C'est Luna qui m'a réveillé, ce matin. J'avais oublié de mettre le mode silencieux sur mon portable, comme un con. Elle m'avait envoyé un texto me proposant de venir la voir en concert à l'Arizona Center ce soir, m'avait dit que l'entrée était gratuite et qu'il y avait un open bar jusqu'à deux heures du matin. Autant dire que même si elle n'y jouait pas, il fallait que j'y aille, rien que pour me bourrer la gueule en toute gratuité. Je savais qu'on allait baiser. On peut pas se voir sans baiser. Je suis pas franchement du genre à me déplacer pour fourrer une nana, mais bon. Whisky à volonté, disons que ça se marie bien avec une paire de seins. Surtout les siens. Elle est un peu maigre, mais elle a le mérite d'être bonne et d'écarter les jambes comme il le fallait.

C'est la deuxième fois que je viens la voir en concert. La première fois, c'était le soir de notre rencontre. J'étais venu, pareil, pour l'open bar, et elle s'était ramenée à ma table un peu bourrée pour discuter. Et on a fini dans les chiottes, caleçon et culotte baissée, à baiser comme des chiens, chacun de nos pores puant l'alcool. C'était bestial, sec, y avait rien d'autre que du sexe, du pur et dur. Ca m'avait plu. Alors bon, tentons le truc une deuxième fois, hein... Un verre de whisky à la main, j'observais les gens tandis que la lumière baissait petit à petit pour laisser place aux musiciens sur la scène. Pas mal de couples, de groupes d'amis; personne de seul à part moi. J'étais dans le fond de la salle, tranquillement installé sur la banquette, je crois que j'suis même déjà bourré, là, tout de suite. Elle a même pas commencé à chanter que j'ai déjà l'équivalent d'une demi bouteille dans le ventre. Ca fait du bien. J'ai pas les moyens de me payer une bouteille tous les deux jours, et Dieu sait que j'en ai envie. Ouais, ça fait un putain de bien.

Luna apparaît enfin sur scène. Pas un sourire, pas une parole; la batterie et la guitare s'enflamment et ses lèvres s'ouvrent pour laisser s'échapper une voix qui se veut grave. Elle est différente, sur scène. En transe, ailleurs, comme si plus rien autour d'elle n'existait ou n'avait d'importance. C'pas trop mon genre de musique, mais j'me prends au jeu. Non, je n'irais pas jusqu'à taper du pied en rythme ou à bouger la tête, j'suis pas ce genre d'abruti là, mais c'est pas mal. Y a une certaine harmonie, faut l'avouer. Et puis la voir danser, bouger ses hanches et se laisser emporter par les instruments, c'est pas mal. Si elle gémissait, on aurait pu croire qu'elle était proche de l'orgasme. Ca doit être ça d'être passionné et d'être vraiment à fond dans un truc. C'est un peu comme le sexe : t'as plus que ça en tête, tu penses à rien d'autre, tu donnes tout ce que t'as et tu t'en branles de ce que pensent les autres. C'est comme ça que je la voyais, là, tout de suite.

Mon verre est vide. Je me lève et me dirige à nouveau vers le bar. Il reste une bonne heure avant la fin de l'open bar, autant en profiter pleinement. Je recommande un whisky, écoutant les dernières notes de la première chanson. Le concert ne sera pas long, plusieurs groupes passent ce soir, et je doute qu'ils interprètent plus de trois ou quatre titres. Et encore. Vu la liste, il reste encore six ou sept groupes après eux. Elle sera donc bientôt sur la banquette, à côté de moi, à me caresser la cuisse les yeux langoureux. J'avoue que là, j'ai bien envie de niquer. En plus, elle a toujours de putains de sous-vêtements, le genre de trucs que t'as même pas envie d'arracher tant ça lui va bien. Bon, ok, cette pensée fait un peu pédé, j'suis pas du genre à m'extasier sur les fringues d'une meuf, mais là faut avouer qu'elle fait fort à chaque fois. J'écoute ses trois titres, tous plus ou moins mélancoliques, et je découvre par le noir de la salle que sa représentation est terminée. De l'alcool dans la bouche, je cherche à distinguer dans l'obscurité ses jambes interminables. Je suis sûr qu'elle va venir me voir. Si elle le fait pas, c'est une putain de salope. Mais c'est qu'une question de minutes, voire de secondes, j'en suis certain.

