que signifie le terme d'amour pour ton personnage ? → il y a peu, l'amour, c'était illusoire pour moi. seulement maintenant, j'aimerais vraiment qu'il me tombe dessus, avec la puissance d'un météore. on me décrit souvent ce sentiment comme une explosion d'étincelles, brûlantes, vivantes et j'attends impatiemment de ressentir ces sensations. mais honnêtement, je ne sais pas vraiment si je saurais le reconnaître s'il se présentait sous une autre forme.

quel est le statut amoureux de ton personnage ? → célibataire depuis de nombreuses années, ça ne m'empêche pas d'avoir beaucoup de partenaires d'un soir, voir plus. ceci dit, en ce moment, je serais plutôt à la recherche de stabilité, afin de m'établir durablement. c'est un peu flippant comme discours, mais tant pis. j'ai envie de stabilité.

quelles sont les préférences sexuelles de ton personnage ? → jusqu'à preuve du contraire, hétérosexuelle, mais il m'est sûrement déjà arrivé d'avoir des aventures avec des filles. mais si c'est le cas, je ne m'en souviens probablement pas. j'ai eu une jeunesse des plus anarchique et n'ai pas garder en mémoire tous les instants de cette période de ma vie.

comment ton personnage se voit-il dans l'avenir, du point de vue amoureux ? → avec le passé que j'ai, on pourrait s'attendre à ce que je ne veuille rien changer à ma vie. mais j'ai envie d'un peu plus de calme et j'aspire à me trouver quelqu'un, quelqu'un avec qui, peut-être, je me marierais et aurais des enfants. ceci dit, ce n'est pas sûr que je parviendrais à atteindre cet objectif. mais quoi qu'il en soit, c'est mon but actuellement et j'espère y parvenir rapidement. c'est sans doute la seule chose que je vois changer dans ma vie future, je garderais près de moi cette famille d'adoption que j'ai acquise grâce à ma pension.

