bonnie - T'as touché le jackpot, Mathéo...

Un dernier coup d’œil dans le miroir, elle réajusta sa jupe non pas pour l'abaisser mais la remonter au-dessus de son genoux, puis elle se saisit de sa pochette et quitta la chambre. L'heure tournait : parfait ! Une fois de plus, Bonnie n'allait pas se présentée à la même heure au restaurant du casino. La jolie brune jouait sur les détails. Si on lui posait la moindre question sur ce retard, elle avait déjà l'excuse de la vague d'inspiration emportant la romancière -que dis-je ?! L'artiste !- dans un nouveau chapitre ; qu'elle avait dû, bien sûr, terminer sur le champ de peur de perdre son idée lumineuse ! Tout était minutieusement pensé, jusqu'au chignon négligé, signe d'un effort de la part d'une âme bohème pour faire bonne figure dans un endroit de ce genre. Seule dans l'ascenseur, elle prenait d'ailleurs soin de libérer quelques mèches pour encadrer son doux visage. Jusqu'à présent, tout avait fonctionné... Comme sur des roulettes ! Son arrivée avait été remarquée, comme prévue. Elle avait inventé son histoire de rendez-vous professionnel, avec un éditeur. Puis à force de reporter son supposé départ pour continuer à flirter avec la gent masculine, elle avait fini par se faire sa propre place au sein de l'établissement. Elle y logeait gratuitement, profitait de chaque avantages, et allait toujours plus loin dans ses histoires.

C'est que ça marchait drôlement bien ! Mine de rien, Bonnie avait finalement mis le grappin sur une perle. Elle qui avait misé sur un joueur plutôt veinard, elle avait fini par jeter son dévolu sur Mathéo. L'échange de quelques mots, une conversation très courte mais sans doute la plus intéressante de son séjour dans le coin, et il avait marqué plus de point que le cow-boy et son portefeuille en peau de crocodile qui jouait à la roulette, table quatre. Ce soir, en traversant le hall, son regard se posa directement sur celui qu'elle appelait « son homme » (par formalité vous dira-t-elle, alors qu'elle aimait ça, bien qu'elle ne l'avouera jamais). Il lui tournait le dos, apparemment en grande conversation avec une femme à en voir ses escarpins. Bonnie était observatrice, et elle cherchait toujours à obtenir le maximum d'informations sur ce qui pouvait l'entourer. A défaut de voir la silhouette, ou ne serait-ce que le visage, elle avait aperçu les chaussures. Reculant de quelques pas pour se faire discrète et se fondre dans la masse de clients s'avançant jusqu'au restaurant, elle se décala. Impossible pour elle de le quitter des yeux.

Aussi surprenant que cela puisse être, la jeune femme était possessive. Bien qu'au plus profond d'elle-même, elle ne croyait pas en ces histoires d'idylles amoureuses et de sentiments mielleux, elle avait bien du mal à supporter la présence d'une autre femme auprès de son compagnon. D'autant plus depuis que ce dernier répondait au nom de Mathéo. Que voulait cette poupée barbie à la chevelure décolorée ? Bonnie se serait volontiers emparée de ses escarpins pour faire éclater les ballons qu'elle avait à la place de la poitrine ! « Un problème madame ? » La brunette sursauta. Plongée dans ses pensées, elle n'avait pas entendu le vigile se rapprocher. « Pardon ? … J'ai la tête de quelqu'un qui a un problème ? Je vais manger, comme tous les soirs... » Il la fixait, apparemment peu convaincu. Il avait dû comprendre qu'elle fixait le patron. « Écoutez... Bill ! -commença-t-elle en tapotant sur son badge. - Je n'ai pas de problèmes. Je suis... - Je ne crois pas, non. - Ok... Très bien. - Quelques secondes silence, un regard en direction de la poupée qui faisait les yeux doux à Mathéo et... - Mais c'est dingue quand même ! Je pense avoir droit un peu plus de respect ! Si on ne hurle pas « Jackpot » avec un cocktail aux trois agrumes à la main, on devient quelqu'un de louche ?! Incroyable ! Je veux voir un responsable ! - Madame... Calmez-vous... - Mademoiselle ! Oh et ne me touchez pas ! » Jouer la victime ? Check. Pauvre ''cliente'' persécutée...

“Sometimes the most ordinary things could be made extraordinary, simply by doin them with the right people.” .