◭ Une envie de toi, je vais essayer de te résister.

• Il était presque dix heure du matin, un putain de mal de crâne encore une fois. J'ai dormit quoi peut être deux ou trois heure insomnie de merde. J'ai peut être trop bu, c'était même sur. Putain, la prochaine fois je ferais attention, fin.. J'essayerais. Sa faisais une semaine que je bossais et qu'au final, je me tapais des mecs mais nul à chier au pieu. C'est pour ça qu'à la fin je me barrais et rentrais chez moi. Je m'allume une clope, et eu une putain d'envie. Hum.. Orion ! Sa faisais plus d'une semaine que je ne l'avais pas vu, c'était un de ses putains de coups celui là. Bon ok, je l'ai vu que une seule fois, mais le soir là qu'es que ça avait donné. Mon plan cul préféré, je ne pouvais pas me passer de lui. Son corps tatoué, son putain de regard de merde, sa voix, son touché hum.. C'était impossible de lui résister, aller autant lui envoyer un texto. Il va me tuer, il était tôt et en le connaissant il n'a pas mit son téléphone sur silencieux. Il devait être trop défoncé lui avec, pour ne pas changer les habitudes. D'habitude il ne bougerait pas pour baiser avec une meuf, mais je pense que si je lui dit qu'à mon bar il y a alcool à volonté, là il ne pourra pas y résister.
  
  Je me lève enfin, prend un médicament pour faire passer le mal de crâne et glandait devant la télé jusqu'à ce que je me prépare enfin. Peut être que j'allais enfin lui résister pour qu'il pète un bon câble ? Sa serait bon ça ! Mais ça allait être dure surtout, comment lui résister putain ? Après plusieurs répètes dans mon salon remplit de bordel, je commençais à me préparer. Veste en cuire, une chemise à carreau rouge et noire, un haut très court à la limite de mes côtes, des collants quadrillés et un mini short en jean's. Là, il ne pourra pas me résister c'est impossible ! Aller op c'était partis pour une putain de soirée de baise ou presque.
  
  Arrivé au bar, je me préparais une dernière fois dans les coulisses, et c'était partit. Voilà, j’étais sur scène, j'allais tout envoyer comme d'habitude, limite l'orgasme. Je bougeais, donnais tout comme d'habitude. Quand je faisais mon taff j'étais dans mon monde, presque personne ne pourrais comprendre le sentiment que j'avais. La salle était blindé de personne c'était vraiment abusé. La deuxième musique commença à venir, et c'était ma dernière, c'était bien beau de taffer, mais un putain de mec m'attendais. D'ailleurs je le voyais déjà au bout entrain de se péter la gueule, j'avais déjà envie de lui sauter dessus mais fallait que je résiste. Il devait être à sa deuxième bouteilles, qu'il profite bien ! Il n'avait pas l'argent pour se payer ça. Mais merde, moi j'ai hérité de tout l'argent d'mon connard de père et je ne l'utilise même pas. Autant crever, je le haie s't'enculer. Bref, arrêtons de penser à lui. Ma musique était presque fini, et j'avais enfin la soirée de libre.
  
