invitation salace qu'il ne prit pas même la peine de déguiser, conscient que Sheena était bien trop maligne pour qu'il ne s'amuse à tenter de la piéger. Elle connaissait bien trop ses milles et un tours de séducteur du dimanche, et il ne souhaitait pas lui laisser admirer cette simple facette bien trop simple pour un être si compliqué comme lui.

Finalement, il appréciait même le silence en sa douce compagnie. La fin de leur trajet se passa ainsi, sans que nul ne trouble cette délicate sensation de confiance, hormis Sheena pour réitérer la question auquel elle n'aurait jamais de réponse. A quoi bon se tortiller ainsi d'impatience, elle saurait bien assez vite à quel genre de soirée Edwin l'avait si simplement prédestiné. Sans doute était-elle habituée, par ailleurs, à la contemplation d'une telle décadence, elle, l'ange de la luxure. Ils ne tardèrent pas à arriver, tous les deux côte à côte, sublime défilé de deux êtres se correspondant parfaitement, et ce tant physiquement que mentalement. Leur ressemblance ne pouvait sembler que frappante, à n'importe quels yeux... ceux de Sam compris. Edwin n'offrait pas à cet homme une confiance aveugle, son amitié pour Lloyd étant absolument exclusive (à défaut d'être fidèle en amour, il tâchait de l'être en amitié), mais il l'appréciait pour son excentricité, pour son intelligence savamment maquillé derrière les abords plus séduisants du type normal, drôle mais pas trop, sympa mais pas trop, beau mais pas trop. Il était pourtant beaucoup dans l'extrême. Toujours trop. Trop intelligent, trop déprimé, trop séducteur, trop alcoolique, trop, beaucoup, beaucoup trop drogué. Fidèle à Edwin, en soi, la belle gueule en moi. Et encore, il n'était pas en reste, et ses talents de séduction égalaient presque ceux du mannequin. Seul Lloyd, dans leur espèce de trio amical, s'avérait être le vilain petit canard. Un canard, pourtant, qui cultivait hautement sa différence, et qui, au lieu de souhaiter déployer ses ailes et s'envoler à la recherche de sa fierté, persistait à se noyer dans un mare verdâtre. S'il était heureux ainsi, alors Edwin n'avait pas son mot à dire...

Le lieu où avait lieu cette soirée était une villa luxueuse. Jeune homme avantagé de la jeunesse dorée, Sam n'hésitait jamais lorsqu'il s'agissait d'une occasion de faire la fête, ce qui leur offrait un point commun non négligeable. Ils se voyaient la plupart du temps lors de ce genre de nuit, et ne se fréquentaient que bourrés, ou drogués, voir les deux. Souvent, ils s'amusaient à comparer leur conquête, ou même à tenter d'égaler le nombre de l'autre, et ainsi ils s'amusaient, profitaient d'une jeunesse qu'ils ne souhaitaient jamais voir leur filer entre les doigts. Avaient-ils conscience du temps qui passe ? Sans doute pas. Surement pas. Aussi, il n'y avait pas d'homme dont Edwin se méfie le plus dans cette soirée, pour la simple et bonne raison qu'il le connaissait bien. Trop bien. Ceci justifiant le fait qu'il les lorgna partir seul à seul d'un regard glacial, qu'il abandonna cette jolie blonde qui avait fait partie de sa liste de conquête d'une manière si peu gentleman, et qu'il tenta d'affirmer sa possession d'une façon si évidente qu'il ne craint bien qu'une seule chose : que Sheena se rende compte de la jalousie qui faisait battre férocement ses tempes et cesser de battre doucement son coeur. Il n'y a moins qu'il souhaitait moins que cette soudaine prise de conscience de la part de cette femme. Non, jamais ôh grand jamais elle ne devrait se rendre compte de l'affection toute particulière qu'Edwin lui témoignait, il était même prêt à tout pour que ne reste de lui que l'image d'un séducteur un peu trop avoué. Mais il refusait de lui concéder son coeur sur un plateau d'argent, son âme dans un paquet cadeau, sa fierté sous ses talons hauts. Non. Edwin Fitzwilliam Chester restait lui même, toujours, sans contrepartie, sans compromission. Il était hors de question qu'un jour, un beau jour, il ne dépende de quelqu'un. Pas même de Sheena. Surtout pas d'elle.

« Il existe une différence majeure entre ton frère et moi, tu veux que je te la rappelle ? » lui glissa-t-il dans l'oreille, un sourire pervers sur le visage. Non, c'était inutile, il savait bien qu'elle gardait chaque instant de sa précieuse compagnie dans son esprit, notamment ceux où, leurs vêtements abandonnés sur le sol, ils s'adonnaient à un plaisir que lui n'avait plus su retrouver pleinement depuis. Il le savait, ou du moins voulait le savoir, car alors que ses souvenirs hantaient chaque jour et chaque nuit ses pensées, il espérait au moins que la réciprocité s'avérait vraie. Quitte à perdre sa fierté pour elle, autant qu'elle le lui rende bien. « C'est bien dommage que tu ais déjà accepté l'exta', je ne t'en propose plus, donc. » dit-il sans se soucier de son mensonge, avalant la petite pilule qu'il faisait jouer entre ses doigts avec un bon verre de whisky, en servant un autre pour sa belle. Visiblement, il était naturel pour lui de débuter une soirée par un de ses jolis bonbons de couleur. Une soirée qui promettait d'être riche en émotion, vu la répartie cinglante dont Sheena aimait le gratifier. Une soirée qui fut pourtant sauvagement interrompue par l'arrivée d'une jeune femme qui sembla rappeler quelque chose à notre Dom Juan des temps modernes, sans qu'il ne sache pourtant mettre de nom sur cette silhouette. Il ne l'avait jamais eu dans son lit, pourtant ... Ah oui. Sacha. Cette nana qui se disait l'une des meilleures amies de Jewell, l'une de celle dont la présence lui était la plus désagréable, mais aussi celle qui semblait la plus emprunte à copiner avec lui dans le but de connaître mieux le petit ami de sa confidente et soeur de coeur... pathétique. Absolument pathétique ! « Oui, je me souviens. J'ignorais que Jewell avait vent des soirées de Sam, tout comme ses amies. » « Jewell n'est encore jamais venue à une de chez Sam, mais je le connais bien. Tu n'auras qu'à l'inviter la prochaine fois, ça me ferait plaisir de vous voir tous les deux. » « Oui, je ferais ça. Bonne soirée. » Elle le salua d'un sourire et d'un signe de la tête avant de retourner vers son groupe d'amis qui les lorgnait, curieux.

Edwin mit néanmoins un certain temps avant d'assimiler l'erreur qui venait d'être faite. Une erreur absolue et brutale qui lui explosa au visage lorsque Sheena tourna les talons avant de fuir à toute vitesse. Ah oui.. Jewell, Sheena. Jewell et Sheena. Deux femmes qui n'étaient pas destinées à se rencontrer, pas même à entendre parler l'une de l'autre. Deux demoiselles qui avaient profondément imprégnées le coeur d'Edwin qui se glissaient entre les deux. Oui, il avait le mauvais rôle de briseur de coeur, et pourtant elles lui apportaient toutes deux quelques choses. De l'aventure sulfureux d'un côté, de la tendresse amicale de l'autre. Elles étaient si différentes, si opposées même, qu'il n'était même pas venu à l'esprit de ce gentleman déchu d'en parler à sa nouvelle conquête. Mais pourquoi l'aurait-il fait ? Pourquoi aurait-il du ouvrir son coeur à Sheena alors même que leurs rencontres s'étaient constituées uniquement d'amour charnel et de séduction aguerrie ? Jamais il ne s'était targué de s'être ouvert à elle, jamais elle ne l'avait exigé de lui. Pourtant, il ne savait trop pourquoi, mais il comprenait la désillusion de sa belle. Voilà une omission divulguée, une omission de taille, qui, peut-être, pouvait forcer le sens à d'innombrables questions. Peut-être recelait-il d'autres secrets plus terribles encore sous sa lourde cape obscure ? Edwin, sans même chercher à récupérer le peu de son esprit sain, s'était lancé à la poursuite de Sheena. Il n'était nul question de la laisser fuir, de la voir partir et ne plus jamais le revoir, de trahir une nouvelle des promesses faite à Lloyd mais surtout, surtout, de la savoir emplie de haine à son égard. Il ne pouvait le tolérer. Ne saurait le faire. « C'est bien la première fois que je vois une nana fuir de toi aussi vite, Fitz. Ton charme fait plus effet ? » lui lança, ricaneur et inconscient, Sam qui avait plus ou moins suivi la scène d'un oeil curieux. « Tu veux que j'aille la réconforter, ta belle ? » Edwin avait bien conscience qu'il rigolait, que jamais il n'aurait pu ainsi dénigrer la confiance de son ami de cette manière, c'est pourtant une haine viscérale qui tomba sur lui lorsqu'il répliqua, acerbe. « Sam, tu me feras plaisir, pour une fois, ferme ta gueule ! » Le pas pressé, Edwin ferma la porte dans un grand fracas derrière lui, soucieux de retrouver sa belle qui, peut-être, aurait perdu une chaussure de verre ?

