que signifie le terme d'amour pour ton personnage ? → La peur qui arrache les tripes, une suffocation lente et douloureuse, un poids énorme sur la poitrine, une perte de sens, une perte de sang. Evolution progressive, mutation profonde. On passe d'aimable à exécrable. Parce que voir des gens sourire constamment, ça file l'envie d'vomir, pas d'quoi se réjouir de d'venir faible. Être à la botte du mec aimé, y'a pas plus réducteur. Aimer, c'est se manquer de respect. J'suis pas prête à faire l'erreur. Ouai mais, voila, l'erreur est humaine, l'erreur est Zadig.

quel est le statut amoureux de ton personnage ? → Qui voudrait d'une clocharde, hein ? Qui toucherait une pouilleuse ? Qui aimerait une nana qui doit surement s'trimballer des tonnes d'IST ? Même l'véto s'fout des sacs à puces qu'il prétend " sauver ". Mon problème à moi, c'est que j'suis mariée et seule, allez donc savoir pourquoi.

quelles sont les préférences sexuelles de ton personnage ? → Seule donc, aucune idée. Hétéro surtout enragée, j'crève de faim, je crève de tout sauf d'amour, va t'brosser.

comment ton personnage se voit-il dans l'avenir, du point de vue amoureux ? → " Se voir dans l'avenir ", j'vais perdre mes dents, j'croquerais plus la vie, d'une. De deux, j'servirai peut être d'serpillère ou d'tapis d'prière quelque part sur les collines. J'saluerais la populace, en digne petite merdasse, paume en avant " des p'tits sous, des p'tits sous ". J'en sais rien et j'veux pas savoir. Peut être que j'aurais surmonté ma galère ou peut être qu'elle m'aura emporté. Je me serai vu avec lui, à ses côtés.

Tu ne sais pas ce qu’est « rien ». Tu n’as jamais palpé ce « rien », tu n’as jamais rencontré ce « rien », chanceux que tu es. Née sous une étoile agonisante, nébuleuse devenue trou noir, ma première erreur fut de venir au monde alors que, le monde ne semblait guère disposer d’une place pour moi. Je suis venue, je me suis imposée, c’est ce qui arrive puis, rejetée. Refusée. Dégagée. Malpropre, mal aimée, je me suis toujours demandé, où est-ce que je m’étais fourvoyé ? Mes calculs étaient douteux tout comme les sourires des diverses familles que j’ai eu. J’ai eu des frères, j’ai eu des sœurs, j’ai eu des alliés, des détracteurs. Des bleus, des égratignures, des points de sutures, le cœur brisé. En mille morceaux, toujours reconstituée, à croire que je suis façonnée. Triturée, recollée, constamment, indéfiniment, brutalement, calmement. Le souffle chaleureux rencontre la vilénie alentour alors que mes genoux se retrouvent pliés, ma tête enfouie, les lèvres, la peau, gercées. J’ai froid, j’ai froid, bordel, j’ai froid, glacial le temps, je soupire, je grelotte, je chiale, les larmes chaudes arriveront peut être à réchauffer ces pommettes émaciées, l’espoir, ce cœur tronqué. J’imagine que j’ai tout mérité. Triste sort, la vie n’éprouve aucun remord à me martyriser. Je ferme les paupières, peut être que j’aurais la chance de ne pas saluer demain.

La gorge sèche, j’ouvre les yeux, c’est un autre jour mais, toujours la même rengaine. Dans cette galère, je suis prisonnière, j’ai pas un gramme de muscle pour ramer correctement, pas un gramme d’aubaine pour sourire dignement alors, je me relève le dos cassé, je me relève les vêtements déchirés. Je tâtonne, mon chemin est tout tracé, problème, j’aime pas comment il est fait. Moi, j’ai pas choisi l’enfer, j’ai pas choisi tout court. Frappée, défigurée prospérité a décidé de tailler. ‘Parait qu’elle était maltraitée, au sein d’un couple désuni. En partant, elle m’a puni, vindicative bitch.

▬ J'lave vot' pare-brise ?»

Tu ricanes, genre, t'en n'as rien à cirer que ton pare-brise soit propre ou pas, que tu l'sois ou pas mais, ça s'voit. T'as la gueule du mec qui a des thunes, peut être pas des masses mais de quoi vivre bien. Moi, j'vis pas bien, pas sûr même que j'vive alors, j'sais pas, soit généreux : regardes-moi.

▬ Circulez, ma caisse est dotée d'une option " lave glace" j'pas besoin d'vous »

Ton ton, saloperie blasée par l'existence, m'donne envie de t'éclater la tronche. Me jeter dans la douceur, t'sais pas faire ou quoi ? Un peu et j'te cracherai à la figure mais, j'ai pas l'courage, pas la force alors, je m'éloigne, j'vais voir un aut' conducteur qui, comme toi, me mettra à l'amende. Parce que dans c'monde pourri, y'en a pas un pour te tendre la main, pas un pour t'filer du pain. Rien, rien de rien.



♣ Mère alcoolique, famille disloquée, j'me tire de chez moi, j'ai 16 piges.

♣ 17 piges, je me retrouve à l'arrière d'un pickup à sillonner l'Amérique après avoir quitté l'Argentine, siphonner les réservoirs et chaparder des trucs pour avoir de quoi manger.

♣ 18 piges, je rencontre un beau salop qui promet bien plus qu'il n'agit, je me retrouve à devoir mendier pour exister.

♣ 19 piges, j'le quitte, qu'il aille s'faire voir lui et ses chicos immaculés, lui et son visage d'bel enfoiré. J'rencontre Zadig, la lueur dans la pénombre, je l'épouse avec comme gage de ne jamais l'aimer.

♣ 20 piges, c'est lui que je décide de quitter, pétrie d'amour, j'me surprends à suffoquer, réelle descente aux enfers, j'en prends plein la gueule.

♣ Le ciel me sert de toi, la lune comme lampe de chevet, l'espoir comme moteur mais, mon ventre cri toujours autant famine. Vive la vie, finalement. C'est peut être une chance d'pouvoir respirer.

♣ Zadig : Des fois, je me demande pourquoi je t’ai quitté. Pourquoi j’ai tout fait foiré. On avait l’air heureux, cachés sous les apparences enjôleuses, les faux semblants alambiqués. On avait l’air d’un « nous » vrai pourtant trafiqué.