  Ma Chanson fini, je descendais sur scène, en allait vers Mon Orion. Nos regards se recroise et la chaleur commençait à me monter à la tête. Putain mais pourquoi à chaque fois je craque ? Je ne craquerais pas, je ne craquerais pas putain ! Et c'est là ou deux mecs sont venu m'aborder. Putain encore deux relou, le genre de relou que je me tapais en un soir et qu'un final, au pieu il ne donnait que dal. Il ne voulait pas me lâcher, mais merde j'étais à quel que mettre de Mon Plan Cul et ils me les pétaient déjà. Je soupirais, j'avais envie de les claquer mais impossible je n'avais aucune force, j'étais une fille. Pourquoi dans ses cas là, je n'ai pas une queue entre les jambes ? J'aurais pus leurs mettre une claque chacun et c'était tranquille. Mais nan ! Je regardais Orion comme signe d'aide, mais s'te con était tellement bourré qu'il ne devait pas me voir, ou il avait la flemme. Putain mais aide moi là !

Ah, ça y est, je l'aperçois enfin. Ses grandes jambes me lancent un défi. Elle s'approche petit à petit de ma table, se veut sensuelle, et... se fait aborder par deux mecs. Je soupire, exaspéré, et attend. J'imagine que ce sont deux fans qui veulent la féliciter. Elle a quand même assuré ce soir sur scène, y a juste intérêt pour son cul à ce que cela ne dure pas plus de quelques minutes. Je suis de base quelqu'un de très impatient. Et quand j'suis bourré, tous mes traits de caractère sont décuplés. Alors là, c'est plus de l'impatience. C'est de l'exigence. Je la fixe, parler à ces mecs, elle a l'air soûlée. Je fronce les sourcils, observateur : Luna est pourtant du genre petite meuf qui aime les compliments, alors pourquoi est-ce qu'elle tire une tronche pareille ?

Elle me lance des regards bizarres. J'crois qu'elle veut que je vienne. J'observe alors rapidement les deux mecs : des jeunes, gringalets, qui d'ici puent la bière. Finissant cul sec mon verre, je me lève et m'approche d'eux. Les traits insensibles, le regard impassible et mes tatouages en évidence, j'arrive derrière l'un des mecs et lui tape sur l'épaule. Je fais une tête de plus que lui, et je pense qu'il pissera dans son lit ce soir quand il repensera au regard que j'lui ai fait. Le poussant volontairement, je tends le bras pour attraper la main de Luna et je lance un coup d'oeil au deuxième mec, qui me regarde franchement mal. Je tire Luna vers moi et m'approche de ce petit aventurier, qui lui aussi pourrait faire la bise à mon épaule droite.

_T'as un problème ? Elle est là pour moi. Alors casse-toi, p'tite bite.

Les deux mecs reculent et me lancent un regard plein de défi. Qu'ils me tentent pas, ou je fais un noeud avec leur deux bites et je les pends à un câble électrique. J'suis suffisamment bourré pour tenter l'expérience, alors ouais, qu'ils me tentent pas. Tournant le dos, la main de Luna toujours dans la mienne, je nous emmène vers ma table sur laquelle trône toujours mes très nombreux verres vides. Je l'enlace rapidement, les traits toujours imperturbables et plonge mon regard dans le sien.

_Bah alors ma beauté, tu t'fais emmerder par des pré-pubères ? Assis-toi, j'vais nous chercher un truc à boire.

Sans attendre qu'elle me dise ce qu'elle désire consommer, je quitte le toucher de sa peau (d'ailleurs franchement agréable) et me dirige (encore une fois) vers le bar. Je me reprends un whisky et je lui prends une vodka double. Elle a une gueule à boire de la vodka. Et de toute façon, si elle en veut pas, moi j'la boirais. Attrapant nos verres, je marche vers la table la regardant au loin. Ses longs cheveux blonds lui tombaient sur les bras et son fard noir lui donnait un air vulnérable. Elle est franchement mignonne. Elle a encore une tête de gamine, on lui donnerait pas plus de vingt ans, mais elle a ce petit quelque chose d'adolescente farouche qui la rend attirante. Je l'imagine déjà contre moi, ses ongles lapidant mon dos, sa respiration saccadée dans ma nuque et sa jambe enlacée contre mon corps, tentant de ne pas céder sous le poids du plaisir. Cette pensée me fait sourire. Je pose nos verres sur la table et m'assois à côté d'elle.