Il du courir pour tenter de retrouver la trace de Sheena. Énervée, elle avait déjà parcouru une bonne distance afin de larguer Edwin à des kilomètres, un écart qu'il n'était maintenant plus capable de supporter. Étrangement, elle lui était devenue aussi nécessaire que vitale, et sa santé mentale ne saurait admettre un tel espacement imposé entre elle et lui. Il aurait voulu l'avoir toujours à ses côtés. Et pourtant, ses propres erreurs, ses ignobles erreurs qu'il regrettait chaque fois un peu plus, la forçait à fuir. Il courait toujours lorsque sa douce silhouette se dessina dans la nuit, et c'est toujours en courant qu'il se plaça devant elle, haletant, agrippant tendrement son bras pour ne pas lui laisser la moindre chance de fuir. Il plongea son regard dans le sien. « Sheena. S'il te plait, reprends tes esprits deux minutes. Calme toi et laisse moi au moins le bénéfice du doute. » Non, en vérité, c'était plutôt à lui de retrouver son souffle après le retard qu'il avait pris en cherchant quelle erreur il avait encore commise. Pourtant, il ne tarda pas à reprendre la parole, terriblement sincère. « Tu sais, avec une autre femme, j'aurais dis 'pardonne moi, elle n'est rien pour moi'. Mais tu n'es pas une autre femme. Je ne veux pas te mentir, pas te sortir mes grands discours. La sincérité n'a jamais été incluse dans notre 'contrat', tu ne m'as jamais questionné sur ma vie sentimentale non plus. Je n'ai pas commis d'erreur. Je suis navrée, tu aurais peut-être préféré que je te mente. Un mensonge agréable vaut parfois bien mieux qu'une réalité dérangeante, hm. » Il ne tarda pas à lâcher son bras, conscient que trop intéressée par ce qu'il avait à dire, par les excuses peu banales qu'il était en train de formuler, elle n'essayerait pas de fuir. Sheena n'était pas ce style de femme. Elle ne partait pas face aux difficultés, mais restait forte et grande, et se battait contre elles. Pour toujours se montrer vainqueur. Toujours. « Merde Sheena, qu'est-ce que ça change que je sois en couple ou pas ? Tu m'attires, je t'attire, c'est aussi simple que ça. Jewell n'a rien a voir la dedans. Elle n'a rien à foutre entre nous ! » Cette soudaine vulgarité, son ton profondément agacé, ses grands gestes dévoilés à l'obscurité n'étaient rien d'autre que la drogue qui commençait doucement à courir le long de ses veines, décuplant ses sentiments, ses impressions, ses émotions. Comme s'il avait besoin de ça...

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she - appartient entièrement à edwin. don't touch me.
Sheena T. Jackson

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeMar 10 Avr - 20:46




Edwin & Sheena

« 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' »



Spoiler:

Lorsque mon frère déserta la voiture pour vaquer à d’autres occupations, j’ai soupiré de soulagement. Mes poumons, délestés d’un lourd fardeau, s’emplissaient d’air à nouveau. Je respirais. Avant son départ, sa puissante aura transpirait autant la méfiance que l’impatience. S’il était pressé de retrouver sa dulcinée, il détestait vraisemblablement l’idée de me laisser seule avec le grand méchant loup. Aussi, j’appréciai son congé avec un enthousiasme certain, mais mesuré.

Edwin et moi retrouvions nos habitudes. Je masquais ma franchise derrière des répliques cinglantes. Il dévoilait ses desseins par des ripostes charmantes et provocantes. Son sourire, maintenant qu’il m’annonce l’existence d’une deuxième prétendante, n’est pas anodin. Visiblement, il cherchait une réaction, mais laquelle ? Une de celle qui le rassurerait ou une autre qui le flatterait ? Je n’en avais cure finalement. J’ai depuis longtemps pris parti, en ce qui concerne le meilleur ami de mon frère, d’éviter tous faux-semblants. À lui, je ne peux pas mentir. Je peux cacher, dérober dissimuler, mais, je ne peux décemment plus tricher. C’est un nouveau symptôme. Je le reconnais. Lorsqu’un noble sentiment déclame à ma raison des rimes en l’honneur d’un homme, ma carapace s’ébrèche sous le joug de mon authenticité. Mes airs rebelles n’existent que pour les autres. Ces autres qui me tronquèrent un bout du cœur. Or, aujourd’hui, je n’ai rien de concret à reprocher au mannequin. Si, en décampant comme un voleur de la chambre d’hôtel, il a manqué de finesse, l’accuser d’un crime contre ma vanité serait déplacé.

Bien entendu, j’ai détesté cette expérience inédite. Je l’ai détestée au point de le haïr quelques heures par jour. Désormais, je crois que cette inimitié farouche recelait le trésor interdit d’une boîte de Pandore. Pour une fille comme moi, il est toujours plus aisé de préférer la haine à l’amour. Effort inutile quand la jalousie divorce du premier pour épouser le second. Et Dieu seul sait à quel point ce sentiment bousille toute ma crédibilité. Je me voile la face. Je ne peux pas jouer le sbire de l’amitié. Donner le change est un enfer. Je ne suis pas très convaincante. Il ne m’aide pas à l’être. Plus je m’acharnais à jouer les collègues de drague, plus il s’obstinait à brider le scénario. Si je suis Cendrillon, il me trouve sexy, s’il me ramène à minuit, il rentrera avec moi. Comment fait-il ? Quel est son secret ? Comment s’y prend-il pour systématiquement réveiller mon désir ? Car elle est bien là, mon obsession pour ses lèvres et sa peau. Elle gît au creux de mes reins quand les courbes de ses mains, sur le levier de vitesse, déchaînent en moi un flot de voluptueux souvenirs. Les souvenirs vivaces de ses lèvres contre ma bouche, de sa peau contre la mienne, de nos deux cœurs battant à l’unisson, de nos deux corps enlacés pour un tango enflammé. J’en condamne ma mémoire pour haute trahison tandis que mon sourcil se soulève, que j’esquisse un rictus intéressé et que mes yeux se perdent un bref instant – se concentrer sur la route est la première règle de tout bon conducteur - dans l’azur de ses yeux. Une fois n’est pas coutume, je suis muette à présent. Inutile de prononcer un « non-merci » qui voudrait dire : « Oui ». D’autant que nous arrivions sur le lieu-dit. Une villa luxueuse dissimulant les péchés de la jeunesse dorée. Une villa à l’image du propriétaire dont je garderai sans doute une piètre représentation.