« Non sérieusement, je ne sais pas comment vous faîte. J’aurais déjà pris mes jambes à mon cou si j’avais été à votre place. » Elle sourit avant de poser une main sur son bras. Les gestes de drague et de charme, elle connaissait exactement tout ce qu’il fallait pour allumer un homme. Pourtant ce dernier ne semblait pas du tout intéresser par ce qu’elle lui racontait, il ne cessait de regarder sa montre comme s’il attendait quelqu’un et ça commençait même à l’agacer. Il lui répondit par un simple sourire et jeta une nouvelle fois un coup d’œil à sa montre. En passant, très belle montre, ça se voyait rapidement que l’homme qui se tenait en face d’elle était un homme qui avait les moyens. Et c’était ce qu’elle désirait dans sa vie, elle en avait marre des hommes qu’elle devait entretenir, elle voulait pour une fois se faire entretenir et être celle qui ne dépense pas un rond de sa propre poche, c’est sûr, elle le voulait lui. Quand à Mathéo, il n’écoutait que brièvement de ce qu’elle lui racontait, il ne pouvait l’envoyer paitre puisqu’elle était une cliente de l’hôtel qui était arrivée le jour même. Le jeune homme faisait toujours attention à savoir qui sont ses clients et plusieurs choses assez personnels sur eux. Il sait par exemple que la femme qui lui faisait la conversation avait été mariée trois ans auparavant avec un homme qui tentait de devenir un artiste célèbre mais qui à la place de faire des chansons, il se droguait et buvait tant qu’il le pouvait sur le dos de sa femme qui finit par en avoir marre et divorcer. Mathéo se demandait comment l’amour pouvait tourner ainsi ? Tous ses mariages gâchés par des bêtises, si l’on se mariait c’était parce qu’on n’était sûr de la personne avec qui on vivait. Ce dernier sait que lorsqu’il demandera la main à sa copine, il sera sûr à deux cent pour cent que c’est elle la femme de sa vie avec qui il veut passer le reste de son temps.

Le jeune Erwin se demandait pourquoi sa copine avait du retard alors qu’ils devaient aller dîner tous les deux dans le restaurant de l’hôtel bien qu’il aurait aimé passer du temps seul à seul avec elle dans sa chambre. Seulement, il ne voulait pas qu’elle pense qu’il était avec elle juste pour le sexe, du coup, il avait finit par l’inviter à dîner et il se demanda même si ils n’allaient pas sortir dans un autre restaurant histoire de quitter un peu le casino et l’hôtel. Mlle Weapons lui parlait toujours, elle venait de découvrir qu’il était le nouvel propriétaire de l’hôtel, le petit fils de monsieur Edward Erwin. Ce qui avait l’air de l’avoir encore plus motivée à lui faire la conversation ce soir seulement Théo n’avait pas le temps. Il soupira légèrement et se retourna comme si le fait de regarder l’entrée allait la faire venir plus vite, personne à l’entrée mais son regard se tourna vers le côté de la salle ou l’un de ces vigiles parlaient à une jeune femme que Mathéo reconnut immédiatement. Il se demanda depuis combien de temps se tenait-elle avec lui, que ce pouvait être son vigile qui l’avait fait retarder. Il soula des yeux avant de s’excuser auprès de sa cliente. « Veuillez m’excuser mais je crois qu’il y a un petit problème que je dois régler. Bonne soirée. » Un sourire avant d’ajouter vers le barman. « Fred’, mets la boisson de Madame sur mon compte. » Un nouveau sourire puis il la laissa sans qu’elle ait pu lui dire quoique ce soit. Tout ce qu’il voulait s’était atteindre Bonnie et le vigile pour voir ce qu’il se passait. Lorsqu’il fut assez proche, il put entendre la fin de leur conversation, il fronça les sourcils, les mains dans les poches de son pantalon. « Bonnie, ça va ? » Il s’approcha d’elle avant de se tourner vers son employé. « Y a un problème Bill ? » Le vigile regarda son patron avant de répondre à sa question. « Cette dam… demoiselle était entrain d’espionner Monsieur Erwin, elle… » Mathéo ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase. Il le coupa en levant la main après l’avoir sorti de sa poche. « Mademoiselle Roberts est l’une de nos clientes VIP, où comment dire en plus simple… ma petite amie. » Rien qu’à la prononciation de son mot, le vigile devint tout rouge, il ouvrit la bouche mais aucun son n’en sorti. Il en avait aucune idée de qui elle était et avait juste fait son travail. Ce que Mathéo comprenait bien puisque Bill était un nouveau engagé depuis deux semaines. « Retournez travailler, on en discutera plus tard. » Bill s’excusa au près de Bonnie puis fit demi tour pour regagner son poste près de l’entrée du Casinos. Mathéo se tourna vers la jolie brune avant de prendre un air désolé. « Il ne t’a pas fait mal ? Je suis désolé, j’aurais dû demander à Victor de tous les briefer sur qui t’es avant qu’ils ne commencent le job. J’espère qu’il ne t’a pas trop retardé. » Il détestait que la jeune femme soit mal traité ou autre, il voulait tout ce qu’il y avait de bon à avoir pour elle. Elle était sa princesse et rien ni personne ne pouvait la toucher ou lui faire du mal. Depuis qu’il l’avait rencontré, son monde avait changé, elle lui faisait découvrir des tas de choses qu’il n’avait jamais imaginées avant ou alors fait. Chaque jour était comme une aventure avec elle. Le jeune homme finit par sourire avant de se pencher et de faire un bisou sur la joue à Bonnie puis de la regarder de haut en bas. « T’es sublime ! Comme toujours ! »