_Alors comme ça j'te manque ?

Un grand sourire stupide se dessine sur mon visage. Forcément que j'lui manquais, sinon elle m'aurait pas envoyé de texto. Du peu que j'ai vu d'elle, elle était pas du genre à inviter ou même à signifier qu'elle avait envie d'un truc. Enfin... si, j'ai bien compris qu'elle était blindée de thunes et qu'elle avait un petit côté capricieux, mais niveau mec, j'me doute bien que c'est la fête dans son cul tous les soirs. Du coup j'me sens un peu con d'être venu à sa demande, mais pour ma défense on va dire que j'suis venu me bourrer gratuitement la gueule, hein. Ouais, on va dire ça. La prochaine fois elle viendra chez moi. C'est bien aussi.

◭ Une envie de toi, je vais essayer de te résister.

• Orion commença à se lever. A mon avis, il avait enfin vu la gueule de détérré que je tirais tellement que les mecs me saoulaient. C'est là en quel que pas il bouscula un mec, puis prit ma main. Son contact de sa peau, sa faisais tellement longtemps pour moi. Et on va dire qu'Orion avait un sacré caractère, et quand il était saoul c'était pas du jolie jolie, il ne fallait pas trop le chercher. Parce ça risquais de partir en couille, et je ne voulais pas. Je voulais que ma soirée avec lui sois encore mieux que l'ancienne.
  
  _T'as un problème ? Elle est là pour moi. Alors casse-toi, p'tite bite.
  
  Je souriais bêtement, quand il était comme ça je ne sais pas pourquoi, mais putain qu'es qu'il était excitant. Comment j'vais pouvoir lui résister aussi longtemps ? Ca va être dure ce soir, même chaud. En deux seconde il dégageait les deux relou et ne lâchait pas ma main, pour m'emmener à sa table. Je voyais le nombre de verre qu'il avait but, et ben putain il ne c'était pas foulé comme d'habitude. Je commençais à me mettre assise, quand il me lâcha la main.
  
  _Bah alors ma beauté, tu t'fais emmerder par des pré-pubères ? Assis-toi, j'vais nous chercher un truc à boire.
  
  Je n'ai même pas eu le temps de lui répondre qu'il était déjà partit aller chercher nos verres. Me faire emmerder par des pré-pubères ? A ça oui ! C'était pas la première fois, qu'es que ça me saoulais. Des soirs comme ça, ou je suis complètement bourrée, ben ça m'arrive de leurs cracher dans la gueule ou de les pousser. Mais là je n'avais pas assez bu, si Orion m'aurais vu faire ça je pense qu'il aurait éclaté de rire. Mon regard ne décrochait pas de lui, comme si il était attiré. J'étais belle et bien attirée pars ce mec. Mais que physiquement, sentimentalement ça serais complètement impossible. A cette pensée je souris comme une pauvre conne et il s'installa en déposant nos deux verres. Lui, toujours un verre de Whisky pour ne pas changer, et pour moi une double Vodka. Et ben, il me connait un peu ce Beau Goss !
  
  _Alors comme ça j'te manque ?
  
  C'est là ou je l'ai vu sourire. Ne craque pas Luna merde ! C'est que le début de la soirée putain. Je lui rend son sourire et commença à boire Ma Vodka. En sortant mon paquet de clope, je m'en grille une et lui tant mon paquet pour qu'il s'en prenne une.
  
  << Bien sur que tu me manques, je ne t'aurais pas invité sinon. >>
  
  Mon regard commençait à se plongeait dans le sien, tout en crachant délicatement ma fumée. Ouais c'est vrai, il me manquait. Et alors ? J'y peu rien moi. J'me suis quand même attachée à se type, si j'le perdais sa m'ferais bien chier. Parce que l'attirance que j'avais pour lui, c'était bien rare que j'en avais une aussi forte que ça pour un mec. Je commençais à lui caresser le bras du bout de mes doigts.
  
