Autour d'une tasse, revoyons le bon vieux temps...

Aurlanne & Lloyd

J'avais passé une excellente nuit. Pour une fois, d'ailleurs. D'habitude, je me tournais et me retournais. Enfin, ça avait commencé il y a quelques jours. Bref, j'avais bien dormi. Je m'étais réveillé avec une forte envie d'un cappuccino. J'aurais pu demander à ma mère de m'en faire, elle était très bonne cuisinière mais voilà, je ne voulais pas voir Sheena. Disons que ces derniers temps, surtout depuis qu'elle avait embrassé mon meilleur ami, je les évitait tous les deux. Il faut dire que j'avais gardé en tête que ma soeur était un petit ange parfait et là... Son image était comme floue. Je n'arrivais pas à la cerner. Ce n'était pas la petite soeur que j'avais connu. J'étais bien trop déçu pour l'instant. Je ne cessais de ruminer sur cette histoire. Finalement, après avoir pris une bonne douche, je me décidais à sortir. J'allais l'avoir ce cappuccino, au starbuck. Je mis une chemise légère, un jean noir. J'attrapai ma veste en cuir, je la portais souvent, en même temps, je l'adorais.
Dehors, je marchais mains dans les poches, la tête baissée. Je réfléchissais. Pourquoi cette histoire me travaillait autant l'esprit ? Ce n'était, à première vue, pas si grave. Mais pas à mes yeux. Sheena avait d'abord essayé de me cacher la vérité. Il y avait une raison à tout ceci... Laquelle ? Je n'en savais absolument rien. Et voilà pourquoi je ne cessais d'y penser. Et si elle me cachait pire ? Sans m'en rendre compte, j'étais entré dans le starbuck. Je commandai donc mon fameux cappuccino et deux croissants. La serveuse me sourit. Quelques minutes plus tard, je m'avançai avec mon plateau à la recherche d'une table. J'aperçus alors Aurlanne. Je l'avais vu quelques jours auparavant... Le fameux soir où Sheena avait embrassé Edwin en fait. Elle ne semblait ne pas m'avoir vu. Je m'approchai alors de sa table, puis sans un mot, je m'y assis. « Bonjour. Vous attendez quelqu'un, très chère ? » Lui dis-je en souriant. Une chose qui ne me quittait jamais, même dans un moment comme celui que je vivais, c'était bien mon humour. Je la regardais avec un sourire sans la lâcher du regard. Parfois, je regrettais vraiment que notre relation n'est pas pût aller aussi loin que je l'aurais voulu... Mais c'était ainsi, maintenant, je devais m'occuper de ma nouvelle relation cachée... Même si je dormais chez Aurlanne, je passais beaucoup de temps avec elle...

autour d'une tasse ⊹
______AURLANE JJ. VAN TASSEL & LLOYD M. JACKSON

Aujourd’hui allait être une bonne journée. En s’extirpant de son lit à une heure bien matinale, Aurlane en était malgré tout persuadée. Un genre d’intuition féminine, qui s’avérait généralement fondée. Le temps à l’extérieur s’annonçait tout aussi agréable que ce pressentiment, annonciateur de petites joies qui pourraient un tant soit peu compenser la misère qu’était, trop souvent, son quotidien de jeune femme banale. Enfin, banale ou presque, et d’ici quelques minutes, une fois habillée et pouponnée avec précautions, cette impression s’évanouirait bien rapidement : un instinct de survie à la Aurlane, qu’était celui de s’appliquer à se détacher toujours du lot, et plus particulièrement des autres demoiselles. Ce qu’elle faisait, jusque là, à la perfection. Elle n’était ni particulièrement romantique, ni particulièrement naïve. Pas du genre à sourire bêtement et à se laisser piétiner par un mec. Pas non plus du genre à rougir facilement et à renverser son café sur le premier venu. Et ce mode de vie lui convenait parfaitement, si bien qu’ayant quitté son shorty de pyjama, être passée par la douche, la case préparations en tout genre et sélection des vêtements, tout s’annonçait bien moins banal qu’à première vue. Aurlane dans toute sa splendeur, du genre de splendeur qu’elle appréciait particulièrement offrir à tous ceux qui pouvaient en avoir un tant soit peu envie. Beaucoup de garçons à vrai dire : elle n’était pas particulièrement moche, pour ne pas dire qu’elle s’estimait dans le haut du panier des demoiselles de Phoenix, et son succès auprès de la gent masculine n’était jamais allé à l’encontre de cette statistique. Probablement d’ailleurs, que d’ici ce soir la jeune femme aurait trouvé quelqu’un avec qui passer la soirée, éviter la solitude d’un quotidien amer ; ou simple conséquence du choix qu’elle avait fait. Qui sait, si elle calculait mieux son coup dans ses relations, elle pourrait très bien se trouver un petit ami fixe pour tous les soirs, construire quelque chose d’un tant soit peu sérieux. Mais à chaque fois qu’elle avait essayé, jusque là, les choses avaient été bien plus catastrophiques qu’elle ne l’aurait souhaité, dans quelque sens que ce soit. Ainsi, elle évitait de tenter le diable bien souvent, et les aventures d’un soir avaient l’avantage de ne pas trop lui bouffer la vie. La solitude avait du bon, souvent.

