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C'était un matin de décembre, il faisait froid. De doux flocons tombaient sur le sol humide. L'air était glacial, mais Meredith transpirait. De grosses gouttes de sueurs perlaient son front, et la douleur se fit ressentir dans tout son corps. Elle poussa un cri strident, qui lui fit mal à la gorge avant de frémir violemment. « Donnez-moi cette foutue péridurale ! » hurla-t-elle à l'infirmière. Mais cette dernière lui expliqua que le travail était beaucoup trop avancé, le bébé sera là avant qu'elle fasse effet. À ce stade, c'était inutile. (...) C'est comme ça que j’atterris dans ce monde, le 16 décembre 1990 aux alentours de 5h30. Malheureusement je ne peux pas vous en dire plus parce que je ne m'en rappelle plus du tout. C'était il y a trop longtemps ! Cependant, je peux vous parler de mes parents, Meredith & Matthew Dickens. Un jeune couple, encore amoureux à l'époque mais la réalité les rattrapèrent très rapidement après ça. Ils se sont rencontrés à 15 ans, se sont mariés à 18, et ont compris leur erreur à 25. Triste, mais réel. Ils étaient gentils, mais simplement trop jeunes pour comprendre que tout n'était pas rose dans la vie, comme ils avaient pris l'habitude de le croire lorsqu'ils étaient adolescents. Elle était serveuse dans un petit café et il était mécanicien à son propre compte. Ils pensaient que l'amour leur suffirait, mais elle rêva très vite de plus. Plus d'argent, plus de folie, plus de tout. Éternelle insatisfaite, ma mère était très rapidement devenue hautaine, prétentieuse et elle agissait comme si elle venait d'un monde différent du sien. D'ailleurs, elle oublia très vite d'où elle venait et finit par s'égarer.

Mon enfance se déroula cependant normalement. Je ne manquais de rien, même si je ne possédais pas tout. J'étais une petite fille épanouie, avec la joie de vivre qui me collait à la peau. Toujours souriante, mon entourage avait tendance à dire que j'étais heureuse, et que je croquais la vie à pleine dent. Mes parents n'avaient pas pour habitude de me priver de quoi que ce soit : mon père m'offrait de belles poupées dès qu'il en avait les moyens et ma mère me préparait toujours de bonnes petites pâtisseries. Cependant, depuis toujours, c'était de mon paternel dont j'étais la plus proche. Je l'aimais énormément, plus que ça, je l'admirais. Il était mon modèle, mon héro, l'homme de ma vie. Le jour où je compris qu'il avait disparu pour toujours, j'étais devenue une autre personne, différente, plus sombre. Il nous avait quitté un soir d'avril, j'étais âgée de 13 ans. Un accident de moto, tragique. Même si je comprenais à l'époque ce qu'était la mort, je n'avais pas eu le courage de réaliser le fait que mon père n'était plus de ce monde et n'en prit conscience que quelques saisons plus tard. J'avais eu besoin de nier l'évidence, de croire à un miracle, d'espérer qu'il reviendrait. Mais il ne revint jamais.



Ma mère quand à elle, s'en remis très vite, trop vite. Je me demandais même parfois si la mort de mon père ne l'avait pas arrangé, d'une quelconque manière. Je n'eus pas même le temps de faire mon deuil que nous emménagions déjà dans une maison immense, avec un homme que je ne connaissais pas mais que l'on m'avait imposé comme une fatalité. Ma mère se remaria rapidement avec Charles Stevens, un célèbre héritier. Il était riche, c'était tout. Rien d'autre chez cet homme n'avait attiré ma mère, j'en étais certaine. Je crois que c'est à partir de là que mon caractère a évolué. C'était à mes yeux un acte égoïste et honteux que je ne pardonnerais sans doute jamais à ma mère, ni à mon beau-père d'ailleurs, qui était simplement dégoutant. Il avait le double de son âge, et pourtant elle le collait tout le temps, prétendant être amoureuse folle. (...)

Petite fille jalouse ? Délaissée ? Je ne sais pas vraiment pour quelles raisons j'avais changé du tout au tout pratiquement du jour au lendemain. Alors que j'étais respectueuse, serviable et généreuse, je devins arrogante, agressive et je ne manquais aucune occasion de faire une bêtise qui pouvait agacer ma mère. Je ne pouvais pas accepter le fait qu'elle ait remplacé mon père aussi rapidement et sans n'éprouver aucun remords. C'était juste trop dur à imaginer, peut-être aussi parce qu'à cette époque, je croyais aux contes de fées. Je n'avais jamais pensé que mes parents ne s'aimaient pas, car pour moi, l'amour était éternel. Dans ma tête, le schéma d'une vie était tout tracé, on se mariait, on avait des enfants et on s'aimait pour toujours. Cette triste réalité m'avait fait perdre mon père, mais avait également détruit mes espérances, mes rêves de petite fille. J'avais ouvert les yeux sur la vraie existence, même si cela avait été difficile. J'avais alors pris une grande décision : jamais je ne tomberais amoureuse car l'amour était destructeur et éphémère.



Je perdis ma virginité à l'âge de 16 ans, sur la banquette arrière d'une voiture de luxe qui appartenait à un gars du lycée. C'est à partir de là que mes conquêtes s'étaient enchaînées. Je ne m'engageais jamais dans une relation sérieuse, je profitais juste des mecs comme de leurs côtés, ils profitaient de moi. Certains pourraient voir ce comportement comme celui d'une traînée, mais je vivais la passion à ma façon. Je ne voulais pas de romantisme inutile, juste des moments de plaisirs qui ne me feraient pas souffrir par la suite. J'étais une fille qui avait trop peur de s'engager, de peur d'être déçue et blessée. Beaucoup trop de mes copines s'étaient fait plaquées sans raison et les voir malheureuse, à pleurer toutes les larmes de leur corps jusqu'à en être déshydratées, m'effrayait. Comment le simple fait d'aimer un garçon pouvait-il vous détruire à ce point ? Selon ma propre théorie, c'était car l'amour était un échec imminent.