  << J'espère que je t'ai manqué, et que tu n'es pas venu que pour l'alcool parce que j'te connais un peu. >>
  
  Il faudrait que j'arrête de me taper n'importe quel mec, même si l'amour c'est pas fais pour moi il faudrait que je me calme. Pourquoi pas lui, serait mon plan cul numéro un ? Personnellement, je ne me lasserais jamais de son corps, de lui quoi. Je fini mon verre cul sec puis me leva.
  
  
  << Attend, je reviens deux secondes. >>
  
  En passant à coté de lui je lui griffa légèrement son dos, bon ok. Normalement, comme toute personne normal ça serais une caresse, mais avec lui non. Je prit une bouteille de Vodka et de Whisky et revenu à la table tout en les posant.
  
  
  << Tiens, bon ok peut être que tu ne la finiras pas, mais moi oui . >>
  
  
  Je ricanais comme une pauvre conne et me servit un autre verre. Lui il avait bien bu, moi rien du tout. Si j'avais bu, sur scène j'aurais fais vraiment du n'importe quoi, et je me serais fais virée le truc de merde quoi. De toute façon, on avait tout notre temps, il était à peine dix heure.

_Bien sur que tu me manques, je ne t'aurais pas invité sinon.

Satisfait de cette réponse, je bois mon verre d'un trait sec. Je crois que je suis tellement bourré que je ne ressens même plus le degrés d'alcool que j'avale. Le whisky restera toujours un alcool fort, même pour les gros durs qui en boivent depuis leur plus tendre enfance. Mais là, j'crois que j'ai atteint la limite; ça a le goût de rien, d'eau. Je balaye la table des yeux, il y a presque dix verres. Cool. Luna fait grimper ses doigts dans mon dos, ce qui me sort de mes pensées. Je tourne la tête vers elle; elle me charme de ses yeux fardés. Sa peau est si lisse qu'on la croirait irréelle. Je ne sais pas si c'est le fond de teint, la poudre ou tout simplement un don de la nature qui font ça (ou encore l'alcool qui me fait tilter sur des trucs aussi cons), mais je suis carrément en plein bug sur sa peau. Elle est vraiment mignonne.

_J'espère que je t'ai manqué, et que tu n'es pas venu que pour l'alcool parce que j'te connais un peu.

Je souris et tourne la tête, touché de plein fouet. J'avoue que je sais pas trop quelle motivation était la plus forte ce soir : le whisky a volonté ou la baise. Franchement les deux se valent. Et de toute façon, vu le regard de la nana là-bas dans le fond, ma bite aurait trouvé une cavalière ce soir. Je fais mine de rien, ne voulant pas la vexer ni même trahir mes intentions et j'observe, un peu triste, le néant qui se balade au fond de mon verre. Me priant d'attendre, Luna se lève et revient avec deux bouteilles : une de vodka, une de whisky. Wow. D'accord. Les bouteilles sont généralement payantes, open bar ou non. Et dans ce genre d'endroit, elles valent généralement l'équivalent de mon mois de courses (et c'est un sacré budget pour moi). Ravi, je l'accueille avec le plus beau de mes sourires (et Dieu sait qu'ils sont rares).

_Tiens, bon ok peut être que tu ne la finiras pas, mais moi oui.

N'importe quoi. Je lui prend la bouteille des mains et porte directement le goulot à mes lèvres. Pourquoi se faire chier avec des verres quand on a un si précieux graal entre les doigts ? La reposant sur la table, je m'approche de Luna et passe mon bras autour de ses épaules. Je dois sûrement empester l'alcool, mais je m'en fous, j'y pense pas. La seule chose qui m'attire, là, c'est son parfum. Mon nez est à quelques centimètres de sa nuque, et j'ai l'impression de valser avec son odeur. Mon autre main glisse sur sa cuisse, tandis que la musique se met à résonner dans la salle. Un autre groupe venait de faire son entrée et la foule présente s'agitait. On ne s'entendait plus franchement dans la salle, il faisait noir, et c'était franchement tant mieux.