Je me souviens qu’à peine arrivé, il me jetait dans la fosse aux lions. Quelques longues minutes plus tard, Edwin m’en libérait en oubliant tact et bienséance. J’aurais donné beaucoup pour nommer l’émotion à la genèse de cette lueur brillant au fond de ses pupilles. Certes, je l’avais déjà rencontré. Je lui avais prêté un émoi proche de la possessivité. À l’époque, c’était amusant. Aujourd’hui, c’est effrayant. Je m’interdis donc d’y penser, choisissant de répondre à ces lubriques insinuations chuchotées à mon oreille. Son souffle. Son souffle dans mon cou exhale de son parfum. C’est du venin. « Me le rappeler ? Là ? Maintenant ? Tout de suite ? Devant Javotte et Anastasie ? Noon. Je ne voudrais pas leur briser le cœur. Imagine qu’elle se venge à grand coup de talons aiguilles. Tu imagines la une des journaux demain ? Cendrillon, pour un homme, est défigurée par ses sœurs. » Peu à peu, je me dressais sur la pointe des pieds. J’estimais que ma dernière phrase exigeait l’intimité d’un aparté. Alors, à la lisière de son tympan, j’ai soufflé : « Après, j’avoue que c’est tentant... et bien plus encore.» Je n’étais jamais sage bien longtemps. Jouer est un mode de vie, une astreinte, un vice. C’est un fléau. Une tornade qui emporte tout sur son passage. Détermination est maison de paille qui s’envole loin de nos bonnes résolutions. C’est une maladie sans vaccin ni antidote. Le jeu n’est pas beauté, il n’est pas éphémère. Le jeu, c’est l’élégance et la grâce, il survit à tout, même au temps. Les horloges n’ont pas cours dans son monde. Alors oui, je mens. Je mens bêtement, car Edwin me refuse un petit plaisir. Un petit plaisir futile qu’il avale sans moi avec une gorgée de whisky. « Euh... en fait, c’était une blague. Je n’ai encore rien pris, mais de toute façon, je n’en veux pas. » Marmonnais-je en réceptionnant le verre qu’il me tendait.

Je n’en ai bu qu’une petite gorgée. Je ne voulais pas me griser pour rester maîtresse de mes moyens et éviter toutes confidences malhabiles. Pourtant, je l’avalai presque d’une traite quand la dénommée Sacha m’assomma d’une révélation irritante. Une vérité décevante sur la situation amoureuse d’Edwin. Il n’était pas le célibataire endurci que je m’étais imaginé, le séducteur sans attache que mon frère m’avait décrit. Il ne s’adonnait pas aux plaisirs du sexe sans conséquence pour autrui. Edwin était un infidèle. Un infidèle qui détruit chaque jour un peu plus le cœur d’une innocente demoiselle. Un infidèle qui a fait de moi sa maîtresse dès lors que nous avons couché ensemble deux fois et qu’il songe à rentrer avec moi ce soir. Il m’assimile au rang des femmes que je lapiderais volontiers sur la place publique. Ces femmes sans foi ni loi qui participent activement au désarroi d’une amoureuse en future perdition. Ces femmes auxquels je n’aurais jamais voulu ressembler. Alors, dégoutée, je prends mes clics et mes clacs et je m’en vais. Je m’en vais loin de lui, car à ses côtés, la réalité est amère : je suis devenue méprisable.

Puisqu’il subsistait le doute qu’il me rattrape, sous la brise légère de cette soirée printanière, j’ai réprimé ses larmes qui embuaient déjà mes grands yeux. Après tout, mon affliction ne regardait que moi. Je n’avais pas envie d’attirer les paires d’yeux curieuses qui m’épieraient avec condescendance. Alors, engoncée dans ma dignité, je cheminais d’un pas rapide vers Dieu sait où. J’avais si mal qu’instinctivement, mes pensées se tournèrent vers mon frère, le parfait confident de mes peines d’enfant. Sauf que je n’en étais plus une, d’enfant. Mes blessures font plus mal qu’une éraflure au genou. Je ne pouvais donc décemment lui expliquer mes états d’âme sans qu’une bombe ne lui éclate au visage. Alors, j’ai renoncé, préférant contacter Ziggy aux abonnés absents. Je me suis sentie atrocement seule. Seule et vide. Vide et anéantie. Négligée, peut-être un peu.

Normalement, cette histoire n’aurait dû être qu’une goutte d’eau dans l’océan, un grain de sable dans le désert. Néanmoins, je devais admettre que, bien malgré moi, la douleur prenait de plus en plus d’ampleur dans mon cœur. Ce n’était pas seulement une sale étiquette collée sur mon front. C’était bien plus que ça. Je me sentais trahie parce que Sacha m’a ôté tout espoir d’un avenir avec cet homme. Elle me l’a arraché d’un coup sec comme on extrait le pansement d’une plaie, à la différence que la douleur a persisté, elle. Elle n’était pas qu’un échantillon. Elle allait s’amplifier encore et encore. Elle allait grandir de jour en jour. D’ailleurs, elle grossissait à chaque pas. Plus je m’éloignais de la villa, plus je me pressentais que je le perdais et son arrivée n’a rien changé. Au contraire. En me retenant par le bras, Edwin m’a confrontée à une évidence que j’aurais préféré ignorer, de la même manière que j’aurais souhaité l’entendre déclarer à Sacha que son histoire avec Jewell n’avait duré qu’un temps, qu’elle était terminée, que c’était mieux comme ça. Réveil brutal auquel je devine une suite peu enviable. Déboutant le désir de m’enfuir, je n’ai pas cherché à me débattre. J’ai écouté sagement ces pseudo excuses sans broncher. J’ai baissé un peu la tête pour lui cacher ce mélange de colère et de chagrin qui ternit mes pupilles.

Puis, j’apprends de ses lèvres que cette jeune mannequin compte pour lui. Il ne veut pas me mentir, mais elle joue un rôle dans sa vie. Un rôle qu’il a choisi de lui offrir et auquel je ne pourrais jamais prétendre. Le casting est fermé. La place est prise. Bon sang, mais à quoi je pensais ? Que m’est-il arrivé ? Que m'a-t-il fait ? Ce soir, il doit quitter mon existence. Je dois me montrer raisonnable. Je dois rester fière et altière. Je dois me redresser, lever la tête et lui demander de me laisser partir. Je me le dois pour retrouver le peu de dignité qu’il me reste. Alors, j’ouvre la bouche. Je dis : « Laisse-moi passer s’il te plait. »

Mais puisque à ce « nous », mon cœur m’est sorti de la poitrine, puisque ma raison lui a cloué le bec, je soupire, dépitée et j’arrête de me battre devant ses grands gestes et son verbe haut. Mes bras me tombent mollement le long du corps. Mon menton balance et aussi fière que fragile, j’éclaire sa lanterne : « A qui crois-tu parlé Edwin ? Tu sais très bien que j’ai toujours préféré la vérité aux mensonges. Tout comme je la préfère aux omissions de ce genre.» J’ai respiré une profonde goulée d’air pour m’éviter d’éclater en sanglots. « Si tu étais un autre homme et si tu m’avais annoncé ce genre de chose après notre première nuit, ben, je t’aurais sans doute dit que ce n’était pas grave, que de toute façon, je n’avais pas l’intention de te revoir, mais tu n’es pas un autre homme. » Continuais-je d’une voix faiblarde, lourde de lassitude « Alors, je vais te dire ce que ça change que tu sois en couple. Ce que ça change, c’est que ce n’est pas Jewell qui est entre toi et moi, mais c’est moi qui m’interpose entre vous. C’est moi la salope, la sorcière ou la méchante marâtre des contes de fées. C’est moi que les gamins détestent pendant qu’on a pitié de l’héroïne et qu’on pardonne au héros parce qu’au final, il a juste été manipulé. Alors, je suis navrée. Je suis navrée de ne pas être assez forte pour me moquer de l’image qu’on peut avoir de moi. Je m’en fous si je te déçois parce que je pense la même chose qu’eux. Je pense que là, au moment où je te parle, je suis la fille la plus détestable que la terre n’ait jamais porté alors que je m’étais pourtant jurée que jamais, tu m’entends... jamais je ne ferais vivre à une fille ce que j’ai moi-même vécu. »

Mes mains, tremblant un peu, sont passées sur mon visage pour que mes traits s’échappent à son regard. Je ne veux pas avoir à l’affronter. Je ne veux pas sangloter comme les stupides ingénues trop sentimentales, trop romantiques, trop théâtrales. Je ne suis pas de nature niaise. Je suis plus courageuse que ça. J’ai juste besoin de me calmer. « Le plus douloureux c’est que je pensais que tu ne me poignarderais pas dans le dos volontairement. Parce que... » J’ai hésité tandis que je me noie à nouveau dans le bleu de ses pupilles dilatées par la drogue. « Je ne sais pas, parce que tu avais du respect pour moi. Mais, je me suis plantée. Je me suis plantée deux fois... Et j’aurais pu me planter mil fois encore et toujours te pardonner parce que tu es toi et que je pensais savoir à quoi m’attendre. Là, tu as fait de moi ta maîtresse. J’aurais pu tout être. Absolument tout. Mais pas ça... Pas ta maîtresse. » J’ai fait un pas en arrière. Il était pour moi grand temps de partir. De toute façon, qu’aurais-je bien pu ajouter ? Que dire de plus ? Lui conseiller de la retrouver et de l’intégrer à son monde ? Ce serait mentir quand tantôt je brûle qu’Edwin me prenne dans ses bras pour me rassurer, tantôt je cherche le moyen de réitérer mon ordre précédent.

