que signifie le terme d'amour pour ton personnage ? → L'amour ? c'est mon gagne-pain. L'amour que je sais faire naitre dans le coeur des hommes. Cet amour (totalement factice, manipulable à souhait), j'ai appris à le faire mien. Désormais, il n'a plus de secret pour moi. Le véritable amour, celui qui fait la joie de tous les bouquins et les films de comédie romantique à l'eau de rose, celui-là m'est absolument inconnu. Enfin, je doute bien qu'il existe. L'amour, c'est utile, c'est tout. Il n'a aucune autre nécessité.

quel est le statut amoureux de ton personnage ? → J'ai été mariée. Environ... oh, peut-être une bonne dizaine de fois. Un peu moins, un peu plus, je ne sais plus, j'ai arrêté de compter. Je suis divorcée d'un paquet de riches entrepreneurs et autres héritiers à la grosse fortune et aux voitures de luxe, êtres perfides en manque d'amour, à tel point qu'ils croient le voir en la première personne qui passe par là prête à leur susurrer des mots tendres à l'oreille. Je suis une fille qui n'a aucun véritable statut amoureux.

quelles sont les préférences sexuelles de ton personnage ? → L'idée m'a plusieurs fois traverser l'esprit, de m'en prendre aussi aux riches demoiselles qui peuplent les grandes villes. Je ne m'y suis pourtant jamais essayé. Je sais parler à l'oreille des hommes, c'est déjà bien. Les femmes sont nettement différentes et j'ai un peu peur de m'y essayer.

comment ton personnage se voit-il dans l'avenir, du point de vue amoureux ? → Mariée avec un riche entrepreneur, puis de nouveau divorcée ? Je ne me vois pas changer de quotidien, celui-ci me satisfait entièrement et je n'aspire à rien d'autre dans la vie. Plus tard, je me vois entretenue par un homme délicatement amoureux, éperdu, transi devant ma beauté et ma grandeur. Je me vois me faire céder tous mes multiples caprices sans broncher, je me vois dans des pièces luxueuses, mon compte en banque bien rempli. Je me vois m'éclipser la nuit pour dérober tel ou tel bijou de valeur, des bijoux que j'aurais bien les moyens de m'acheter. Mais à quoi bon ? C'est tellement plus de plaisirs de voler, de se transformer en super-héroine méchante d'un soir.. Jusqu'alors, aucun héros ne s'est mis en travers de ma route. Et nul doute que si ce jour arrivait, je le séduirais avec autant d'aisance que tous les autres. Ou bien, je ruinerais son existence. C'est si facile !

Et l’enfance tout ce qui l’en reste ça tient dans une petite boite. Une petite boite rouillée.
◭ Gamine, j'étais une fille joyeuse, une famille parfaite. Pas aisée, pas modeste, un peu entre les deux. J'avais des amis, j'avais des bonnes notes, une demoiselle jolie, prometteuse, intelligente, enfin parfaitement dans la norme. Rien de spécial.
◭ J'avais quinze ans quand ma mère s'est fait la malle. Elle est partie, nous a ruiné en divorce, nous a tous les deux abandonnés, mon père et moi. Il a sombré dans l'alcoolisme, petite loque informe qu'il est devenu, avachi sur le canapé, sa bouteille de Jack Daniel's amoureusement lové dans sa main. Cette injustice me dégoute.
◭ J'avais dix-sept ans quand je me suis rendue compte que c'était plus simple de faire comme ma mère. Fatiguée de m'occuper de mon paternel qui ne m'offrait aucune reconnaissance et me haïssait car un regard sur moi lui rappelait ma mère, je me suis barrée, avec quelques économies, quelques affaires modestes, ma belle gueule et mon intelligence.
◭ J'avais dix-huit ans quand j'ai fais le tapin pour payer mon existence plus que modeste à New York. Je me faisais exploiter, je disais adieu à ma dignité et à ma chère enfance innocente et candide. BOUM.