_Tant fais pas, si j'avais pas eu envie de te voir je serai pas là ce soir.

A l'ouest, le gars. Je réponds trois heures après. Pas grave. C'était vrai, si j'en avais rien eu à foutre d'elle, je serai resté chez moi à fumer des joints devant des reportages. C'est ce que je fais la plupart des soirs en semaine. Et je m'en contente plutôt pas mal. Disons que là, je nage en plein luxe. Du whisky gratuit, une belle blonde à mes côtés dans un bar sombre; que demande le peuple ? Rien de plus. Du moins, moi, j'veux rien de plus pour le moment. Remontant doucement ma main sur sa cuisse, je l'observe. Mon autre main s'empare de sa joue pour tourner son visage vers le mien. Si avec ça on finit pas comme l'autre soir au fin fond de toilettes miteuses, là, j'sais pas quoi faire pour elle. J'sais pas, elle a un canon tatoué, bourré, qui a bougé son cul pour elle; elle a franchement intérêt à baisser sa culotte ce soir. Sinon, vu mon taux d'alcoolémie, j'pense que j'hésiterai pas à lui en foutre une. Ben ouais, on ne se voit que pour baiser, on discute même pas, à peine; enfin personnellement, j'ai jamais grand chose à lui raconter vu que je fais rien de ma vie. Alors ouais, on a franchement intérêt à baiser.

Forçant encore la distance qui nous séparait, elle colle son front au mien, me caresse le torse et me regarde droit dans les yeux. Ca aurait presque pu être troublant. Presque. Qu'est-ce qu'elle attend pour me rouler une pelle ? Le déluge ? Toujours impassible, je la fixe, cherchant ses intentions au fin fond de son regard. J'vois rien. Mais ça, ça doit être l'alcool. Ou la pénombre, j'sais pas. Les deux mélangés, peut-être. Ouais, sûrement. Je vois pas d'autre solution. Elle a un regard plus expressif qu'elle ne le pense, il est généralement pas bien compliqué de savoir ce qu'elle veut rien qu'en la regardant. Mais pas ce soir, apparemment.

_Hum.. Je me suis dit que j'allais un peu te résister ce soir, tu crois que j'y arriverais ?

J'explose de rire et m'éloigne d'elle, retirant mes mains de sa cuisse et de sa nuque. Elle se fout de ma gueule ou quoi ? Reprenant soudainement mon sérieux, j'attrape à nouveau ma bouteille et en avale de grosses gorgées. Je ne la regarde même plus. Elle veut quoi, qu'on se frotte l'un à l'autre, que moi j'essaie de pas bander et qu'elle elle parvienne à rester habillée plus d'un quart d'heure ? Ouais, super. On ne se voit que pour baiser. J'ai rien à lui raconter à cette nana. Elle m'intéresse même pas. Sa petite vie d'héritière blindée qui chante des trucs morbides, moi, ça me gave. La seule chose qui me plait chez elle, c'est la facilité avec laquelle elle écarte son cul. Et éventuellement son porte monnaie. Mais franchement, venir pour tailler une bavette, même bourré... pfff. Nan.

_Ca va être dur mais je vais y arriver.

Tout en disant ça, elle passa sa jambe sur la mienne et attrapa mes lèvres des siennes. Un peu trop brusquement peut-être, je la repoussai, sans lui accorder un seul regard. Portant à nouveau la bouteille à ma bouche, je tâtais ma poche pour en sortir un paquet de cigarettes. En allumant une, j'regrette presque d'être venu. J'ai qu'une envie, c'de prendre la bouteille et d'me casser. C'est mignon de vouloir me "résister", mais j'suis pas un mec auquel on résiste, moi. C'est on baise, ou on baise pas. Point.