Une fois de plus, j’ai rassemblé tout mon courage pour clore mon monologue : « Maintenant... laisse-moi tranquille. J’ai besoin de rentrer chez moi. J’allais appeler un taxi avant que tu n’arrives. » J’aurais dû reprendre ma course plus lourdement d’une démarche pesante. Mais je me tâte. Suis-je vraiment prête à vivre sans lui ? J’hésite. J’hésite toujours entre oublier son omission ou l’oublier tout court. Alors, dans un soupir, j’ai tenté de nous convaincre : « Tu avais raison, c’est mieux comme ça. »




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edwin f. chester

edwin f. chester

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeJeu 12 Avr - 21:11

'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'
(excuse moi, j'ai pas relu t.t et t'as vu, j'ai fais un peu plus court :D).

Sheena était la représentation même de l'idéal féminin pour Edwin. Une demoiselle charmeuse et séductrice, un être dont le plus grand des plaisirs résidait dans le jeu. Un jeu parfois dangereux, parfois troublant, un jeu qui lui permettait de flirter avec le feu pour allumer dans ses iris une délicate flamme passionnée. Elle ne semblait vivre que pour ça. Dans le fond, Sheena et Edwin se ressemblaient intimement, ils adoraient le même style de vie et étaient prêt à tout pour ne jamais abandonner ce qui leur offrait plaisirs, pulsions, et aventures. Au diable les commérages d'êtres jaloux, au diable l'image que certains pouvaient avoir d'eux, seul leur bonheur éphémère et fugitif leur importait. Égoïsme ? Non, pas vraiment. Disons une façon comme une autre de préserver leur petit bout de plaisir de l'opinion commune des faibles. Au fond, Edwin était même pire que Sheena. Il n'hésitait pas une seule seconde à semer haine et tristesse derrière lui, ne se remettait que rarement en question, et estimait qu'il n'y avait qu'ainsi qu'il saurait se faire une petite place dans un monde qu'il avait toujours su exécrer. Il n'avait jamais su trouver foi en cet univers, foi en ce faste joyeux qui l'accueillait dans la vie. Il était intelligent, sans doute trop, et n'avait trouvé d'autres manières d'écarter l'ennui et la déception qu'en se fourvoyant dans un style de vie qu'il pensait lui incomber pleinement. Il avait volontairement écarté raison de son existence, avait annihilé l'affection et l'amour dans le simple espoir de ne jamais avoir à s'encombrer de tels sentiments dérisoires qu'il jugeait comme étant une simple faiblesse. Une faiblesse destinée aux autres. Pas à lui. Surtout pas à lui. Finalement, il n'avait jamais offert la moindre affection à qui que ce soit. Ses parents, trop souvent absents, ne lui avaient pas appris les réelles notions de respect ou d'amitié, ils l'avaient laissé avec ses doutes, ses peurs, ses craintes, n'y répondant jamais de la meilleure des manières, et ils avaient fait de lui l'être obscur et manipulateur qu'il était aujourd'hui. Il avait toujours tout du découvrir seul, et il ne devait rien à personne. Absolument rien. Il s'était façonné, avait fait de son esprit ce qu'il en voulait, avec ses faiblesses et ses défauts, se protégeant des sombres coups que le destin pourrait encore vouloir lui asséner. Finalement, il était près à tout subir. Rien ne saurait le faire flancher. Rien... rien, à part les sincères sentiments qu'il sentait poindre dans son coeur lorsqu'il jetait un regard sur Sheena.

Cette jeune femme se trouvait actuellement face à lui. Sa blondeur étincelante semblait faire reculer les ténèbres et les entourer d'un halo de lumière. La musique, terriblement forte, ne dérangeait pas même leurs paroles. Le cadre n'avait rien d'original, lorsque l'on connaît les soirées adolescentes, et la déchéance trouvait pleinement sa place dans ce spectacle digne des plus grandes décadences. L'alcool coulait à flot, les petites pilules colorées se distribuaient allégrement contre quelques billets, les cigarettes illuminaient la pénombre et faisaient voleter dans celle-ci de jolies vapeurs d'une fumée blanchâtre. Et au milieu de cette comédie des plus banales comme déjantés se dressaient deux êtres à priori semblables à tous les autres. Deux êtres au physique ravageur, au regard scrutateur, deux êtres à la parole acerbe et bien sentie, deux êtres qui pourtant frôlaient ici l'interdit. Tant de secrets entouraient leur deux cœurs, bien plus capables de les unir que de les éloigner. Des énigmes synonymes de trahison, de passion, de jeu terriblement dangereux. Finalement, elles les résumaient bien. Edwin, même s'il l'avait voulu, n'aurait pu écarter son regard de cette délicieuse jeune femme dont il avait la chance d'être accompagné. Une chance qu'il avait provoqué lui même, certes, mais chance tout de même. Après tout, pas une seule seconde il n'aurait pu imaginé qu'Aurlanne puisse être utile un jour, et sans le savoir, elle s'était avérée une alliée de poids. Avec elle dans la balance, il n'était pas difficile de faire flancher Lloyd. Il aurait pu tout offrir pour elle. Strictement tout. Il l'avait par ailleurs déjà fait une fois, et le résultat n'avait pas été à la hauteur de ses espérances. La déception de son meilleur ami avait une nouvelle fois poussé Edwin à haïr la simple idée d'amour, la conception qu'elle pouvait être pour certain. L'amour... vaste comédie. On en faisait toute une éloge, alors même qu'il n'était qu'un mot sans véritable sens, qu'une notion abstraite qui nécessitait des sentiments. Foutaises ! A quoi bon, pour ne récolter au final que tristesse et désappointement ? Edwin préférait de loin s'en protéger, s'en éloigner même, et pourtant, alors que Sheena commençait à s'approprier son coeur, il était dans l'incapacité la plus totale de se sauvegarder une fois de plus. Pire encore, il s'en approchait dangereusement, se jetait dans la gueule de l'Amour en laissant crainte et appréhension derrière lui. De son simple regard, Sheena faisait vaciller tout ce en quoi il avait toujours cru, pour le remplacer par une dernière certitude : il ne saurait l'oublier.

Sans cesse, ses deux êtres jouaient, oubliant leurs innombrables craintes au profit d'une assurance et d'une bravoure qu'ils étaient bien loin de posséder. Mais alors que la volonté d'Edwin lui criait de fuir loin de cette odieuse tentatrice qui ne saurait que faire fondre son coeur, son désir lui rappelait la passion qu'il entretenait pour elle, le respect qu'elle avait su lui intimer secrètement en devenant la seule présence féminine digne de ce nom dans son entourage. Oh, il en avait un nombre conséquent, de demoiselles, chaque jour près de lui. Mais jamais aucune n'avait su imprégner si fortement sa mémoire et son âme. Jamais. A sa répartie torride, il ne put que sourire. « Tu ne risques rien, tant que le prince que je suis reste à tes côtés. » lui souffla-t-il en l'attrapant par la taille, comme pour marquer la protection qu'il lui assurait. Oh, il avait bien conscience qu'un geste si déplacé dans un tel endroit pourrait être mal interprété. Mais indéniablement, sa raison s'était faite la malle pour laisser toute la place qu'il lui était du au désir qu'elle ne savait que lui inspirer chaque minute passée en sa compagnie. Edwin était un homme terriblement faible. Il n'avait jamais pu résister au charme d'une jolie demoiselle, et de tout temps, la séduction avait été sa seule et sa plus grande défaillance. Et pourtant, ce n'était rien face à la fascination sans borne qu'il éprouvait pour cette belle blonde. S'il avait su un jour qu'elle était une drogue si addictive, il n'aurait jamais tâché de commencer.. ! Du moins, était-il capable de se passer d'un tel plaisir, d'un tel bonheur de se trouver ainsi en sa douce compagnie ? Rien n'était moins sur. Sans doute même qu'il aurait refait la même erreur, et ce sans en éprouver la moindre angoisse, la moindre appréhension. Et oh diable Lloyd, au diable sa fierté, au diable tous les vices qui auraient pu se mettre entre eux, d'une façon ou d'une autre. Pour rien au monde il ne se serait passé d'un tel plaisir. Et pour rien au monde, il ne s'en passerait... aujourd'hui encore.