éclairez-moi de vos lumières, puisque vous êtes soudainement devenu un expert en beau langage...
◭ J'avais vingt-deux ans quand un type m'a sorti de cette merde dans laquelle je m'étais fourrée. Un mec qui m'adorait, comme tapineuse, qui m'a prise sous son aile et m'a sortie de là. Il voulait m'épouser, disait avoir trouvé sa Cendrillon, cette princesse charmante qu'il voulait voir à la maison. Pas dingue, j'ai accepté.
◭ J'avais vingt-cinq ans quand je me suis barrée. Il était charmant, doux, tendre, le prince charmant quoi. Il m'aimait vraiment, je le voyais bien. Pas moi. J'ai essayé pourtant hein, je le jure. L'amour, c'est pas pour moi. Et avec l'enfance que je me trimballe dans cette valise moisie, je pense être définitivement allergique aux sentiments humains. J'ai du m'en séparer à mes dix-huit ans.
◭ J'avais vingt-six ans lorsque j'ai divorcé, prenant avec moi les trois quarts de son indicible fortune, me trimballant sa haine nouvelle et son regard noir. Rien à foutre. Je me suis barrée, je me suis teint les cheveux. J'étais moins belle en rousse. Le blond m'allait à ravir.
◭ J'avais vingt-sept ans lorsqu'avec la désagréable impression d'avoir perdu tant d'années de ma vie, j'ai changé littéralement de façon de voir le monde. Et je suis devenue comme ma mère. Plus facile.
◭ J'avais vingt-neuf ans quand j'ai divorcé de mon deuxième bonhomme. Trente-et-un de mon troisième. Après, je ne compte plus.

Je vous présente ma vie vers 35 ans. J’avais tout.
◭ Trente-cinq ans. Le bel âge. Une putain de fortune, un putain de bonheur, un putain d'épanouissement personnel, et une putain de joie de vivre. J'étais plus une putain. J'étais une femme classe, riche, qui faisait irrémédiablement tomber les hommes faibles amoureux de moi comme de vulgaires mouches. Le bel âge, oui.
◭ Trente-cinq ans. L'âge où j'ai appris le vol. Bijoux, tableaux, fringues de luxe. Je ne sais même plus comment ce désir m'a pris, un matin, comme une vulgaire envie de pisser. Je me suis réveillée dans le lit d'un de ses hommes qui m'entretenait, et j'ai eu envie. 'Tiens, si j'me transformais en catwoman, vêtue de cuir, chatte sexy pour cambrioler une bijouterie ?'. C'était facile, c'était une petite bijouterie, c'était trop facile. J'ai aimé ça.
◭ Trente cinq ans. L'âge où j'ai foiré ma première cambriole. C'était pas véritablement ma faute. J'ai simplement commis l'idiotie de faire confiance aux talents d'un revendeur qui s'est avéré sauvagement incompétent. Il s'est fait arrêter, l'imbécile, et c'était bien mérité. Je crois qu'il en a pris pour trois ans, je ne sais plus trop finalement. Je ne me suis pas vraiment intéressé à son cas, mais je n'ai pas arrêté les vols pour autant.
◭ Trente-cinq ans. L'âge où j'ai trouvé la plus grosse arnaque de ma carrière. Alexzander Flemming. Riche entrepreneur et hôtelier de Las Vegas, qui préfère trouver refuge dans une petite bourgade de l'Arizona, loin du faste, du vacarme, et des abrutis résidant dans la ville du péché. Souvent absent, mauvais mari, il n'en restait pas moins une proie de choix. Trois ans. Voilà trois ans qu'il m'assure un quotidien enchanteur, trois ans qu'il partage son indicible fortune avec la femme qu'il dit aimer à en crever. Eh bien aime-moi. Crève donc. Offre moi cet héritage, et n'en parlons plus. En attendant, c'est tout de même à ses côtés que je m'affiche. Et je ne vois toujours pas le moindre remord pointer le bout de son nez.