« Va chier. » Deux mots. Deux simples mots et une gifle retentissante empourpra la joue d'un Finn qui interdit à ses larmes de couler. Les yeux pourtant humides, il dévisagea son père, la tête haute, l'insolence peinte sur ses traits. Dans ses poches, ses petits poings se serrèrent, énième gage de sa colère grandissante. Du haut de ses huit ans, il tenait tête à cet homme, ce père bien trop présent à son goût, ce père si peu tolérant, ce père qu'il détestait autant que lui le détestait. Quant aux trois autres garçons eux aussi présents dans le salon, aucun ne cru bon d'intervenir. Silencieux, tous s’immobilisèrent dans un mutisme parfois gêné, parfois narquois. « J'attends, Finn ! » Nouveau regard courroucé. La lèvre inférieure légèrement tremblante, le concerné se tourna vers la dernière personne présente dans le living-room. Celle-ci, élégamment prélassée sur le divan, l'observait, un rictus au coin des lèvres, une lueur de triomphe au fond des yeux. Cette femme... Elle aurait pu être sa mère. Mais elle ne l'était pas. Elle n'était qu'une inconnue. Une inconnue que son cher père avait cru bon d'épouser. Une épouse détestable que le jeune garçon observait avec une haine débordante. « J'ai pas à m'excuser. » Son mépris : c'est tout ce à quoi elle aurait droit. A nouveau, Cohan senior leva la main, mais cette fois, le coup ne vient pas et le bras de l'homme retomba mollement le long de son corps. « Dans ta chambre. » Finn n'attendit pas qu'il le répète et tourna les talons pour s'enfermer à double tour dans la seule et unique pièce du manoir qui supportait ses pleurs. Là, il s'effondra sur son lit, enfonça sa tête dans son oreiller et laisse libre court à ses larmes. Des larmes silencieuses qui roulèrent sans précipitation sur ses joues encore rouge d'une irritation persistante depuis six mois. Six longs mois de caprices interminables. Six longs mois que sa mère - cet être d'exception - l'avait abandonné aux humeurs de son paternel et à l'arrogance de cette femme détestable. Six longs mois qu'il ne rêvait que de la voir disparaître. Non. De les voir disparaître, elle et ce père qui n'était plus vraiment le sien.


Le garçon fourra le porte-feuille dans sa poche. L'oeil vif, il laissa sa victime s'éloigner. Celle-ci n'avait pas senti sa petite main se glisser dans son sac à main resté ouvert et disparue sans même remarquer ce gamin de dix ans qui venait de l'alléger de ses économies. Satisfait, Finn s'adossa contre un arbre du parc dans lequel il avait l'habitude de sévir et dépouilla le porte-feuille du liquide qu'il contenait avant d'abandonner papiers d'identités et cartes bancaires sur la pelouse.
Quatre mois... Quatre mois que le garçon avait déserté le manoir familiale pour vivre la vie à laquelle il rêvait depuis la mort prématurée de sa mère. Serein, il subissait les regards curieux des passants, s'entichait de quelques rôdeurs bien plus âgés qu'il ne l'était, ignorait son visage placardé dans tous les commissariats de la ville et la récompense que la famille Cohan promettait à celui qui retrouverait ce fugueur. La vie de château, il n'en voulait plus. Il n'était plus un Cohan. Il n'était plus que Finn. Gamin des rues. Chapardeur. Pickpocket... Tant de qualificatifs qu'il préférait de loin à ceux qu'il avait pu connaître par le passé. Enfant roi. Junior... Des attributs qu'il avait délaissé. A jamais.

que signifie le terme d'amour pour ton personnage ? → ... Allez donc poser cette question à un autre gamin de dix ans et il vous répondra certainement la même chose que Finn : 'je m'en fou'. Non. L'amour n'est pas pour Finn - du moins, pas encore. Il ne s'y intéresse pas et n'a aucun avis arrêté sur la question. Les filles, il les croise, se retourne parfois sur leur passage, admire leurs formes et s'en abreuve par seule curiosité. Pour le reste... Son coeur ne bat que dans le but de le garder en vie et le garçon ne cherchera certainement pas à renverser la tendance. Il a pu le constater, l'amour fait des dégâts et pour rien au monde il ne montrera quelques impatiences à prendre la place de sa pauvre mère. Non. Rien.

quel est le statut amoureux de ton personnage ? → c'est sérieux là ? Je suis censée écrire trois lignes sur le statut amoureux d'un gamin de dix ans qui n'a connu que ses amours de maternelles et de primaires ? Ben j'ai bien envie de vous envoyer chier là. Crotte, il est célibataire et cela lui convient à merveille. Rien à ajouter de plus (a).

quelles sont les préférences sexuelles de ton personnage ? → déjà à son âge, son regard se porte sur les courbes généreuses des jeunes femmes... Reste à voir s'il en restera ainsi... L'avenir nous le dira.

comment ton personnage se voit-il dans l'avenir, du point de vue amoureux ? → une fois encore, Finn a bien d'autres choses en tête que les futilités de l'amour. Il ne cherche pas à plaire, ne rêve pas d'amour éternel et se trouve déjà bien assez insupportable pour croire au bonheur d'une paternité. Laissez-lui donc quelques années à ce môme... Vu son obstination démesurée, il saura rapidement vous dire ce à quoi il aspire. Pour l'heure, il vit au jour le jour sans rien attendre de l'avenir.