« Y a un problème Bill ? » Bonnie fixait l'agent de sécurité avec un regard insistant. Alors ? Un soucis le tas de muscles ? Il faisait moins le malin ! Croisant les bras sur sa poitrine, tout en tenant fermement sa pochette, elle attendait la réponse de cet abruti. Car oui, elle ne pouvait le qualifier autrement. Par moment, on pouvait penser qu'elle avait pris la grosse tête, en s'accordant un titre et un statut qui ne lui revenaient pas de droit. Après tout, dans ce casino, elle n'avait pas de quoi jouer la petite princesse lorsqu'on prenait le temps d'éplucher ses relevés de compte. Elle se rapprochait plus de Mrs. Tout-le-monde, en vacances dans le coin à défaut de se faire une super virée à Vegas. Mais qui ne serait pas tenter d'en faire des tonnes ? Bonnie avait l'habitude d'agir ainsi. Lorsqu'on a passé sa vie à se tenir à l'écart, à se faire discrète, pour du mépris en seul récompense, on vire très vite de bord. C'était comme profiter d'une suite de première classe, luxueuse à souhait, quand on a été habitué à une petite chambre de bonne sans grande prétention. On appelle le room service à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, on paye tout à crédit, on use et abuse des privilèges qui vont avec la petite carte dorée qui sert de pass dans l'hôtel... Être au centre de l'attention avait de nombreux avantages. On était au petit soin pour elle, on lui passait la plupart de ses caprices, et surtout on lui offrait le plaisir de manipuler à loisir sans trop de difficultés. Il fallait justement doser le tout, pour ne pas taper sur le système de sa victime. Jusqu'à présent, Bonnie tirait les ficelles avec brio ; Mathéo se transformant petit à petit en pantin entre ses mains.

Le dénommé Bill la dénonçait donc pour espionnage. Affichant une mine outrée, la jolie brune abattait une seconde carte : nier en bloc par l'étonnement. Elle y allait par étape, adaptant ses actes aux réactions de Mathéo. Et ce dernier lui facilitait même la tâche ! Cliente VIP... Petite amie ! Boum ! Prend-toi ça dans les gencives Bill ! A en voir l'expression de son visage, il venait de percuter qu'il venait de commettre une belle erreur. Bonnie s'en réjouissait, mais dissimulait son sourire sous un air détaché et quelque peu agacé. Comment ne pas être pleinement satisfaite par la situation ? Non seulement, elle l'avait de son côté, mais en plus de ça il s'était éloigné de la potiche sans même qu'elle ne soit réellement intervenue. Du deux en un ! Après les plates excuses du vigile, Bonnie se calma. S'il y avait bien quelque chose à faire après tout ça, c'était s'octroyer le rôle de femme compréhensive, bien qu'impulsive. « Non, non... Ça va. Je me suis un peu emportée, je n'aurais pas dû. Il ne savait pas, et il a cru bien faire. » Alors qu'en réalité, elle pensait que la prochaine fois, il s'occuperait de ses affaires avant de la suspecter de quoique ce soit.

« En fait... - Elle esquissa un sourire, et hésita quelques instants à poursuivre sa phrase, comme si elle avait été sur le point de passer aux aveux. - J'étais déjà en retard... Je bossais, je n'ai pas vu l'heure passer et puis... Je suis désolée. Tu ne m'as pas trop attendu j'espère... » Se radoucir lui permettait de fixer son emprise sur lui. Comme pour fixer la couleur d'un légume après cuisson, en le plongeant dans de l'eau glacée. Elle l'avait alerté, il avait agit, et à présent elle le rassurait sans perdre de temps. Elle eu droit à un baiser sur sa joue, accompagné d'un compliment. De quoi la ravir tout en teintant ses pommettes d'une couleur rosée dans un surprenant élan de sincérité. Cette attention la touchait réellement. Se saisissant de sa veste, elle fit en sorte de le faire venir à elle, de se rapprocher pour lui voler un réel baiser. Tendre, léger ; et prenant tout son temps la jeune femme savoura la douceur de ses lèvres. « Tu n'es pas mal non plus... » -souffla-t-elle dans un murmure. Le sourire toujours fixé sur ses traits ravissants, elle jeta un regard amusé aux quelques clients dont l'attention avait été retenue par cet élan de tendresse. « On va dîner ? J'ai une faim de loup ! » Après ce baiser, on pouvait se demander de quoi elle avait réellement envie...