Je m’effondre sur l'asphalte mais je fais semblant d'aller bien.

Le soleil est terne et moi je me fais chier. Ca doit bien faire trois heures qu’on me demande de patienter dans cette salle d’attente qui pue le désinfectant et la mort. Une odeur âpre que je ne supporte pas. Je tourne en rond, fait semblant de m’intéresser au magasine, incendie l’homme qui tousse à deux centimètres de mon visage, grimace sans rien cacher devant celui qui se cure le nez. Je bouge à la machine à café, passe dix minutes à méditer sur celui que je vais préférer, finalement j’en prend pas, puis je retourne m’asseoir, je matte la vieille télé qui repasse le documentaire 3D sur les maladies cardiaque, ça doit déjà être la cinquième fois qu’ils le montre depuis que je suis là. Je retourne à la machine à café et je prends un déca’ sinon, je risque d’être trop énervée. Je croise les jambes, j’essaie de le boire le plus lentement possible mais je me fais tellement chier que je le bois cul sec et joue avec le gobelet, j’en rachète deux autres juste histoire de m’éclater avec trois gobelets, parce que je suis trop folle comme fille (et que je me fais gravement chier aussi), le mec d’à côté passe avant moi alors qu’il est arrivé après, rien de plus énervant, mais je dis rien. Je me mets à faire de la batterie avec une touillette sur mes trois gobelets, ce qui énerve la quasi-totalité des gens mais j’en ai vraiment rien à foutre, du coup, je me met carrément à chanter Highway to hell d’ACDC même si je suis pas vraiment une super chanteuse. J’entends des gens geindrent et sans les regarder, j’offre mon majeur. L’infirmière me demande de cesser mon vacarme, je lui dis de cesser de me prendre pour une conne en me faisant attendre trois heures. Elle me répond qu’il y a plus urgent que mon cas et je lui crache que je vais bientôt crever, c’est vrai qu’on en a rien a branler. Je crois que ça a foutu un froid dans la salle d’attente. Du coup, je détends l’atmosphère en racontant des blagues, mais personnes rient, je crois qu’ils me prennent pour une fois. Je continue quand même histoire de passer le temps. Y a juste la gamine qui fait de la chimio qui rigole. Sauf que j’aime pas les gosses. Elle veut même jouer de la batterie sur mes gobelets. Je lui ai dit d’aller s’en acheter elle-même et elle repart pleurer dans les jupes de sa mère qui me lance un regard noir. Rien à foutre. L’infirmière chuchote auprès d’une autre en me regardant, je lui offre un sourire hypocrite et dès qu’elle se rapproche et qu’elle a le dos tourné, je lui jette mon gobelet à la figure. Elle se retourne et pige pas qu’au lieu d’en avoir trois, j’en ai plus que deux. Elle est conne. Putain déjà quatre heures que j’attends ici.

Les tics tacs de l’horloge dans le silence de mort donne des airs d’attente, comme dans une comédie musicale ou la cloche du lycée retentirait pour sonner les vacances, du coup, je recommence à chantonner et c’est la petite vieille d’en face qui m’envoi un de mes gobelets posé vers mes magasines. Mémé elle cherche la guerre ? Je lui envoie mon dernier gobelet. Elle marmonne que j’ai pas de respect et je lui dis que je m’en fous, je vais crever. Il y a ce mec, qui me regarde avec pitié, il doit pas comprendre que j’accepte aussi bien mon sort, j’hausse une épaule indifférent, je m’attache les cheveux, déjà trop court, je passe une main sur ma joue, qui est vachement creusés et je fais des yeux ronds, lorsque je te vois. Merde quelle poisse. Je choppe en vitesse un magasine. Entrevue. Bien, paie la réputation que ça me fait de lire une daube de ce genre avec des femmes à moitié à poil partout. Tant pis, faut pas que tu me vois, C’est puéril je sais, mais Carnaghan, t’es bien la dernière que je veux voir ici. Pourtant, je t’entends t’éclaircir la gorge à quelques centimètres de moi. Grillée. Je prends un air innocent en abaissant mon magasine. « Tient Carnaghan ! » Je joue la fille qui t’as pas vu, je sais que tu sais que je t’ai vu. On sait que je sais que tu le sais et tu sais aussi que je sais que tu sais que tu m’as prit en flagrant délit de fuite mal orchestrée. On sait tout, on dit rien. « Je savais pas que t’étais à Phoenix. » Je suis une menteuse, je le sais, j’ai baiser ton mec. T’étais mon amie Carnaghan, dans le fond, tu l’es toujours. Ca m’a pas empêcher de coucher avec Warthington en sachant qu’il était avec toi. Il était là-bas, dans l’Ohio, voyage expresse, on s’est croisé, on a parlé, on a baisé. Ah non, on n’a pas parlé. Mais bref, le truc est là. Il m’a dit qu’il était fou amoureux de toi, la fille de Phoenix, j’ai dis que je m’en foutais. Et puis ça s’est fait. Je n’ai pas regretté, c’est un bon coup ton mec. Puis ça m’a évité de passer la nuit seule. C’est le plus important.

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