_Si tu es si sûre de toi, autant que j'me casse tout de suite.

Bah ouais, autant être clair. Si elle tient à me résister, aucune raison de me chauffer bêtement. Je déteste ça. Si elle me chauffe, on passe à l'acte. Sinon qu'elle garde sa main sur la table et qu'elle me fasse pas chier. J'suis bourré, grognon, autant que je ne devienne pas énervé. Merde, à la fin.

Elle a l'air de regretter. Tant mieux. Elle m'explique qu'elle a été conne de penser ainsi. J'hausse les sourcils en signe d’approbation et avale encore une gorgée de whisky. Elle se colle à moi et m'embrasse, d'une manière qui se veut sensuelle. Bon, je pense qu'on est partis, là. Les choses sérieuses débutent enfin. Sentant sa cuisse qui glisse à nouveau sur la mienne et sa main sur mon torse, je repose ma bouteille, tire une dernière taf' sur ma cigarette et l'écrase rapidement. Je la regarde, un sourire aux lèvres, et je comprends que j'ai gagné. C'est moi qui mène la danse, apparemment. Ironique pour une chanteuse. Je la sens déjà ivre; elle a bu vite. Elle est sûrement pas aussi résistante que je ne le suis à l'alcool. C'est tant mieux. Les nanas bourrées sont bien plus libérées. Bah tiens, regardez. La voilà déjà assise sur moi, les jambes repliées autour de ma taille.

_J'ai vraiment envie de toi là.

Ah ouais ? Très bien. Emporté par mes pulsions, j'attrape sa cigarette qui trônait dangereusement entre ses doigts et l'écrase. Dans la foulée, je l'attrape par les hanches et passe ma main sur ses fesses. Je lui rends son baiser de tout à l'heure, mais plus fougueusement; l'alcool joue pas mal sur la précipitation de mes gestes. Au travers de ses collants résilles, je sens la chaleur de sa peau, et j'avoue, ça m'excite. Elle doit certainement sentir que je bande. Et si je bande c'est qu'on va baiser, là, sur cette banquette. Aucune envie de me déplacer jusqu'aux chiottes. Les musiciens font un bruit monstre, on est tout au fond de la salle, et aucune autre table n'est à proximité. Et comme c'est open bar, aucune chance qu'un serveur vienne nous casser les couilles. Je l'attrape et l'allonge sur la banquette, faisant tout de même attention à ce que sa tête n'heurte pas la table. Je souris, amusé par la situation improbable, et glisse ma main dans son short, sentant la dentelle de ses sous-vêtements. J'ai déjà baisé dans des endroits improbables. Des chiottes, des voitures, une cuisine, des escaliers, dans une ruelle, même dans une cave. Mais j'avoue, sur une banquette d'un bar en plein concert, jamais. Pourquoi pas, hein. Ca peut être drôle.

J'ai pas envie d'me faire chier avec des préliminaires. Même si j'avoue que j'kifferai bien sentir ses lèvres sur ma queue ou sa main sur mes couilles, là j'ai qu'une envie, c'est me sentir en elle. Elle m'a chauffé, elle a sûrement préparé sa tenue pour moi, autant lui faire honneur, non ? Je retire de mon autre main sa chemise, innocemment portée comme un gilet, et passe mon autre main dans son haut, particulièrement court. Je capte plus grand chose; tout ce qu'il se passe autour de moi n'a plus d'importance. Je m'en fous si on nous voit, je m'en branle si on se fait virer, et par dessus tout, je m'en bas les couilles d'être jugé. Que quelqu'un ose. Qu'ils viennent, qu'ils me disent d'arrêter. Ils seront récompensés pour leur courage par une baffe dans leur gueule. J'suis là pour baiser cette nana, j'ai déjà les mains bien placées : je commencerai ce que j'ai terminé, et ça, coûte que coûte.