Ah, Sacha. Véritable oiseau de mauvaise augure, terrible annonciatrice d'un futur sombre et morose. Il se souviendrait de ce prénom toute sa vie, une appellation qu'il teinterait de noir et barrerait sans doute de la croix de l'enfer. A cette fâcheuse nouvelle, Sheena avait fui. Plutôt que d'affronter les problèmes, elle les avait laissé derrière elle, surement dans l'espoir vain qu'ils ne sachent jamais la rattraper. Un instant, un bref instant de faiblesse absolu que même Edwin saurait lui pardonner, elle s'était comportée comme l'être humain qu'elle était, et non pas comme l'image divine que le mannequin avait fini par avoir d'elle. Oui, elle était une femme, non pas semblable aux autres, terriblement unique même, mais possédant elle aussi un coeur, des ressentiments, un passé parfois plus sombre que rose. Et même à elle, il lui arrivait de craquer. De déesse tentatrice, elle devint demoiselle en détresse. Une dame qu'Edwin donnerait tout pour sauver, faisant galoper son cheval blanc pour la rejoindre. Non, malgré tout le respect qu'il avait pour elle -ou plutôt grâce à celui-ci- il ne saurait la laisser fuir sans tenter au moins de s'expliquer. Cela signifiait rapprocher d'elle les déceptions qu'elle tâchait d'éloigner, mais il ne pouvait décemment pas la voir partir loin de lui. Une telle vision lui arracha le coeur aussi surement qu'elle prenait un malin plaisir à le faire battre autrefois. Aussi se lança-t-il à sa poursuite. Non pour s'excuser, non pas pour effacer la douleur de son coeur, pas plus que pour se targuer de savoir rendre à son visage le si délicieux sourire qui y avait sa place. Il s'en savait incapable. Bien loin du héros glorieux, il n'était plus qu'un personnage secondaire se débattant, terriblement pathétique, avec ses propres sentiments qui le noyait sans lui offrir la moindre chance de s'en sortir. Il n'avait plus qu'une certitude en tête, désormais. Il ne devait pas la laisser s'en aller sans un regard en arrière. Il en était incapable.

Sa silhouette se dessinait dans l'obscurité, uniquement illuminée par un lampadaire à sa droite. Un instant, Edwin se prit à ralentir. Un court instant. Un moment de questionnement, de remise en question certainement pour la première fois de toute son existence. Un temps qu'il prit librement pour songer à ce qu'il allait faire. Elle lui offrait la une porte de sortie, une manière de retrouver toutes les certitudes qu'elle avait fait vaciller, au profit de son désir d'aventure qui ne le quittait jamais et était devenu son fidèle compagnon de route. Elle lui permettait de choisir entre continuer à jouer avec ce feu destructeur, ou reculer et retrouver sa vie paisible de Don Juan langoureux. Et pourtant, la seule option plausible s'insinuait dans son âme, faisait plier sa volonté avant même qu'elle ne puisse avoir son mot à dire : il ne pouvait la perdre de cette manière. Aussi, Edwin reprit-il la route, avant de la forcer à se retourner. Alors que sa tirade dévoile au beau mannequin une nouvelle facette de celle qu'il croyait connaître, sa dernière phrase est assassine. Sombrement, elle se rappelle à sa mémoire, et il se prit à serrer les mâchoires de rage. Une colère non pas destinée à Sheena, mais à lui, et à lui seul. « Non, Sheena. Ce n'est pas mieux comme ça. Ca ne peut pas l'être, ni pour moi, ni, j'ai la prétention de le croire, pour toi. C'est ce que je pensais, au début, je me rends compte maintenant comme je me suis lourdement trompé. » Oui, très lourdement, même. Edwin ne s'était jamais attaché à une femme. Pire, il n'avait qu'en de très rares occasions permis à l'une d'elle de pénétrer deux fois dans son lit, dans son intimité. Et pourtant, Sheena était une nouvelle sorte d'exception. Une exception divine, la seule qui avait su se présenter aussi près de son coeur sans qu'il ne la refoule. Pire, il lui avait ouvert l'accès, avait déverrouillé une porte pour elle qu'il n'aurait jamais cru capable de s'ouvrir. Et alors que ses sentiments prenaient une nouvelle tournure, voilà que Jewell, même sans le savoir, mettait son grain de sel dans une histoire qui ne la concernait nullement. Foutu destin, qui se plaisait sadiquement à placer chaque jour plus d'embûches sur le chemin zigzaguant de Chester..

A son tour, il laissa échapper un soupir. Comment mettre de l'ordre dans la tornade de ses pensées, comment faire comprendre à Sheena l'importance modérée que prenait dans son coeur son histoire avec Jewell ? Il n'en savait rien. Strictement rien. Alors qu'il savait se montrer beau parleur pour séduire les femmes, il ne connaissait rien des sentiments qui aujourd'hui, troublaient son coeur et semaient la zizanie dans celui de Sheena. N'en avait jamais rien connu. « Je suis libre Sheena. Complètement libre. Je n'appartiens à personne, n'ai jamais appartenu à personne. Je fais ce que je veux, quand je le veux, et pour les raisons que je veux. Je ne dois rien à qui que ce soit. Ni fidélité à Jewell, ni amour à cette dernière, pas plus que reconnaissance à ses femmes qui s'emparent de mon lit. » Drôle de manière de lancer un débat qu'il espérait réparateur, certes, mais sa manière à lui de faire percevoir à Sheena les fondements de son âme. « Tu m'as appris bien des choses, Sheena. Le respect, d'abord. Le respect que j'éprouve pour toi dépasse l'entendement, mais si pour toi cela signifie tout te dire, tout t'avouer sans jamais te laisser apprendre par toi même, alors nous n'avons pas la même notion du respect. Moi, je te parle de ce sentiment qui te rend unique à mes yeux, qui t'as fait devenir la seule femme pour qui j'éprouve de la fascination, la seule que je veux connaître vraiment, sans faux semblant, sans mascarade. Je ne peux jamais être moi même. Et pourtant, je le suis avec toi. Si cette vision ne te convient pas, alors je ne peux rien te promettre de mieux. Je suis incapable de te mentir. » Jamais Edwin n'avait été sincère avec qui que ce soit. Avec une femme, encore moins. Pire, cette situation dépassait son propre entendement, elle lui demeurait inaccessible, incompréhensible, et sa raison ne pouvait que l'admirer d'un œil de spectateur. Seul son coeur parlait. Un coeur blessé, désireux d'en soigner un autre.

Edwin n'avait pas bougé. Le regard vrillé dans le sien, il était dans l'incapacité la plus complète de quitter ces prunelles qui l'ensorcelaient si pleinement. Elle était d'une beauté à couper le souffle. Même désespérée, même triste, elle n'en restait pas moins séduisante. Et pourtant, il était à cet instant précis bien plus sensible à son regard qu'à son physique ravageur. « Je ne changerais pas. J'en suis désolée. » Il allait s'approcher d'elle pour la serrer dans ses bras lorsqu'il aperçut une voiture tourner dans l'allée. Il ne mit pas longtemps avant de la reconnaître, bien qu'il était dans l'incapacité d'en discerner le conducteur. Lloyd. Visiblement, il avait fait réparer sa voiture en un temps record. Il ne tarda pas à les rejoindre, s'arrêtant juste à leur côté, avant de baisser la vitre. Aurlanne était assise à ses côtés et les épiait, d'un mauvais œil. « Salut ! Je venais voir si tout allait bien ! Je reste pas, on retourne chez Aurlanne, mais je m'inquiétais pour ma soeur chérie moi. » Le sourire sincère qu'il leur renvoya troubla Edwin et lui insinua une nouvelle pensée morose en tête. Alors que Sheena lui reprochait de devenir sa maîtresse et d'anéantir tout ce en quoi elle croyait pour lui, alors il pouvait en dire autant. Après tout, n'avait-il pas trahi son meilleur ami pour succomber à ce désir ? Il s'ébroua délicatement, éloignant cette nouvelle source de conflit de son esprit, avant d'adresser à son tour un sourire à Lloyd. Un sourire qui dégoulinait d'hypocrisie et de mensonge, un sourire qu'il espérait indétectable. « Bien sur que tout va bien, tu m'prends pour qui ? En revanche, je rentre, il commence à faire froid. » Il s'approcha de Sheena, posant une paume rassurante sur son épaule, avant de murmurer. « Si tu veux rentrer, c'est maintenant. Ou bien rejoins moi à l'intérieur, je t'attendrais. Je te promets de respecter ton choix, Cendrillon. » Sur ses mots, Edwin parcourut l'allée, le pas tranquille, la tête basse. Seul. Comme toujours. Désespérément seul.

