que signifie le terme d'amour pour ton personnage ? → l'amour .. tu ne l'as jamais connu, en fait. tu aimerais pouvoir dire que c'est quelque chose de beau, de magique, d'extraordinaire. ou même pouvoir dire que c'est pourri, que ça te bouffe, te détruit. oui, tu aimerais bien. parce que ça voudrait dire que y as déjà goûté au moins une fois dans ta vie. mais ce n'est pas le cas. de l'amour tu n'en connais que ce que les gens t'en disent. mais tu n'as jamais pu t'en faire ta propre opinion. alors tu crois ceux qui te disent que c'est magnifique. tout comme ceux qui te disent d'éviter ça. et tes parents ne sont pas vraiment l'exemple parfait de l'amour. ta mère qui trompe ton père avec tous les jeunes qui passent, non, c'est pas top.

quel est le statut amoureux de ton personnage ? → célibataire. et ce depuis .. toujours ? oui, toujours, c'est bien ça. non, parce qu'en plus de n'avoir jamais eu droit à l'amour, tu n'as même jamais eu droit à un petit ami, rien, rien du tout. les gens, trop superficiels, ne se sont jamais intéressés à toi étant plus jeune. et depuis que tu as emménagé ici, tu n'as pas spécialement cherché non plus, il faut dire.

quelles sont les préférences sexuelles de ton personnage ? → jusqu'à preuve du contraire, tu te considères comme pure hétérosexuelle. les femmes ne t'attirent pas, bien que d'un point de vue artistique tu trouves le corps féminin sublime, ce n'est pas vers ce bord-là que tu te pencheras.

comment ton personnage se voit-il dans l'avenir, du point de vue amoureux ? → en fait .. tu ne te vois pas. tout simplement, le plus simplement du monde. tu n'arrives pas à t'imaginer dans l'avenir du côté amoureux. tu pourrais dire niveau carrière, niveau vie générale, niveau santé. mais pas niveau amour. en fait, tu espères déjà principalement d'être en couple. ce serait une bonne chose, parce que tu préfèrerais amplement ne pas finir seule dans ta maison immense avec pour seule compagnie un chien. sans parler forcément de mariage, mais simplement d'une vie à deux. et .. en ce qui concerne les enfants, tu n'es même pas sûre de pouvoir procréer, ou même d'en avoir envie, alors bon ..

26 Février 1993, Sullivan’s house, Denver, Colorado.
Un nouveau monde, un monde de toute beauté s’ouvre à toi petit être, toi qui vient de voir le jour. Tu vois naissance dans ta maison, celle dans laquelle tu passeras toute ton enfance et ton adolescence. Observe bien tes alentours, tu partageras avec cet endroit bon nombre de secrets dans un futur à venir. Regarde, regarde ces gens qui t’observent, des étoiles dans les yeux. Regarde-les bien, ils sont si heureux. Toi, tu ne comprends pas pourquoi autant de joie, mais soit, puisque c’en est ainsi.

Des parents aimants et aimés, tu n’aurais pu rêver mieux. Mais des parents pas forcément toujours présents. Fille unique, tu n’as personne avec qui jouer, sauf peut-être ton chien, quand il ne dort pas. Élevée par la nourrice, que tu considèreras bientôt plus comme ta mère que celle qui t’a mise au monde. La nature a fait en sorte de t’offrir toutes les choses nécessaires cependant pour que tu aies une belle vie, à toi d’en faire bon usage petit être, toutes les cartes sont entre tes mains.

Octobre 2002, Denver, Colorado.
Ce que les enfants peuvent-être cruels entre eux, n’est-ce pas ? Jamais tu n’aurais pu imaginer une telle méchanceté provenant de ceux que tu connais depuis toute bébé. « T’es moche. » « Bouboule. » « Sale grosse. » « T’es répugnante. » « Grosse vache. » « Truie. » Tu subis ça à longueur de journée, et en silence. Jamais tu ne diras quoi que ce soit à personne. Jamais tu n’ouvriras ta bouche, aimable gamine. Jamais tu n’engueuleras, ne frapperas. Jamais tu ne te rebelleras. Mais jamais tu ne changeras non plus. Tu souffriras, silencieuse et seule. Tu espères, au plus profond de toi, que ces gens-là grandiront, gagneront en maturité, et s’en mordront les doigts. C’est beau d’espérer.

Juillet 2009, Denver, Colorado.
Tu as pris une décision, ça y est. Du haut de ton adolescence tout juste commencée, tu fais ton choix. Tu ne t’acceptes plus ainsi. La larve souhaite devenir un magnifique papillon. Et Dieu sait combien ce papillon pourrait être de toute beauté. Ton corps, ma belle, doit changer. Tu l’as décidé, et tu ne reviendras pas là-dessus. Tu prends les choses en main maintenant, c’en est assez des railleries que tu subis depuis que tu es gamine. Tes kilos en trop disparaîtront, fini le surpoids. Adieu l’ancienne Jagger. Bientôt naîtra la nouvelle, reste à voir si elle sera mieux que l’ancienne.

Décembre 2010, Denver, Colorado.
Tu sembles une toute autre personne. Ton problème s’est arrangé, il n’y a plus aucun problème. Resplendissante, voilà comment te qualifient désormais les personnes de ton entourage, les personnes que tu croises dans la rue. Jalousie, admiration. Mais tu quittes bien vite l’état, convaincant tes parents de partir d’ici. Leur faisant bien comprendre que tu détestes cet endroit, et que plus jamais tu ne voudras y remettre les pieds. Qu’il y a trop de mauvais souvenirs risquant de te hanter.

Mars 2011, Phoenix, Arizona.
Nouvel environnement, nouveau départ, nouvelle vie, et, encore un nouveau toi ? Éternelle insatisfaite, tu ne trouves jamais ton corps parfait, jamais contente de ce que tu es désormais. Déception sans aucun doute accentuée par ta virginité, qui semble être éternelle elle aussi. Ne pas te sentir désirée et aimée a certainement joué un rôle dans ta douce déchéance. Subtile décadence. Ta restriction alimentaire est pourtant bien terminée, et tu ne pourras certainement pas la recommencer, étant sous surveillance très stricte de tes parents. Mais tu as déjà une autre idée en tête. Ton but étant toujours le même, perdre du poids, encore, et encore. Toujours dégoûtée par le reflet que te renvoie ton miroir, que tu aimerais briser chaque fois que tu passes devant.

Mai 2012, Phoenix, Arizona.
Tes doigts s’enfoncent dans ta gorge pour faire ressortir toute cette amertume, tout ce qui peut être présent dans ton estomac, toute cette nourriture que tu peux détester au plus haut point. Vomis aimable petite conne, vomis, c’est tout ce que tu sais faire. Continues donc, ruine ta vie, crache sur ce que t’a offert la nature, piétine-toi du haut de tes talons, brises-toi, comme si tu ne l’étais pas assez encore. Tombe, tombe encore et encore, écrase-toi au sol, déchire-toi, vide-toi de ce qui t’emplis. Tu es un ange brisé, tu as perdu tes ailes et jamais tu ne pourras les récupérer. Satan t’a entraîné jusqu’au gouffre, ils se sont emparés de toi. Traverse-donc le Styx, et n’en sors jamais. Infernale spirale. Tu as goûté à l’Enfer lui-même, tu ne seras plus jamais pareille.