Salade de fruits frais apportée à une table en terrasse, ombragée d’un parasol empêchant le soleil de taper sur nos têtes à défaut de pouvoir l’empêcher de nous faire fondre. Ma jeune amie m’a imité préférant un plat frais au steak frite de la table d’à côté. Je ne sais pas comment ils faisaient. Un instant de silence, je pense déjà au gala de ce weekend, costume noir, cravate et airs distingués. Sous cette chaleur. J’ai tellement hâte. Mais profiter de ta vue en robe de cocktail, un décolleté ou un dos nu plongeant comme tu les aimes. Le seul plaisir que j’ai dans ces galas, c’est de revivre la scène de la robe de mariée. Je n’ai pas le droit de voir la robe avant le jour même. C’est toujours une surprise à chaque fois. C’est un de mes moments favoris. Mais celui que je préfère c’est ce moment où je peux t’en débarrasser. Ça c’est mon moment préféré. Rêveur, la voix de Lise me sort dans mes pensées de toi. Attaquant le sujet sans détour. Je lui souris, comme à chaque fois qu’elle entame cette discussion. Elle t’aime bien, bien sûr mon amour, sinon les robes qu’elle réalise pour toi ne t’iraient pas aussi bien. Mais elle tient à moi aussi et pense savoir ce qui est bon pour moi. Aveugle, je ne vois que toi, je n’entends jamais ses conseils. Peut-être est-elle dans le juste, je ne m’en rendrais pas compte de sitôt. Je pique dans un bout de pastèque la mange avant de répondre tranquillement. « Non, bien sûr que non » Je lui souris encore. Avant de piquer dans un autre fruit. « J’ai le droit de te demander à quoi ressemble la robe que ma femme t’a commandée ? » Je tente, je sais bien qu’elle est de mèche avec toi. Qu’à ce petit jeu que tu as instauré, tu te l’es mise dans la poche. Je me demande si ça l’amuse de me voir la titiller à ce sujet à chaque fois que je la vois. Lise est une femme formidable. Non, pas uniquement parce qu’elle t’a revêtu d’une robe de mariée époustouflante et la lingerie qui allait avec. Lise est attachante. Je l’aime bien, nous l’aimons bien. Même si elle tente toujours de me faire voir à quel point tu dictes ma vie. Peut-être. Mais je ne l’entends pas. « Allez Lisie, c’est bon tu peux me le dire cette fois… ? » Regard enjôleur, malicieux. Mais son regard sérieux me force à revenir à un sujet moins amusant. Toi. Toujours. Comme si tu n’occupais pas déjà toutes mes pensées. Mon sourire s’affaisse. « Ne t’en fais pas pour moi Lisie, je survivrais comme à chacun de ce gala, qu’est-ce que c’est dans le fond, un gala de plus ? » Nouveau fruit, nouvelle bouchée. Le sourire qui revient, essayant de déclencher le sien, celui qui atteindra ses grands yeux noirs.