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Sheena T. Jackson

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeVen 13 Avr - 13:49




Edwin & Sheena

« 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' »



Jouer avec le feu est notre mode de vie. Notre quotidien. Notre unique manière de nous inventer libre comme le vent, libre comme le temps. Libre comme une goutte d’eau qui, en bout de course, se jette dans la mer. C’est notre seule échappatoire pour survivre à ce monde qui étouffe. Ce monde que nous partageons avec cette plèbe boursoufflée de débauche qui exulte de bêtises et de vilénie. Cette populace que nous avons, Edwin et moi, tendance à oublier. Au final, qui sommes-nous ? En quoi sommes-nous comparables à cette foule décadente en total désaveu d’elle-même. Sous l’effet de drogues en tout genre, ils ne rient plus. Ils sont trop crispés. Ils ne dansent pas non plus. Ils gigotent. Ils ne pleurent pas plus qu’ils ne s’amusent dans cette ambiance malsaine qui, finalement, nous éloigne de cette réalité inconvenante : je suis la sœur de Lloyd.

Nuls ne l’ignorent vraiment dans l’échantillon de ce bas monde. Nul autre que nous. Une invitation d’Apollon à mon oreille et j’oublie que Sam colporte déjà la nouvelle. Une provocation pour toute réponse et c’est au tour d’Edwin d’omettre qu’il a sciemment dévoilé cette incidente information qui alimente pourtant les rumeurs. Ce détail, avoué pour m’éloigner des griffes d’un homme, il le néglige à l’instant même où il me saisit par la taille. Il m'amuse. Il me séduit. Il m'éblouit un peu aussi. Ainsi, je lance l'offensive. Je lui dévoile que tout compte fait, mes projets du salon n'existent plus qu'à moitié. « Dans ce cas, qu’est ce qu’on attend ?» lui répliquais-je en aparté. J’envoyais valser mon plan de soirée amicale. Je le jugeais de plus en plus stupide. Je n’étais pas capable de le jeter dans les bras d’une autre et quand bien même le pourrais-je, aucune femme ne trouvait grâce à mes yeux. A mes yeux prisonniers des siens, d’aucunes ne lui arrivaient à la cheville. De plus, à mon sens, nous étions les seuls à véritablement compter dans cette villa. Nous étions les derniers Hommes de ce monde. Nous étions uniques et à des kilomètres des pupilles curieuses et pernicieuses qui nous observent en chien de faïence.

Nous attirions trop l’attention sur nous. Beaucoup trop. Nous attisions la jalousie. Aussi, l’intrusion de Sacha, finalement, était à prévoir quand ses divulgations l’étaient tout autant. Sans doute a-t-elle voulu protéger Jewell, asseoir la possession de son amie en m’éjectant proprement des bras et des discours du mec de sa copine. À sa place, j’aurais probablement fait pareil. Dès lors, je ne la blâme pas vraiment. Je la soupçonnais simplement d’avoir raisonné chaque mot, chaque phrase et chaque intonation pour me blesser. Elle a été plus forte que moi, car je suis fragile. Ces sentiments indicibles se profilant dans mon cœur pour Edwin m’affaiblissent totalement. Je n’ai donc rien trouvé de mieux à faire que de m’enfuir.

Sur le chemin qui m’emmène loin de lui, j’ai cherché à déterminer à qui j’en voulais le plus. À moi, d’avoir été assez bête pour m’obstiner à croire que, derrière sa carapace, se cachait quelqu’un d’honnête ou à lui, de n’avoir su honorer ses propres engagements. Il avait dit : « Oublie-moi ». Il l’a écrit sur un bout de papier pour que je ne me détourne pas de ses ordres. Ces ordres détestables, mais auxquels je me pliais toujours sans protester. Alors, pourquoi lui, instigateur de cette injonctive, est-il venu frapper à ma porte ? Pourquoi n’a-t-il pas été en mesure de la respecter ? Pour quoi a-t-il été à l’encontre de ses propres invectives ? À moi, maîtresse en devenir, il ne m’avait pas laissé le choix. En quel honneur s’est-il accordé le droit de lui-même se corrompre ? Se corrompre jusqu’à m’entraîner inexorablement à ma perte.

Certes, il ne s’en doute pas. Je m’efforce toujours d’être digne en sa présence et si parfois, je pleure en silence, mes larmes se dissimulent derrière les quatre murs de ma chambre. Aussi, en ces instants douloureux, je retiens mes sanglots avec détermination. Je ne veux pas lâcher prise, encore moins maintenant, alors qu’il fait barrage de son corps pour m'empêcher de partir. Certainement pas maintenant qu'il tente de qualifier le plus exactement possible la nature de sa relation avec sa blonde – à moins qu’elle ne soit brune.

Face à cette réalité, je le confesse, j’ai perdu un peu pied. Mes explications trop sincères ressemblaient davantage à des confidences qu’à de véritables incriminations. Néanmoins, je ne regrettais rien. Puisque je prévoyais de me chasser volontairement de son entourage pour qu’il déserte enfin mon cœur, j’estimais qu’il pouvait prétendre à quelques aveux. Des aveux qui, de toute façon, précédaient des adieux inédits et difficiles. En tout temps et de nous deux, Edwin a toujours été le seul à désirer qu’à l’issue de nos ébats, nous nous ignorions définitivement. Mais aujourd’hui, dans cette longue allée faiblement éclairée, dans cette immense entrée de villa où nous nous déchirons sans vraiment nous en rendre compte, j’avais, sans pour autant l’avoir espéré, inversé les rôles distribués par nos soins dès notre première rencontre.. Nous nous méconnaissions à l’époque. Nous n’avions pas compris qu’il est des alliances indéfectibles. Des alliances construites d’évidence que nul ne peut rompre sans de lourdes et de conséquentes conséquences. Je ne voulais pas trop y croire. Je nous ai mésestimés. Après tout, peut-être était-ce aussi pénible pour lui que ça ne l’était pour moi. Peut-être l’avait-il également ressenti ce manque cruel de l’autre qui nous pousse à faire n’importe quelle folie pour se sentir à nouveau vivant.

Je n’en savais pas grand-chose, mais, devant la mâchoire serrée d’Edwin, j’ai fait fi de ma méfiance. Son discours était clair. Il ne voulait pas de cette solution trop facile qui est de nous dissocier. Protester m’a semblé une idée louable. Je devais tenir bon avant que les dégâts de mon cœur ne soient irréversibles. «Pourquoi ça ne pourrait pas l’être Edwin ? Ce n’est pas toi qui m’as dit un jour que nous n’étions pas seuls sur Terre et que nos actes avec des conséquences, ou un truc du genre ? Les conséquences cette fois, c’est que non seulement, nous blessons des tas de gens autour de nous mais en plus, je le vis très mal. » Tentais-je sans grande conviction. « Et ça ne fonctionne pas comme ça Edwin. Tu ne peux pas être libre comme l’air si une jeune femme te présente partout comme ton mec et que tu la laisses faire tout simplement parce que tu tiens à elle ou pour je ne sais quelles autres raisons. » Je me débattais péniblement entre mes sentiments et ma raison et, ne sachant plus vraiment à quel saint me vouer, je me suis fiée à Edwin. J’ai entendu et écouté chaque mot de son plaidoyer touchant et flatteur. J’en suis resté bouche bée.

Lui qui, à l’accoutumée, déteste se justifier, me sert soudainement de quoi nettoyer la plaie béante de mon cœur. Il avait du respect pour moi. Pas pour ce statut de cadette des Jackson, soeur de son meilleur ami..on. Pour moi. Moi, la jeune femme audacieuse et retorse qui s’est imposé une place de choix au creux de ses bras, quelquefois. Peut-être même à sa vie finalement. Si je l’en crois, je suis le Petit Prince d’Exupéry. J’ai apprivoisé le renard et nous sommes devenus l’un pour l’autre, unique au monde.