C’est d’ailleurs seule qu’elle quitta son petit appartement et qu’elle s’engagea vers un quartier plutôt familier de la ville, vers un café dans lequel elle se rendait assez souvent. Son petit moment break, avant de commencer la journée : à vrai dire, de son côté à elle, elle n’était pas une grande experte du café ou du petit déjeuner parfait, si bien que quand elle en prenait un, c’était généralement ici quitte à claquer bien trop d’argent. Ca n’avait jamais été la chose à laquelle elle attachait trop d’importance quand il s’agissait de se restreindre et ce, malgré le boulot miteux dans lequel elle se cantonnait jusqu’à - certains soirs - bien tardivement. Servie par un charmant jeune homme auquel elle offrit son plus beau sourire, elle rejoignit une des tables du café, son latte en main, accompagné de quoi manger, un truc gracieusement offert par le gentil serveur, ‘cadeau de la maison’ qui serait probablement prélevé sur le pourboire qu’elle pourrait avoir la bonté de lui offrir. Comme si elle ne connaissait pas le revers du métier : à l’exception qu’elle, elle faisait rarement de ‘cadeaux de la maison’ dans son job à elle. Dans un soupir, elle s’étira légèrement, buvant une longue gorgée de son café dans l’espoir d’émerger avec plus de facilité que le jus de chaussette qu’elle avait parfois le courage de se faire chez elle. A peine celle-ci avalée, qu’elle fut interrompue par une arrivée impromptue à sa table ; qu’en temps normal, elle aurait renvoyé dans ses étages avec quelques paroles bien placées, mais le jeune homme à peine assis, elle le reconnut avec une aisance incontestable. Pour s’être de nombreuses fois réveillée à côté de lui, pour avoir lié à nouveau avec lui ces derniers temps, partagé, malgré tout, des moments pour le moins privilégiés. Arquant un sourcil, presque surprise de le trouver ici, elle sourit à Lloyd, se montrant bien docile à l’idée qu’il prenne place à sa table. « Devine. Tu crois que tous ces jeunes hommes laisseraient, de si bon matin, une jeune femme seule ? » Répondit-elle à son ‘bonjour’ tout particulier, esquissant une moue mutine, mimant parfaitement l’innocence. Ce qu’elle n’était absolument pas, et probablement qu’il le savait mieux que personne. Examinant un instant chacune des personnes autour d’eux, elle reporta son attention sur Lloyd après quelques secondes, haussant les épaules d’un air presque désolé. « J’ai bien peur que personne ne vaille ta présence. » Aurlane dans toute sa sincérité, presque tranchante de réalisme. Heureusement, elle esquissa un nouveau sourire, avant de s’accouder sur la table pour regarder son interlocuteur matinal. « Alors ? Tu avais envie de traverser la ville pour te payer le meilleur jus de chaussettes de la ville ou tu m’as cherchée partout ? » Ou comment lui demander ce qui l’amenait ici, d’une manière bien détournée. D’une manière bien à elle à vrai dire, qu’il devait bien connaître envers et contre tout.

Aurlanne & Lloyd

Je n'avais pas attendu sa réponse que je m'étais assis face à elle. Aurlane avait cette façon de parler bien à elle. Franche, parfois bien trop, elle savait ce qu'elle valait et surtout ce qu'elle voulait. Si ce n'était pas moi, un autre se serait installé et aurait essayé de faire connaissance avec elle. Mais voilà, j'étais arrivé le premier et je ne céderais pas ma place. « Voyons... Ca dépend de qui est cette jeune femme et si elle disposée à discuter avec eux. » Lui dis-je en souriant. Maintenant, elle n'était plus seule, j'étais là. Donc, plus besoin d'un jeune homme pour lui tenir compagnie. Elle feignait une moue de petite fille innocente, je ne pus m'empêcher de sourire en arquant un sourcil. Elle jouait très bien la comédie mais à mes yeux, elle n'était pas si innocente que cela. Pour avoir passé plusieurs nuits dans ses draps, je savais de quoi je parlais. Après, ça ne me dérangeait absolument pas. A sa remarque, je lui dis un sourire des plus charmeurs avant d'ajouter : « Je vais alors te tenir compagnie. » je touillais mon cappuccino d'un air un peu distrait. C'était un geste machinal, quoi. Une fois qu'il fut un peu moins brûlant, je portais la tasse à mes lèvres et but une petite gorgée. J'étais prudent et me méfiais un peu. Si jamais cette gorgée était encore trop chaude, j'allais me brûler et sûrement me ridiculiser en essayant de me soustraire au liquide brûlant. Sauf que l'on connaît le résultat... Néanmoins, mes pensées n'étaient pas seulement dirigées vers le liquide à la température suspecte. Elles étaient dirigées également vers Sheena. Je soupçonnais apparemment tout ce qui m'entourait. Il faut dire que je n'y comprenais rien à rien. Plus je me creusais la tête à essayer de comprendre et plus la vérité me fuyait. Je pensais découvrir ce qui se tramait et voilà que tout se compliquait encore plus qu'au début. Alors quoi ? Je devais donc continuer à feindre l'ignorance en laissant ma soeur partir à la dérive ? Ou devais-je plutôt continuer à chercher des réponses ? En sachant qu'elle me ferait vraiment mal... Je disais que ma soeur me cachait des trucs mais, je n'étais pas mieux... J'avais mes propres secrets... Aurlane me sortit alors de mes réflexions. Elle me demandait si j'avais décidé faire toute la vie pour mon malheureux cappuccino ou alors si je l'avais en réalité cherché partout. Un petit rire s'échappa de mes lèvres. Je m'accoudais également face à elle et lui répondit d'une voix extrêmement douce : « La cappuccino était la raison qui m'a poussé à faire toute la ville mais... Je dois avouer que je t'ai cherché partout en espérant pouvoir passer du temps avec toi... » Lui dis-je en souriant. Ok, je ne l'avais pas réellement cherché mais après tout, je pouvais bien jouer ce petit jeu séduction. Je lui souriais toujours de cet air mystérieux mais si séducteur...