Je souffle une dernière bouffée et écrase mon mégot dans le cendrier. Je pianote quelques instants sur la table en bois, puis balaye la pièce du regard. Posés sur la table, mes pieds s'agitent, engourdis par l'inaction que je leur impose depuis trois ou quatre heures. Quatre heures que je suis devant mon ordinateur et à peu près autant que je sèche. Si j'ai écrit dix lignes de mon prochain roman, c'est déjà le bout du monde. Je n'ai absolument aucune inspiration sur ce passage-ci. Et depuis, je fume cigarette sur cigarette. Autour de moi, le silence en devient presque oppressant. La maison est désespérément vide et les chamailleries habituelles de Micah et Ophelia me manquent, pour une fois. Bon sang, même le mutisme de Mr Fitzgerald me manque. Avec un soupir, j'ôte mes pieds de la table et me met debout. J'envoie valser mes escarpins à l'autre bout de la pièce et fais craquer mon cou. Je me laisse choir au sol et m'allonge en étoile de mer. Je réalise à ce moment que ça fait une éternité que j'ai pas passé un coup de balai dans mon bureau et que ma robe noire va morfler. Tant pis. Y a plus important, j'ai pas écrit dix lignes et mon éditrice m'a encore appelée ce matin pour me rappeler que le délai était presque arrivé à son terme. J'ai deux semaines pour terminer mon livre et je n'en ai écrit que la moitié. Je vois vraiment pas ce que je peux faire, à part faire mes bagages, laisser les clés de la maison à Micah et partir m'exiler en Patagonie. J'élèverais des pingouins, tranquille, les doigts de pieds en éventail, et voilà. Mais non, je ne peux pas faire ça. En bas, la porte d'entrée claque et je devine qu'il s'agit de Micah. Sa journée de cours doit être finie. Je sais que la première chose qu'il va faire, c'est me cherché dans toute la maison jusqu'à me trouver. Là, il me sautera dessus, me câlinera jusqu'à satiété puis ira corriger ses copies. « Quinn ? » Et voilà. Les pieds de Micah martèlent avec empressement le bois ancien de l'escalier central et la porte de mon bureau ne tarde pas à s'ouvrir. « Quinn ? T'es là ? » Je tends la main, attrape l'une de mes chaussures et la lance sur Micah, enfin, dans la direction de la porte. Un "Aïe" me confirme que j'ai touché mon but et Micah me rejoint. « Trouvée ! » J'ai un petit rire, tout en regardant Micah, qui fait tourner entre ses doigts le talon de ma chaussure. « C'était facile, en même temps ! » Il me répond par un rire léger et s'allonge à mes côtés. Je roule sur le flanc et me love contre lui, anticipant son geste. Ses bras entourent mon corps et il embrasse mon front, tandis qu'une de ses mains vient caresser mes cheveux. Je ferme les yeux et me serre encore un peu plus contre Micah. « Tu écrivais ? » Je hoche la tête comme je peux, le crâne coincé sous son menton. « J'essaie. J'arrive à rien et le délai est presque expiré. J'suis dans la merde, Micah. » Sa main passe de mes cheveux à ma joue et la caresse tendrement. « Tu vas trouver... Tu veux qu'on aille regarder un film ? » La solution universelle de Micah, regarder un film. Je me dégage de son emprise et me redresse, posant sur mon meilleur ami un regard amusé. « Non, je vais aller bouquiner un peu pour me changer les idées, ça ira. Il faut aussi que je téléphone à un entrepreneur pour faire refaire la chambre d'Ophelia. Sauf si tu n'es pas pressé de la voir réintégrer sa chambre, bien sûr... » Je lui adresse un regard entendu et il me répond par une grimace. Je sais que s'il s'entend assez bien avec Ophelia, il arrive qu'elle l'agace prodigieusement. Toutefois, je garde l'espoir qu'elle fasse fondre le bloc de glace que Micah a à la place du coeur depuis douze ans. Je serais très heureuse pour mon ami, c'est sûr, mais en même temps déçue que ça ne me tombe pas dessus à mon tour. J'avais envie de m'installer avec quelqu'un, moi aussi. Lassée de ma vie sentimentale désertique -ou plutôt, chaotique- je veux y apporter un maximum de changement. Je pourrais choisir la facilité et porter mon choix sur Micah, mais je n'arrive pas à le considérer comme autre chose qu'un excellent ami. Je me relève complètement, enregistre les dix malheureuses lignes sur mon ordinateur et éteint la machine. Je quitte la pièce en laissant Micah derrière moi. Il sait qu'il peut utiliser mon bureau s'il veut être au calme pour corriger ses copies. En bas, la porte claque à nouveau. Je dévale l'escalier, me casse un peu la gueule sur le bois ciré, pour accueillir Ophelia. Mais non, c'est Mr Fitzgerald. Aussi taciturne que d'habitude. Seul son regard s'éclaire un instant en me voyant, puis il retourne dans son mutisme. « Oh... Bonsoir, Mr Fitzgerald. » Il hoche la tête, ôte son manteau et le pose sur son bras, avant de récupérer l'attaché-case qu'il avait laissé à ses pieds. « Bonsoir, Quinn. Vous avez passé une bonne journée ? » Oh oh, c'est bien la première fois qu'il me pose une question sur ma journée. Un an qu'il vit ici et nous avons peu de discutions banales. Nous avons peu de discutions, en fait. « Désastreuse. Et la vôtre ? » « De même. Je monte dans ma chambre, je vous retrouve au dîner ? » Je hoche la tête et le laisser grimper l'escalier jusqu'à l'étage, où j'entends à peine sa porte se refermer. Angus Fitzgerald n'est pas un homme discret, ni soucieux de ne pas déranger, seulement il n'aime pas les bruits inutiles. Je tourne les talons et me dirige vers le salon, pour me saisir du téléphone. J'ai à peine le temps de composer un numéro que la porte d'entrée claque une dernière fois. Nul besoin de poser la question, je sais que ma dernière locataire vient d'arriver. Ophelia Tate-Lennon. La jolie hôtesse de l'air qui a entreprit de faire brûler ma maison il y a une semaine. Je passe la tête à travers la porte et lui adresse un sourire un peu coincé. Je ne peux pas m'empêcher de lui en vouloir d'avoir fait brûler sa chambre. Je tiens cette maison de mon arrière-grand-mère, décédée il y a de ça dix ans et je tiens comme à la prunelle de mes yeux à cette habitation, construite en même temps que le reste de la ville, ou presque. J'aurais fait avaler son uniforme à Ophelia si j'avais perdu cet héritage si cher à mon coeur. Elle s'était platement excusée, bien sûr, mais je lui gardais une certaine rancune. Heureusement pour elle, j'espérais que les nuits passées dans le lit de Micah les ferait se rapprocher l'un de l'autre et que mon ami trouverait le bonheur avec Ophelia l'incendiaire folle. Je retournais à mon téléphone. Il fallait vraiment que je fasse réparer cette chambre... Mais je tenais réellement à voir Micah et Ophelia ensemble... Je repose le téléphone. Tant pis pour la chambre. Je me dirige vers la cuisine et entreprend de préparer le repas pour ma petite famille d'adoption.