Si la force de ses mots m’ont fait défaillir, si la puissance de ses pupilles cadenassées aux miennes ont chaviré ma raison décontenancée, aucun discours n’aurait pu être plus beau ou plus grand que ces quelques confidences. Je dois bien l’admettre, Edwin, petit à petit, prend du grade. Sa sincérité est poignante et pourtant, il commet une bévue. Il me juge mal. « Je n’ai jamais voulu te changer Edwin. Je t’apprécie tel que tu es, mais, dans cette histoire, j’aurais moi aussi voulu rester la même. Je me plaisais comme j’étais. Tu comprends ? » déclamais-je le plus honnêtement possible. Le changer n’a jamais fait partie de mes projets. Mais, malgré tout, il m’apparaît différent aujourd’hui. Il m’apparaît homme immensément bon. Homme immensément franc. Homme immensément normal ne m’inspirant plus qu’une envie – que dis-je – un besoin : qu’il me prenne dans ses bras.

Je me souviens m’être demandé s’il l’aurait fait. Je suis demeurée dans l’expectative. Mon frère est arrivé, en compagnie de sa détestable harpie. Elle, elle nous épiait avec méfiance et je devinais sans grand problèmes les mensonges qu’elle nous prêtait. D’ailleurs, un peu sous le choc, j’ai été incapable de donner le change devant l’inquiétude de Lloyd. Par chance, mon « cavalier » fût plus vif et plus vil aussi, car à la remarque du fils Jackson, il répliqua sans hésiter qu’il était un chaperon digne de son nom. Un chaperon qui mourrait de froid et qui préférait rentrer. Il me chuchota un message avant de s’éclipser. J’ai dès lors songé qu’il s’était montré anormalement proche devant mon frère. De l’extérieur, sa main sur mon épaule était un geste anodin. De l’intérieur, je reconnus instinctivement, à travers ma veste et mon chemisier, la pression tendre de ses doigts.

« Tu es sûre que ça va ma puce ? » insista alors l’invité surprise d'une voix protectrice et d'un oeil scrutateur. Moi, je ne le regardais pas. Pas encore. Je suivais du regard mon chevalier servant qui, malgré ses manières peu commodes, m’a rassuré en partie. Je ne cautionnais plus notre histoire mais j’étais sous son charme. Il n’était pas question que je m’en aille. Pas sans lui. « Oui, oui. Ça va. Une fille de l’université m’a cherché des noises mais Edwin s’est interposé. On est sorti prendre l’air pour pas que ça dégénère. » Peu à peu, je me détendais. Je redevenais la menteuse hors paire que j’avais toujours été. « Certaine hein ? Je peux te ramener si tu veux. C'est pas vraiment sur mon chemin mais, tu fais une drôle de tête quand même. »Un quart d’heure plus tôt et j’aurais grimpé à l’arrière de la voiture modeste de mon frère, maintenant, je décline. « Non c’est bon. J’ai la permission de minuit et je compte bien en profiter. Toi file et te fais plus de soucis pour moi. Profitez bien de votre soirée. Je t’aime frérot.» Je leur ai alors tourné le dos. J’ai entendu le moteur vrombir sous le capot et les cailloux crissés sous ses roues. Il était parti. Je pouvais souffler.

Si, mon frère à peine parti, je n’ai pas couru après Edwin, si je me suis appuyée sur le capot de sa voiture, son billet récupéré sous l’essuie-glace jouant entre mes doigts, si j'ai allumé une cigarette que j'ai pris le temps de fumer paisiblement, c’est qu’il était primordial que je mette de l’ordre dans mes idées. Je devais me poser les bonnes questions. Les questions qui me permettraient d’avancer autrement que dans l’obscurité. Elles se déclinaient comme suit « Ai-je envie de le sortir de ma vie ? » Réponse : Non. « En suis-je capable, à contre cœur ? » réponse : Toujours non. « Veux-tu prendre le risque de tomber amoureuse de lui ? » Réponse : Encore non. « Es-tu fidèle à toi-même dans cette histoire ? » Réponse : Non. Encore et toujours. « Alors, que faire à présent ? » « Me jurer fidélité ou me brûler les ailes quand je sais que le retour de manivelle est autant probable qu'il ne sera douloureux. » La réponse est la deuxième option. Sans hésitation. Alors, je me redresse. Je glisse le bout de carton dans mon sac – il finira dans une poubelle à la première occasion – et je reprends mes droits dans la villa.

Fier, grandie, déterminée, j’y cherche Edwin du regard. Edwin absent du bar de fortune et de la piste de danse. À défaut, j’ai croisé Sacha que j’ai nargué d’un léger signe de la main avant de pousser mes recherches jusqu’à un couloir. Il m’entraîna jusqu’au repaire intermédiaire des couples nouvellement formés qui attendent qu’une chambre se libère : la véranda. C’est précisément là que je l’ai retrouvé, tout seul, dos à la porte, observant Dieu sait quoi par la fenêtre.

J’y suis entrée en catimini, veillant à ne pas troubler cette quiétude trop rare dans le bâtiment baignant de cette musique assourdissante. On ne s’entend ni parler ni penser en dehors du confort de ce jardin d’hiver. Or, j’avais des choses à lui dire. Une requête particulière. D’anciennes règles. D’anciens préceptes. De nouveaux aussi. Je me suis donc avancée nonchalamment et droite comme un I, je me suis placée juste à côté de lui avant de rompre le silence entâché par la rumeur musicale et les rires tonitruants des fêtards à l’extérieur de notre cocon. « Je ne veux jamais la voir. Si un jour, tu me croises en rue quand tu es avec elle, je veux que tu m’ignores. Après tout, je t’attire, tu m’attires et elle n’a rien à faire entre nous.» J’ai respiré profondément avant de poster ma main sur son bras. Je brûlais toujours de ce désir qu’il m'enlace et me sert très fort, qu'il envoie aux diables les curieux qui, finalement, ne trouveraient aucun intérêt à répéter à mon frère ce qu'ils avaient vus. Ainsi, j'ai ajouté : « Maintenant. Je voudrais rentrer. Vraiment. Mais pas sans toi. »

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edwin f. chester

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MessageSujet: Re: sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.'   sheena → 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' Icon_minitimeDim 15 Avr - 20:54

“ sheena & edwin „

" 'non madame jackson, vous me mettez dans une position ingrate. s'il vous plait, laissez moi partir.' "

(une horreur, cette réponse t.t j'suis désolée. ma seule fierté, c'est d'avoir fais court --". tu m'pardonnes, dis ?)

Elle avait raison. Parfaitement raison. Alors qu'Edwin se targuait de posséder une intelligence pour le moins supérieure et incontestable, c'était Sheena qui devait lui balancer quelques vérités au visage pour que soudainement, tout lui devienne plus clair. Ah, la liberté. Douce utopie derrière laquelle il n'avait jamais cessé de courir, atrocement essoufflé. Il avait cru y être parvenu. Y avait-il sur cette terre plus grand plaisir que celui de n'avoir à rendre de compte à personne, pas même a sa propre conscience ? Il avait toujours cru que non. Pire encore, il en était devenu persuadé. Et pourtant, cette pseudo-liberté qu'il avait cru lui être acquise n'était rien d'autre qu'un merveilleux mirage. Jewell comptait sur lui. Elle aimait cet homme qui ne savait le lui rendre qu'en belles paroles et en tendres caresses, elle lui avait tout offert, sans compromission, sans jamais rien exiger en retour, et il ne lui était jamais venu à l'esprit que les sentiments n'allant que dans un sens apportaient constamment leur lot de douleur. Il n'avait jamais souhaité faire souffrir cette demoiselle qui, finalement, ne lui était pas totalement indifférente. Elle avait su, à force de temps et de courage, devenir même une amie à ses yeux. Une amie qui ne lui était d'utilité qu'à partir du moment où elle lui ouvrait son lit sans broncher, une amie dont il se serait débarrassée d'une parole sans ressentir la moindre honte, le moindre remord. Un homme comme lui n'avait pas besoin d'ami. Il ne connaissait pas même le sens de ce mot ! Non, après quelques mûres réflexions dans l'abri de la véranda, il devait bien se l'admettre. Jewell ne représentait rien pour lui. Rien d'autre qu'un peu de tendresse et de stabilité dans une vie qui en avait bien besoin. Et rien d'autre qu'un trophée qu'il se plaisait à afficher de partout. La femme à séduire. La femme qu'il avait séduite. Oui, elle était telle une couronne sur sa tête, un lourd butin à son bras, une médaille entourant son cou. Ni plus, ni moins. Voilà tout le crédit qu'Edwin apportait aux femmes. Du moins, non, pas à toutes. Pas vraiment à toutes. Une évidence n'en est une que si elle possède son exception.

Il n'avait rien trouvé à répondre à Sheena lorsqu'elle lui avait affirmé à raison qu'il était tout, sauf un être libre ou indépendant. Pour une fois dans sa misérable vie, Edwin avait gardé le silence. Un silence plein d'équivoque, auquel avait succédé une tirade de bien plus forte importance. Oui, le respect. Il avait jugé utile et nécessaire, même, d'enfin avouer à la jeune femme tout ce qu'il éprouvait à son égard. Ouvrir son âme, une fois dans sa existence. Sheena était digne de recevoir ses paroles, digne d'entendre tout ce qu'il avait à lui dire, digne même de pouvoir y répondre. Elle était indéniablement exceptionnelle. Et Edwin n'avait pas mis longtemps avant de s'en rendre compte. Et en femme exceptionnelle, elle méritait des liens d'exceptions. Edwin tâchait de ne pas lui mentir, il essayait enfin de ne pas décevoir un être de cette foutue planète. Alors qu'il se fichait bien de trahir son meilleur ami, alors qu'il ne ressentait rien en trompant sa petite amie officielle, il ne pouvait accepter que Sheena éprouve de la haine à son égard. Il se justifiait d'une omission, lui dévoilait son coeur alors que pour qui que ce soit d'autre, il se serait contenté de la regarder fuir, avant de passer à une autre distraction plus intéressante. Mais là, il n'avait pas véritablement le choix. Il savait que jamais il n'en trouverait de plus fascinante que Sheena. La laisser partir sans même essayer de l'en empêcher aurait signifié se condamner seul à une vie sans essence, une vie sans distraction à sa hauteur. Edwin était certes joueur, il n'en était pas pour autant fou. Et la stupidité ne coïncidait définitivement pas avec son caractère. Il était même prêt à jeter sa fierté aux ordures pour ne pas perdre le seul être digne de lui qu'il ai trouvé dans cette existence morne et fadasse. Il l'avait fait. Ouvrir ainsi son coeur n'était rien d'autre que l'abandon le plus total de son insurmontable égo. Et encore une fois, Sheena avait gagné... Jouer avec elle, finalement, signifiait miser sur sa perte. Une perte douloureuse, produite avec grands fracas, mais une perte odieusement plaisante et amusante.

Edwin attendait. Il ne savait ni qui, ni quoi. Un miracle, sans doute. Car à moins d'un miracle, Sheena ne se présenterait plus à lui. Elle avait été parfaitement claire, être sa maîtresse n'était indéniablement pas suffisant pour une femme comme elle. Et Edwin, bien que prêt à mettre son égo de côté pour cette exception qu'il voyait dès lors qu'il posait le regard sur cette jolie blonde au physique tant ravageur qu'à l'esprit affuté tel un rasoir, ne l'était pas pour se laisser dicter sa conduite par quelqu'un d'autre. Il n'abandonnerait pas Jewell. Nul question ici d'affection ou d'amitié, encore moins d'amour, non. Il ne l'abandonnerait simplement pas car le jour où il choisirait de le faire, il l'aura fait seul. Sans aide extérieure pour affirmer son choix, sans obligation quelconque. Il l'aura décidé de lui même, il aurait façonné sa vie comme il avait toujours été contraint de le faire. Et maintenant, il était bien incapable de compter sur quelqu'un d'autre, de s'appuyer sur l'épaule d'un ami, d'un frère, d'une proche. Il était seul. Pour la simple et bonne raison qu'il l'avait toujours été. Et désormais, il ne connaissait rien d'autre que cet isolement, le seul capable de le rassurer encore. L'amour n'était pas pour lui. Pas plus que l'amitié, ou l'idée même de réconfort. Il devait se contenter de son propre savoir, de sa capacité à se gérer lui même, de son indépendance ; de sa liberté, en somme. La liberté sous l'unique forme de la contraire... Voilà tout ce à quoi Edwin aurait le droit. Alors, il s'en contentait, parce qu'il devait s'en contenter.

C'était à cela qu'il songeait lorsque, le regard perdu à travers la vitre de la véranda, il attendait encore et toujours. L'horizon n'était fait que d'une obscurité dans laquelle il aurait été capable de se perdre, à l'image même du méandre ténébreux de ses pensées. Il était devenu sourd à la musique qui hurlait à l'intérieur de la salle, sourd aux paroles de ceux avec qui il partageait cette fameuse véranda. Sourd à un monde extérieur qui lui semblait à des kilomètres, désormais. Il lui fallu un bras posé sur son épaule pour retomber sur la terre ferme, pour ne pas se laisser tomber dans les abysses moroses de l'enfer. Sheena venait indéniablement de le sauver d'une fin funeste, une fin faite de remises en question, de troubles de l'âme, d'incompréhensions face à un être qu'il avait toujours cru être tel qu'il était mais qui, aujourd'hui, n'était plus qu'une imprécision de plus auquel il était incapable de rendre sa netteté. Sa condition, presque chuchotée, était grandement acceptable, et sa proposition terriblement alléchante. Toutefois, elle ne semblait pas véritablement consciente de ce à quoi elle venait de dire 'oui'. Un oui tonitruant qui sonnait aux oreilles d'Edwin comme une victoire, non pas celle qui le rendait fier comme un paon autrefois, mais une de celle qui serait bien capable de le faire grandir, murir. Évoluer peut être. En tous les cas, changer. Car il était indéniable que le simple fait de continuer à fréquenter Sheena, de persister dans cette voix dangereuse et addictive, aurait une incidence sur son existence. Il ignorait encore laquelle, mais elle existerait bel et bien. Cela ne faisait aucun doute.

« Cendrillon est-elle sure de son choix ? » C'est d'un murmure, à son tour, qu'il ne tarda pas à lui répondre. Il s'empara de cette main qu'elle avait laissé trainer sur son bras, y déposa un léger baiser, tel le véritable prince charmant des contes de fée auquel toute femme à rêvé au moins une fois dans sa vie. Son sourire trahissait le bonheur qu'il ressentait à la voir simplement à ses côtés, à admirer ce réel miracle qui se produisait sous ses yeux ébahis, et dont il ne comprenait pas le sens. Sa logique se voyait dépassée par l'étrangeté de cette situation qu'il croyait définitivement perdue. Une fois de plus, Sheena le surprenait. Elle parvenait à faire de lui un homme comblé après l'avoir laissé dans la pire des émotions, après lui avoir imposé un calvaire peu appréciable. Et il n'était pas même capable de lui en vouloir. Pas un tout petit peu. Il était simplement heureux de pouvoir la voir, la toucher, lui parler. Et cette évidence prenait place dans son regard sous la forme de cette flamme qui ne daignait plus s'éteindre et qui avait repris vie avec le retour de la demoiselle. Finalement, il ne lui laissa même pas le temps de répondre, avant de l'attirer à lui sauvagement et de déposer sur ses lèvres un baiser fugace. Assez pour qu'il offre à la demoiselle un avant-gout de tout le désir qu'il éprouvait pour elle, de toute la gratitude dont il était actuellement baigné, mais trop peu pour que ce dérapage ne passe inaperçu. Oh, il s'en fichait pas mal, désormais. Plus rien d'autre ne semblait compter, dès lors que cette jolie blonde se trouvait à ses côtés. « Je suis désolée, tu vas devoir te priver de ton prince charmant, ma belle. Dès demain, ton frère m'enterre dans le jardin. » Il ne put s'empêcher d'éclater d'un rire frais, enfantin, le symbole même de toute sa bonne humeur retrouvé. « Rentrons. » Requête plus qu'un simple ordre, il agrippa sa main, glissa ses doigts dans les siens, et ainsi l'amena jusqu'à la porte. Plus de discrétion dans leur union, cela n'en valait plus la peine. Si Lloyd l'apprenait, Edwin se sentait le courage de l'affronter. Avec Sheena à ses côtés, il se sentait le courage d'un héros. Prêt à braver tous les dangers.

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